Terry Pratchett - Les zinzins d'Olive-Oued

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Les zinzins d'Olive-Oued: краткое содержание, описание и аннотация

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La manivelle tourne…
Et les diablotins se décarcassent dans la boîte à images.
Car un alchimiste d’Ankh-Morpork a découvert la magie des images animées. Une activité fébrile s’empare d’une colline déserte au bord de l’océan : Olive-Oued.
Du friçon ! De l’aventure !
Avec les étoiles
**Victor Marasquino**
et **Delorès de Vyce**
Et avecque mille éléfants !
Une daibauche de passionne et de grands aiscaliers sur fond d’hystoire tumulte-tueuse :
QUAND S’EMPORTE LE VENT D’AUTAN
Après le pestacle, l’Antre à Côtes de Harga vous attend. Sa cuisine gaz trop gnomique.
Mais les rêves d’Olive-Oued cachent un noir mystère qui menace le Disque-monde.
Il était une fois à Olive-Oued…

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Victor examina l’assortiment d’étoiles, de croissants de lune et autres motifs. Les insignes d’un art éclairé dont l’aube naissante naissait lui rappelaient fortement les symboles naïfs d’une doctrine ridicule et passée de mode, mais ce n’était sans doute pas le moment de le faire remarquer.

« Excusez-moi, dit-il encore. Je n’avais pas bien vu.

— Je suis alchimiste, expliqua Gauledouin, à peine calmé.

— Oh, le plomb en or, ces machins-là.

— Pas le plomb, fiston. La lumière. Avec le plomb, ça ne marche pas. La lumière en or…

— Vraiment ? » fit poliment Victor tandis que Gauledouin entreprenait de dresser un trépied au milieu de la place.

Un attroupement se formait. Les attroupements se formaient très facilement à Ankh-Morpork, cité qui bénéficiait des badauds les plus doués de l’univers. Ils regardaient n’importe quoi, surtout s’il y avait une chance pour qu’on fasse mal à quelqu’un de manière amusante.

« Pourquoi vous ne restez pas pour le spectacle ? » lança Gauledouin avant de repartir en hâte.

Un alchimiste. Bah, tout le monde sait que les alchimistes sont un peu fêlés, se dit Victor. Rien d’extraordinaire là-dedans.

Qui voudrait perdre son temps à bouger des images ? Pour la plupart, elles avaient l’air très bien où elles étaient.

« Saucisses dans des p’tits pains ! Sont chaudes, profitez-en ! » beugla une voix près de son oreille. Il se retourna.

« Oh, salut, monsieur Planteur, fit-il.

— B’soir, mon gars. Ça te dit de te taper une bonne saucisse bien chaude ? »

Victor reluqua les tubes luisants dans le plateau suspendu au cou de Planteur. L’odeur était appétissante. Comme toujours. Mais dès qu’on mordait dedans, on se rappelait que Planteur Je-m’tranche-la-gorge trouvait moyen d’utiliser des organes d’animaux dont les animaux eux-mêmes ne soupçonnaient pas l’existence. Le marchand ambulant avait compris qu’avec suffisamment d’oignons frits et de moutarde, les gens mangeaient n’importe quoi.

« Tarif réduit pour les étudiants, souffla Planteur avec un air de conspirateur. Quinze sous, autant dire que j’me tranche la gorge. » Calculateur, il fit claquer le couvercle de la poêle, libérant un nuage de vapeur.

L’arôme piquant d’oignons frits accomplit son œuvre pernicieuse. « Rien qu’une, alors », céda prudemment Victor.

Planteur saisit une saucisse dans la poêle d’un geste vif et la fourra prestement dans un petit pain avec l’adresse d’une grenouille happant un éphémère. « Tu vivras jamais assez longtemps pour le regretter », dit-il joyeusement.

Victor mordilla un bout d’oignon. Pas de danger, estima-t-il.

« C’est quoi, tout ça ? demanda-t-il en agitant un pouce en direction de l’écran claquant au vent.

— Une espèce de spectacle, répondit Planteur. Saucisses chaudes ! Délicieuses ! » Il baissa une fois de plus la voix pour reprendre son chuchotement rituel de conspirateur.

« Un malheur dans les autres villes, à ce qu’il paraît, ajouta-t-il. Un genre d’images animées. Ils ont voulu mettre le truc au point avant de venir à Ankh-Morpork. »

Ils regardèrent Gauledouin et deux collègues tripoter avec des gestes de techniciens la boîte sur le trépied. De la lumière blanche jaillit soudain par un orifice circulaire sur le devant et illumina l’écran. Des acclamations timides montèrent de l’attroupement.

