Pierre Lemaitre - Couleurs de l'incendie

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Couleurs de l'incendie: краткое содержание, описание и аннотация

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Février 1927. Le Tout-Paris assiste aux obsèques de Marcel Péricourt. Sa fille, Madeleine, doit prendre la tête de l’empire financier dont elle est l’héritière, mais le destin en décide autrement. Son fils, Paul, d’un geste inattendu et tragique, va placer Madeleine sur le chemin de la ruine et du déclassement.
Face à l’adversité des hommes, à la cupidité de son époque, à la corruption de son milieu et à l’ambition de son entourage, Madeleine devra déployer des trésors d’intelligence, d’énergie mais aussi de machiavélisme pour survivre et reconstruire sa vie. Tâche d’autant plus difficile dans une France qui observe, impuissante, les premières couleurs de l’incendie qui va ravager l'Europe.
Couleurs de l’incendie
Au revoir là-haut,

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Lorsque le cortège atteignit le boulevard Malesherbes, une pluie glaciale se mit à tomber. Gustave ouvrit son parapluie.

Charles se retourna, vit Joubert, tendit le bras et, avec un geste d’excuse qui désignait ses filles, saisit le parapluie.

Les deux adolescentes se tinrent alors étroitement serrées, à l’abri contre leur père. Hortense, piétinant, frigorifiée, tentait de voler quelques centimètres de protection.

Gustave, lui, poursuivit sa marche vers le cimetière la tête nue. La pluie ne tarda pas à redoubler.

Commotionnée, inconsciente, Madeleine dut être hospitalisée à son tour. Si l’on exceptait la branche de Charles, la moitié de la famille Péricourt était à l’hôpital, l’autre moitié au cimetière.

C’était, somme toute, un retournement de situation tout à fait en phase avec l’époque. En quelques heures, une famille riche et respectée venait de connaître la mort de son patriarche et la chute prématurée de son unique descendant mâle, des esprits défaitistes auraient pu y voir l’expression d’une prophétie. Il y avait là matière à conjectures pour un homme intelligent et cultivé comme André Delcourt, sauf que celui-ci, passé l’épouvantable choc qu’avait provoqué en lui la chute du petit Paul, ruminait sa folle déception. Son article relatant les obsèques de Marcel Péricourt, son espoir de réussite, tout était à l’eau. De quoi philosopher longuement sur le hasard, la destinée, la fatalité, la contingence, lui qui adorait les grands mots aurait dû se sentir à son affaire, mais il ne ressassait que des perspectives déprimantes.

Enfin, l’enfant, sorti vivant de dix heures de coma, fut ramené dans la chambre en milieu de soirée sanglé dans une sorte de camisole rigide qui lui montait jusqu’au menton.

Quelqu’un devait le veiller. André se porta volontaire. Léonce retourna chez les Péricourt chercher des vêtements de rechange et se refaire une beauté.

La pièce comportait maintenant deux lits, celui où reposait Paul, inconscient, et, à quelques centimètres, celui où l’on avait installé une Madeleine anesthésiée par les médicaments, mais qui ne cessait de s’agiter, de se retourner, en proie à des cauchemars qui la faisaient marmonner dans son sommeil.

André s’assit et continua à broyer du noir. L’immobilité de ces deux corps le mettait mal à l’aise, cet enfant en état végétatif lui faisait peur. Et, d’une certaine façon, il lui en voulait.

Le lecteur imagine sans peine ce que la perspective de chroniquer les obsèques d’une gloire nationale avait représenté pour lui et de quel poids pesait maintenant l’impossibilité de le faire. À cause de Paul. De cet enfant à qui tout avait été donné en héritage. À qui il avait dispensé, sans compter, des soins quasiment paternels.

Certes, il avait été un précepteur exigeant et Paul devait parfois trouver le joug un peu pesant, mais c’est le cas de tous les écoliers, lui-même, André, avait connu mille fois pire à l’institution Saint-Eustache, il n’en était pas mort. Il s’était jeté avec enthousiasme dans cette mission qui consistait non à éduquer un enfant, mais à le construire. Tout ce qu’il savait, il avait eu à cœur de le lui transmettre. Un enfant, disait-il souvent, est comme un bloc de pierre dont l’enseignant est le sculpteur. André était arrivé à des résultats qui avaient largement récompensé ses efforts. Ainsi pour le bégaiement. Il restait bien des choses à faire, mais Paul parlait de mieux en mieux, indiscutablement. De même pour sa main droite. Ce n’était pas encore la main parfaite, mais grâce à de la discipline, de la concentration, Paul parvenait à des résultats tangibles et encourageants. L’un enseignait, l’autre apprenait, ce n’était pas un chemin toujours facile, tant s’en faut, mais André et Paul étaient devenus, oui, cela le touchait de le penser maintenant, des amis.

