Gérard Depardieu - Innocent

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Innocent: краткое содержание, описание и аннотация

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Je revendique complètement ma connerie et mes dérapages. Parce qu'il y a là quelque chose de vrai. Et si on ne dérape jamais, c'est souvent qu'on est un peu con.
Je ne maîtrise rien, je ne fais que suivre, et parfois supporter mon amour de la vie et des autres. Un amour qui, comme disait François Truffaut, est à la fois une joie et une souffrance.
Je ne cherche pas à être un saint. Je ne suis pas contre, mais être un saint, c'est dur. La vie d'un saint est chiante. Je préfère être ce que je suis. Continuer à être ce que je suis.
Un innocent.

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Dans le regard de Marcel Dalio, il y avait une tendresse et une douceur infinies. Il s’intéressait dix fois plus à la vie et aux autres que n’importe qui. Il faut dire qu’il avait longtemps été obligé de faire preuve d’une vigilance extrême pour ce qui l’entourait, de se méfier de tout, en particulier de ce comportement bien français, à la Marcel Aymé, où tu as toujours un type qui derrière ses volets fermés te regarde en se demandant ce que tu fais. Ce côté concierge qui avant, pendant et même après la guerre a coûté la vie à bien des gens. Cette attention de tous les instants qu’il portait aux gens et aux choses, c’est ce qui avait permis à Marcel de survivre et c’était ensuite devenu chez lui une seconde nature.

Plus tard, j’ai connu la même amitié avec Paul Meurisse, qui avait été danseur mondain à la Coupole et qui me racontait qu’il se mettait une banane dans le slip avant d’inviter les femmes à danser.

Puis avec Bernard Blier et Jean Gabin, qui faisaient tout pour m’imposer dans leurs films.

Tous ces hommes étaient un peu comme mes pères et je pense qu’ils retrouvaient en moi une part de leur enfance, une certaine folie qui ne leur était pas étrangère. Ils étaient dans le cinéma, bien sûr, mais c’est pas ça qui m’intéressait. Je voulais seulement être avec eux, ils étaient devenus mes amis, ma famille. Je ne les aimais pas parce qu’ils étaient acteurs, non, mais parce que c’était des êtres magnifiques avec leur vie, leurs débordements, leurs désirs et leurs peurs. Ils me faisaient confiance, et je voulais qu’ils soient fiers de moi. Le cinéma, je m’en foutais, je voulais juste ne pas les décevoir. Même si parfois, ça m’arrivait.

Pendant le tournage de L’Affaire Dominici à Sisteron, j’étais un peu sauvage encore, j’avais déraciné un panneau de sens interdit. Gabin m’avait fait la tronche: «Déjà qu’on est mal vu, si en plus tu commences comme ça…»

Avec Jean, j’en ai appris des choses… À table, surtout. Moi qui ai toujours goûté à tout et jamais en petite quantité, là, j’étais servi. Ça commençait vers onze heures le matin, et c’était entrée, poisson, gibier, fromage, dessert. Et tout ça arrosé de bourgogne. Avant de commencer à tourner en tout début d’après-midi.

Jean était un ours, et comme les ours, qui sont myopes, il ne voulait pas voir loin. Parce qu’il connaissait déjà tout. Il avait tout vécu. Il était très pudique. Ce qui l’intéressait, c’était de bien manger. Sur la bouffe, là, il pouvait s’étendre, comme Michel Simon sur le cul. Jean, c’était le Français tel qu’on peut aimer les Français. Avec des couilles de Français. Mais c’était une France différente, c’était la France de Jean Renoir.

Avec Gabin, avec Blier, avec Audiard, les conversations étaient un plaisir tant le verbe était de haute volée. Ils avaient cette chose qui manque tellement aujourd’hui: de la distinction.

Après, il y a eu Jean Carmet. Jean, c’était un baladin. Je l’ai rencontré au fil des chemins. Avec Jean on avait les mêmes respirations, les mêmes mots. On pouvait rester des heures sans rien se dire et puis la parole revenait, alors c’était le verbe, le flot et la force du verbe. C’était quelqu’un qui n’était jamais pressé quand il était avec des gens qu’il aimait.

