Rainer Rilke - Les Cahiers De Malte Laurids Brigge
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Mon Dieu, de quoi fallait-il alors se dépouiller, et combien de choses oublier? Car il fallait oublier pour de vrai, c’était nécessaire; sinon, on se serait trahi lorsqu’ils insistaient. On avait beau hésiter et se retourner, le pignon de la maison enfin apparaissait quand même. La première fenêtre, là-haut, vous tenait sous son regard, quelqu’un peut-être y était. Les chiens dans lesquels l’attente s’était accrue toute la journée durant, traversaient les buissons et vous ramenaient à celui qu’ils croyaient reconnaître en vous. Et la maison faisait le reste. Il suffisait d’entrer à présent dans son odeur pleine, et déjà presque tout était décidé. Des détails pouvaient encore être modifiés; en gros on était déjà celui pour lequel ils vous tenaient ici; celui à qui ils avaient depuis longtemps composé une existence, faite de son petit passé et de leurs propres désirs; cet être de communauté qui jour et nuit était placé sous la suggestion de leur amour, entre leur espoir et leur soupçon, devant leur blâme ou leur approbation.
À un tel être il ne sert de rien de monter les escaliers avec d’infinies précautions. Tous seront au salon, et il suffit que la porte s’ouvre pour qu’ils regardent tous dans sa direction. Il reste dans l’obscurité, il veut attendre leurs questions. Mais alors vient le pire. Ils lui prennent les mains, ils le tirent vers la table, et tous, autant qu’ils sont, s’avancent curieusement devant la lampe. Ils ont beau jeu, ils se tiennent à contre-jour, et sur lui seul tombe, avec la lumière, toute la honte d’avoir un visage.
Restera-t-il et mentira-t-il cette vie d’à peu près qu’ils lui attribuent, et parviendra-t-il à leur ressembler de tout son visage? Se partagera-t-il entre la véracité délicate de sa volonté et la tromperie grossière qui la corrompt pour lui-même? Renoncera-t-il à devenir ce qui pourrait nuire à ceux de sa famille qui n’ont plus qu’un cœur faible?
Non, il partira. Par exemple lorsqu’ils sont tous occupés à lui préparer sa table d’anniversaire, avec ces cadeaux mal devinés qui doivent encore une fois tout compenser. Partir pour toujours. Beaucoup plus tard seulement il se rappelle avec quelle fermeté il avait alors décidé de ne jamais aimer, pour ne placer personne dans cette situation atroce d’être aimé. Des années plus tard il s’en souvient et comme les autres projets, celui-là aussi a été irréalisable. Car il a aimé et encore aimé dans sa solitude; chaque fois en gaspillant toute sa nature, et dans une crainte terrible pour la liberté de l’autre. Il a lentement appris à faire passer les rayons de son sentiment à travers l’objet aimé, au lieu de l’en consumer. Et il était gâté par l’enchantement de reconnaître à travers la forme de plus en plus transparente de l’aimée, les profondeurs qui s’ouvraient devant sa volonté de possession infinie.
Combien pouvait alors le faire pleurer, des nuits durant, le désir d’être lui-même traversé par de tels rayons! Mais une femme aimée qui cède, n’est de longtemps pas encore une femme qui aime. Oh, nuits sans consolations, qui lui rendaient ses dons en morceaux lourds d’éphémère. Comme il pensait alors aux troubadours qui ne craignaient rien tant que d’être exaucés! Il donnait tout l’argent acquis et multiplié pour ne plus recommencer cette expérience. Il les blessait en les payant grossièrement, par crainte de plus en plus grande qu’elles ne pussent essayer de répondre à son amour. Car il avait perdu l’espoir de connaître l’aimante qui le traversait.
