Robert Sawyer - Mutations

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Mutations: краткое содержание, описание и аннотация

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    Le jour où il se découvre atteint d'une maladie incurable, Pierre Tardivel décide de devenir chercheur en génétique. Après de brillantes études, il travaille sur le génome humain aux côtés du Dr Klimus, un génial lauréat du Nobel.
Il rencontre là son épouse, Molly, professeur de psychologie dotée de pouvoirs télépathiques. Pour ne pas transmettre la maladie de Pierre à leur enfant, ils décident de procréer par insémination artificielle. Mais la petite fille qui naît a d'étranges caractéristiques génétiques…
Double enquête, double course contre la montre : celle d'un couple pour sauver son enfant victime de manipulations expérimentales, celle de Pierre, qui lutte contre le mal…

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De toute façon, ni Donna ni Toby Sinclair, l’autre généticien sur lequel Avi avait posé des questions, n’étaient assez âgés pour être des criminels de guerre.

Burian Klimus, en revanche…

Pierre secoua la tête.

Bon Dieu !

S’il ne se trompait pas… Si Meyer ne se trompait pas…

Cela voulait dire que Molly portait l’enfant d’un monstre.

23

Pierre savait où trouver n’importe quelle revue de biologie sur le campus, mais il n’avait pas la moindre idée de la bibliothèque qui pouvait avoir des publications comme Time ou la National Review . Il voulait voir des photos de Demjanjuk tel qu’il était aujourd’hui et, plus important encore, celles à partir desquelles il avait été identifié comme Ivan le Terrible. Joan Dawson semblait au courant de tout ce qui concernait l’université. Elle pourrait sans doute lui indiquer où trouver ces revues. Il sortit du labo et se dirigea vers le bâtiment principal du CGH.

Il s’arrêta net sur le seuil. Burian Klimus était en train de prendre son courrier dans le casier qui portait son nom. De là où il se tenait, Pierre voyait très bien la jonction de ses oreilles avec son crâne chauve. Il y avait des sillons blancs à cet endroit. Des cicatrices ? Ou bien était-ce habituel chez les personnes de son âge ?

— Bonjour, monsieur, lui dit-il en entrant dans le bâtiment.

Klimus se tourna pour le regarder. Ces yeux d’un brun presque noir, ces lèvres fines… était-ce là le visage du mal ? Pouvait-il s’agir du tortionnaire qui avait fait tant de victimes ?

— Tardivel ! fit le vieux généticien en guise de salut.

Pierre s’aperçut qu’il était en train de le dévisager. Il secoua légèrement la tête.

— Joan est là ? demanda-t-il.

— Non.

Pierre jeta un coup d’œil à l’horloge murale et fronça les sourcils. Puis il fut frappé par une idée subite.

— Au fait, dit-il, je suis tombé, il y a quelques mois, sur une personne que vous connaissez peut-être… Un certain Mr Meyer.

— Jacob Meyer ? Ce vieil usurier est une sacrée crapule. Ce n’est surtout pas mon ami.

Pierre réprima un sursaut. Ce genre de remarque ressemblait à s’y méprendre à de l’antisémitisme. Exactement le genre de commentaire qui pourrait sortir spontanément de la bouche d’un ancien nazi. À moins, naturellement, que ce Jacob Meyer ne soit réellement une crapule et un usurier.

— Euh… non. Il s’appelle Avi Meyer.

Klimus secoua la tête.

— Jamais entendu parler.

Pierre battit des paupières.

— À peu près haut comme ça, dit-il en mettant sa main à plat à hauteur de sa pomme d’Adam. Des sourcils en broussaille. Le faciès d’un bouledogue.

— Non.

Pierre fronça les sourcils, consulta de nouveau l’horloge.

— Joan aurait dû arriver il y a trois heures.

Klimus ouvrit une enveloppe avec son index.

— Elle vous aurait prévenu si elle avait un empêchement, non ? insista Pierre.

Klimus haussa les épaules.

— Elle est diabétique. Et elle vit seule…

Le vieillard lisait la lettre qu’il avait sortie de l’enveloppe. Il ne répondit pas.

— Nous avons son numéro de téléphone, je suppose, reprit Pierre.

— Quelque part, sans doute. Aucune idée.

Pierre regarda autour de lui à la recherche d’un annuaire. Il en trouva un sur le rayon inférieur d’une étagère qui se trouvait derrière le fauteuil vide de Joan et le feuilleta rapidement.

