Robert Wilson - Les derniers jours du paradis

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Les derniers jours du paradis: краткое содержание, описание и аннотация

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Alors que l’Amérique se prépare à fêter les cent ans de l’Armistice de 1914, un siècle de paix mondiale, d’avancées sociales et de prospérité, Cassie n’arrive pas à dormir. Au milieu de la nuit, elle se lève et va regarder par la fenêtre. Elle remarque alors dans la rue un homme étrange qui l’observe longtemps, traverse la chaussée… et se fait écraser par un chauffard. L’état du cadavre confirme ses craintes : la victime n’est pas un homme mais un des simulacres de l’Hypercolonie, sans doute venu pour les tuer, son petit frère et elle. Encore traumatisée par l’assassinat de ses parents, victimes sept ans plus tôt des simulacres, Cassie n’a pas d’autre solution que de fuir. L’Hypercolonie est repartie en guerre contre tous ceux qui savent que la Terre de 2014 est un paradis truqué.

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Mensonge délibéré. Il n’avait pas l’intention d’approcher de son bureau, ni ce jour-là ni un autre.

Au lieu de cela, il fit deux heures de route pour gagner l’appartement du sud d’Amherst qu’habitait Nerissa pendant leur « séparation temporaire », comme elle se plaisait à appeler leur préparation de divorce. Il avait accepté de ne pas venir sans l’avertir, mais les circonstances l’emportaient sur cet accord de politesse. S’il ne comprenait pas grand-chose à ce qui arrivait à la Society, il n’avait aucun doute sur ce qu’il devait faire : raconter à Nerissa ce qui s’était passé, lui expliquer pourquoi elle ne le reverrait sans doute plus jamais et ce qu’elle-même devait faire à présent.

L’homme à l’intérieur vert attendait patiemment derrière la porte. Ethan l’observait par l’intermédiaire d’un moniteur monté au-dessus du battant et relié à la caméra vidéo dissimulée dans les chevrons de la véranda. Il réprima une grimace en voyant l’homme plonger une fois encore le regard droit dans l’objectif.

Si c’était bel et bien un simulacre, celui-ci avait adopté une stratégie inédite, puisqu’il ne semblait pas armé et était venu sans essayer de se cacher. Ethan en conclut que ça ne faisait que le rendre plus dangereux.

L’installation vidéo incluait un microphone et un haut-parleur. Ne jamais engager la conversation avec un sim figurait parmi les règles qu’Ethan s’était fixées, basées à la fois sur ses propres théories et sur celles de Werner Beck concernant le mode de fonctionnement de l’hypercolonie. Mais quel autre choix avait-il ? Ouvrir la porte et lâcher une décharge de chevrotine en plein visage à quelqu’un qui pourrait, éventuellement, n’être qu’un civil innocent ?

Il activa le microphone : « J’ignore ce que vous vendez, mais ça ne m’intéresse pas. Vous êtes sur une propriété privée. Veuillez partir.

— Bonjour, professeur Iverson. » Le sim parlait d’une voix calme et aiguë avec un accent du nord de l’État de New York. « Je sais qui vous êtes et vous savez ce que je suis. Mais je ne viens pas vous faire de mal. Nous avons un intérêt commun. Puis-je m’expliquer ? »

Il n’y avait pas d’esprit derrière ces mots, se rappela Ethan. Rien qu’une série d’algorithmes de haut niveau cherchant à atteindre un résultat stratégique. Entamer la conversation avec une telle créature était tout aussi inutile qu’essayer de repousser un scorpion en citant Voltaire. Ethan ne put toutefois s’empêcher de ressentir une certaine curiosité. « Vous êtes armé ? »

Le simulacre adressa un sourire mielleux à la caméra. « Non, monsieur.

— Vous êtes prêt à le prouver ? Commencez par enlever votre chapeau et votre manteau, par exemple. »

Le simulacre hocha la tête et ôta son couvre-chef. Il avait des cheveux châtains et un début de calvitie au sommet du crâne. Il se débarrassa de sa veste qu’il plia et posa à côté de son chapeau sur un fauteuil en bois décoloré par le soleil.

« La chemise et le pantalon, maintenant.

— Vraiment, professeur Iverson ? »

Ethan ne répondit pas. Le silence s’éternisa jusqu’à ce que le simulacre commence à déboutonner sa chemise. Tout comme le pantalon, elle rejoignit bientôt le manteau et le chapeau, révélant le corps pâle à l’abdomen proéminent, le corps à l’apparence impeccablement humaine du simulacre. « Les chaussures et les chaussettes aussi.

