Octave Mirbeau - Le journal d’une femme de chambre

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Le journal d’une femme de chambre: краткое содержание, описание и аннотация

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Célestine entre dans sa nouvelle place de femme de chambre, en province, au service de M. et Mme Lanlaire et aux côtés de la cuisinière Marianne et du palefrenier Joseph. Elle se souvient de ses anciens maîtres, comme ce vieillard fasciné par les bottines, ou cette vieille femme qui va s'encanailler, ou encore cette épouse qui attend chaque nuit d'être honorée par son mari. Célestine est mise au courant de tous les ragots de la ville par les autres servantes: Madame est une femme acariâtre et Monsieur, coureur de jupons, se laisse dominer par elle. Leurs voisins – un vieux capitaine et sa servante, Rose, qui lui sert de maîtresse – les détestent. À la nouvelle de la mort de sa mère, Célestine se remémore son enfance et sa première expérience amoureuse. Monsieur entreprend Célestine, qui le repousse…

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Elle était laide de cette laideur définitive qui exclut toute idée de pitié et rend les gens féroces, parce que, véritablement, elle est une offense envers eux. Si disgraciée de la nature soit-elle, il est rare qu’une femme atteigne à la laideur totale, absolue, cette déchéance humaine. Généralement, il y a en elle quelque chose, n’importe quoi, des yeux, une bouche, une ondulation du corps, une flexion des hanches, moins que cela, un mouvement du bras, une attache du poignet, une fraîcheur de la peau, où le regard des autres puisse se poser sans en être offusqué. Même chez les très vieilles, une grâce survit presque toujours aux déformations de la carcasse, à la mort du sexe, un souvenir reste dans la chair couturée, de ce qu’elles furent jadis… La bretonne n’avait rien de pareil, et elle était toute jeune. Petite, le buste long, la taille carrée, les hanches plates, les jambes courtes, si courtes qu’on pouvait la prendre pour une cul-de-jatte, elle évoquait réellement l’image de ces vierges barbares, de ces saintes camuses, blocs informes de granit qui se navrent, depuis des siècles, sur les bras gauchis des calvaires armoricains. Et son visage?… Ah! la malheureuse!… Un front surplombant, des prunelles effacées comme par le frottement d’un torchon, un nez horrible, aplati à sa naissance, sabré d’une entaille, au milieu, et, brusquement, à son extrémité, se relevant, s’épanouissant en deux trous noirs, ronds, profonds, énormes, frangés de poils raides… Et sur tout cela, une peau grise, squameuse, une peau de couleuvre morte… une peau qui s’enfarinait, à la lumière… Elle avait, pourtant, l’indicible créature, une beauté que bien des femmes belles eussent enviée: ses cheveux… des cheveux magnifiques, lourds, épais, d’un roux resplendissant à reflets d’or et de pourpre. Mais, loin d’être une atténuation à sa laideur, ces cheveux l’aggravaient encore, la rendaient éclatante, fulgurante, irréparable.

Ce n’est pas tout. Chacun de ses gestes était une maladresse. Elle ne pouvait faire un pas sans se heurter à quelque chose; ses mains laissaient toujours retomber l’objet saisi; ses bras accrochaient les meubles et fauchaient tout ce qu’il y avait dessus… Elle vous marchait sur les pieds, vous enfonçait, en marchant, ses coudes dans la poitrine. Puis, elle s’excusait d’une voix rude, sourde, d’une voix qui vous soufflait au visage une odeur empestée, une odeur de cadavre… Dès qu’elle entrait dans l’antichambre, c’était aussitôt parmi nous, comme une sorte de plainte irritée qui, vite, se changeait en récriminations insultantes et s’achevait en grognements. La misérable créature traversait la pièce sous les huées, roulait sur ses courtes jambes, renvoyée de l’une à l’autre comme une balle, allait s’asseoir dans le fond, sur la banquette. Et chacune affectait de se reculer, avec des gestes de significatif dégoût, et des grimaces qui s’accompagnaient d’une levée de mouchoirs… Alors, dans l’espace vide, instantanément formé, derrière ce cordon sanitaire qui l’isolait de nous, la morne fille s’installait, s’accotait au mur, silencieuse et maudite, sans une plainte, sans une révolte, sans même avoir l’air de comprendre que ce mépris s’adressât à elle.

Bien que je me mêlasse, quelquefois, pour faire comme les autres, à ces jeux féroces, je ne pouvais me défendre, envers la petite bretonne, d’une espèce de pitié. J’avais compris que c’était là un être prédestiné au malheur, un de ces êtres qui, quoi qu’ils fassent, où qu’ils aillent, seront éternellement repoussés des hommes, et aussi des bêtes, car il y a une certaine somme de laideur, une certaine forme d’infirmités que les bêtes elles-mêmes ne tolèrent pas.

