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Juliette Benzoni: Princesses des Vandales

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Juliette Benzoni Princesses des Vandales

Princesses des Vandales: краткое содержание, описание и аннотация

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Après avoir trouvé son château pillé et dévasté par les troupes du Grand Condé, qu’elle aime depuis l’enfance, Isabelle, duchesse de Châtillon, entend lui faire payer mais ne résistera pas longtemps à l’amour qu’il lui avoue. Ce pourrait être le bonheur. Ce sera la fin d’une paix relative pour Isabelle. La Fronde du Parlement et des Parisiens s’achève. Celle des Princes commence. Moins pour chasser Mazarin que pour s’emparer du pouvoir, avant que le jeune Louis XIV ne l’assume. Pour Isabelle commence un incessant et épuisant combat où elle ira jusqu’à jouer sa vie pour empêcher le héros de Rocroi de passer à l’ennemi et de retourner ses armes contre la France, entraînant avec lui François, son jeune frère qu’elle aime infiniment. Quand cette dure bataille prend fin, Isabelle, adorée des uns, détestée des autres, n’en aura pas fini avec l’aventure menée au galop de ses chevaux. Ils la mèneront très loin, très haut sans qu’elle abandonne jamais l’amour de son enfance.

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— Et vous mentez encore ! Vous lui en vouliez si peu que le sachant blessé vous vous êtes précipitée à son chevet, à Montargis !…

— Erreur ! Je me suis contentée d’accompagner sa malheureuse épouse. Nous étions ensemble quand nous avons appris la nouvelle et elle était si désespérée que, devant me rendre à Châtillon, je lui ai offert de la conduire. J’ajoute que je n’ai même pas cherché à entrevoir le cher garçon ! Il n’est pas mort au moins ?

— Pas que je sache ! Il se remet à merveille et pourra sous peu vous servir…

Le mot était maladroit et la bouche d’Isabelle se plissa de dégoût :

— Je ne m’accommode pas des restes ! Que Longueville le garde puisque aussi bien ils sont dans le même camp ! Cela dit, je vous laisse « vérifier » mes comptes en espérant que vous les honorerez sans trop tarder !

Comme elle rejoignait rapidement la porte, il voulut la retenir :

— Isabelle ! Ne partez pas ! Je vous offre mes excuses…

— Je regrette mais je soupe chez Mme de Brienne et ne veux pas me faire attendre. Quand vous serez prêt à réparer les graves torts que vous m’avez infligés, venez à l’hôtel de Valençay que je compte d’ailleurs racheter à mon beau-frère. Il n’y vient plus jamais et ma sœur de moins en moins souvent…

— C’est pour cela que vous voulez de l’argent ?

— Non ! Et de toute façon mes affaires ne vous regardent pas ! Je vous salue… Monseigneur !

Pour être sûre qu’il ne se donnerait pas le ridicule de la poursuivre, elle quitta l’hôtel en courant et sauta dans sa voiture :

— A la maison !

Rentrée rue du Jour, elle se déshabilla, fit quelques ablutions, demanda qu’on lui serve un repas léger et alla se coucher à la surprise d’Agathe qu’elle n’avait pas habituée à une vie aussi rangée :

— Ce n’est pas un peu tôt ? ne put-elle retenir. Madame la duchesse n’est pas coutumière d’aller au lit…

— Avec les poules ? Non, mais après une route et tant d’agitation il se peut que l’envie s’en fasse sentir ! Et je veux être fraîche et dispose demain !

Elle n’ajouta pas qu’elle avait parié avec elle-même que Condé ne tiendrait pas plus de vingt-quatre heures avant de lui rendre sa visite. Aussi, le jour revenu et après une bonne nuit, soignat-elle tout particulièrement sa personne, à la suite de quoi elle resta tranquillement à la maison mais surtout au jardin dont la passion de Valençay pour les plantations de toutes espèces avait fait un coin de paradis où en ce mois de juin les roses fleurissaient en abondance. Elle s’y trouvait encore lisant la dernière œuvre de la prolifique Scudéry – le Grand Cyrus – quand Agathe, un sourire aux lèvres, vint lui annoncer le prince de Condé. Le pari était gagné…

Dans une robe de satin bleu pastel, simplement ornée de bouillonnés de mousseline mais dont le décolleté hypocrite se parait seulement de trois roses au creux des seins, d’autres maintenues derrière les oreilles par des barrettes de perles, sans autres bijoux, elle était ravissante et le savait : son miroir et le regard approbateur d’Agathe lui en avaient donné la certitude. Qui serait assez fou pour aller au combat sans armes ?

Le soleil couchant exaltait le parfum des fleurs et nimbait la jeune femme d’une lumière infiniment douce…

Ebloui, Condé tomba à genoux :

— Il fallait que je vous voie ! fit-il d’une voix sourde. Votre visite chez moi hier répondait à trop de questions et je suis venu me rendre à merci !

