Romain Rolland - Jean-Christophe Tome III
Здесь есть возможность читать онлайн «Romain Rolland - Jean-Christophe Tome III» весь текст электронной книги совершенно бесплатно (целиком полную версию без сокращений). В некоторых случаях можно слушать аудио, скачать через торрент в формате fb2 и присутствует краткое содержание. Жанр: Классическая проза, на французском языке. Описание произведения, (предисловие) а так же отзывы посетителей доступны на портале библиотеки ЛибКат.
- Название:Jean-Christophe Tome III
- Автор:
- Жанр:
- Год:неизвестен
- ISBN:нет данных
- Рейтинг книги:5 / 5. Голосов: 1
-
Избранное:Добавить в избранное
- Отзывы:
-
Ваша оценка:
- 100
- 1
- 2
- 3
- 4
- 5
Jean-Christophe Tome III: краткое содержание, описание и аннотация
Предлагаем к чтению аннотацию, описание, краткое содержание или предисловие (зависит от того, что написал сам автор книги «Jean-Christophe Tome III»). Если вы не нашли необходимую информацию о книге — напишите в комментариях, мы постараемся отыскать её.
Jean-Christophe Tome III — читать онлайн бесплатно полную книгу (весь текст) целиком
Ниже представлен текст книги, разбитый по страницам. Система сохранения места последней прочитанной страницы, позволяет с удобством читать онлайн бесплатно книгу «Jean-Christophe Tome III», без необходимости каждый раз заново искать на чём Вы остановились. Поставьте закладку, и сможете в любой момент перейти на страницу, на которой закончили чтение.
Интервал:
Закладка:
Il était seul, dans sa chambre, une nuit, accoudé devant sa table, à la lueur d’une bougie. Il tournait le dos à la fenêtre. Il ne travaillait pas. Depuis des semaines il ne pouvait travailler. Tout tourbillonnait dans sa tête. Il avait tout remis en question à la fois: religion, morale, art, toute la vie. Et dans cette dissolution universelle de sa pensée, nul ordre, nulle méthode, il s’était jeté sur un amas de lectures puisées au hasard dans la bibliothèque hétéroclite de grand-père, ou dans celle de Vogel: livres de théologie, de sciences, de philosophie, souvent dépareillés, où il ne comprenait rien, ayant tout à apprendre; il n’en pouvait finir aucun, et se perdait en des divagations, des flâneries sans fin, qui laissaient une lassitude, une tristesse mortelle.
Il s’absorbait, ce soir-là, dans une torpeur épuisante. Tout dormait dans la maison. Sa fenêtre était ouverte. Pas un souffle ne venait de la cour. D’épais nuages étouffaient le ciel. Christophe regardait, comme un hébété, la bougie se consumer au fond du chandelier. Il ne pouvait se coucher. Il ne pensait à rien. Il sentait ce néant se creuser d’instant en instant. Il s’efforçait de ne pas voir l’abîme qui l’aspirait; et, malgré lui, il se penchait au bord. Dans le vide, le chaos se mouvait, les ténèbres grouillaient. Une angoisse le pénétrait, son dos frissonnait, sa peau se hérissait, il se cramponnait à la table, afin de ne pas tomber. Il était dans l’attente convulsive de choses indicibles, d’un miracle, d’un Dieu…
Soudain, comme une écluse qui s’ouvre, dans la cour, derrière lui, un déluge d’eau, une pluie lourde, large, droite, croula. L’air immobile tressaillit. Le sol sec et durci sonna comme une cloche. Et l’énorme parfum de la terre brûlante et chaude ainsi qu’une bête, l’odeur de fleurs, de fruits et de chair amoureuse, monta dans un spasme de fureur et de plaisir. Christophe, halluciné, tendu de tout son être, frémit dans ses entrailles… Le voile se déchira. Ce fut un éblouissement. À la lueur de l’éclair, il vit, au fond de la nuit, il vit – il fut le Dieu. Le Dieu était en lui: Il brisait le plafond de la chambre, les murs de la maison; Il faisait craquer les limites de l’être; Il remplissait le ciel, l’univers, le néant. Le monde se ruait en Lui, comme une cataracte. Dans l’horreur et l’extase de cet effondrement, Christophe tombait aussi, emporté par le tourbillon qui broyait comme des pailles les lois de la nature. Il avait perdu le souffle, il était ivre de cette chute en Dieu… Dieu-abîme! Dieu-gouffre, Brasier de l’Être! Ouragan de la vie! Folie de vivre, – sans but, sans frein, sans raison, – pour la fureur de vivre!
Quand la crise se dissipa, il tomba dans un profond sommeil, tel qu’il n’en avait pas eu depuis longtemps. Le lendemain, à son réveil, la tête lui tournait; il était brisé, ainsi que s’il avait bu. Mais il gardait au fond du cœur un reflet de la sombre et puissante lumière qui l’avait terrassé, la veille. Il chercha à la rallumer. Vainement. Plus il la poursuivait, plus elle lui échappait. Dès lors, son énergie fut constamment tendue dans l’effort pour faire revivre la vision d’un instant. Tentatives inutiles. L’extase ne répondait point à l’ordre de la volonté.
