Romain Rolland - Jean-Christophe Tome I
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Ce n’est pas, comme ces sages paroles auraient pu le faire croire, que Melchior se préoccupât de défendre l’enfant contre l’exaltation dangereuse d’un orgueil prématuré. Il devait se charger de démontrer promptement le contraire. Mais, n’ayant jamais eu lui-même aucune idée à exprimer en musique, ni le moindre besoin d’en exprimer aucune, il en était arrivé, dans son infatuation de virtuose, à considérer la composition comme une chose secondaire, à laquelle l’art de l’exécutant donnait seul tout son prix. Il n’était certes pas insensible aux enthousiasmes suscités par les grands compositeurs, comme Hassler; il avait pour ces ovations le respect qu’il éprouvait toujours pour le succès, – mêlé secrètement d’un peu de jalousie, car il lui semblait que ces applaudissements lui étaient dérobés. Mais il savait par expérience que les succès des grands virtuoses ne sont pas moins bruyants, qu’ils sont même plus personnels et plus fertiles en conséquences agréables et flatteuses. Il affectait de rendre un profond hommage au génie des maîtres musiciens; mais il avait plaisir à raconter d’eux des anecdotes ridicules, qui donnaient de leur intelligence et de leurs mœurs une triste opinion. Il plaçait le virtuose au sommet de l’échelle artistique: car, disait-il, il est bien connu que la langue est la plus noble partie du corps; et que serait la pensée sans la parole? que serait la musique sans l’exécutant?
Quelle que fût d’ailleurs, la raison de la semonce qu’il administra à Christophe, cette semonce n’était pas inutile pour rendre au petit l’équilibre, que les louanges du grand-père risquaient fort de lui faire perdre. Elle ne suffisait même pas. Christophe ne manqua point de juger que son grand-père était beaucoup plus intelligent que son père; et, s’il se mit au piano sans rechigner, ce fut bien moins pour obéir que pour pouvoir rêver à son aise, ainsi qu’il avait coutume, tandis que ses doigts couraient machinalement sur le clavier. Tout en exécutant ses interminables exercices, il entendait une voix orgueilleuse qui répétait en lui: «Je suis un compositeur, un grand compositeur.»
À partir de ce jour, puisqu’il était un compositeur, il se mit à composer. Avant de savoir à peine ses lettres, il s’évertua à griffonner des noires et des croches sur des lambeaux de papier, qu’il arrachait aux cahiers de comptes du ménage. Mais la peine qu’il se donnait pour savoir ce qu’il pensait, et pour le fixer par écrit, faisait qu’il ne pensait plus rien, sinon qu’il voulait penser quelque chose. Il ne s’en obstinait pas moins à construire des phrases musicales; et comme il était naturellement musicien, il y arrivait tant bien que mal, encore qu’elles ne signifiassent rien. Alors il s’en allait les porter, triomphant, à grand-père, qui en pleurait de joie, – il pleurait facilement, maintenant qu’il vieillissait, – et qui proclamait que c’était admirable.
Il y avait de quoi le gâter tout à fait. Heureusement, son bon sens naturel le sauva, aidé par l’influence d’un homme, qui ne prétendait pourtant exercer aucune influence sur qui que ce fût, et qui ne donnait aux yeux du monde rien moins que l’exemple du bon sens. – C’était le frère de Louisa.
