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Franck Thilliez: Angor

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Franck Thilliez Angor
  • Название:
    Angor
  • Автор:
  • Издательство:
    Fleuve Éditions
  • Жанр:
  • Год:
    2014
  • Язык:
    Французский
  • ISBN:
    978-2265098695
  • Рейтинг книги:
    5 / 5
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Angor: краткое содержание, описание и аннотация

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Camille Thibault est gendarme dans le nord de la France. Depuis sa greffe du cœur, ses collègues s'inquiètent pour elle. Chaque nuit, elle fait des cauchemars où une femme séquestrée l'appelle au secours. Un rêve tellement vrai, comme un souvenir… celui de son donneur ? Camille n'a plus qu'une obsession : retrouver son identité et découvrir quel drame il a vécu… Au même moment, à une centaine de kilomètres de là, deux employés de l'Office National des Forêts constatent les dégâts des orages violents survenus en ce mois d'août. Dans une cavité laissée par un arbre déraciné, ils croient apercevoir une ombre. L'un d'eux s'approche. Deux yeux presque blancs, dépourvus d'iris, c'est tout ce qu'il aura le temps de voir avant qu'une main venue des entrailles de la terre ne lui agrippe les cheveux. Lucie et Sharko sont en train de donner le biberon à leurs jumeaux quand Franck est appelé sur une nouvelle affaire : une femme, victime d'une longue séquestration. Presque aveugle, tant elle est restée dans le noir… sous un arbre. L'enquête prend des proportions inhabituelles lorsque Sharko s'aperçoit qu'à chacune de ses découvertes, il a été devancé par une jeune femme, gendarme dans le Nord… Pour cette quatrième aventure de Lucie et Sharko, dans la droite lignée du de et d'  Franck Thilliez pousse l'art de l'énigme scientifique à son paroxysme.

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Il lui sourit. Il se sentait bien. Apaisé, heureux.

— Je n’oublierai pas. Je ne suis pas prêt à replonger dans une histoire tordue ou dangereuse. Si ça craint trop, je lèverai le pied.

— Toi, lever le pied ? Faudrait qu’on te coupe les jambes.

5

— Je suis con. J’aurais dû enfiler des bottes.

Franck Sharko regardait en grimaçant l’état de ses mocassins vernis. Des souliers neufs de chez Beryl, cent cinquante-neuf euros. Plongé dans ses couches et biberons, il n’avait pas réfléchi en s’habillant, et le payait à présent.

Glissant sur le sol boueux, il rejoignit Nicolas Bellanger, son capitaine de police, de seize ans son benjamin. Un enfant. Il fut un temps où Sharko aurait pu être son chef, une période où il avait commandé une trentaine d’hommes, mais ce temps-là était bien loin désormais. L’ancien commissaire avait fait un choix quelques années plus tôt, et redevenir volontairement lieutenant pour se faire diriger par plus jeune que lui ne le dérangeait pas. Ce qui l’ennuyait profondément, en revanche, c’était de moisir dans les bureaux, à gérer des enquêtes sans même croiser une victime ni aller sur le terrain. C’était malheureusement le destin des commissaires d’aujourd’hui, et c’était ce qu’il serait devenu. Un bureaucrate.

Les policiers se tenaient à l’écart, au bord de la forêt, tandis qu’un gros camion de dépannage armé de chaînes terminait de se battre avec l’arbre déraciné. Quelques habitants curieux s’agglutinaient au bord du sentier.

Nicolas Bellanger vint à la rencontre du « commissaire » Sharko — on continuait à l’appeler « commissaire » par habitude —, ils se saluèrent, échangèrent quelques mots sur la tempête — durant le trajet, Sharko avait pu constater les dégâts considérables —, et le capitaine entra dans le vif du sujet :

— Les secours ont emmené la victime à l’hôpital de Creil, elle était dans un triste état. Maigreur extrême, tremblements, j’en passe. D’après le médecin qui accompagnait l’ambulance, et vu l’aspect laiteux de ses yeux, elle n’avait pas vu la lumière du jour depuis un sacré bout de temps.

Sharko frottait l’extrémité de ses chaussures avec un mouchoir en papier. Il finit par abandonner.

— Je crois que ça ne sert à rien d’insister, si on doit descendre là-dessous je vais les dégueulasser, de toute façon. (Il désigna quatre hommes en tenue.) La BAC ?

— Ils vont avancer en premier pour sécuriser. On ne sait pas ce qu’il y a, sous terre.

Franck Sharko jeta un coup d’œil à la ronde. La tempête avait fait souffrir les arbres. Autour, une dizaine d’intervenants étaient répartis en petits groupes qui discutaient ou fumaient.

— La victime a parlé ?

— Non, elle est incapable de communiquer pour le moment. Elle se comportait comme une bête sauvage, il a fallu lui administrer des calmants.

