Ben Winters - Dernier meurtre avant la fin du monde

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Dernier meurtre avant la fin du monde: краткое содержание, описание и аннотация

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À quoi bon tenter de résoudre un meurtre quand tout le monde va mourir ?
Concord, New Hamsphire. Hank Palace est ce qu’on appelle un flic obstiné. Confronté à une banale affaire de suicide, il refuse de s’en tenir à l’évidence et, certain qu’il a affaire à un meurtre, poursuit inlassablement son enquête.
Hank sait pourtant qu’elle n’a pas grand intérêt puisque, dans six mois il sera mort. Comme tous les habitants de Concord. Et comme tout le monde aux États-Unis et sur Terre.
Dans six mois en effet, notre planète aura cessé d’exister, percutée de plein fouet par 2011GV
, un astéroïde de six kilomètres de long qui la réduira en cendres. Aussi chacun, désormais, se prépare-t-il au pire à sa façon.
Dans cette ambiance pré-apocalyptique, où les marchés financiers se sont écroulés, où la plupart des employés ont abandonné leur travail, où des dizaines de personnes se livrent à tous les excès possibles alors que d’autres mettent fin à leurs jours, Hank, envers et contre tous, s’accroche. Il a un boulot à terminer.
Et rien, même l’apocalypse, ne pourra l’empêcher de résoudre son affaire.
Sans jamais se départir d’un prodigieux sens de l’intrigue et du suspens, Ben H Winters nous y propose une vision douloureusement convaincante d’un monde proche de l’agonie.
Le lecteur est tiraillé par cette interrogation lancinante : que ferions nous, que ferions nous réellement si nos jours étaient comptés.

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Personnellement, je connais par cœur le texte de loi.

Le moteur est arrêté, les essuie-glaces immobiles, et je regarde de petits tas irréguliers de neige grise s’amonceler sur le pare-brise.

– Bon, d’accord, d’accord, me dit-il. Je trouverai qui a bidouillé le pick-up. Laisse-moi une semaine.

– J’aimerais bien, Victor. Je vous appelle demain.

– Demain ? (Il pousse un soupir extravagant.) Connard.

Le plus ironique, c’est qu’il y a une exception : l’herbe. L’usage de la marijuana a été dépénalisé, dans un effort – resté vain, jusqu’à présent – pour tarir la demande de drogues dures, plus déstabilisantes pour la société. Et la quantité de marijuana que j’ai trouvée sur la personne de Victor France était cinq grammes : assez peu pour convaincre qu’elle était réservée à sa consommation personnelle, sauf que si je l’ai trouvée, c’est parce qu’il avait essayé de me la vendre alors que je rentrais à pied du Somerset Diner, un samedi après-midi. La décision de procéder ou pas à une arrestation, dans ces circonstances ambiguës, est laissée à la discrétion de l’officier de police, et j’ai décidé, dans le cas de France, de ne pas exercer cette discrétion… mais sous condition.

Je pourrais l’envoyer au trou pour six mois, et il le sait, si bien qu’il finit par émettre un long bruit énervé, un soupir rocailleux. Six mois, c’est dur, quand c’est tout le temps qu’il vous reste.

– Tu sais, des tas de flics démissionnent, me dit-il. Ils se barrent en Jamaïque ou autre. Ça t’a jamais traversé l’esprit, Palace ?

– On se reparle demain.

Je raccroche, range mon téléphone dans la boîte à gants et redémarre.

Personne, même ceux d’entre nous qui ont lu du début à la fin, annoté et souligné les huit cents pages du texte et fait de leur mieux pour se tenir à jour des amendements et codicilles variés, personne ne sait à cent pour cent en quoi consiste la partie « Préparation » de la loi SSPI. McGully aime à dire que, vers la fin septembre, on commencera à nous distribuer des parapluies.

* * *

– Ouais ?

– Oh… pardon. Je suis bien chez… chez Belknap & Rose ?

– Ouais.

– J’ai une demande à vous faire.

– N’espérez pas trop. Y nous reste pas grand-chose. On a été pillés deux fois, et nos grossistes se font la malle. Si vous voulez venir voir ce qui reste, j’suis là presque tous les jours.

– Non, excusez-moi, je suis l’inspecteur Henry Palace, de la PJ de Concord. Avez-vous gardé des copies de vos tickets de caisse pour les trois derniers mois ?

– Hein ?

– Si oui, j’aurais aimé venir les voir. Je cherche l’acheteur d’une ceinture de votre marque, en noir, taille XXL.

– C’est une blague ?

– Non, monsieur.

– Je veux dire, vous plaisantez ?

– Non, monsieur.

– C’est ça, vieux.

– J’enquête sur un décès suspect, et il y a peut-être là des informations pertinentes.

– C’est ça, j’en parlerai à mon cheval.

– Allô ?

