William Gibson - Mona Lisa s'éclate

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Mona Lisa s'éclate: краткое содержание, описание и аннотация

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Une nouvelle macroforme est apparue dans le Conurb :
. Un gigantesque empilement de biopuces capables de reconstituer tous les savoirs, toutes les données de l’univers. Un fantastique instrument de pouvoir !
Tous les pirates de cyberspace sont à sa recherche. Mais qui le détient réellement ? Bobby, un génie du logiciel ? Dame 3Jane, l’héritière clonée de l’empire Tessier-Ashpool ? Ou Angie, vedette de cinéma, fille du savant Mitchell, le célèbre créateur des biopuces ?
L’enjeu est de taille ! Ils l’ignorent encore mais celui qui, au risque de sa vie, saura se rendre maître de l’aleph possèdera les clés d’un monde nouveau, un monde au-delà de l’humanité…

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Elle haussa les épaules.

— Tu veux ce glisseur ? demanda-t-elle.

Ils étaient peut-être à dix bornes de la Fabrique, et il ne s’était pas retourné.

— Vous l’avez piqué ?

— Évidemment.

— Non, sans façon.

— Ah bon ?

— J’ai fait de la taule. Pour vol de voiture.

— Et comment va ta petite amie ?

— Elle dort. C’est pas ma petite amie.

— Non ?

— Je peux vous demander qui vous êtes ?

— Une femme d’affaires.

— Quel genre d’affaires ?

— Difficile à dire.

Le ciel au-dessus de la Solitude était d’un blanc éclatant.

— Z’êtes venue pour ça ? (Il tapota l’aleph.)

— Si l’on veut.

— Et maintenant ?

— J’ai passé un accord. Je devais embarquer Mitchell avec la boîte.

— C’était elle, celle qui est tombée ?

— Ouais, c’était elle.

— Mais elle est morte…

— Il y a mourir et mourir.

— Comme 3Jane ?

Elle bougea la tête, comme si elle s’était tournée pour le regarder.

— Tu connais 3Jane ?

— Je l’ai vue une fois. Là-dedans.

— Eh bien, elle y est toujours, mais Angie aussi.

— Et Bobby ?

— Newmark ? Ouais.

— Alors, qu’est-ce que vous comptez en faire ?

— C’est toi qu’as fabriqué ces trucs, hein ? Celui qui est derrière et tous les autres ?

La Ruse se tourna vers le Juge, replié sur lui-même comme une grosse poupée rouillée et décapitée.

— Ouais.

— Tu sais donc te débrouiller avec des outils.

— J’suppose, oui.

— Parfait. J’ai un boulot pour toi.

Elle fit ralentir le glisseur près d’une crête déchiquetée formée d’un amoncellement de détritus couverts de neige, et s’y arrêta en douceur.

— Il doit y avoir une trousse de secours, quelque part là-dessous. Prends-la, monte sur le toit, récupère-moi les panneaux solaires et des câbles. Je voudrais les raccorder pour recharger les accus de ce machin. Tu peux faire ça ?

— Sûrement. Pourquoi ?

Elle se laissa glisser dans son siège et la Ruse constata qu’elle était plus âgée qu’il ne l’avait cru, et bien lasse.

— Mitchell est là-dedans, maintenant. Tout ce qu’ils veulent, c’est qu’elle ait un peu de temps…

— Ils ?

— J’ignore qui. Ou quoi. L’entité avec qui j’ai passé mon marché. À ton avis, combien de temps peuvent tenir les accus, si les cellules fonctionnent ?

— Deux mois. Un an, peut-être.

— Parfait. J’vais le planquer quelque part, où les cellules pourront capter le soleil.

— Que se passera-t-il si vous coupez purement et simplement l’alimentation ?

Elle se pencha et fit courir l’extrémité de l’index le long du mince câble connectant l’aleph à la batterie. Dans la lumière matinale, la Ruse avisa ses ongles : ils avaient l’air artificiels.

— Eh, 3Jane, dit-elle, le doigt en suspens au-dessus du câble, j’t’ai eue.

Puis son poing se referma, avant de s’ouvrir à nouveau, comme pour laisser échapper quelque chose.

Cherry voulait raconter à la Ruse tout ce qu’ils allaient faire, une fois parvenus à Cleveland. Il était en train de fixer deux des panneaux solaires sur le large torse du Juge à l’aide de ruban argent. Il lui avait déjà accroché dans le dos l’aleph gris en confectionnant une sorte de harnais. Cherry lui disait qu’elle savait où lui trouver un boulot de réparateur de jeux vidéo. Il n’écoutait pas vraiment.

