Bernard Pivot - La mémoire n'en fait qu'à sa tête

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La mémoire n'en fait qu'à sa tête: краткое содержание, описание и аннотация

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« On s’arrête tout à coup de lire. Sans pour autant lever les yeux. Ils restent sur le livre et remontent les lignes, reprenant une phrase, un paragraphe, une page. Ces mots, ces simples mots, ne nous évoquent-ils pas notre enfance, un livre, une querelle, des vacances, un voyage, la mort, des plaisirs soudain revenus sur nos lèvre ou courant sur la peau… Décidément la mémoire n’en fait qu’à sa tête. Imprévisible et capricieuse, elle aime bien déclencher sur moi des ricochets semblables à ceux obtenus par ces petites pierres plates que je faisais rebondir sur la surface étale des étangs et des rivières de mes jeunes années.
C’est sans doute pourquoi elle interrompt aussi mes lectures pour des bagatelles, des sottises, des frivolités, des riens qui sont de nos vies des signes de ponctuation et d’adieu. » B.P. D’
à
, Bernard Pivot est une figure incontournable du petit écran, et l’une des personnalités les plus populaires de France. Ses précédents ouvrages, publiés chez Albin Michel,
(2004),
(2008) et
(2011) ont rencontré un immense succès.
Bernard Pivot est membre de l’académie Goncourt.

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Par faveur je fis quelques fois le déplacement en Europe dans l’avion des joueurs, notamment à Hambourg où, quasiment seul, j’avais pronostiqué la victoire de Saint-Étienne, sans cependant donner le score incroyable et irréfutable de 5 buts à 0. Du temps d’ Apostrophes , la seule distraction que je m’autorisais, cinq ou six fois par an, était un déplacement à Saint-Étienne ou dans une ville où l’équipe jouait gros, c’est-à-dire devait jouer plus finement que son adversaire. J’emportais quelques-uns des livres dont j’avais invité les auteurs le vendredi suivant. Train, avion, auto, avant et après le match, je lisais.

J’étais évidemment à Glasgow, le 12 juin 1976. J’ai assisté à la défaite imméritée des Verts contre le Bayern Munich. Il n’y avait pas faute de Piazza, il n’y avait pas coup franc, et Roth a tiré avant le signal de l’arbitre. But quand même accordé. J’enrage encore. Vincent Duluc n’a pas vu le but. Dans sa région, l’image de la télévision a sauté à ce moment-là. Quand elle est revenue, le mal était fait. Le destin avait choisi son camp. Je savais que les Stéphanois, en dépit de l’entrée trop tardive de Rocheteau, blessé mais agile et inarrêtable, n’égaliseraient pas. On ne peut rien contre le fatum. Il était bavarois. Déjà que les Allemands avaient retenu prisonnier mon père pendant cinq ans… Ça faisait beaucoup !

Il y avait encombrement d’avions sur l’aéroport de Glasgow. Celui des supporteurs français dans lequel j’avais une place n’a décollé qu’à quatre heures du matin. On m’enviait de pouvoir tromper ma déception et mon chagrin en lisant, impassible, au milieu des lamentations de ceux qui refaisaient le match. Je lisais Le Mauvais Temps , de Paul Guimard. C’était de circonstance.

Après le scandale de la caisse noire, l’ASSE a chuté, non dans les cœurs mais dans les classements. Les décennies glorieuses étaient terminées. C’est alors que l’Olympique lyonnais se donna pour président Jean-Michel Aulas. J’avais cru naïvement que les grandes équipes ne pouvaient naître, s’imposer et durer que dans des villes populaires (Marseille, Lens, Saint-Étienne, Liverpool, Manchester, etc.) où le football est l’autre religion du dimanche. Or ce sont des hommes qui bâtissent les clubs de légende. Roger Rocher avait été de ceux-là. C’était au tour de Jean-Michel Aulas. Il avait l’ambition, l’intelligence, la patience et l’argent. Le public fut vite à l’unisson. Idiot que j’étais, il y a aussi beaucoup d’ouvriers à Lyon et dans ses banlieues, et, quand les victoires s’enchaînent, il y a autant de ferveur pour le foot chez les bourgeois que dans les autres classes sociales.

Performance sans précédent, l’OL remporta sept fois de suite le titre de champion de France dans la première décennie du nouveau siècle. Sans parvenir en finale, l’équipe se comporta fort bien en Coupe d’Europe. Comment ne pas être ébloui par une telle réussite ? J’en étais ravi, contrairement aux supporteurs stéphanois, agacés, amers, furieux. Je ne pouvais pas partager leur dépit. La jalousie des Lyonnais avait duré un demi-siècle ! Avec un peu d’égoïsme, je jugeais normal et équitable, presque moral, que la ville de ma mère succédât à la ville de mon père dans les lauriers du football. Mon cœur est large.