* * *

La maison de Peter Zell, au 14, Matthew Street Extension, est une bâtisse neuve et bas de gamme, qui ne comprend que quatre pièces : salon et cuisine au rez-de-chaussée, chambre et salle de bains en haut. Je m’attarde sur le seuil en me remémorant le passage de L’Enquête criminelle qui me conseille de travailler lentement, de diviser la maison en quartiers et de m’en occuper l’un après l’autre. Le fait de penser au Farley-Leonard – et le réflexe de m’appuyer sur cet ouvrage – me rappelle Naomi Eddes : on dirait que vous citez un manuel. Je repousse cette idée, lisse ma moustache, et j’entre.

– Bon, monsieur Zell, dis-je à la maison vide. Voyons un peu ça.

Le premier quartier que j’ai délimité me donne peu de matière pour travailler. Une mince moquette beige, une vieille table portant des traces rondes de verres ou de tasses. Un téléviseur à écran plat, petit mais fonctionnel, des câbles sortant d’un lecteur de DVD, un vase de chrysanthèmes qui, vus de plus près, s’avèrent faits de tissu et de fil de fer.

L’essentiel des livres rangés sur les rayonnages sont consacrés aux centres d’intérêt professionnels de Zell : maths, maths avancées, ratios et probabilités, une épaisse histoire de la comptabilité actuarielle, des classeurs du Bureau des statistiques du travail et des Instituts nationaux de la santé. Ensuite, il a une étagère où tout ce qui est personnel est rassemblé, comme en quarantaine : les ouvrages de SF et de fantasy pour geeks, l’intégrale de Battlestar Galactica , des règlements de jeux de rôles vintage, un ouvrage sur le substrat mythologique et philosophique de Star Wars . Une flottille de maquettes de vaisseaux spatiaux est suspendue au plafond, dans le passage qui mène à la cuisine, et je dois me baisser pour les éviter.

Dans les placards, je trouve neuf boîtes de céréales, soigneusement rangées par ordre alphabétique : Alpha-Bits, Cap’n Crunch, Cheerios, et ainsi de suite. Il y a un espace vide dans la série, telle une dent manquante, entre les Frosted Flakes et les Golden Grahams, et mon esprit complète automatiquement la série : Fruity Pebbles. Un granulé rose bonbon esseulé confirme mon hypothèse.

– Tu me plais, Peter Zell, dis-je en refermant doucement le placard. Toi, je t’aime bien.

Toujours dans la cuisine, dans un tiroir qui ne contient rien d’autre à côté de l’évier, je découvre un bloc de papier blanc où quelque chose est écrit sur la première feuille : Chère Sophia .

Mon cœur rate une marche, je retiens mon souffle, prends le bloc, le retourne, le feuillette, mais c’est tout ce qu’il y a, une feuille portant les deux mots Chère Sophia . L’écriture est précise, soignée, et on voit, on sent bien que Zell n’a pas écrit là n’importe quel mot, mais un document important, ou qui aurait dû l’être.

Je m’exhorte à garder mon calme, car il se pourrait finalement que ce ne soit rien, bien que mes pensées s’embrasent déjà à l’idée que, lettre de suicide avortée ou non, je tiens là quelque chose .

Je fourre le bloc dans la poche de mon blazer et monte l’escalier en me demandant : qui est Sophia ?

La chambre est analogue au salon, stérile et nue, le lit fait à la va-vite. Une seule reproduction est accrochée au mur au-dessus du lit : une scène du film original La Planète des singes , dédicacée. Dans la penderie sont suspendus trois costards, tous d’un marron terne plus ou moins foncé, et deux ceintures marron usées. Dans une petite table de chevet en bois éraflé, le deuxième tiroir contient une boîte à chaussures hermétiquement fermée par du gros Scotch. Le nombre 12,375 est écrit sur le côté de la boîte, de la même écriture précise.

– Douze virgule trois cent soixante-quinze, dis-je à mi-voix. Puis : Qu’est-ce que c’est que ça ?

Je prends la boîte sous mon bras et me lève pour observer l’unique photo présente dans la pièce : un petit cliché dans un cadre à trois sous, la photo d’école d’un garçon âgé de dix ou onze ans, fins cheveux jaunes indisciplinés, sourire godiche. Je la sors du cadre et la retourne. Je trouve une écriture soignée au dos. Kyle, février 2010 . L’an dernier. Avant.

J’utilise la CB pour joindre Trish McConnell.

– Salut, c’est moi. Tu as pu localiser la famille de la victime ?

– Tout à fait.

La mère de Zell est morte, enterrée ici à Concord, sur Blossom Hill. Le père, qui présente un début de démence sénile, vit à la maison de retraite de Pleasant View. La personne à qui McConnell a appris la triste nouvelle est la sœur aînée de Peter, sage-femme dans une clinique privée proche de l’hôpital de Concord. Mariée, un enfant : un fils. Elle s’appelle Sophia.

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