Robert Heinlein - Vendredi

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Vendredi: краткое содержание, описание и аннотация

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Un cerveau d'ordinateur, un corps surentraîné à tous les risques, et la beauté en plus : telle est Vendredi. L'agent idéal en ce monde futur, en ce monde de demain.
Et, en effet la voici qui rentre de la planète Ell-Cinq, mission accomplie une fois de plus, et quelle mission ! Félicitations du Grand Patron et droit aux vacances.
Heureuse, Vendredi ? Non, tourmentée comme jamais encore, hantée d'images : le viol atroce qu'elle a subi, les meurtres qu'elle a commis. Vendredi la non-humaine aurait-elle une conscience ?

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Le Royaume On le décrit comme merveilleux riche et jai très envie de le - фото 4

Le Royaume…

On le décrit comme merveilleux, riche, et j’ai très envie de le visiter. Mais pas du tout de m’y installer. Son gouvernement jouit d’une certaine réputation, mais il constitue une dictature au même titre que l’Imperium de Chicago. Et j’ai suffisamment souffert de ça. Et je n’ai pas la moindre envie de demander un visa d’immigrante.

Officiellement, Mr. Sikmaa ne m’a jamais précisé ce que je ne devais pas faire, mais je n’ai nullement l’intention de pousser trop loin ma chance.

Un autre endroit que j’aimerais visiter mais où je ne pourrais pas vivre, c’est Midway : deux soleils, c’est déjà beaucoup, mais avec le pape en exil… C’est très particulier : les messes y ont lieu en public !… Le commandant Van Kooten aussi bien que Jerry m’assurent avoir vu cela de leurs propres yeux…

J’ai presque envie de faire comme eux. Cela n’a rien de dangereux et je n’aurai sans doute plus la moindre chance de faire comme eux.

Bien sûr, je vais aussi visiter Halcyon et Fiddler’s Green. Il doit bien y avoir quelque justification pour les tarifs extravagants qui correspondent à ces planètes…

Quant à Forest… On dit que ce monde ne présente guère d’intérêt pour un touriste, mais j’aimerais bien l’explorer un peu, et même attentivement. C’est la colonie la plus récente installée par la Terre et elle est encore totalement dépendante de la planète mère et du Royaume en ce qui concerne l’outillage et l’équipement sophistiqués.

Mais n’est-ce pas précisément le moment rêvé pour s’installer dans une colonie ?…

Jerry me semble plutôt réservé à ce sujet. Il me conseille tous les jours d’apprendre à vivre dans la jungle avant de décider de mon avenir. Il prétend que le retour au stade primitif est largement surestimé…

Je ne sais pas. Il faudrait peut-être que je pose la question au commandant. Que j’en appelle au droit d’asile en cas d’alerte…

Hier soir, au Stardust Theater, il y avait une comédie musicale que je voulais voir : Un Yankee du Connecticut et la reine Guinevere. En principe, ça devait être drôle, avec de la musique ancienne, des pages et des chevaux. J’y suis allée seule. Ou presque, puisque je ne pouvais pas me passer de mes gardes du corps.

Un homme, « le Numéro Trois », ainsi que je l’appelle – bien que sur la liste des passagers il s’appelle « Howard J. Bullfinch », de San Diego –, m’a constamment suivie… ce qui est inhabituel même s’il n’est jamais à moins d’une pièce de distance. Peut-être pensait-il qu’il avait perdu ma trace quand les lumières devenaient plus diffuses. Je ne sais pas, en fait. Sa présence me distrayait. Quand la reine plantait ses crocs dans un Yankee pour ensuite le traîner dans son boudoir, plutôt que de penser à tout ce qui pouvait se passer de savoureux dans l’holotank, j’essayais d’analyser toutes les odeurs qui me parvenaient, ce qui n’est pas commode dans un théâtre bondé.

Quand le spectacle s’est achevé et que les lumières sont revenues, je me suis portée vers la travée latérale, imitée par mon suiveur. Je lui ai adressé un sourire et je me suis éclipsée par la porte du fond. Il m’a suivie. J’ai atteint un petit escalier. J’ai trébuché sur l’une des quatre marches et, quand je suis tombée, il m’a retenue.

— Merci, lui ai-je dit. Vous méritez que je vous offre un verre au Centaur Bar.

— Oh ! mais non, voyons !