La gloire de Lyon n’a pas entamé ma fidélité à Saint-Étienne. Je souhaite chaque semaine la victoire des deux clubs. Mais quand le derby les oppose ? La nostalgie et la reconnaissance l’emporteront toujours sur l’admiration nouvelle, si forte soit-elle. Je ne peux trahir ni mon père ni ma jeunesse.

Je ne suis cependant pas un vrai supporteur stéphanois. Celui-ci accepte toutes les défaites, sauf contre Lyon. Alors que pour moi, si les Verts doivent laisser échapper une victoire, je préfère que ce soit contre Lyon plutôt que contre toute autre équipe.

Voilà une position qui va m’aliéner la sympathie des ultras des deux camps. Ce n’est pas grave, considérant que, lors de ma naissance, j’aurais pu être, déjà, une victime de leur farouche opposition. C’est l’un des prédécesseurs de Jean-Michel Aulas à la présidence de l’Olympique lyonnais, le docteur Édouard Rochet, alors jeune obstétricien, qui m’a mis au monde. S’il avait su que je deviendrais un supporteur des Verts, peut-être aurait-il laissé traîner le cordon ombilical autour de mon cou ?

La manœuvre ratée d’Aragon

Frédéric Vitoux : « Qui se souvient aujourd’hui d’André Corthis et de ses romans ? », Au rendez-vous des mariniers .

En dépit de son nom, André Corthis était une femme de lettres. Prix Femina en 1906 ( Gemmes et moires , poèmes), elle présidait le jury en 1932. C’est à cause d’elle, indirectement, que Céline n’obtiendra pas le prix Goncourt. En effet, sa voix double de présidente a fait pencher le scrutin d’égalité en faveur de Ramon Fernandez au détriment de Guy Mazeline. Si elle avait choisi celui-ci, il n’aurait plus été en piste pour le Goncourt, laissant le champ libre à Céline.

J’ignorais cet enchaînement de circonstances, rapporté par Frédéric Vitoux, qui a provoqué le ratage le plus cuisant de l’académie Goncourt.

Souvent, un prix littéraire tient à peu de chose : une voix double, une absence, un entêtement minoritaire, l’antipathie de deux jurés, une stratégie risquée. Ou un article de journal. C’est ce qui s’est passé pour le Goncourt attribué en 1968 à Bernard Clavel ( Les Fruits de l’hiver ) de préférence à François Nourissier ( Le Maître de maison ).

Pour être sûr que son ami François Nourissier l’emporterait dans un scrutin qui s’annonçait incertain, Aragon, nouvel académicien Goncourt, avait circonvenu les élus communistes du conseil municipal pour que le grand prix littéraire de la Ville de Paris fût attribué à Bernard Clavel. Mission accomplie. Ainsi la route du Goncourt était-elle dégagée pour François Nourissier.

La manœuvre n’avait pas échappé à André Billy, confrère d’Aragon chez Drouant. Je lui demandai les raisons de son air furibard alors qu’il était toujours d’excellente humeur. Il m’expliqua. Je n’avais plus qu’à écrire l’article et le publier. Ne pas le faire eût été une faute professionnelle. J’admirais le talent de François Nourissier, mais le courriériste littéraire que j’étais devait faire passer l’information avant son opinion.

J’avais quand même le toupet d’y aller de mon conseil : « L’académie Goncourt serait bien inspirée de décider une bonne fois pour toutes que, se plaçant au-dessus de tous les autres prix, elle ne tiendrait plus compte de ceux-ci, surtout si justement leurs choix sont faits pour contrarier le sien. » C’est aujourd’hui, depuis plusieurs années, la position de l’académie Goncourt.

L’entourloupette d’Aragon étant rendue publique, vexés, rebelles, les jurés décidèrent que le prix de la Ville de Paris ne disqualifiait pas Bernard Clavel pour le Goncourt. Ils le lui attribuèrent. Et Aragon démissionna.

Jamais François Nourissier ne m’a tenu rigueur de cet article qui avait contribué à lui faire perdre le prix Goncourt. Journaliste à ses heures, attentif à l’actualité, il connaissait les impératifs et les aléas du métier. Plus de trente ans après, c’est lui, président de l’académie Goncourt, qui m’a dit que je pourrais très bien l’y rejoindre, les statuts ne stipulant pas que seuls les écrivains avaient accès au salon de Drouant. Pourquoi pas un journaliste ? En décembre 2004, de son habile autorité, alors qu’il avait abandonné la présidence à Edmonde Charles-Roux, il obtint un vote unanime à mon entrée à la Société littéraire des Goncourt — le vrai nom de l’académie. Enfin, il s’était vengé !

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