Margaret Weis - Dragons d'une nuit d'hiver

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Dragons d'une nuit d'hiver: краткое содержание, описание и аннотация

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Ce soir, ces sont les rêves de l’humanité que l’ombre menace d’engloutir à jamais. Les dragons avancent en terre de Krynn, semant la désolation et la mort. Usés par les périls, cernés par le mal qui rôde, les compagnons de Tanis ont perdu leur superbe. Il va falloir se séparer. Les coeurs sont lourds, le désarroi s’installe. D'autant que Tanis, leur Étoile du Berger, a rencontré un ennemi, le plus redoutable de tous : l’amour. Pour reprendre le flambeau, devra-t-il renoncer à sa flamme ?

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— Pars, je t’en prie.

Sturm hésita un instant. Hélas, son honneur lui interdisait de ne pas se soumettre. Il se retourna et partit à grands pas.

Le regardant s’éloigner. Alhana frémit.

— Pardonne-moi, Sturm, murmura-t-elle. Non, ne me pardonne pas, remercie-moi.

— Ah ! fit Raistlin au premier son des cors. Je vous l’avais bien dit.

— Que se passe-t-il ? demanda Elistan.

— Le Grand Seigneur des Dragons attaque la ville, répondit Rivebise, que ses responsabilités de chef rendaient inquiet.

« — Quitte la ville, si nous ne revenons pas ! lui avait dit Tanis. »

Mais le demi-elfe ne pouvait pas prévoir ce qui allait arriver !

Lunedor passa un bras autour de son cou. Il vit son sourire, ses yeux brillant de confiance, et il se détendit.

L’auberge trembla sous une onde de choc. Dans la rue, ils entendirent des cris et le ronflement des flammes.

— Il faut descendre au rez-de-chaussée, dit Rivebise. Caramon, va chercher nos armes. Si Tanis et les autres sont… (Il s’arrêta en voyant le visage anxieux de Laurana.) Si Tanis et les autres sont sains et saufs, ils reviendront ici. Nous les attendrons.

— Excellente décision ! railla le mage. Je ne vois pas où nous pourrions aller !

— Elistan, emmène-les au rez-de-chaussée. Caramon et Raistlin, restez un instant. Je crois que le mieux est de se barricader dans l’auberge. Les rues sont dangereuses.

— Combien de temps crois-tu que nous pouvons tenir ? demanda Caramon.

— Quelques heures, peut-être.

Les jumeaux le regardèrent, pensant aux cadavres torturés qu’ils avaient trouvés dans le village de Que-Shu, et à ce qui s’était passé à Solace.

Tanis et Gilthanas se frayèrent péniblement un chemin à travers la populace. De temps à autre, ils durent se mettre à l’abri ; les dragons patrouillaient en planant au ras des maisons. Gilthanas, qui s’était tordu la cheville, devait prendre appui sur l’épaule de Tanis.

Le demi-elfe remercia les dieux quand il aperçut l’auberge du Dragon Rouge, encore debout. Sa joie fut de courte durée : les silhouettes reptiliennes des draconiens s’affairaient autour de la porte. Il tira Gilthanas, au bord de l’épuisement, à l’abri d’une porte cochère.

— Ne bouge pas d’ici, dit le demi-elfe, tu es incapable de marcher. L’auberge est cernée. Je vais la contourner et entrer par-derrière.

Tanis se faufila entre les décombres, se réfugiant sous les portails pour ne pas se faire remarquer. Il n’était plus qu’à quelques mètres de l’auberge quand il entendit un grognement de rage. Il regarda autour de lui et vit Flint qui faisait de grands gestes.

Tanis traversa la rue comme une flèche.

— Que fais-tu là ? Pourquoi n’es-tu pas avec les autres ? demanda-t-il au nain.

Le visage couvert de suie et mouillé de larmes, le nain était agenouillé à côté de Tass, cloué au sol par une poutre qui lui était tombée dessus. Couvert de cendres, le kender avait l’expression surprise d’un vieil enfant.

— Ce crétin de malheur ! gémit Flint. Il fallait qu’il se trouve sous une maison qui s’écroule !

Le nain avait les mains en sang à force de lutter avec une poutre que seuls trois hommes ou un Caramon seraient parvenus à soulever. Tanis prit le pouls du kender. Le cœur battait très faiblement.

— Reste auprès de lui, souffla-t-il pour dire quelque chose. Je vais chercher Caramon.

Ensemble, ils regardèrent l’auberge, assaillie par les draconiens. Le nain secoua la tête, conscient que Tanis avait autant de chances de revenir avec Caramon que de s’envoler comme un oiseau. Il s’efforça de sourire.