Pourtant cet accès de délire mystique ne resta pas isolé; il se reproduisit plusieurs fois, mais jamais avec l’intensité de la première. C’était toujours aux instants où Christophe l’attendait le moins, à de brèves secondes, si brèves, si soudaines, – le temps de lever les yeux, ou d’avancer le bras, – que la vision avait passé, avant qu’il eût le temps de penser que c’était elle; et il se demandait ensuite s’il n’avait pas rêvé. Après le bolide enflammé qui avait brûlé la nuit, c’était une poussière lumineuse, de petites lueurs fugitives, que l’œil avait peine à saisir au passage. Mais elles reparaissaient de plus en plus souvent; elles finissaient par entourer Christophe d’un halo de rêve perpétuel et diffus, où son esprit se diluait. Tout ce qui pouvait le distraire de cette demi-hallucination l’irritait. Impossible de travailler: il n’y pensait même plus. Toute société lui était odieuse; et, plus que toute, celle de ses plus intimes, celle même de sa mère, parce qu’ils prétendaient s’arroger plus de droits sur son âme.
Il quitta la maison, il prit l’habitude de passer les journées au dehors, il ne rentrait qu’à la nuit. Il cherchait la solitude des champs, pour s’y livrer, tout son soûl, comme un maniaque, à l’obsession de ses idées fixes. – Mais dans le grand air qui lave, au contact de la terre, cette obsession se détendait, ces idées perdaient leur caractère de spectres. Son exaltation ne diminua point: elle redoubla plutôt; mais ce ne fut plus un délire dangereux de l’esprit, ce fut une saine ivresse de tout l’être: corps et âme, fous de force.
Il redécouvrit le monde, comme s’il ne l’avait jamais vu. Ce fut une nouvelle enfance. Il semblait qu’une parole magique eût prononcé un: «Sésame, ouvre-toi!» – La nature flambait d’allégresse. Le soleil bouillonnait. Le ciel liquide, fleuve transparent, coulait. La terre râlait et fumait de volupté. Les plantes, les arbres, les insectes, les êtres innombrables étaient les langues étincelantes du grand feu de la vie qui montait en tournoyant dans l’air. Tout criait de plaisir.
Et cette joie était sienne. Cette force était sienne. Il ne se distinguait point du reste des choses. Jusque-là, même dans les jours heureux de l’enfance, où il voyait la nature avec une curiosité ardente et ravie, les êtres lui semblaient de petits mondes fermés, effrayants ou burlesques, sans rapports avec lui, et qu’il ne pouvait comprendre. Était-il même bien sûr qu’ils sentaient, qu’ils vivaient? C’étaient des mécaniques étranges; et Christophe avait pu, avec la cruauté inconsciente de l’enfance, déchiqueter de malheureux insectes, sans songer qu’ils souffraient, – pour le plaisir de voir leurs contorsions grotesques. Il avait fallu que l’oncle Gottfried, si calme d’ordinaire, lui arrachât des mains, avec indignation, une mouche qu’il torturait. Le petit avait essayé de rire d’abord; puis il avait fondu en larmes, ému par l’émotion de l’oncle: il commençait à comprendre que sa victime existait vraiment, aussi bien que lui, et qu’il avait commis un crime. Mais si, depuis, il n’eût pas fait de mal aux bêtes, il n’éprouvait pour elles aucune sympathie; il passait auprès, sans chercher à sentir ce qui s’agitait dans leur petite machine; il avait plutôt peur d’y penser: cela avait l’air d’un mauvais rêve. – Et voici que tout s’éclairait maintenant. Ces obscures consciences devenaient à leur tour des foyers de lumière.
Vautré dans l’herbe où pullulent les êtres, à l’ombre des arbres bourdonnants d’insectes, Christophe regardait l’agitation fiévreuse des fourmis, les araignées aux longues pattes, qui semblent danser en marchant, les sauterelles bondissantes, qui sautent de côté, les scarabées lourds et hâtifs, les vers nus, glabres et roses, à la peau élastique, marbrée de plaques blanches. Ou, les mains sous la tête, les yeux fermés, il écoutait l’orchestre invisible, les rondes d’insectes tournant avec frénésie, dans un rayon de soleil, autour des sapins odorants, les fanfares des moustiques, les notes d’orgue des guêpes, les essaims d’abeilles sauvages vibrant comme des cloches à la cime des bois, et le divin murmure des arbres balancés, le doux frémissement des branches dans la brise, le fin froissement des herbes ondulantes, comme un souffle qui plisse le front d’un lac limpide, comme le frôlement de pas amoureux qui passent et s’effacent dans l’air.
Читать дальшеИнтервал:
Закладка:
Похожие книги на «Jean-Christophe Tome III»
Представляем Вашему вниманию похожие книги на «Jean-Christophe Tome III» списком для выбора. Мы отобрали схожую по названию и смыслу литературу в надежде предоставить читателям больше вариантов отыскать новые, интересные, ещё непрочитанные произведения.
Обсуждение, отзывы о книге «Jean-Christophe Tome III» и просто собственные мнения читателей. Оставьте ваши комментарии, напишите, что Вы думаете о произведении, его смысле или главных героях. Укажите что конкретно понравилось, а что нет, и почему Вы так считаете.