Primo Levi - Si c'est un homme

Здесь есть возможность читать онлайн «Primo Levi - Si c'est un homme» весь текст электронной книги совершенно бесплатно (целиком полную версию без сокращений). В некоторых случаях можно слушать аудио, скачать через торрент в формате fb2 и присутствует краткое содержание. Жанр: Историческая проза, Современная проза, на французском языке. Описание произведения, (предисловие) а так же отзывы посетителей доступны на портале библиотеки ЛибКат.

Si c'est un homme: краткое содержание, описание и аннотация

Предлагаем к чтению аннотацию, описание, краткое содержание или предисловие (зависит от того, что написал сам автор книги «Si c'est un homme»). Если вы не нашли необходимую информацию о книге — напишите в комментариях, мы постараемся отыскать её.

"On est volontiers persuadé d'avoir lu beaucoup de choses à propos de l'holocauste, on est convaincu d'en savoir au moins autant. Et, convenons-en avec une sincérité égale au sentiment de la honte, quelquefois, devant l'accumulation, on a envie de crier grâce. C'est que l'on n'a pas encore entendu Levi analyser la nature complexe de l'état du malheur. Peu l'ont prouvé aussi bien que Levi, qui a l'air de nous retenir par les basques au bord du menaçant oubli : si la littérature n'est pas écrite pour rappeler les morts aux vivants, elle n'est que futilité." Angelo Rinaldi." 'Si c'est un homme', occupe une place centrale dans la littérature de témoignage sur l'extermination des Juifs d'Europe et l'univers concentrationnaire."J.-B. Marongiu – "Libération"

Si c'est un homme — читать онлайн бесплатно полную книгу (весь текст) целиком

Ниже представлен текст книги, разбитый по страницам. Система сохранения места последней прочитанной страницы, позволяет с удобством читать онлайн бесплатно книгу «Si c'est un homme», без необходимости каждый раз заново искать на чём Вы остановились. Поставьте закладку, и сможете в любой момент перейти на страницу, на которой закончили чтение.

Тёмная тема
Сбросить

Интервал:

Закладка:

Сделать

Je regarde Schmulek, et derrière lui j'ai croisé le regard de Walter; je n'ai pas posé de questions.

Le lendemain, au lieu du groupe habituel de guéris, deux groupes distincts ont quitté le K.B. Ceux du premier groupe ont été rasés et tondus et ont pris une douche. Ceux du second sont sortis comme ils étaient, avec une barbe de plusieurs jours, sans avoir reçu leurs soins, sans douche. Ceux-là, personne ne leur a dit au revoir, personne ne les a chargés de messages pour les camarades de Block.

Parmi eux il y avait Schmulek.

C'est de cette façon discrète et organisée, sans déploiement de force et sans colère, que le massacre rôde chaque jour dans les baraques du K.B. et s'abat sur tel ou tel d'entre nous. En partant, Schmulek m'a laissé sa cuillère et son couteau; Walter et moi, nous avons évité de nous regarder et nous sommes restés longtemps silencieux. Puis Walter m'a demandé comment je faisais pour garder ma ration de pain si longtemps sans la toucher, et il m'a expliqué que lui, d'habitude, coupe le sien en long, de manière à avoir des tranches plus larges sur lesquelles il est plus facile d'étaler la margarine.

Walter m'explique toutes sortes de choses: Schonungsblock signifie baraque de repos; on n'y met que les malades légers, les convalescents, ou ceux qui n'ont pas besoin de soins particuliers. Parmi eux, une bonne cinquantaine d'internés plus ou moins gravement atteints de dysenterie.

Ces derniers sont soumis à un contrôle tous les deux jours. Ils font la queue dans le couloir: en tête de file, deux bassines de fer-blanc et un infirmier muni d'un registre, d'une montre et d'un crayon. Les malades se présentent deux par deux et doivent fournir sur le moment et sur place la preuve que leur diarrhée persiste; opération pour laquelle ils disposent d'une minute exactement. Après quoi ils présentent le résultat à l'infirmier, qui observe et juge; puis ils rincent rapidement les bassines dans un baquet prévu à cet effet et cèdent la place aux deux suivants.

Parmi ceux qui attendent, certains se tordent dans les spasmes pour retenir le précieux témoignage vingt minutes, dix minutes encore; d'autres, privés de ressources à ce moment-là, mobilisent veines et muscles dans l'effort contraire. L'infirmier regarde, impassible, mordillant son crayon, un coup d'oeil à la montre, un autre aux échantillons qui défilent. Dans les cas douteux, il part avec la bassine et va consulter le médecin.

… J'ai reçu une visite: Piero Sonnino, le Romain. -Tu as vu comme je les ai roulés? Piero a une très légère entérite, il est là depuis vingt jours, il s'y trouve bien, se repose et engraisse; il se fiche pas mal des sélections et il a décidé de rester au K.B. jusqu'à la fin de l'hiver, coûte que coûte. Sa méthode consiste à faire la queue derrière un malade authentiquement atteint de dysenterie, et qui offre quelque chance de succès; quand vient son tour, il lui demande sa collaboration (contre de la soupe ou du pain) et si l'autre accepte et que l'infirmier a un instant d'inattention, il échange les bassines au milieu de la confusion générale, et le tour est joué. Piero sait ce qu'il risque mais jusqu'ici il s'en est toujours bien tiré.