— Comment l’entendez-vous ? murmura-t-elle, plus émue qu’elle ne voulait le paraître.

— Comme il vous plaira. Je ne sais qu’une chose : j’ai besoin de vous ! Je suis las de tout, des autres comme de moi-même… et en premier de cette guerre absurde qui à peine éteinte se réveille et flambe plus haut qu’avant !

— Ne restez pas là ! Quelqu’un pourrait vous voir. Venez plutôt vous asseoir auprès de moi…

Il ne devait attendre que cette invitation car à peine l’eut-il rejointe sur le banc de pierre qu’il voulut la prendre dans ses bras mais elle leur échappa en glissant habilement à l’autre bout. C’était l’un de ces sièges en arc de cercle si commodes pour la conversation.

— Pas si près ! corrigea-t-elle avec un sourire. Et répondez-moi : le roi d’Espagne fait-il partie de cette grande lassitude ?

— Oui car il est un mauvais allié en dépit de ce qu’en dit ma sœur : il promet des armes, des hommes et de l’argent mais il ne débourse que peu d’or et ne concède que quelques compagnies trop hétéroclites pour faire de bons soldats.

— Comment se fait-il qu’il se montre si ladre ? Le flot d’or venu des Amériques serait-il tari ?

— Je le crois moins abondant qu’au temps des conquistadors, Cortés, etc. Cela tient sans doute au mauvais vouloir des vice-rois qui doivent rogner sur la part royale afin d’augmenter la leur. Je n’ai pas encore fait allégeance à Philippe IV…

Isabelle n’eut pas assez de force pour maîtriser sa joie :

— Si vous n’êtes pas lié à lui, François ne l’est pas non plus alors ? Il n’ambitionne rien d’autre que de vous suivre où vous irez !

— Je sais, et soyez assurée que je lui rends pleinement son amitié. Il est bourré de talents et devrait faire une belle carrière ! Parfois je me prends à penser qu’il m’aime trop !… Non pas comme vous le redoutez ! se hâta-t-il de préciser devant la muette inquiétude qu’exprimait le regard de la jeune femme. Il adore le sexe dit « faible » et a toujours quelque amour sur le feu ! Cessez donc de vous tourmenter ! Je suis aussi venu vous dire que je réglerai au denier près ce que je vous dois…

Le rire léger d’Isabelle fusa :

— Je vous tiens quitte des deniers puisque Judas n’est plus Judas.

Et ce fut elle qui, cette fois, ouvrit les bras…

L’instant suivant, elle se retrouva dans l’herbe entre deux massifs de fleurs en train de se faire éplucher plutôt que déshabiller par des mains aussi brutales que maladroites, tant elles avaient hâte de découvrir son corps. Le tout sous un déluge de baisers, de griffures – Monseigneur ne se coupait pas souvent les ongles ! – et même de morsures. Et pourtant, le cri que lui arracha cette bourrasque exprima un plaisir d’une violence telle qu’elle ne se souvenait pas d’en avoir déjà ressenti de semblable…

Quand enfin l’orage se calma et qu’il se laissa retomber dans l’herbe, elle se retrouva quasiment nue sur les débris de sa jolie robe en charpie. Elle ne pouvait tout de même pas rentrer ainsi dans la maison. Enflant sa voix autant qu’elle le put, elle appela Agathe. Qui ne devait pas être très loin car elle apparut presque aussitôt… tenant en main une ample robe de chambre dont elle enveloppa sa maîtresse avant de ramasser les morceaux de tissu épars de la robe. Pendant ce temps Condé se rajustait :

— Demeurez au jardin ou allez m’attendre dans le cabinet bleu, lui dit Isabelle. Nous souperons ensemble !

— Ma foi, je reste encore un peu : il fait si doux… murmura-t-il en retenant la main de la jeune femme pour y poser un baiser.

— Je ne serai pas longue ! Je meurs de faim !

— Moi aussi mais je vais vous attendre ici !

Une demi-heure plus tard, ils se retrouvaient devant un souper froid qu’ils attaquèrent avec un égal appétit, parlant de tout, de rien et riant à chaque instant, Isabelle, ses beaux cheveux noués lâchement sur ses épaules, portait à présent une robe de ce rouge corail clair qui lui seyait si bien, rayonnait d’un éclat qui semblait fasciner son invité. Cependant, ledit invité buvait comme une éponge et, à une certaine lueur trouble qu’elle décela dans ses yeux, Isabelle sentit qu’il n’allait pas tarder à renouveler son exploit. Or, si heureuse qu’elle fût de l’avoir enfin amené où elle le voulait, elle gardait la tête suffisamment froide pour ne pas lui permettre de se… goinfrer d’elle dès la première fois. Aussi, en se levant, esquissa-t-elle un bâillement vite caché sous sa main et, en même temps, sonnait :

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