Bernard Pivot - La mémoire n'en fait qu'à sa tête

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La mémoire n'en fait qu'à sa tête: краткое содержание, описание и аннотация

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« On s’arrête tout à coup de lire. Sans pour autant lever les yeux. Ils restent sur le livre et remontent les lignes, reprenant une phrase, un paragraphe, une page. Ces mots, ces simples mots, ne nous évoquent-ils pas notre enfance, un livre, une querelle, des vacances, un voyage, la mort, des plaisirs soudain revenus sur nos lèvre ou courant sur la peau… Décidément la mémoire n’en fait qu’à sa tête. Imprévisible et capricieuse, elle aime bien déclencher sur moi des ricochets semblables à ceux obtenus par ces petites pierres plates que je faisais rebondir sur la surface étale des étangs et des rivières de mes jeunes années.
C’est sans doute pourquoi elle interrompt aussi mes lectures pour des bagatelles, des sottises, des frivolités, des riens qui sont de nos vies des signes de ponctuation et d’adieu. » B.P. D’
à
, Bernard Pivot est une figure incontournable du petit écran, et l’une des personnalités les plus populaires de France. Ses précédents ouvrages, publiés chez Albin Michel,
(2004),
(2008) et
(2011) ont rencontré un immense succès.
Bernard Pivot est membre de l’académie Goncourt.

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J’arrive trop tard dans un cœur trop plein. Non, hélas, ce n’était pas pour moi qu’elle avait écrit son célèbre dix-huitième sonnet qui commence ainsi :

« Baise m’encor, rebaise moy et baise ;
donne m’en un de tes plus savoureux… »

Je lui ai demandé de lire le huitième. Le sachant par cœur, elle a repoussé le livre que je lui tendais.

« Je vis, je meurs : je me brûle et me noye
J’ay chant estreme en endurant froidure ;
La vie m’est et trop molle et trop dure ;
J’ay grans ennuis entremeslez de joye… »

et tandis que de sa bouche aux lèvres minces sortaient les mots qui disent le bonheur et le malheur d’aimer, j’imaginais, s’interposant entre nous deux, les visages des hommes qui lui avaient apporté joie et douleur.

J’ai avoué à Louise Labé mon accès de jalousie rétrospective. Elle m’a dit qu’elle l’avait perçu, qu’elle en avait été stimulée et que j’avais somme toute très bien tenu mon rôle dans la comédie amoureuse que nous avions jouée devant un million et demi de téléspectateurs.

Pleurer

Régis Debray : « C’est quoi l’Histoire pour vous ? Réponse : ce qui me met les larmes aux yeux, point final », Madame H.

L’Histoire m’a-t-elle fait pleurer ? Oui, mais pas assez pour que je passe pour un émotif du journal de 20 heures. Pourquoi mes yeux restent-ils secs alors que les drames collectifs m’émeuvent profondément ? La chute de Diên Biên Phu, la guerre d’Algérie, les révoltes écrasées de Budapest et de Prague, le génocide du Cambodge, les boat-people, le massacre de Srebrenica, entre autres joyeusetés dont j’étais le contemporain, m’ont bouleversé, tourneboulé, indigné, révolté, mais je ne me rappelle pas avoir sorti mon mouchoir. Pourtant, c’était du lourd, du pathétique, de l’impitoyable mêlé à une souffrance massive. Si j’avais été en âge de comprendre, aurais-je pleuré sur Auschwitz et Hiroshima ? Il est probable que ç’eût été encore de l’émotion à sec.

Je ne suis pourtant pas un monstre. La mort de De Gaulle m’a mis les larmes aux yeux. Ainsi que la photo de la petite Vietnamienne fuyant, nue, en larmes, les bombes au napalm. De même la photo du corps d’un petit garçon venu de Syrie, découvert noyé sur une plage de Turquie. J’ai pleuré en découvrant le témoignage d’un harki que l’ingratitude de la France avait laissé vieillir dans la misère. Les récits des survivants des camps de concentration m’ont souvent arraché des larmes (cette expression « arracher des larmes » est fausse, les larmes viennent sans effort, d’elles-mêmes, elles coulent de source). Quand, à Buchenwald, Jorge Semprun récite des vers de Baudelaire à Maurice Halbwachs, qui a été son professeur à la Sorbonne et qui est à l’agonie, comment mes larmes ne seraient-elles pas tombées sur les pages 32 et 33 de L’Écriture ou la Vie ?