— Bien sûr, mon garçon, je reste avec lui. Adieu, Tanis.

Le demi-elfe partit au pas de course.

Une quinte de toux amena Raistlin au bord de l’asphyxie. Il essuya le sang de ses lèvres et sortit un sachet de cuir de sa poche secrète. Il ne lui restait plus qu’un sort, et à peine l’énergie de le lancer. Tremblant comme une feuille, il versa le contenu du sachet dans le pichet de vin qu’il s’était procuré la veille.

Une main arrêta la sienne. C’était Laurana. Elle lui prit le sachet des doigts. Les siens étaient maculés du sang vert des draconiens.

— Qu’y a-t-il là-dedans ? demanda-t-elle.

— Des ingrédients pour jeter un sort… N’en bois pas, c’est un soporifique.

— Tu ne songes pas sérieusement que nous allons dormir cette nuit ? dit-elle avec un sourire.

— Non, pas de cette façon, répondit Raistlin en la fixant. Cette potion provoque un sommeil qui simule la mort. Le cœur ne bat presque plus, la respiration est ralentie à l’extrême, le corps devient froid.

Laurana ouvrit de grands yeux.

— Pour quelle raison prépares-tu cette mixture ?

— Afin de l’utiliser en dernier recours. Pour l’ennemi, tu as l’apparence d’un mort, donc il ne s’acharne pas sur toi, du moins si la chance est ton côté. Sinon…

— Sinon ?

— Certains se sont réveillés sur un bûcher funéraire, répliqua Raistlin d’un ton enjoué. Mais je ne crois pas que ce genre de choses puisse nous arriver.

— As-tu l’intention de nous faire boire ça ?

— Cela nous épargnera d’être torturés par les draconiens.

— Comment le sais-tu ?

— Fais-moi confiance, répondit le mage en souriant.

Caramon entra. Une flèche l’avait atteint à l’épaule. Son sang, qui coulait abondamment, se mêlait à celui des draconien.

— Ils sont en train d’enfoncer la porte d’entrée. Rivebise a ordonné de se replier ici.

— Écoutez ! s’exclama le mage. Ils ne se contentent pas de la porte d’entrée !

Celle de la cuisine, qui donnait sur l’office, vola en éclats. Caramon et Laurana se retournèrent vers la brèche, prêts à affronter l’ennemi. Une haute silhouette apparut dans l’encadrement de la porte défoncée.

— Tanis ! s’écria Laurana en courant vers lui.

— Laurana ! exhala-t-il dans un souffle.

Il la serra contre lui, sanglotant de soulagement. Caramon referma ses grands bras sur eux.

— Tout le monde va bien ? demanda Tanis.

— Jusqu’à présent, ça peut aller. Mais où est…

— J’ai perdu Sturm, dit Tanis. Flint et Tass sont de l’autre côté de la rue. Le kender est coincé sous une poutre. Gilthanas est resté deux pâtés de maisons plus loin. Il est blessé. Rien de grave, mais il ne pouvait plus marcher.

Tanis vit le pichet de vin et le sachet. Il regarda Raistlin d’un air choqué.

— Non, ce n’est pas le moment de mourir. Du moins, pas comme tu… (II se ravisa.) Que tout le monde se rassemble !

Caramon battit le rappel en hurlant à pleins poumons. Rivebise surgit. Les compagnons regardèrent Tanis d’un regard plein d’espoir.

Le spectacle de leur confiance mit le demi-elfe en fureur. Un jour, je les laisserai tomber. Peut-être est-ce déjà fait, d’ailleurs.

— Écoutez-moi ! Nous allons essayer de nous enfuir par la porte arrière de l’auberge. L’ennemi ne doit pas être très nombreux. Le gros de l’armée n’est plus dans la ville.

— Alors, c’est nous qu’ils recherchent, murmura Raistlin.

— Apparemment. Nous n’avons pas de temps à perdre. Si nous arrivions à atteindre les collines…

Il s’interrompit et leva les yeux vers le plafond. Tout le monde se tut. Un cri strident déchira le silence, suivi d’un battement d’ailes de plus en plus bruyant.

— Tous à couvert ! cria Rivebise.

Mais il était trop tard. Il y eut un glapissement aigu, puis un bruit de tonnerre. Sous la déflagration, les trois étages de pierre et de bois vacillèrent comme un nid de brindilles. Après une explosion de gravats et de poussière, les flammes jaillirent. Au-dessus de leurs têtes, la charpente craqua de toutes parts. Le bâtiment entier s’effondrait.

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