« Je vous assure que nous suivons toutes les informations concernant Mike ; de plus, Ben nous a promis de nous avertir immédiatement s’il y avait la moindre urgence. Mais Jubal, personne ne peut nuire à Mike. Si vous aviez, comme nous, vu le Nid, vous n’en douteriez pas.
— On ne m’a pas invité.
— Nous non plus. On ne vous invite pas dans votre propre maison. Vous vous cherchez des excuses, Jubal. Ben vous y a incité, Aube et Duke vous ont envoyé un mot dans ce sens.
— Mike ne m’a pas invité, persista Jubal.
— Ce Nid vous appartient et m’appartient autant qu’à Mike. Mike est le premier entre des égaux… comme vous ici. Abby est-elle chez elle ici ?
— Il se trouve, répondit-il, que c’est légalement le cas, avec une jouissance viagère pour moi. » Jubal avait modifié son testament, sachant que celui de Mike suffirait à pourvoir aux besoins de tous ses frères d’eau ; n’étant pas certain du statut « aquatique » de cette petite – mis à part le fait qu’elle se mouillait souvent – il avait pris des dispositions en sa faveur ainsi qu’en celle des descendants de quelques autres. « Je ne voulais pas vous le dire, mais je ne vois pas quel mal cela pourrait faire.
— Jubal… vous m’avez fait pleurer. Et en plus vous m’avez presque fait oublier ce que je disais… et il faut que je vous le dise. Vous savez bien que Mike ne vous pressera jamais. Je gnoque qu’il attend la plénitude… et aussi que vous faites de même.
— Mmmm… je gnoque que vous parlez vrai.
— Fort bien. Je suppose que si vous êtes aussi sombre aujourd’hui, c’est parce que Mike a de nouveau été arrêté. Mais c’est déjà arrivé bien des…
— Arrêté ! Je n’en savais rien ! » Il ajouta : « Cré nom, Anne, qu’est-ce que…
— Jubal, Jubal ! Ben n’a pas téléphoné ; c’est tout ce qu’il nous importe de savoir. Vous savez combien de fois Mike s’est fait arrêter : à l’armée, chez les forains… six ou sept fois depuis qu’il prêche. Il ne fait jamais de mal à personne ; il les laisse faire. Ils ne peuvent jamais le condamner et il sort dès qu’il en a envie.
— Et pourquoi est-ce, cette fois ?
— Oh, les bêtises habituelles : impudicité publique, viol, fraude fiscale, ouverture d’une maison de mauvaise vie, contribution à la délinquance juvénile, conspiration contre la scolarité obligatoire…
— Quoi !
— On a annulé l’autorisation leur permettant d’avoir une école paroissiale, car les gosses n’allaient plus à l’école publique. Qu’importe, Jubal – rien de tout cela n’importe. La seule chose dont ils soient techniquement coupables ne peut être prouvée. Si vous aviez visité le Nid, vous sauriez que même le DFS ne pourrait l’espionner, malgré leurs gadgets ultramodernes. Par conséquent, calmez-vous. Après pas mal de publicité, les chefs d’accusation seront abandonnés, et les gens viendront plus nombreux que jamais.
— Oui… Anne, est-ce que ce ne serait pas Mike lui-même qui provoque ces persécutions ?
— Comment, Jubal ?… Je n’avais jamais pensé à cette possibilité. Vous savez bien que Mike est incapable de mentir.
— Est-ce nécessaire ? Il suffirait qu’il fasse courir des rumeurs exactes, mais impossibles à prouver devant un tribunal.
— Croyez-vous vraiment que Mike agirait ainsi ?
— Je l’ignore, mais je sais que la plus élégante façon de mentir est de dire juste ce qu’il faut de vérité, puis de se taire. Ce ne serait pas la première fois que l’on recherche la persécution à cause de sa valeur publicitaire. Bon. N’en parlons plus, à moins que la situation n’évolue défavorablement. Je peux vous dicter ?
— Si vous êtes capables de vous abstenir de chatouiller Abby sous le menton et de lui faire un tas de bruits anti-commerciaux, oui. Sinon, je dis à Dorcas de monter.
