Rainer Rilke - Les Cahiers De Malte Laurids Brigge
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Il connaît tout à coup ce cœur résolu qui était prêt à s’acquitter de tout l’amour, jusqu’à la fin. Il ne s’étonne pas qu’on l’ait méconnu; que l’on n’ait vu que l’excès de cette aimante à tout jamais future, et non une nouvelle unité de mesure, d’amour et de détresse. Que l’on ait interprété la légende de sa vie comme elle avait été par hasard admise à cette époque-là, qu’enfin on lui ait attribué la mort de celles que le Dieu excite seules, à aimer hors d’elles-mêmes, sans réponse. Peut-être, parmi les amies même qu’elle avait formées, y en avait-il qui ne comprenaient pas: qu’au comble de son action elle ne se lamentait pas sur un seul qui laissa vides ses bras ouverts mais sur celui, désormais impossible, qui avait été assez grand pour son amour.
Ici l’homme qui songe, se lève et va à la fenêtre. Les murs de sa chambre haute sont trop proches, il voudrait voir les étoiles, si c’est possible. Il ne se trompe pas sur lui-même. Il sait que ce mouvement l’anime parce que parmi les jeunes filles du voisinage, est celle qui le regarde. Il a des vœux, non pour lui, non, mais pour elle; pour elle il comprend, durant une heure nocturne qui passe, l’exigence de l’amour. Il se promet de ne rien lui en dire. Il lui semble que tout ce qu’il peut faire c’est d’être seul et éveillé, et de penser à propos d’elle combien cette aimante avait raison: lorsqu’elle savait que la réunion de deux êtres ne faisait qu’accroître la solitude; lorsqu’elle dépassait la fin terrestre du sexe par son dessein infini, lorsque, dans l’obscurité des étreintes, elle ne cherchait pas le contentement, mais encore le désir, lorsqu’elle méprisait que, de deux êtres, l’un fût l’aimé, et l’autre l’aimant, et lorsque les faibles aimées qu’elle menait à sa couche, en sortaient, fortes d’amour et prêtes à la quitter.
Par ces adieux suprêmes, son cœur devenait une force de la nature. Au-dessus du destin elle chantait à ses plus récentes aimées leurs épithalames; elle magnifiait leurs noces; elle exagérait leur époux proche, afin qu’elles fissent un effort sur elles-mêmes, pour lui comme à l’égard d’un Dieu, et qu’elles surmontassent la splendeur de l’époux.
*
Encore une fois, Abelone, dans ces dernières années je t’ai sentie et je t’ai comprise de façon inespérée, après que longtemps je n’avais plus pensé à toi.
C’était à Venise, en automne, dans un de ces salons où des étrangers se rencontrent passagèrement autour d’une maîtresse de maison étrangère comme eux-mêmes. Ces gens sont debout, ici et là, avec leurs tasses de thé, et sont enchantés lorsqu’un voisin renseigné les tourne vite et discrètement vers la porte pour leur chuchoter un nom qui a un son vénitien. Ils s’attendent aux noms les plus extravagants, rien ne peut les surprendre; car si économes qu’ils soient d’ordinaire de leur existence, ils s’abandonnent dans cette ville avec nonchalance aux possibilités les plus exagérées. Dans leur vie courante ils confondent constamment l’extraordinaire avec ce qui est interdit, de sorte que l’attente du merveilleux qu’ils s’accordent à présent, apparaît dans leurs visages comme une expression grossière de licence déréglée. Ce qui ne leur arrive chez eux que momentanément, à l’occasion de concerts, ou lorsqu’ils sont seuls avec un roman, ils le laissent apparaître comme un état d’esprit légitime dans ces circonstances caressantes. De même que, de façon très inattendue, ne comprenant aucun danger, ils se laissent exciter par les aveux presque mortels de la musique, comme par des indiscrétions physiques, de même ils se livrent, sans le moins du monde surmonter l’existence de Venise, à la pâmoison facile et profitable des gondoles. Des époux qui ne sont plus jeunes, qui durant tout le voyage n’ont eu l’un pour l’autre que des répliques haineuses, s’accordent en silence; le mari se sent agréablement las de tous ses idéaux, tandis qu’elle se trouve jeune et fait aux indigènes paresseux un signe de tête encourageant, avec un sourire comme si elle avait des dents en sucre qui fondent constamment. Et si on l’écoute par hasard, on apprend qu’ils repartiront demain, ou après-demain, ou à la fin de la semaine.
