Primo Levi - Si c'est un homme

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"On est volontiers persuadé d'avoir lu beaucoup de choses à propos de l'holocauste, on est convaincu d'en savoir au moins autant. Et, convenons-en avec une sincérité égale au sentiment de la honte, quelquefois, devant l'accumulation, on a envie de crier grâce. C'est que l'on n'a pas encore entendu Levi analyser la nature complexe de l'état du malheur. Peu l'ont prouvé aussi bien que Levi, qui a l'air de nous retenir par les basques au bord du menaçant oubli : si la littérature n'est pas écrite pour rappeler les morts aux vivants, elle n'est que futilité." Angelo Rinaldi." 'Si c'est un homme', occupe une place centrale dans la littérature de témoignage sur l'extermination des Juifs d'Europe et l'univers concentrationnaire."J.-B. Marongiu – "Libération"

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Alors une désolation totale m'envahit, comme certains désespoirs enfouis dans les souvenirs de la petite enfance: une douleur a l'état pur, que ne tempèrent ni le sentiment de la réalité ni l'intrusion de circonstances extérieures, la douleur des enfants qui pleurent, et il vaut mieux pour moi remonter de nouveau a la surface, mais cette fois-ci j'ouvre délibérément les yeux, pour avoir en face de moi la garantie que je suis bien réveillé.

Mon rêve est là devant moi, encore chaud, et moi, bien qu'éveillé, je suis encore tout plein de son angoisse: et alors je me rappelle que ce rêve n'est pas un rêve quelconque, mais que depuis mon arrivée, je l'ai déjà fait je ne sais combien de fois, avec seulement quelques variantes dans le cadre et les détails Maintenant je suis pleinement lucide, et je me souviens également de l'avoir déjà raconté à Alberto, et qu'il m'a confié, à ma grande surprise, que lui aussi fait ce rêve, et beaucoup d'autres camarades aussi, peut-être tous Pourquoi cela? Pourquoi la douleur de chaque jour se traduit-elle dans nos rêves de manière aussi constante par la scène toujours répétée du récit fait et jamais écouté?

Tout en méditant de la sorte, je cherche à profiter de cet intervalle de veille pour me débarrasser des lambeaux d'angoisse laissés par le rêve que je viens de faire, afin de ne pas compromettre la qualité du sommeil que je m'apprête à goûter. Je m'accroupis dans l'obscurité, je regarde autour de moi et je tends l'oreille

On entend les dormeurs respirer et ronfler Certains gémissent et parlent, beaucoup font claquer leurs lèvres et remuent les mâchoires. Ils rêvent qu'ils mangent: cela aussi c'est un rêve collectif. C'est un rêve impitoyable, celui qui a créé le mythe de Tantale devait en savoir quelque chose. Non seulement on voit les aliments, mais on les sent dans sa main, distincts et concrets, on en perçoit l'odeur riche et violente, quelqu'un nous les approche de la bouche, mais une circonstance quelconque, à chaque fois différente, vient interrompre le geste. Alors notre rêve s'évanouit, se décompose en chacun de ses éléments, pour reprendre corps aussitôt après, semblable et différent: et cela sans trêve, pour chacun de nous, toutes les nuits, et tout au long de notre sommeil.

Il doit être un peu plus de vingt-trois heures, car les allées et venues au seau, près du garde de nuit, se font de plus en plus nombreuses C'est une épreuve humiliante, une honte ineffaçable: toutes les deux ou trois heures, nous devons nous lever pour évacuer la grosse quantité d'eau qu'on nous fait absorber durant la journée sous forme de soupe afin de calmer notre faim: cette même eau qui le soir fait enfler nos chevilles et nos paupières, qui donne à toutes les physionomies une ressemblance hideuse, et dont l'élimination impose à nos reins un effort déchirant.

Mais la procession nous réserve d'autres appréhensions; il est de règle que le dernier à utiliser le seau aille lui-même le vider aux latrines, comme il est de règle qu'après l'extinction des feux, personne ne sorte de la baraque autrement qu'en tenue de nuit (chemise et caleçon) et en signalant son numéro au garde. C'est donc tout naturellement que le garde cherche à dispenser de ce service ses propres amis, ses compatriotes et les prominents. D'un autre côté, les vieux du camp ont les sens tellement aiguisés qu'ils sont miraculeusement capables, sans bouger de leur couchette, et en se basant simplement sur le son que rendent les parois du seau, de distinguer si le niveau a atteint ou non le seuil dangereux, parvenant ainsi à éviter presque à chaque fois la corvée de vidange. Il s'ensuit que les candidats au service du seau se réduisent à un tout petit nombre, tandis que le liquide à éliminer atteint au moins deux cents litres: une vingtaine de vidanges par nuit.