André en voulait à son élève parce qu’il ne comprenait pas son geste. Que la mort de son grand-père ait été un chagrin immense, il le savait, mais pourquoi n’était-il pas venu lui parler ? J’aurais trouvé les mots, se disait-il.

Il était vingt-deux heures. Seuls les candélabres disséminés de loin en loin dans la cour apportaient à la pièce une lueur pâle, jaunâtre et floue.

André ressassait son échec lorsqu’il se demanda si réellement il ne lui restait pas encore l’ombre d’une chance. Pouvait-il écrire un article alors qu’il n’avait pas assisté aux obsèques ?

C’était une gageure, évidemment, mais en regardant Paul allongé sur son lit, il s’interrogea. Ne serait-ce pas une marque de fidélité et de confiance dans l’avenir que de s’efforcer tout de même de rédiger cet article ? Paul ne serait-il pas fier, en revenant à la vie, de découvrir le nom de son ami André Delcourt au bas d’une page du Soir de Paris ?

Se poser la question, c’était déjà y répondre.

Il se leva, traversa la chambre sur la pointe des pieds et se rendit auprès de l’infirmière de garde, une grosse femme qui dormait sur une chaise en rotin et se réveilla en sursaut, hein, quoi, du papier ? Son regard tomba sur le joli sourire d’André, elle déchira une dizaine de pages d’un registre hospitalier, lui tendit deux des trois crayons dont elle disposait et se rendormit sur un rêve de jeune homme.

À son retour, la première chose qu’il vit, ce furent les yeux grands ouverts de Paul, brillants et fixes. Il en fut vivement impressionné. Il hésita. Devait-il s’approcher ? Dire un mot ? Il ne savait comment se comporter et comprit qu’il serait incapable de faire un pas. Il reprit sa place.

Le papier posé sur une cuisse, il sortit le carnet sur lequel il avait déjà pris tant de notes et se lança. C’était un exercice difficile, il n’avait vu que le début, que s’était-il passé après son départ ? Les journalistes qui couvraient l’événement fourniraient sur la suite de la cérémonie des détails précis et sensationnels dont il était privé. Il choisit donc un tout autre angle : le lyrisme. Il écrivait pour le Soir de Paris et s’adressait à une clientèle populaire qui serait flattée par un article délibérément littéraire.

Ses papiers froissés, raturés, pliés ne furent bientôt plus lisibles, aussi, vers trois heures du matin, excité comme jamais, retourna-t-il au guichet pour solliciter de nouveau quelques feuilles, que cette fois l’infirmière, exaspérée d’être réveillée, lui jeta quasiment à la figure. Il n’y prêta pas attention, il avait de quoi recopier son article, en équilibre sur une cuisse.

C’est alors qu’il s’avisa de l’œil toujours fixe et luisant du petit Paul pointé dans sa direction. Il se tourna sur sa chaise de manière à ne plus avoir dans son champ de vision le visage étrangement blanc de cet enfant sanglé de la tête aux pieds et raide comme un passe-lacet.

4

Vers sept heures du matin, lorsque Léonce revint pour le remplacer, au lieu de rentrer chez lui, il attrapa un taxi et se fit conduire à la rédaction du journal.

Jules Guilloteaux arriva, comme à son habitude, à sept heures quarante-cinq.

— Eh ben… qu’est-ce que vous faites là, vous ?

André tendit ses feuillets que le directeur eut du mal à saisir parce qu’il avait déjà dans les mains d’autres feuilles rédigées d’une large écriture conquérante.

— C’est que… je vous ai remplacé, moi !

Il était désolé, mais aussi intrigué. Comment Delcourt pouvait-il avoir écrit un compte rendu alors qu’il avait été emporté avant le départ du convoi et qu’on ne l’avait plus revu ? Au cours de sa carrière, il en avait connu des situations étranges, loufoques. Mais celle-ci figurerait en bonne place dans le répertoire d’anecdotes grâce auxquelles il était un héros des dîners en ville, allez, cher monsieur Guilloteaux, vous avez bien une nouvelle histoire à nous conter, il se faisait prier comme une vieille cocotte, enfin, Jules, insistait la maîtresse de maison, alors il se raclait la gorge, celle-ci est absolument confidentielle, les convives fermaient les yeux, avides déjà de colporter ce qu’ils entendraient, eh bien, c’était le lendemain des obsèques de ce pauvre Marcel Péricourt…

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