Jean a rencontré le Dédé et la Lilette. Les présentations n’ont pas été compliquées, «Le Dédé, la Lilette… le Jeannot» et c’était fait. Dédé a sorti une vieille bouteille en forme de taureau, nous a versé un coup d’eau-de-vie, la Lilette nous a donné une mère de vinaigre, c’était pas la peine d’en dire plus. On venait du même endroit Jean et moi, lui aussi était du rural, il avait eu une autorité paternelle un peu folle, imbibée aussi. Il avait toujours été fasciné par les trains, alors un jour il en a pris un. Il s’est retrouvé à Paris et comme c’était un très bon compagnon de rouge, il a rencontré, comme moi un peu plus tard, des gens avec qui il pouvait se marrer. Avec qui il pouvait vivre et faire la fête. Sans risquer, comme maintenant, de se retrouver avec sa tronche à la une d’un journal parce qu’il avait un peu débordé.

C’était l’époque des Audiard, des Blondin, des Fallet, tous ces anars littéraires à grands coups de gueule, dont le langage respirait l’intelligence. Ils étaient tous passionnés par le cyclisme, c’était, là encore, avant que le cyclisme ne fasse les gros titres uniquement pour parler du dopage.

C’était l’époque où on pouvait encore vivre ses passions, faire de sa passion un art, sans qu’on mette immédiatement en exergue le mauvais côté des choses.

C’était vraiment une autre France.

C’était la France d’avant 1968, celle d’avant la révolution de tous ces petits gars en lutte contre leurs familles bourgeoises d’extrême droite, qui sont ensuite devenus directeurs de rédaction de journaux de gauche et qui, comme les pires des bolcheviques, ont remis au goût du jour la France que dénonçait Marcel Aymé, la France de l’épuration, de la dénonciation, la France du «oui mais», celle où il faut que tout soit propre, cette soi-disant propreté dans laquelle nous sommes tous en train de crever.

C’EST AUSSI ÇA, LE CINÉMA

Le jeune Pierre Niney qui reçoit le César du meilleur acteur pour son interprétation d’Yves Saint Laurent remercie la «bienveillance profonde» des votants, «cette bienveillance tellement importante pour jouer», cette «bienveillance nécessaire».

Depuis quand le cinéma doit-il être bienveillant?

Le cinéma n’est pas bienveillant, le cinéma ne doit surtout pas être bienveillant.

Le cinéma, ça doit être des dangers, des brûlots, de la dynamite, des pierres brûlantes avec lesquelles on essaie de jongler.

L’art, quel qu’il soit, le vrai, a toujours été le contraire de la bienveillance.

Pour être utile, l’art doit être dangereux.

Comme l’art de ce jeune funambule que j’ai vu s’écraser sous les yeux de son père place Voltaire à Châteauroux quand j’étais jeune.

Les artistes sont tous des gens du cirque.

Et leur art, c’est un cheminement, un cheminement qui commence par une méditation nécessaire parce qu’on sait qu’avec toutes les choses que l’on a à exprimer on va devoir aller, seul, prendre des risques dont on sera seul responsable.

Et si cette démarche doit être humainement intelligente, la bienveillance n’est pas son premier souci. Ce qui la motive, c’est avant tout la vérité.

Le cinéma doit être vrai, c’est-à-dire dangereux.

Les très grands acteurs sont tout ce qu’on veut sauf des gens bienveillants. Je ne crois même pas à la soi-disant sensibilité de l’acteur. Quand ils sont de vrais artistes, les acteurs sont sauvages, ils sont cruels, leur façon d’appréhender les choses est douloureuse et violente.

Et c’est pareil pour les metteurs en scène.

Quand je pense à Michelangelo Antonioni, quand je pense à Marco Ferreri, à Jean-Luc Godard, à Bertrand Blier, la bienveillance n’est pas vraiment le premier mot qui me vient à l’esprit. Ce sont des gens hors norme, pas forcément sympathiques, et dont le souci premier n’était pas de plaire ou d’être aimables.

Chabrol, avec ses qualités humaines magnifiques, disséquait les milieux bourgeois, leurs névroses, leurs perversités. Ce qu’il n’aurait pas pu faire avec une telle lucidité s’il avait porté un regard bienveillant sur ses contemporains.

Et Buñuel, ce n’est pas en voulant se montrer poli et bien élevé qu’il aurait pu nous décrire la société ou la religion comme il l’a fait.

Tous ces grands cinéastes n’étaient pas des gens qui essayaient de plaire ou d’être prévenants, c’était des gens avec leurs qualités et leurs défauts mais tous fascinés par la nature humaine ou par la société, qu’ils éclairaient d’une certaine lumière, ni douce ni indulgente mais vraie.

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