Montalt lui répondait, lui souriait, et ne laissait jamais son verre vide.
Le moyen de ne pas boire quand on avait milord lui-même pour échanson! M. le chevalier, bonne tête pourtant, était déjà un peu exalté au commencement du second service.
Mais cela ne tirait point à conséquence, attendu que les trois quarts des convives marchaient en avant de lui. Le prince Bottansko, surtout, afin de faire honneur à sa nationalité, buvait avec une vigueur au-dessus de tout éloge.
Dans la galerie voisine, un brillant orchestre exécutait tantôt des airs à la mode, tantôt des mélodies indiennes, fournies par Mirze, l'ancienne esclave du nabab.
Au bout de la galerie s'ouvrait une seconde salle, décorée exactement comme la première, et au milieu de laquelle se dressait aussi une table servie.
Cette table était entourée par un cercle de charmantes femmes qui buvaient, ma foi, le mieux du monde.
Mirze présidait au banquet féminin, Mirze que nous avons vue toujours mélancolique et muette.
Mais le nabab lui avait dit d'être gaie, de chanter, de sourire…
Elle était gaie, la pauvre âme esclave, elle chantait, elle souriait.
Presque toutes ces dames avaient obéi, du reste, à la fantaisie de Montalt; elles avaient, pour la plupart, des costumes asiatiques, et douze ou quinze d'entre elles, sous la direction de Mirze, s'étaient déguisées en bayadères de Mysore.
Bien entendu, autour de cette table, on n'eût pas trouvé une seule femme laide. Ceci était la moindre chose. Mais il y en avait de ravissantes et qui faisaient le plus grand honneur au goût de M. Smith, le galant distributeur d'aumônes.
Parmi les plus charmantes, il fallait distinguer deux petites danseuses de l'Académie royale de musique, qui venaient pour la première fois à l'hôtel. M. Smith, on peut le dire, avait eu ici la main particulièrement heureuse. C'étaient deux petits lutins au sourire naïf et mutin, toutes jeunes, gracieuses comme des fées.
Des bijoux, enfin!
Ces deux demoiselles avaient été convoquées en vue d'Étienne et de Roger. Le nabab voulait en finir une bonne fois avec la chevaleresque niaiserie de ses deux favoris; et vraiment, pour opérer une tentation efficace, on ne pouvait trouver mieux que mesdemoiselles Delphine et Hortense, les deux plus nouvelles acquisitions du corps de ballet de l'Opéra.
Étienne et Roger n'avaient qu'à se bien tenir!
De temps en temps, pendant le dîner, Montalt les regardait en souriant à l'idée de sa victoire prochaine, et tout en écoutant les discours animés du chevalier de las Matas, qui lui soumettait peut-être, en ce moment, le plan de sa fameuse martingale, Montalt faisait de loin aux deux jeunes gens des signes de joyeuse menace.
Étienne et Roger comprenaient parfaitement, et levaient leurs verres en signe de bataille acceptée.
Malgré l'incontestable talent de M. Smith, les délicieuses pensionnaires de l'Académie royale de musique n'étaient cependant pas précisément ce que Montalt aurait voulu.
Il s'agissait de convertir les deux jeunes gens à sa manière de voir, et, sur ce sujet, la fantaisie de Montalt s'était développée outre mesure. La résistance de Roger et d'Étienne l'avait piqué au vif. C'était désormais une gageure qu'il prétendait gagner à tout prix.
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