Quand il eut tout assemblé, il tendit à la femme le boîtier de commande.

— J’suppose qu’on vous attend, à présent.

— Non, dit-elle. Vous allez tous les deux à Cleveland. Cherry vient de te le dire.

— Et vous ?

— Je vais faire un tour à pied.

— Vous voulez vous geler ? Ou mourir de faim ?

— J’veux me retrouver seule, merde, pour changer un peu.

Elle testa la radiocommande et le Juge frémit, fit un pas, puis un autre.

— Bonne chance à Cleveland.

Ils la regardèrent s’éloigner sur la Solitude, avec le Juge qui la suivait d’un pas lourd. Puis elle se retourna pour leur crier :

— Eh, Cherry ! Force-moi ce mec à prendre un bain !

Cherry agita le bras, faisant tinter les zips de ses blousons de cuir.

44. CUIR ROUGE

Pétale l’informa que ses bagages l’attendaient dans la Jaguar.

— Pour vous éviter d’avoir à repasser par Notting Hill, expliqua-t-il, nous vous avons trouvé quelque chose à Camden Town.

— Pétale, lui dit-elle, je veux savoir ce qui est arrivé à Sally.

Il lança le moteur.

— Swain la faisait chanter, poursuivit-elle. Pour la forcer à enlever…

Il l’interrompit.

— Ah, bon… Je vois. À votre place, je ne me ferais pas de souci.

— Je me fais du souci.

— Je dirais que Sally est parvenue à se dépêtrer de cette petite affaire. Elle aurait également réussi, à en croire certains de nos amis dans les cercles officiels, à faire s’évaporer toutes les archives la concernant, hormis sa participation dans un casino en Allemagne. Et s’il est arrivé quelque chose à Angela Mitchell, Senso/Rézo ne l’a pas encore rendu public. Tout cela est réglé, désormais.

— La reverrai-je un jour ?

— Ailleurs que dans mes pénates, alors, s’il vous plaît.

Ils démarrèrent.

— Pétale, reprit-elle alors qu’ils traversaient Londres, mon père m’a dit que Swain…

— Un crétin. Un fichu crétin. Mieux vaut ne plus parler de lui…

— Pardon.

Le chauffage marchait. Il faisait chaud dans la Jaguar et Kumiko se sentait maintenant bien fatiguée. Elle se carra au fond de la banquette en cuir rouge et ferma les yeux. Sa rencontre avec 3Jane l’avait libérée de sa honte, et la réponse de son père à sa question, libérée de sa colère. 3Jane avait été très cruelle. À présent, elle discernait de même la cruauté de sa mère. Mais tout doit finir par être pardonné, un jour ou l’autre, se dit-elle, avant de s’endormir sur le chemin d’un endroit baptisé Camden Town.

45. DERRIÈRE, LA PIERRE, LISSE

Ils sont venus habiter cette maison : murs de pierre grise, toit d’ardoises, en une saison qui est le début de l’été. Alentour, la nature est éclatante de vigueur, même si les longues herbes ne poussent pas et si les fleurs sauvages ne se fanent jamais.

Derrière la maison s’élèvent des bâtiments annexes, à jamais fermés, inexplorés, et s’étend un pré où des planeurs sont ancrés pour résister au vent.

Une fois, alors qu’elle marchait sous les chênes à la lisière du pré, elle aperçut trois étrangers, chevauchant une créature qui ressemblait approximativement à un cheval. Les chevaux appartiennent à une race éteinte, l’espèce a disparu bien des années avant la naissance d’Angie. Une mince silhouette en manteau de tweed était en selle, un garçon semblable à un palefrenier sur quelque toile ancienne. Devant lui, une jeune fille, japonaise, tenait les rênes du cheval, tandis qu’à l’arrière, était assis un petit homme pâle, l’air adipeux, vêtu d’un costume gris, avec des chaussettes roses et des chevilles blanches visibles au-dessus de ses souliers marron. La jeune fille l’avait-elle vue, lui avait-elle retourné son regard ?

Elle a oublié de le mentionner à Bobby.

Leurs visites les plus fréquentes arrivent avec les rêves de l’aube, même si une fois, une espèce de lutin souriant s’annonça en martelant avec insistance la lourde porte de chêne pour réclamer, lorsqu’elle courut ouvrir, « cette petite merde de Newmark ». Bobby présenta l’individu sous le nom du Finnois et parut enchanté de le voir. La veste en tweed décrépite de la créature exsudait une odeur complexe de fumée rance, de soudure refroidie, et de hareng saur. Bobby expliqua que le Finnois était toujours le bienvenu.

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