— Il fait plutôt frais, dehors, professeur. »

La créature obtempéra néanmoins et se retrouva uniquement vêtu d’un slip blanc. Un monstre en sous-vêtement , se dit Ethan.

« Puis-je à présent entrer vous parler ? »

Ethan ouvrit la porte, ne laissant que la moustiquaire le séparer de l’homme à l’intérieur vert. Il braqua son fusil à canon court sur le torse de la créature. Le sim regarda l’arme. « Ne me tirez pas dessus, s’il vous plaît.

— Qu’est-ce que vous voulez ?

— Quelques minutes de votre temps. Je veux vous expliquer quelque chose.

— Pourquoi ne pas me faire un résumé tout de suite ?

— Vous et d’autres membres de la Correspondence Society êtes véritablement en danger imminent. Ce n’est pas une menace. Je ne suis pas votre ennemi. Nous avons des intérêts communs.

— Pourquoi croirais-je un seul mot de ce que vous me racontez ?

— Je peux expliquer. À vous de décider si vous me croyez ou pas. Puis-je entrer ? »

Sans baisser son arme, Ethan ouvrit de l’autre main le battant à moustiquaire. « Pas de mouvements brusques. »

Le simulacre franchit le seuil. « Vous allez garder ce fusil braqué sur moi ?

— J’imagine que non. » Ethan passa l’arme dans sa main gauche et laissa le canon redescendre.

« Merci.

— Ceci fera l’affaire », dit Ethan en tirant de sa ceinture le pistolet à impulsion dont il pressa la détente au moment où il enfonçait les pointes en cuivre dans le ventre flasque du sim.

Trois cent mille volts. L’homme à l’intérieur vert tomba comme un arbre abattu.

3

Buffalo, État de New York

Marcher jusqu’au petit immeuble de Leo Beck permit à Cassie de ne pas être glacée par le vent, mais son petit frère commençait à montrer des signes d’angoisse. Il lui serrait la main gauche avec tant de force qu’elle craignit d’avoir des bleus, lui qui ne lui avait plus tenu la main depuis ses six ans. « Le soleil va bientôt se lever », lança-t-elle pour essayer de lui changer les idées. Ils dépassèrent une lente et pesante machine qui expédiait des torrents d’eau savonneuse dans les bouches d’égout. « Les balayeuses mécaniques sont déjà au travail, tu vois ? » Thomas haussa les épaules.

Si la ville de Buffalo connaissait la prospérité, celle-ci n’était pas passée par les vieux bâtiments des quartiers sud. L’immeuble de Leo Beck était tapi à un coin de rue comme un troll fatigué, tatoué par la fumée de charbon venue des usines et raffineries de West Seneca et de Lackawanna pendant des décennies, avant que l’agence de protection de l’environnement impose certaines régulations. Cassie devait désormais se montrer prudente : les simulacres pourraient venir s’en prendre à Leo, si ce n’était déjà fait. Elle tira la porte métallique de l’immeuble et pénétra dans le hall. À l’intérieur, il faisait chaud, mais cela sentait le chou et le lait tourné. Elle examina la batterie de sonneries électriques — une série de boutons surmontés du nom du locataire correspondant. L’un d’eux s’était détaché et pendait comme un œil sorti de son orbite, juste au-dessus de celui marqué BECK, LEO.

« On est en sécurité, ici ? » demanda Thomas, posant ainsi à voix haute la question qui trottait dans le crâne de sa sœur.

Durant leur trajet, elle lui avait parlé du sim écrasé sur Liberty Street. Cela signifiait que tous deux devaient s’en aller même si tante Riss ne pouvait pas les accompagner. On va où, alors ? avait demandé Thomas. Cassie ne sut que répondre. Ça dépend.

Il faut que j’aille à l’école.

Plus maintenant. On est plus ou moins en vacances.

Mais Thomas était trop perspicace pour se laisser facilement réconforter. Et elle ne pouvait pas honnêtement répondre que oui, ils étaient en sécurité : pour ce qu’elle en savait, Leo Beck pouvait être mort par terre dans son deux-pièces. Mais son devoir de survivante de la Society consistait à faire son possible pour prévenir la victime potentielle la plus proche. L’œil fixé sur les marches derrière la porte intérieure du hall, prête à fuir à la première apparition d’un inconnu suspect, elle sonna à nouveau.

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