Un jour, surmontant mon dégoût, je m’approchai d’elle, et lui demandai:

– Comment vous appelez-vous?…

– Louise Randon…

– Je suis bretonne… d’Audierne… Et vous aussi, vous êtes bretonne?

Étonnée que quelqu’un voulût bien lui parler, et craignant une insulte ou une farce, elle ne répondit pas tout de suite… Elle enfouit son pouce dans les profondes cavernes de son nez. Je réitérai ma question:

– De quelle partie de la Bretagne êtes-vous?

Alors, elle me regarda et, voyant sans doute que mes yeux n’étaient pas méchants, elle se décida à répondre:

– Je suis de Saint-Michel-en-Grève… près de Lannion.

Je ne sus plus que lui dire… Sa voix me repoussait. Ce n’était pas une voix, c’était quelque chose de rauque et de brisé, comme un hoquet… quelque chose aussi de roulant, comme un gargouillement… Ma pitié s’en allait avec cette voix… Pourtant, je poursuivis:

– Vous avez encore vos parents?

– Oui… mon père… ma mère… deux frères… quatre sœurs… Je suis l’aînée…

– Et votre père?… qu’est-ce qu’il fait?…

– Il est maréchal ferrant.

– Vous êtes pauvre?

– Mon père a trois champs, trois maisons, trois batteuses…

– Alors, il est riche?…

– Bien sûr… il est riche… Il cultive ses champs… il loue ses maisons… avec ses batteuses il va, dans la campagne, battre le blé des paysans… et c’est mon frère qui ferre les chevaux…

– Et vos sœurs?

– Elles ont de belles coiffes, avec de la dentelle… et des robes bien brodées.

– Et vous?

– Moi, je n’ai rien…

Je me reculai pour ne pas sentir l’odeur mortelle de cette voix…

– Pourquoi êtes-vous domestique?… repris-je.

– Parce que…

– Pourquoi avez-vous quitté le pays?

– Parce que…

– Vous n’étiez pas heureuse?…

Elle dit très vite d’une voix qui se précipitait et roulait les mots… comme sur des cailloux:

– Mon père me battait… ma mère me battait… mes sœurs me battaient… tout le monde me battait… on me faisait tout faire… C’est moi qui ai élevé mes sœurs…

– Pourquoi vous battait-on?

– Je ne sais pas… pour me battre… Dans toutes les familles, il y en a toujours une qui est battue… parce que… voilà… on ne sait pas…

Mes questions ne l’ennuyaient plus. Elle prenait confiance…

– Et vous… me dit-elle… est-ce que vos parents ne vous battaient pas?…

– Oh! si…

– Bien sûr… C’est comme ça…

Louise ne fouilla plus son nez… et posa ses deux mains, aux ongles rognés, à plat, sur ses cuisses… On chuchotait, autour de nous. Les rires, les querelles, les plaintes empêchaient les autres d’entendre notre conversation…

– Mais comment êtes-vous venue, à Paris? demandai-je après un silence.

– L’année dernière… conta Louise… il y avait à Saint-Michel-en-Grève une dame de Paris qui prenait les bains de mer avec ses enfants… Je me suis proposée chez elle… parce qu’elle avait renvoyé sa domestique qui la volait. Et puis… elle m’a emmenée à Paris… pour soigner son père… un vieux, infirme, qui était paralysé des jambes…

– Et vous n’êtes pas restée dans votre place?… À Paris, ce n’est plus la même chose…

– Non… fit-elle, avec énergie. Je serais bien restée, ça n’est pas ça… Seulement, on ne s’est pas arrangé…

Ses yeux, si ternes, s’éclairèrent étrangement. Je vis dans son regard briller une lueur d’orgueil. Et son corps se redressait, se transfigurait presque.

– On ne s’est pas arrangé, reprit-elle… Le vieux voulait me faire des saletés…

Un instant, je restai abasourdie par cette révélation. Était-ce possible? Un désir, même le désir d’un ignoble et infâme vieillard, était allé vers elle, vers ce paquet de chair informe, vers cette ironie monstrueuse de la nature… Un baiser avait voulu se poser sur ces dents cariées, se mêler à ce souffle de pourriture… Ah! quelle ordure est-ce donc que les hommes?… Quelle folie effrayante est-ce donc que l’amour… Je regardai Louise… Mais la flamme de ses yeux s’était éteinte… Ses prunelles avaient repris leur aspect mort de tache grise.

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