On a compris : je sais pleurer sur un destin tragique, sur un parcours glorieux qui prend fin. Je ne sais pas pleurer sur les malheurs de la multitude. La compassion devrait pourtant être à proportion du nombre. Comme dans la presse : plus il y a de morts, plus gros sont les titres. Mais non, sangloter en gros m’est impossible. Mes yeux ne se mouillent qu’au détail. Un visage, un corps, une image, une histoire, une tragédie individuelle. Parce qu’on s’identifie à un homme ou à une femme, et moins facilement à une foule ? Parce que la lecture forcenée des romans et des biographies ne m’a fourni pour comprendre le monde que des clés nominatives ?

Le massacre des journalistes et employés de Charlie Hebdo m’a d’abord laissé incrédule, puis, mais si, c’était vrai, atterré, épouvanté. Qui n’a pas réagi ainsi ? Plus tard, j’ai pleuré. Sur Cabu, éternel jeune homme dégingandé mort de la violence et de la bêtise auxquelles il avait toute sa vie opposé l’élégance de son dessin et la pertinence de son humour. Le dernier regard du grand Duduche ? Sur un homme dont la main crache le feu. Oh, non… J’ai senti en moi se déchirer des souvenirs de Cabu à Apostrophes … C’est idiot, c’est inutile, je sais, mais c’est comme ça : soudain, feutrées, des larmes…

Nous regardions un soir en famille je ne sais plus quel film qui racontait la retraite de Russie. Toutes les horreurs d’une armée en déroute dans un hiver glacial. Des mourants ensevelis sous la neige. Des blessés que soutenaient encore des éclopés. Des malades du typhus auxquels un prêtre donnait l’extrême-onction. Des soldats aux mains et aux pieds gelés. Des chevaux exténués que l’on égorgeait pour boire leur sang. Des restes d’un bataillon englué dans la boue, cerné par des partisans. Et encore d’autres braves terrassés par le froid et la faim…

Je me tournai vers une de mes filles que j’entendais sangloter. Le spectacle était pour elle insupportable. Trop de morts, trop de blessés. Son petit cœur avait craqué.

« Vous avez vu ? demanda-t-elle en s’essuyant les yeux.

— C’est très cruel, dis-je.

— Mais tu l’as vu ?

— Qui ?

— Le chien abandonné dans la neige. »

La vie littéraire en 1966

Pierre Assouline : « Vie littéraire. Spécialité française faite de rituels, de festivals, de voyages, de librairies, d’émissions, de prix… Le monde entier nous l’envie, mais même le Qatar n’a pas réussi à l’acheter », Dictionnaire amoureux des écrivains et de la littérature .

En un demi-siècle, la vie littéraire a bien changé. Elle s’est socialisée avec la multiplication et le succès des salons, foires et fêtes du livre. Les best-sellers dédicacent à tour de bras. Malheur au romancier débutant que l’ordre alphabétique a placé entre le prix Goncourt et un dessinateur de b.d., entre un champion de football et une vedette de music-hall. Autographe et selfie attestent doublement la rencontre brève de l’écrivain et du lecteur.

Les lectures publiques des œuvres par leurs auteurs font souvent salle comble, de même les débats organisés par les libraires et, avec plus d’ambition et de public, par les journaux, magazines et salons. Ajoutons à cela les conférences, les interviews dans la presse écrite, à la radio, à la télévision, sur le Net, pour certains des comptes sur Facebook et Twitter… Jamais les écrivains, du moins ceux qui s’y prêtent, n’ont été autant exposés à la curiosité du public.

En revanche, jamais n’a été aussi pauvre la vie littéraire en tant que rencontres professionnelles et amicales entre écrivains. Dans les années 60, il y avait encore des mouvements, des écoles, des chapelles, des revues qui réunissaient leurs affidés. Quelle autre célèbre photo depuis celle, signée Mario Dondero, qui avait rassemblé devant l’entrée des éditions de Minuit, rue Bernard-Palissy, les écrivains du Nouveau Roman, Claude Simon, Butor, Sarraute, Robbe-Grillet, etc. ?

Les écrivains des Cahiers des Saisons aimaient se retrouver une fois par mois pour dîner au Procope , sous la houlette de Jacques Brenner.

André Breton, puis Jean Schuster réunissaient les derniers surréalistes à La promenade de Vénus , café de la rue du Louvre choisi pour la poésie de son nom.

Les collaborateurs de la revue Commerce , entre autres Jean Paulhan, Julien Gracq, Henri Thomas, avaient des habitudes au Train bleu , buffet de la gare de Lyon.

Au Club des Poètes , rue de Bourgogne, on mangeait mal, mais buvait sec, déclamait ample. Son patron, Jean-Pierre Rosnay, allait bientôt accueillir les caméras de la télévision. Il était prudent de retenir son poète.

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