Même aux temps où la pauvreté l’effrayait tous les jours par de nouvelles duretés, où sa tête était l’objet préféré de la misère, et tout usée par elle, où partout sur son corps s’ouvraient des ulcères comme des yeux de secours contre la noirceur de ses tribulations, et où il frémissait d’horreur devant les immondices sur lesquelles on l’avait abandonné parce qu’il était pareil à ces ordures: même alors encore, lorsqu’il réfléchissait, sa plus grande terreur était qu’on lui eût répondu. Qu’étaient toutes ces obscurités, auprès de l’épaisse tristesse de ces étreintes dans lesquelles tout se perdait. Ne se réveillait-on pas avec le sentiment d’être sans avenir? N’allait-on pas, par-ci et par-là, dépourvu de signification, sans avoir droit à aucun danger? N’avait-on pas dû promettre cent fois de ne pas mourir? Peut-être l’entêtement de ce mauvais souvenir qui de retour en retour voulait se conserver une place, faisait-il durer sa vie parmi les ordures. Enfin on retrouvait de nouveau ce sentiment de liberté. Et alors seulement, durant les années que l’on resta pâtre, ce passé nombreux s’apaisa.
Qui décrira ce qui lui arriva alors, quel poète a le don de persuasion capable d’accorder la longueur de ses jours d’alors avec la brièveté de la vie? Quel art est assez vaste pour savoir évoquer en même temps cette forme mince sous son manteau, et toute l’abondance d’espace de ces nuits immenses?
C’était le temps où il commença à se sentir une chose dans l’univers, et anonyme comme un convalescent qui hésite. Il n’aimait pas, sauf cependant qu’il aimait à être. L’affection basse de ses brebis ne lui pesait pas. Comme une lumière tombe à travers les nuages elle se répandait autour de lui et brillait doucement sur les prés. Sur la trace innocente de leur faim il marchait silencieux à travers les pâturages du monde. Des étrangers le virent sur l’Acropole, et peut-être fut-il longtemps un des pâtres dans les Baux, et vit-il le temps pétrifié survivre à la haute race qui eut beau acquérir tant de sept et de trois sans triompher des seize rayons de son étoile. Ou dois-je l’imaginer à Orange, appuyé à l’arc de triomphe rustique? Dois-je le voir dans l’ombre familière aux âmes d’Allycamps, tandis que son regard, entre les tombeaux qui sont ouverts comme les tombeaux de ressuscités, poursuit une libellule?
N’importe, je vois au delà de lui, je vois son existence qui aborda alors le long amour vers Dieu, le long travail silencieux et sans but, car lui qui avait voulu se contenir pour toujours fut encore une fois dominé par la nécessité intime de son cœur qui ne pouvait pas autrement. Et cette fois il espéra être exaucé. Sa nature à laquelle la longue solitude avait prêté une divination imperturbable, lui promit que celui-là auquel il pensait à présent, saurait aimer d’un amour qui rayonne et qui transperce. Mais tandis qu’il désirait d’être ainsi aimé, avec une telle maîtrise, son sentiment habitué aux longues distances comprenait l’extrême éloignement de Dieu. Vinrent des nuits où il crut s’élancer vers Dieu, à travers l’espace; des heures pleines de découvertes, durant lesquelles il se sentait assez fort pour replonger vers la terre, et l’enlever, l’emporter sur les hautes marées de son cœur. Il était pareil à un homme qui entend une langue merveilleuse, et fiévreusement se propose d’écrire dans cette langue. La frayeur l’attendait encore d’apprendre combien difficile elle était. Il ne voulut d’abord pas croire qu’une vie entière pût se passer à former les phrases des premiers exercices qui n’ont pas de sens. Il se jeta dans l’apprentissage comme un coureur dans la course. Mais l’épaisseur de ce qu’il fallait surmonter, le ralentissait. On ne pouvait rien imaginer de plus humiliant que ce début. Il avait trouvé la pierre de la sagesse et voici qu’on le contraignait à changer sans cesse l’or rapidement produit de son bonheur, en le plomb grossier de la patience. Lui qui s’était adapté à l’espace, forait comme un ver des couloirs tortueux sans issue ni direction. À présent qu’il apprenait à aimer avec tant de peine et de chagrin, il lui apparaissait combien négligent et misérable avait été jusqu’à présent tout l’amour qu’il croyait accomplir. Et il comprenait qu’aucun de ses sentiments n’avait pu se développer parce qu’il n’avait pas commencé à y consacrer le travail nécessaire pour le réaliser.
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