Conclusion: aller au seau de nuit pour satisfaire un besoin pressant représente, pour nous les sans-expérience, les non-privilégiés, un risque considérable. Le garde bondit de son coin sans crier gare, nous empoigne, gribouille notre numéro sur un bout de papier, nous donne le seau et une paire de socques, et nous pousse dehors, dans la neige, grelottants et ensommeillés. Il nous faut nous traîner jusqu'aux latrines: le seau, qui dégage une chaleur écœurante, cogne contre nos mollets nus, et comme il a été trop rempli, les secousses le font immanquablement déborder sur nos pieds; aussi, pour répugnante que soit la besogne, mieux vaut-il encore l'exécuter soi-même que de la voir confier à son voisin de couchette.

Ainsi se traînent nos nuits. Le rêve de Tantale et le rêve du récit s'insèrent dans une trame d'images plus indistinctes: les souffrances de la journée, où entrent la faim, les coups, le froid, la fatigue, la peur et la promiscuité, se muent la nuit en cauchemars informes, d'une violence inouïe, comme on n'en peut faire, dans la vie courante, que pendant une nuit de fièvre. Nous nous éveillons à tout moment, glacés de terreur, encore sous le coup d'un ordre, crié par une voix haineuse, et dans une langue que nous ne comprenons pas. La procession au seau et le bruit sourd des talons sur le plancher se fondent dans l'image symbolique d'une autre procession: nous sommes serrés les uns contre les autres, gris et interchangeables, petits comme des fourmis et grands jusqu'à toucher les étoiles, innombrables, couvrant la plaine jusqu'à l'horizon; tantôt confondus en une même substance, un amalgame angoissant dans lequel nous nous sentons englués, étouffés; tantôt en marche pour une ronde sans commencement ni fin, éblouis de vertiges, chavirés de nausées; jusqu'à ce que la faim ou le froid ou le trop-plein de nos vessies reconduisent nos rêves à leurs proportions coutumières. Lorsque le cauchemar lui-même ou le malaise physique nous réveillent, nous cherchons en vain à en démêler les éléments et à les refouler hors du champ de notre conscience afin d'empêcher leur intrusion dans notre sommeil: mais nous n'avons pas plus tôt fermé les yeux que nous sentons notre cerveau se remettre en marche indépendamment de notre volonté: il bourdonne, il ronfle, incapable de repos, il fabrique des fantasmes et des symboles terrifiants dont il trace et fait mouvoir sans répit les contours brumeux sur l'écran de nos rêves.

Mais durant toute la nuit, à travers toutes les alternances de sommeil, de conscience et de cauchemars, veillent en nous l'attente et la terreur du réveil: grâce à cette mystérieuse faculté que bien des gens connaissent, nous sommes capables, même sans montre, d'en prévoir l'instant avec la plus grande précision. A l'heure du réveil, qui varie selon la saison mais tombe toujours bien avant l'aube, la cloche du camp retentit longuement, et dans chaque baraque le garde de nuit termine son service: il allume les lumières, se lève, s'étire et prononce le verdict quotidien: «Aufstehen», ou plus fréquemment, en polonais, «Wstawac».

Rares sont ceux que le «Wstawaé» trouve encore endormis: c'est un moment de douleur trop intense pour que le sommeil le plus lourd ne se dissipe pas à son approche. Le garde de nuit le sait bien: loin de prendre un ton de commandement, il parle d'une voix basse et unie, car il sait que son appel trouvera toutes les oreilles attentives, qu'il sera entendu et obéi.

La parole étrangère tombe comme une pierre au fond de toutes les consciences. «Debout»: l'illusoire barrière des couvertures chaudes, la mince cuirasse du sommeil, le tourment même de l'évasion nocturne se désagrègent autour de nous, et nous nous réveillons définitivement, irrémédiablement, offerts sans défense aux outrages, atrocement nus et vulnérables. Un jour commence, pareil aux autres jours, si long qu'on ne peut raisonnablement en concevoir la fin, tant il y a de froid, de faim et de fatigue qui nous en séparent. Aussi vaut-il mieux concentrer notre attention et notre désir sur le morceau de pain gris qui, en dépit de sa petitesse, sera immanquablement à nous d'ici une heure, et constituera, pendant les cinq minutes qu'il nous faudra pour le dévorer, tout ce que la loi du camp nous autorise à posséder.

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