— Je ne trouve pas de J. Dawson, dit-il.

— C’est peut-être encore le prénom de son mari qui est indiqué, suggéra Klimus.

— Et c’était quoi, son prénom ?

Klimus agita la lettre qu’il tenait à la main.

— Bud, je crois.

— Il n’y a pas de B. Dawson non plus.

Klimus se racla la gorge.

— Bud, ce n’est pas un vrai prénom.

— Un diminutif, alors ? Mais de quoi ?

— William, en principe.

— Il y a un W. P. Dawson dans Delbert Street.

Klimus ne répondit pas. Pierre composa le numéro. Il eut un message sur répondeur.

— Elle n’est pas là, dit-il à Klimus, mais c’est bien chez elle.

Au téléphone, il articula :

— Bonjour, Joan. C’est Pierre Tardivel, du LBNL. J’appelais pour voir si tout va bien. Il est bientôt treize heures, et nous sommes un peu inquiets à votre sujet. Si vous êtes là, décrochez, s’il vous plaît.

Il attendit trente secondes, puis raccrocha.

— Delbert Street, ce n’est pas trop loin d’ici, je pense ?

Klimus secoua la tête.

— Six ou sept kilomètres.

Pierre se mordilla la lèvre. Une diabétique âgée, qui vivait seule… Si elle faisait une réaction insulinique…

— Je fais un saut chez elle, dit-il.

Klimus demeura impassible.

Pierre se gara dans l’allée de Joan. Il y avait quelque chose qui clochait : la lumière de la véranda était allumée en plein milieu de l’après-midi. Il s’avança jusqu’à la porte d’entrée. Le journal du matin, le San Francisco Chronicle , était toujours sur le perron. Il sonna et attendit en tapant nerveusement du pied. Rien. Nouvelle tentative. Toujours pas de réponse.

Perplexe, Pierre regarda autour de lui. Il y avait plusieurs grosses pierres dans le parterre de fleurs devant la maison. Il les souleva l’une après l’autre à la recherche d’une clé cachée. Il ne trouva qu’une grosse salamandre gris ardoise, encore un truc de Berkeley auquel il n’arrivait pas à s’habituer. Il souleva alors la plus grosse des pierres, dans l’idée de casser le carreau en verre dépoli de la fenêtre, mais il hésitait à employer ce moyen extrême.

Il explora finalement l’allée qui séparait la maison de celle des voisins. Il se sentait terriblement gêné. Une barrière blanche à la peinture écaillée séparait le jardin de devant de celui de derrière. Au milieu, une petite porte permettait de passer de l’autre côté. Il poussa le verrou rouillé et passa à l’arrière de la maison, principalement occupé par un potager bien entretenu. La façade, de ce côté-là, avait plusieurs fenêtres à petits carreaux ainsi qu’une porte-fenêtre vitrée coulissante. Il s’approcha de la première fenêtre pour y coller son visage, la main en visière sur son front pour se protéger de la réverbération. Il ne vit rien d’autre qu’une chambre aux murs tapissés où il y avait une télé et une douillette en velours côtelé.

Il essaya la deuxième fenêtre. C’était la cuisine. Joan possédait tous les gadgets imaginables : robot ménager, presse-agrumes, mixeur, pétrin électrique, deux fours à micro-ondes, etc.

Il marcha jusqu’à la double porte vitrée, y colla son front et…

Seigneur Dieu

Joan gisait sur le côté, le visage lui faisant face. Elle baignait dans une mare de sang noir de plus d’un mètre de diamètre. Sa forme était irrégulière sur le tapis à poil ras, mais elle occupait tout le devant carrelé de la cheminée. Pierre fut pris de nausée. Il se dépêcha de regagner sa voiture, roula jusqu’au téléphone le plus proche, dans une supérette, et composa le 911.

Il attendait assis sur le perron de la maison de Joan, le menton dans les mains. Une voiture de police de Berkeley ne tarda pas à arriver. Un imposant policier noir et une femme blanche et maigre en uniforme en descendirent.

— Mr Tardivel, je pense ? dit l’homme en ôtant ses lunettes pour les glisser dans la poche de poitrine de sa veste.

Pierre se leva.

— Officier… ?

— Munroe, fit l’homme. Et Granatstein, ajouta-t-il en indiquant son équipière d’un signe de tête.

— Bonjour, murmura Pierre.

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