— Amenez Abby. Je vous promets que j’essaierai de faire des bruits commerciaux. J’ai une idée fantastique : il s’agit d’une fille qui rencontre un garçon…
— De toute première, patron ! Je me demande pourquoi personne n’y avait pensé avant vous. Une seconde…» Elle sortit vivement.
Après une petite minute d’activités non commerciales, juste assez pour faire sourire Abby, Jubal se mit au travail, tandis qu’Anne s’installait dans un fauteuil et donnait le sein à Abigaël. « Titre, commença-t-il : Les filles sont tout comme les garçons, mais elles le sont bien plus. » Je commence. L’éducation de Henry M. Haversham Quatre avait été très soignée. Il croyait qu’il n’y avait que deux sortes de filles : celles qui se trouvaient en sa présence et celles qui étaient ailleurs. Il préférait de beaucoup la deuxième espèce, surtout lorsqu’elles y restaient. Paragraphe. Il n’avait jamais été présenté à la jeune femme qui, en trébuchant, lui tomba dans les bras, et ne considérait pas cette petite catastrophe comme l’équivalent d’une présentation dans les… Qu’est-ce que vous voulez encore ?
— Patron… dit Larry.
— Sortez d’ici et laissez-moi travailler !
— Patron ! L’église de Mike a brûlé ! »
Ils se précipitèrent comme des fous vers la chambre de Larry. Jubal y arriva à une demi-longueur derrière Larry, suivi de près par Anne malgré son handicap de onze livres. Dorcas arriva avec un bon retard : le tumulte l’avait juste réveillée.
«… à minuit la nuit dernière. Vous voyez ce qui reste de l’entrée principale du temple ; la vue a été prise immédiatement après l’explosion. Votre journaliste du réseau New Worlds est toujours présent à l’événement. Ne quittez pas l’écoute ; nos flashes sont toujours les premiers. Et maintenant un peu de publicité. » L’image d’une jolie ménagère apparut en fondu-enchaîné.
— « M… Larry, débranchez ce machin et installez-le dans la bibliothèque. Anne – non, Dorcas, téléphonez à Ben.
— Mais c’est impossible, protesta Anne. Le temple n’a jamais eu le téléphone, et puis…
— Alors appelez… le chef de la police locale. Non, plutôt le juge du district. Aux dernières nouvelles, Mike était en prison ?
— En effet.
— J’espère qu’il y est toujours, ainsi que les autres.
— Moi aussi. Prends le bébé, Dorcas. J’y vais. » Lorsqu’ils arrivèrent dans la bibliothèque, le téléphone sonnait, avec demande de codage secret. Jubal opéra le réglage nécessaire en jurant, se promettant bien de faire rentrer l’importun sous terre. C’était Ben Caxton. « Hello, Jubal.
— Ben ! Où en est la situation ?
— Je vois que vous avez suivi les informations. C’est pourquoi je vous appelle. Tout est en ordre.
— Et l’incendie ? Il y a des blessés ?
— Il n’y a aucun dommage. Mike m’a demandé de vous dire…
— Aucun dommage ? Je viens de voir le temple à la stéréo ; on aurait dit qu’une bombe…
— Ah, ça…» Ben haussa les épaules. « Laissez-moi parler, Jubal, je vous en prie. Vous n’êtes pas le seul qui ait besoin d’être rassuré, mais Mike m’a dit de vous appeler en premier.
— Euh… fort bien, j’écoute.
— Pas de blessés, pas même une égratignure. Dans les deux millions de dégâts matériels, mais le bâtiment était bourré d’expériences, et Mike avait l’intention de l’abandonner sous peu. Oui, tout était ignifugé, mais n’importe quoi brûle avec suffisamment d’essence et de dynamite.
— Des incendiaires bien équipés, hein ?
— Ne m’interrompez pas. Ils avaient arrêtés huit d’entre nous – tous ceux du Neuvième Cercle sur lesquels ils avaient pu mettre la main – avec des mandats contre personnes inconnues. Mike nous a fait libérer sous caution dans les deux heures. Il est toujours en tôle…
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