— Mais si, mais si ! Et vous allez m’expliquer pourquoi vous me suivez, qui vous a demandé de le faire et pas mal d’autres choses…

Il a hésité.

— Vous faites erreur.

— Certainement pas, mon petit. Si vous préférez, nous pouvons en discuter avec le commandant…

Il a eu un petit sourire sceptique. (Ou bien cynique ?)

— Vous faites erreur mais vous êtes persuasive. J’insiste pourtant pour vous inviter.

— Je veux bien. En fait, vous me le devez.

J’ai choisi une table dans le fond pour éviter que nous soyons à portée d’oreille des autres consommateurs… c’est-à-dire à la merci de n’importe quelle Oreille en vadrouille. Mais, à bord d’un vaisseau, il est totalement impossible d’échapper à une Oreille…

Quand on nous eut amené les consommations, je demandai presque silencieusement :

— Est-ce que vous savez lire sur les lèvres ?

— Pas très bien, me répondit-il sur le même niveau sonore.

— Ça ira. Espérons que le bruit environnant trompera l’Oreille s’il y en a une. Dites-moi une chose avant tout : est-ce que vous avez violé une autre femelle sans défense récemment ?

C’est là qu’il a craqué. Il ne pouvait pas faire autrement parce que j’avais frappé très dur. Il a eu la courtoisie de respecter mon intelligence en me répondant :

— Miss Vendredi, comment m’avez-vous reconnu ?

— A l’odeur. Vous étiez assis trop près de moi. Ensuite, j’ai testé votre voix. Et puis, en tombant sur les marches, je vous ai obligé à me serrer contre vous. Et c’était suffisant pour vous reconnaître. Maintenant, dites-moi : est-ce qu’il y a une Oreille à proximité de nous ?

— Probablement. Mais il se peut qu’elle n’enregistre rien pour l’instant et que personne ne la contrôle…

— Ça fait quand même encore trop…

J’ai réfléchi. Nous promener bras dessus, bras dessous ? Cela pourrait déranger l’Oreille si elle n’était pas sous pilotage permanent, mais il était également possible que mon petit camarade ait une balise sur lui. Ou que je sois piégée. La piscine ? Les relais acoustiques sont toujours moins efficaces dans l’eau, d’accord, mais j’avais réellement besoin d’un peu plus d’intimité.

— Laissez tomber votre verre et venez avec moi.

Je l’ai conduit à ma cabine BB. Shizuko nous a laissés entrer sans difficulté. Pour autant que je pouvais en juger, elle montait la garde vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Elle ne dormait qu’en même temps que moi. En tout cas, c’était ce que je pensais. Je lui ai demandé :

— Quelle est la suite du programme, Shizuko ?

— Une réception donnée par le commissaire de bord, mademoiselle. A dix-neuf heures…

— Je vois. Eh bien, est-ce que vous pouvez aller faire un tour quelque part et revenir d’ici à une heure ?…

— Non. Une demi-heure.

— Une heure !

— Bien, maîtresse, dit-elle humblement, mais pas sans que j’aie noté le regard qu’elle avait décoché à mon compagnon et son signe de menton presque imperceptible.

Quand elle eut disparu et que la porte fut verrouillée, j’ai demandé :

— C’est vous qui êtes le patron ou bien elle ?

— Ça peut se discuter. Peut-être vaudrait-il mieux parler de « coopération d’agents indépendants »… Cela décrit mieux la situation.

— Je vois. C’est une vraie professionnelle. Dites-moi, mon petit ami, est-ce que vous savez où se trouvent les Oreilles ici ou bien est-ce que vous allez m’indiquer comment les détruire ? Est-ce que nous allons discuter de votre lamentable passé ? L’enregistrer sur bande ? Vous comprenez : il n’y a vraiment rien qui puisse m’embarrasser à ce sujet. Après tout, je n’étais que l’innocente victime. Mais ce que je veux avant tout, c’est que vous parliez sans embarras, en toute liberté.

Il ne me dit pas un mot : il tendit simplement l’index vers ma couchette, sur le côté, au-dessus de mon oreiller, vers ma salle de bains. Puis il me montra son œil avant de me désigner l’encoignure de ma couchette.

J’acquiesçai. Puis je pris deux chaises que j’installai loin de ma couchette, hors de portée de l’Œil qu’il m’avait indiqué. Ensuite, je composai le code du chœur de Salt Lake City sur le terminal : sincèrement, je ne pensais pas qu’une Oreille pourrait supporter cela.

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