Bellanger appela le lieutenant Jacques Levallois, un élément de son groupe crim, et lui demanda son appareil photo. Il lui montra les clichés.

— C’est elle.

Sharko fit défiler les quelques photos prises à la volée, alors que la femme embarquait dans l’ambulance. Un véritable squelette vivant, couvert de guenilles noires de crasse. Elle avait les traits brisés, ravagés, et ses yeux voilés de blanc ne faisaient que renforcer la terreur qui habitait son visage. Sharko songea à un vieux film d’horreur, Evil Dead, et à l’une des actrices possédée par le diable. Elle devait avoir vingt, vingt-cinq ans. Ses cheveux bruns, courts et crépus avaient poussé en pagaille.

— La priorité, c’est de l’identifier, fit Bellanger en sortant une cigarette. Elle n’avait évidemment aucun papier sur elle. On va faire les paluches, l’ADN, la proximité, les personnes disparues, tout ce qu’on peut.

— Elle est typée, ou c’est la saleté ?

— Rom, tsigane, hispano… On est dans ce style-là, on dirait. On va faire circuler ses photos dans le coin, voir s’il n’y a pas un campement de gens du voyage à proximité, on ne sait jamais.

Sharko rendit l’appareil photo, le visage sombre. Au 36, ils avaient souvent affaire à des femmes traumatisées, des victimes de viols, de coups, c’était presque leur lot quotidien. Mais cette fois, il y avait quelque chose de différent, de monstrueux que traduisaient ces iris blanchâtres. Cette femme était sortie de terre comme un revenant.

Il y eut un énorme craquement. À une dizaine de mètres, le chêne s’écrasa au sol, emportant avec lui un tas de branches et de troncs plus fins. Plusieurs coups de tronçonneuse au niveau des racines retentirent, puis, après pas mal de temps, on signala aux policiers qu’ils pouvaient descendre. Il n’était pas loin de 13 heures, le soleil brillait à son zénith, arrosant la Terre de ses rayons mortels.

Une échelle venait d’être installée dans le trou. Les policiers de la BAC s’engagèrent les premiers, lourdement armés, équipés de torches puissantes. Bellanger et ses hommes suivirent. Sharko descendit les huit barreaux avec calme et en dernier, prenant garde de salir au minimum sa veste. Pour les chaussures en revanche, c’était mort. Et s’il y avait bien quelque chose qu’il ne supportait pas, c’étaient les chaussures sales.

Les consignes données par Bellanger étaient de ne toucher à rien, afin de ne pas contaminer l’endroit de leurs empreintes ou leurs traces biologiques. La température chuta de quatre ou cinq degrés. La lumière du jour pénétrait en oblique par l’endroit où l’arbre avait été arraché, dévoilant des parois lisses et taillées par l’homme. Les flics évoluaient de toute évidence dans une carrière. D’après les gars de l’ONF, la région en était criblée, elles avaient été occupées durant la Première Guerre mondiale pour abriter les soldats français.

Derrière eux, l’endroit se terminait en cul-de-sac. Ils se figèrent devant les centaines de boîtes de conserve vides et les bouteilles d’eau utilisées, regroupées en un tas. Parmi l’amas de ferraille et de plastique, il y avait des dizaines de flacons de lait de toilette. Vides, eux aussi.

— J’ai l’impression qu’on n’est pas au bout de nos surprises, murmura Nicolas Bellanger. Veille du 15 août, cool.

— Au fait, tu ne devais pas être en congé dès ce soir ?

— Si. C’est bien pour cette raison qu’une sale affaire nous tombe dessus.

Sharko s’en faisait pour son chef. Nicolas Bellanger avait beaucoup donné dans l’année et puisait sur ses réserves pour tenir. Ils avancèrent dans l’unique direction possible, suivant un couloir rectangulaire. Le capitaine de police désigna le sol avec le faisceau de sa lampe.

— Faites attention.

Des excréments, des flaques d’urine, le long des parois. L’odeur était forte. Des tonnes d’allumettes utilisées jonchaient le sol. Au fond, les faisceaux dansaient sur la roche, des grappes de racines avaient réussi à traverser la pierre et pendaient dans le vide. Sharko imagina la fille tapie ici, dans l’obscurité, à craquer ses allumettes les unes après les autres, à longer les murs tel un animal, à hurler sans que personne l’entende. Et à ne jamais réussir à sortir de ce souterrain.

— Par ici !

Ils se précipitèrent vers la voix du collègue. La trouée de lumière était désormais à une centaine de mètres derrière eux. Ils avancèrent encore. Après une bifurcation, ils débouchèrent dans une grande salle carrée, d’environ dix mètres de côté, au plafond très haut. Sharko estima qu’ils étaient peut-être huit ou neuf mètres sous terre, et qu’ils ne se trouvaient plus sous la forêt, mais sans doute quelque part aux abords du village.

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