Il était petit comme elle; mince, chétif, un peu voûté. On ne savait au juste son âge; il ne devait pas avoir passé la quarantaine; mais il semblait avoir cinquante ans, et plus. Il avait une petite figure ridée, rosée, avec de bons yeux bleus très pâles, comme des myosotis un peu fanés. Quand il enlevait sa casquette, qu’il gardait frileusement partout, de crainte des courants d’air, il montrait un petit crâne tout nu, rose, et de forme conique qui faisait la joie de Christophe et de ses frères. Ils ne se lassaient pas de le taquiner à ce sujet, lui demandant ce qu’il avait fait de ses cheveux, et menaçant de le fouetter, excités par les grosses plaisanteries de Melchior. Il en riait le premier et se laissait faire avec patience. Il était petit marchand ambulant; il allait de village en village, portant sur son dos un gros ballot, où il y avait de tout: de l’épicerie, de la papeterie, de la confiserie, des mouchoirs, des fichus, des chaussures, des boîtes de conserve, des almanachs, des chansons et des drogues. Plusieurs fois, on avait tenté de le fixer quelque part, de lui acheter un petit fonds, un bazar, une mercerie. Mais il ne pouvait s’y faire: une nuit il se levait, mettait la clef sous la porte, et repartait avec son ballot. On restait des mois sans le voir. Puis il reparaissait: un soir, on entendait gratter à l’entrée; la porte s’entre-bâillait, et la petite tête chauve, poliment découverte, se montrait avec ses bons yeux et son sourire timide. Il disait: «Bonsoir à toute la compagnie», prenait soin d’essuyer ses souliers avant d’entrer, saluait chacun, en commençant par le plus âgé, et allait s’asseoir dans le coin le plus modeste de la chambre. Là, il allumait sa pipe, et il baissait le dos, attendant tranquillement que la grêle habituelle de quolibets fût passée. Les deux Krafft, le grand-père et le père, avaient pour lui un mépris goguenard. Cet avorton leur paraissait ridicule; et leur orgueil était blessé de l’infime condition du marchand ambulant. Ils le lui faisaient sentir; mais il ne semblait pas s’en apercevoir, et il leur témoignait un respect profond, qui les désarmait, surtout le vieux, très sensible aux égards qu’on avait pour lui. Ils se contentaient de l’écraser de lourdes plaisanteries qui faisaient monter le rouge au visage de Louisa. Celle-ci, habituée à s’incliner sans discussion devant la supériorité des Krafft, ne doutait pas que son mari et son beau-père n’eussent raison; mais elle aimait tendrement son frère, et son frère avait pour elle une adoration muette. Ils étaient tous deux seuls de leur famille, et tous deux humbles, effacés, écrasés par la vie; un lien de mutuelle pitié et de souffrances communes, secrètement supportées, les attachait ensemble avec une triste douceur. Au milieu des Krafft, robustes, bruyants, brutaux, solidement bâtis pour vivre, et vivre joyeusement, ces deux êtres faibles et bons, qui semblaient en dehors ou à côté de la vie, se comprenaient et se plaignaient, sans se le dire jamais.
Christophe, avec la légèreté cruelle de l’enfance, partageait le dédain de son père et de son grand-père pour le petit marchand. Il s’en divertissait comme d’un objet comique; il le harcelait de taquineries stupides, que l’autre supportait avec son inaltérable tranquillité. Christophe l’aimait cependant, sans bien s’en rendre compte. Il l’aimait d’abord comme un jouet docile, dont on fait ce qu’on veut. Il l’aimait aussi parce qu’il y avait toujours quelque chose de bon à attendre de lui: une friandise, une image, une invention amusante. Le retour du petit homme était une joie pour les enfants; car il leur faisait toujours quelque surprise. Si pauvre qu’il fût, il trouvait moyen d’apporter un souvenir à chacun; et il n’oubliait la fête d’aucun de la famille. On le voyait arriver ponctuellement aux dates solennelles; et il tirait de sa poche quelque gentil cadeau, choisi avec cœur. On y était si habitué qu’on songeait à peine à le remercier: il paraissait suffisamment payé par le plaisir qu’il avait à l’offrir. Mais Christophe, qui ne dormait pas très bien, et qui, pendant la nuit, ressassait dans son cerveau les événements de la journée, réfléchissait parfois que son oncle était très bon; il lui venait pour le pauvre homme des effusions de reconnaissance, dont il ne lui montrait rien, une fois le jour venu, parce qu’alors il ne pensait plus qu’à se moquer. Il était d’ailleurs trop petit encore pour attacher à la bonté tout son prix: dans le langage des enfants, bon et bête sont presque synonymes; et l’oncle Gottfried en semblait la preuve vivante.
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