« Oh, fit Victor. Je vois. C’est tout ? Le bon vieux numéro d’ombres. Voilà ce que c’est. Mon oncle me le faisait pour m’amuser. Vous connaissez ? Vous bougez plus ou moins les mains devant la lumière, et les ombres imitent plus ou moins une silhouette.

— Oh, ouais, hésita Planteur. Comme « le gros éléphant », ou « l’aigle chauve ». Mon grand-père faisait ce genre de truc.

— Moi, mon oncle faisait surtout « le lapin difforme ». Il n’était pas très doué, vous voyez. C’était très gênant. On restait tous là, à nous évertuer à deviner des machins comme “le hérisson étonné” ou “l’hermine enragée”, et lui partait se coucher en faisant la tête parce qu’on n’avait pas trouvé “Sire Henri Gambade et ses hommes mettant les trolls en déroute à la bataille de Pseudopolis”. Je ne vois pas ce qu’il y a d’extraordinaire à voir des ombres sur un écran.

— C’est pas ça, à ce qu’on m’a dit. Y a un petit moment, j’ai vendu à un des gars une saucisse jumbo spécial, et il m’a dit que leur truc, c’est de passer des images à toute vitesse. Coller des images ensemble et les passer les unes après les autres. Très, très vite, il a dit.

— Pas trop vite, répliqua Victor d’un air sévère. On ne peut pas les voir passer si elles défilent trop vite.

— Il a dit que c’est ça, le secret, de pas les voir passer, fit Planteur. Faut les voir toutes d’un coup, quelque chose comme ça.

— Elles seraient toutes floues. Vous ne lui avez pas posé la question ?

— Euh… non. Pour tout dire, il a dû se sauver à ce moment-là. Il se sentait pas bien, il a dit. »

Victor considéra d’un air songeur le reste de sa saucisse dans un petit pain et sentit à cet instant que d’autres yeux le fixaient, lui.

Il baissa la tête. Un chien était assis à ses pieds.

Petit, nerveux, les pattes arquées, plutôt gris mais parsemé de taches marron, noires et blanches sur le pourtour, il observait attentivement le jeune homme.

C’était certainement le regard le plus pénétrant qu’avait jamais croisé Victor. Un regard ni menaçant ni affectueux. Seulement très appliqué et consciencieux, comme si l’animal mémorisait des détails afin de donner plus tard son signalement complet aux autorités.

Une fois assuré d’avoir capté l’attention de l’étudiant, le chien reporta les yeux sur la saucisse.

Honteux de se montrer aussi cruel envers une pauvre bête, Victor lui jeta la saucisse d’un geste vif. Le chien l’attrapa et l’avala d’un seul mouvement économe.

Davantage de monde affluait sur la place à présent. Planteur Je-m’tranche-la-gorge s’était éloigné et se livrait à son commerce auprès des fêtards noctambules trop soûls pour empêcher l’optimisme de triompher de l’expérience ; n’importe comment, quand on achetait à manger à une heure du matin après une soirée agitée, on risquait d’être malade à crever, alors autant que ce soit pour quelque chose.

Victor finit par se retrouver au milieu d’une foule nombreuse. Une foule qui ne se composait pas seulement d’humains. Il repéra, à quelques pas de lui, l’imposante silhouette sans une once de graisse de Détritus, un vieux troll bien connu de tous les étudiants, qu’on embauchait partout où il fallait expulser sans ménagement des gens de locaux divers contre rétribution. Le troll le remarqua et voulut lui faire un clin d’œil. En l’occurrence il ferma les deux yeux, car Détritus n’était pas doué pour les manœuvres compliquées. Si on lui apprenait suffisamment à lire et à écrire pour lui faire passer un test d’intelligence, pensait-on généralement de lui, il se révélerait à peine moins malin que la chaise où il serait assis.

Gauledouin saisit un mégaphone.

« Mesdames et messieurs, dit-il, vous avez le privilège, ce soir, d’être les témoins d’un tournant capital dans l’histoire du siècle de… (il baissa le mégaphone, et Victor l’entendit chuchoter vivement à un de ses assistants : « Dans quel siècle on est ? Ah bon ? » avant de relever le mégaphone et de retrouver son ton exagérément optimiste et fleuri pour terminer sa phrase) du siècle de la Roussette ! Pas moins que la naissance des Images Animées ! Des images qui bougent sans l’aide d’aucune magie ! »

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