Rainer Rilke - Les Cahiers De Malte Laurids Brigge

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Les Cahiers De Malte Laurids Brigge: краткое содержание, описание и аннотация

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«Je veux vraiment chanter, dit-elle en danois le long de ma joue, non pas parce qu’ils le demandent, non pas pour l’apparence, mais parce que j’ai vraiment besoin en ce moment de chanter.»

Dans ces mots éclatait la même intolérance irritée dont elle venait de me délivrer. Je suivis lentement le groupe avec lequel elle s’éloignait. Mais près d’une haute porte, je restai en arrière et laissai les hommes se déplacer et se ranger. Je m’appuyai contre l’intérieur noir et miroitant de la porte, et j’attendis. Quelqu’un me demanda ce qui se préparait et si l’on allait chanter. Je prétendis n’en rien savoir. Tandis que je mentais, elle chantait déjà.

Je ne pouvais pas la voir. L’espace s’élargissait peu à peu autour d’une de ces chansons italiennes que les étrangers tiennent pour authentiques parce qu’elles reposent sur une convention si apparente. Elle qui la chantait n’y croyait pas. Elle la levait avec peine, elle faisait trop d’efforts. Par les applaudissements qui éclatèrent en avant, on pouvait apprendre que c’était fini. J’étais triste et honteux. Il y eut un peu de mouvement, et je décidai de me joindre aux prochaines personnes qui s’en iraient. Mais alors il y eut tout à coup un silence. Un silence se fit que personne encore n’avait cru possible; il durait, il se tendait, et à présent en lui s’élevait la voix. (Abelone, songeai-je; Abelone.) Cette fois elle était forte, pleine, et cependant n’était pas lourde; d’une seule pièce, sans rupture, sans couture. C’était une chanson allemande, inconnue. Elle la chantait avec une simplicité singulière comme une chose nécessaire. Elle chantait:

Toi, à qui je ne confie pas

mes longues nuits sans repos,

Toi qui me rends si tendrement las

me berçant comme un berceau;

Toi qui me caches tes insomnies,

dis, si nous supportions

cette soif qui nous magnifie,

sans abandon?

(Une courte pause, et en hésitant):

Car rappelle-toi les amants,

comme le mensonge les surprend

à l’heure des confessions .

De nouveau le silence. Dieu sait qui le faisait tel. Et puis les gens remuaient, se poussaient les uns les autres, s’excusaient, toussotaient. Déjà ils allaient passer à un brouhaha général qui effaçait tout, lorsque soudain la voix éclata, résolue, large et d’une seule poussée:

Toi seule, tu fais partie de ma solitude pure.

Tu te transformes en tout: tu es ce murmure

ou ce parfum aérien.

Entre mes bras: quel abîme qui s’abreuve de pertes.

Ils ne t’ont point retenue, et c’est grâce à cela, certes,

qu’à jamais Je te tiens .

Personne n’avait attendu cela. Tous étaient comme courbés sous cette voix. Et, à la fin il y avait en elle une sécurité si forte que l’on eût dit qu’elle savait depuis des années qu’en cet instant elle devrait chanter.

*

Quelquefois je m’étais demandé déjà pourquoi Abelone ne tournait pas vers Dieu les calories de son grand sentiment. Je sais qu’elle tendait à enlever à son amour tout caractère transitif, mais son cœur véridique pouvait-il s’y tromper et ne savait-elle pas que Dieu n’était qu’une direction donnée à l’amour, non pas son objet? Ne savait-elle pas qu’elle n’avait à craindre de sa part aucune réponse? Ne connaissait-elle pas la retenue de cet amant supérieur qui retarde tranquillement le plaisir, pour nous permettre, à nous si lents, de montrer et développer notre cœur tout entier? Ou bien voulait-elle éviter le Christ? Redoutait-elle d’être retenue par lui, à mi-chemin, et, à son contact, de devenir l’aimée? Est-ce pour cela qu’elle n’aimait pas à penser à Julie Reventlow? Je serais presque tenté de le croire, lorsque je songe qu’ont pu s’abandonner à cette subtile facilité de Dieu, une aimante aussi simple que Mechthild, une aimante fougueuse comme Thérèse d’Avila, une aimante blessée comme la bienheureuse Rose de Lima. Ah, celui qui pour les faibles était secourable, était une injustice assez forte; alors que déjà elles n’attendaient plus rien que le chemin infini, encore une fois dans le ciel plein d’attente elles rencontrent une forme palpable qui les gâte par son accueil et les trouble par sa virilité. La lentille de son cœur rassemble encore une fois les rayons parallèles de leurs cœurs, et elles que les anges espéraient déjà présenter intactes à Dieu, prennent tout à coup flamme et se consument, dans la sécheresse de leur désir.