Mais la vie au K.B., ce n'est rien de tout cela. Ce ne sont ni les moments cruciaux de la sélection, ni les épisodes grotesques du contrôle de la diarrhée et du dépistage des poux, ni même les maladies.

Le K.B., c'est le Lager moins l'épuisement physique. Aussi quiconque possède encore une lueur de raison y reprend-il conscience; aussi y parlons-nous d'autre chose, durant les interminables journées vides, que de faim et de travail; aussi en venons-nous à penser à ce qu'on a fait de nous, à tout ce qui nous a été enlevé, à cette vie qui est la nôtre. C'est dans cette baraque du K.B., au cours de cette parenthèse de paix relative, que nous avons appris combien notre personnalité est fragile, combien, beaucoup plus que notre vie, elle est menacée; combien, au lieu de nous dire: «Rappelle-toi que tu dois mourir», les sages de l'Antiquité auraient mieux fait de nous mettre en garde contre cet autre danger, autrement redoutable. S'il est un message que le Lager eût pu transmettre aux hommes libres, c'est bien celui-ci: Faites en sorte de ne pas subir dans vos maisons ce qui nous est infligé ici.

Lorsqu'on travaille, on souffre et on n'a pas le temps de penser: nos maisons sont moins qu'un souvenir. Mais ici le temps est tout à nous: malgré l'interdiction, nous nous rendons visite d'une couchette à l'autre, et nous parlons et parlons. La baraque de bois, emplie d'humanité souffrante, retentit de paroles, de souvenirs, et d'une autre douleur. Cela se dit «Heimweh» en allemand; c'est une belle expression, qui veut dire littéralement «mal de la maison».

Nous savons d'où nous venons: les souvenirs du monde extérieur peuplent notre sommeil et notre veille, nous nous apercevons avec stupeur que nous n'avons rien oublié, que chaque souvenir évoqué surgit devant nous avec une douloureuse netteté.

Mais nous ne savons pas où nous allons. Peut-être pourrons-nous survivre aux maladies et échapper aux sélections, peut-être même résister au travail et à la faim qui nous consument: et puis? Ici, momentanément à l'abri des avanies et des coups, il nous est possible de rentrer en nous-mêmes et de méditer, et alors tout nous dit que nous ne reviendrons pas. Nous avons voyagé jusqu'ici dans les wagons plombés, nous avons vu nos femmes et nos enfants partir pour le néant; et nous, devenus esclaves, nous avons fait cent fois le parcours monotone de la bête au travail, morts à nous-mêmes avant de mourir à la vie, anonymement. Nous ne reviendrons pas. Personne ne sortira d'ici, qui pourrait porter au monde, avec le signe imprimé dans sa chair, la sinistre nouvelle de ce que l'homme, à Auschwitz, a pu faire d'un autre homme.

5 NOS NUITS

Au bout de vingt jours de K.B., ma blessure s'étant pratiquement fermée, il me faut à mon grand regret vider les lieux.

La cérémonie est simple, mais suivie d'une pénible et dangereuse période de remise en train. A la sortie du K.B., si on ne dispose pas de protections particulières, on n'est pas réinséré dans son Block et dans son Kommando d'origine, mais, sur la base de critères que j'ignore, on est affecté à n'importe quelle autre baraque et dirigé vers n'importe quel autre travail. Bien plus, on sort nu du K.B.; on reçoit des vêtements et des souliers «neufs» (j'entends dire différents de ceux qu'on y a laissés à l'entrée), qu'il faut s'employer avec zèle et rapidité à adapter à sa propre personne, ce qui implique de la fatigue et des dépenses. Il est également nécessaire de se procurer à nouveau une cuillère et un couteau; enfin, et c'est là le plus grave, on se retrouve comme un intrus en milieu inconnu, entouré de compagnons nouveaux et hostiles, avec des chefs dont on ne connaît pas le caractère et dont il est par conséquent difficile de se garder.

La faculté qu'a l'homme de se creuser un trou, de sécréter une coquille, de dresser autour de soi une fragile barrière de défense, même dans des circonstances apparemment désespérées, est un phénomène stupéfiant qui demanderait à être étudié de près. Il s'agit là d'un précieux travail d'adaptation, en partie passif et inconscient, en partie actif: planter un clou au-dessus de sa couchette pour y suspendre ses chaussures pendant la nuit; conclure tacitement des pactes de non-agression avec ses voisins; deviner et accepter les habitudes et les lois du Kommando et du Block où l'on se trouve. En vertu de quoi, au bout de quelques semaines, on parvient à atteindre un certain équilibre, un certain degré d'assurance face aux imprévus; on s'est fait un nid, le choc de la transplantation est passé.

Читать дальше
Тёмная тема
Сбросить

Интервал:

Закладка:

Сделать

Похожие книги на «Si c'est un homme»

Представляем Вашему вниманию похожие книги на «Si c'est un homme» списком для выбора. Мы отобрали схожую по названию и смыслу литературу в надежде предоставить читателям больше вариантов отыскать новые, интересные, ещё непрочитанные произведения.


Отзывы о книге «Si c'est un homme»

Обсуждение, отзывы о книге «Si c'est un homme» и просто собственные мнения читателей. Оставьте ваши комментарии, напишите, что Вы думаете о произведении, его смысле или главных героях. Укажите что конкретно понравилось, а что нет, и почему Вы так считаете.

x