J’étais donc là, au milieu d’eux, et me réjouissais de ne pas devoir partir. Bientôt il ferait froid. Cette Venise molle et opiacée de leurs préjugés et de leurs besoins disparaît avec ces étrangers somnolents, et, un matin, l’autre Venise est là, réelle, lucide, cassante comme du verre, nullement issue de rêves: Cette Venise voulue dans le néant sur des forêts coulées à fond, créée de force, et enfin parvenue à ce degré d’existence. Ce corps endurci, réduit au plus nécessaire, à travers lequel l’arsenal qui ne dort jamais chasse le sang de son travail; et l’esprit insinuant de ce corps qui sans cesse élargit son domaine, cet esprit plus fort que le parfum de pays aromatiques. L’État inventif qui échangeait le sel et le verre de sa pauvreté contre les trésors des peuples. Le beau contrepoids du monde qui, jusque dans ses ornements, est plein d’énergies latentes qui se ramifiaient toujours plus finement: Venise. La conscience que je connaissais cette ville s’emparait de moi, et, au milieu de ces gens qui voulaient se tromper, m’animait d’un tel besoin d’opposition que je levai les yeux pour en parler n’importe comment. Était-il possible qu’il n’y eût, dans ces salles, personne qui, involontairement, attendît d’être éclairé sur l’essence de ce milieu? Un jeune homme qui comprendrait aussitôt que ce qui était proposé là n’était pas une jouissance, mais un exemple de volonté, tel qu’on n’en pourrait trouver nulle part de plus exigeant et de plus sévère? J’allais et venais, ma vérité me faisait inquiet. Comme elle s’était emparée de moi parmi tant de monde, elle apportait avec elle le désir d’être exprimée, défendue, démontrée. La représentation grotesque se forma en moi que dans un instant j’allais réclamer le silence en frappant dans les mains, par haine contre ce malentendu délayé dans toutes leurs paroles.
Dans cet état d’esprit ridicule, je l’aperçus. Elle était debout, seule, devant une fenêtre lumineuse, et m’observait; non pas précisément par ses yeux qui étaient sévères et pensifs, mais, eût-on dit, par sa bouche qui imitait ironiquement l’expression apparemment irritée de mon visage. Je sentis aussitôt la tension impatiente de mes traits et pris un visage indifférent, après quoi sa bouche devint naturelle et hautaine. Puis, après un instant de réflexion, simultanément, nous nous sourîmes l’un à l’autre.
Elle rappelait, si l’on veut, un certain portrait de jeunesse de la belle Bénédicte de Qualen qui joue un rôle dans la vie de Baggesen. On ne pouvait voir le calme obscurci de ses yeux, sans soupçonner la claire obscurité de sa voix. D’ailleurs la natte de ses cheveux et le décolleté de sa robe claire étaient si bien de Copenhague, que j’étais décidé à l’aborder en danois. Je n’étais pas encore assez près d’elle, lorsque, de l’autre côté, un courant s’avança; notre exubérante comtesse elle-même, dans sa distraction chaude et toujours enthousiaste, se précipitait sur la jeune fille, avec le concours de tous ses invités, pour la séquestrer aussitôt et lui demander de chanter. J’étais certain que la jeune fille s’excuserait en disant que personne dans la compagnie ne pouvait désirer d’entendre chanter en danois. Ce qu’elle dit en effet, lorsqu’on lui permit de répondre. La foule, autour de la forme claire, devenait plus animée; chacun savait qu’elle chantait aussi en allemand. «Et en italien», ajouta une voix en riant avec une conviction malicieuse. Je ne voyais pas d’excuse que j’aurais pu lui prêter en pensée. Mais je ne doutais pas qu’elle ne dût résister. Déjà une expression de sécheresse mortifiée se répandait sur les visages fatigués par des sourires trop prolongés, déjà la bonne comtesse pour ne pas s’abaisser, reculait d’un pas, avec un air de pitié et de dignité: et c’est alors – lorsque ce n’était plus du tout nécessaire – qu’elle céda. Je me sentis pâlir de déception; mon regard s’emplit de reproche, mais je me détournai, il était inutile de lui laisser voir cela. Alors elle se détacha de tous les autres et fut tout à coup à côté de moi. Sa robe m’éclairait, l’odeur fleurie de sa chaleur était autour de moi.
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