[9][Être aimée veut dire se consumer dans la flamme. Aimer c’est rayonner d’une lumière inépuisable. Être aimée c’est passer, aimer c’est durer.]

Il est cependant possible qu’Abelone, plus tard, ait essayé de penser avec son cœur, pour, insensiblement et sans intermédiaire, entrer en rapport avec Dieu. Je pourrais imaginer qu’il y a des lettres d’elle qui rappellent l’attentive contemplation intérieure de la princesse Amélie Galitzin. Mais si ces lettres étaient adressées à quelqu’un qui fut longtemps son proche, combien celui-ci a-t-il dû souffrir de cette transformation! Et elle-même: je soupçonne qu’elle-même ne craignait rien autant que cette transformation spectrale et ignorée dont on perd constamment toutes les preuves parce qu’on ne les reconnaît pas.

*

On aura peine à me persuader que l’histoire de l’enfant prodigue ne soit pas la légende de celui qui ne voulait pas être aimé. Tant qu’il était un enfant, tous l’aimaient chez lui. Il grandit, il ne connaissait pas autre chose et s’habitua à leur tendresse douillette, tant qu’il était enfant. Mais lorsqu’il fut adolescent il voulut se défaire de ces habitudes. Il n’aurait pu le dire, mais lorsqu’il rôdait dehors toute la journée et ne voulait même plus avoir les chiens avec lui, c’était parce qu’eux aussi l’aimaient; parce que leurs yeux l’observaient, et prenaient part, attendaient et s’inquiétaient; parce que, devant eux non plus, on ne pouvait rien faire sans réjouir ou blesser. Mais ce qu’il souhaitait alors, c’était cette indifférence intime de son cœur, qui, le matin tôt, dans les champs, le saisissait avec une telle pureté qu’il commençait à courir, pour n’avoir ni temps ni haleine, pour n’être plus qu’un léger instant du matin qui prend conscience de soi.

Le secret de sa vie qui n’avait encore jamais été, s’étendait devant lui. Involontairement il quittait le sentier et courait plus loin, à travers champs, les bras étendus, comme si dans cette largeur il avait pu s’emparer de plusieurs directions à la fois. Et puis, il se jetait n’importe où, derrière un buisson, et il n’avait de valeur pour personne. Il écorçait une flûte de saule, il lançait un caillou dans la direction d’un petit fauve, il se penchait en avant et obligeait un scarabée à faire demi-tour: tout cela ne devenait pas du destin et les deux passaient au-dessus de lui comme sur la nature. Enfin venait l’après-midi, avec toutes ses inventions; on était un boucanier sur l’île Tortuga et on n’avait aucune obligation à l’être; on assiégeait Campêche, on prenait d’assaut Vera-Cruz; on pouvait être l’armée entière, ou un chef à cheval, ou un bateau sur la mer: selon l’humeur qui vous animait. Mais si l’envie de vous agenouiller vous prenait, on était aussitôt Deodat de Gozon, et l’on avait abattu le dragon, et l’on apprenait que cet héroïsme était de l’orgueil, sans obéissance. Car on n’épargnait rien de ce qui faisait partie du jeu. Mais quel que fût le nombre des imaginations qui surgissaient, on avait cependant toujours encore le temps de n’être qu’un oiseau, il était incertain lequel. Seulement qu’après il y avait le retour.

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