Stephen King - Carnets noirs

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Carnets noirs: краткое содержание, описание и аннотация

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En prenant sa retraite, John Rothstein a plongé dans le désespoir les millions de lecteurs des aventures de Jimmy Gold. Rendu fou de rage par la disparition de son héros favori, Morris Bellamy assassine le vieil écrivain pour s’emparer de sa fortune, mais surtout, de ses précieux carnets de notes. Le bonheur dans le crime ? C’est compter sans les mauvais tours du destin… et la perspicacité du détective Bill Hodges.
Après
King renoue avec un de ses thèmes de prédilection : l’obsession d’un fan. Dans ce formidable roman noir où l’on retrouve les protagonistes de
(prix Edgar 2015), il rend un superbe hommage au pouvoir de la fiction, capable de susciter chez le lecteur le meilleur… ou le pire.
STEPHEN KING
« Une déclaration d’amour à la lecture et à la littérature américaine… Merveilleux, effrayant, émouvant. » The Washington Post

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— Tout ce que tu as à faire, c’est de dire la vérité, intervient Holly. Bill ne laissera rien de mal t’arriver. » Elle saisit la main de Bill et la presse farouchement. « C’est vrai, hein ? »

Hodges répète :

« Si tu ne l’as pas tué, tu seras innocenté.

— Je l’ai pas tué ! Je vous le jure !

— Le coupable est l’autre homme. Celui aux lèvres rouges.

— Oui. Il a tué John Rothstein aussi. Il dit que Rothstein était un vendu. »

Hodges aurait un million de questions, mais c’est pas le moment.

« Écoute-moi, Pete. Très attentivement. Reste où tu es. On sera à Government Square dans quinze minutes.

— Si vous me laissez conduire, dit Jerome, on peut y être dans dix. »

Hodges ne l’écoute pas.

« Nous irons chez toi ensemble, tous les quatre. Tu nous raconteras toute l’histoire, à ta mère, à moi et à mes associés. Elle voudra peut-être appeler ton père et voir avec lui pour te trouver un avocat. Ensuite, on appellera la police. C’est le mieux que je puisse faire. »

Et mieux que ce que je devrais faire, pense-t-il, les yeux fixés sur le cadavre défiguré, se rappelant qu’il a bien failli aller en prison lui-même il y a quatre ans. Pour le même genre d’histoire, aussi : de justicier solitaire à la con. Mais bon, trente ou quarante-cinq minutes de plus peuvent pas faire grand mal. Et ce qu’a dit le garçon à propos de ses parents n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd. Hodges était au City Center ce jour-là. Et ce qu’il a vu n’était pas beau à voir.

« D-d’accord. Faites vite.

— On arrive. »

Il coupe la communication.

« Qu’est-ce qu’on fait pour nos empreintes ? demande Holly.

— On les laisse, dit Hodges. Allons chercher ce gosse. J’ai hâte d’entendre son histoire. »

Il lance la clé de la Mercedes à Jerome.

« Me’ci, missié Hodges ! glapit Tyrone Feelgood. Ce nègwe-là, c’est le meilleu’ chauffeu’ du pays ! Y va vous conduiwe où vous…

— Ferme-la, Jerome. »

Hodges et Holly ont parlé en même temps.

37

Pete respire à fond en tremblant et referme son téléphone portable. Tout tourne dans sa tête comme dans un manège de cauchemar et il est sûr d’avoir parlé comme un imbécile. Ou comme un meurtrier effrayé à l’idée d’être pris et prêt à inventer n’importe quelle histoire à dormir debout.

Il a oublié de dire à M. Hodges que Lèvres Rouges a habité dans la maison où il habite aujourd’hui, et il aurait dû le lui dire. Il pense rappeler Hodges puis se dit que c’est pas la peine, vu qu’il va arriver avec les autres dans pas longtemps.

Ce type ira pas à la maison, de toute façon, se convainc Pete. Il peut pas. Il doit rester invisible.

Mais il pourrait quand même. S’il pense que j’ai menti en disant que j’ai déplacé les carnets, il pourrait vraiment. Parce qu’il est fou. Totalement déjanté.

Il essaie encore le portable de Tina, et n’obtient rien que son message d’accueil : « Salut, c’est Teenie, désolée chuis pas là, laissez-moi un message. » Biiip .

Bon, d’accord.

Alors maman.

Mais avant qu’il puisse l’appeler, il voit arriver un bus et lit sa destination : NORTH SIDE, comme un cadeau du ciel. Pete décide brusquement qu’il ne va pas rester assis là à attendre M. Hodges. Le bus l’emmènera là-bas plus vite et il veut rentrer à la maison tout de suite . Il rappellera M. Hodges une fois dans le bus, et lui demandera de le rejoindre chez lui, mais d’abord il va appeler sa mère pour lui dire de verrouiller toutes les portes.

Le bus est pratiquement vide mais Pete s’en va quand même dans le fond. Et il n’a pas besoin d’appeler sa mère, après tout : son téléphone sonne dans sa main au moment où il s’assoit. M’MAN s’affiche à l’écran. Il respire un grand coup et appuie sur ACCEPTER. Elle commence à parler avant même qu’il ait dit allô.

« Où es-tu, Peter ? » Peter , pas Pete. Mauvais signe. « Je t’attends à la maison depuis une heure.

— J’arrive, dit-il. Je suis dans le bus.

— Ne me mens pas, tu veux ? Le bus est arrivé et reparti. Je l’ai vu.

— Non, pas le bus scolaire, le bus de la ville. Du North Side. J’avais… » Quoi ? Une course à faire ? C’est tellement absurde qu’il a envie de rire. Sauf qu’y a pas de quoi rire. Loin de là. « J’avais quelque chose à faire avant. Tina est là ? Elle est pas allée chez Ellen ou un truc comme ça ?

— Elle est dans le jardin, elle lit son livre. »

Le bus dépasse des travaux sur la voirie, il roule avec une lenteur exaspérante.

« Maman, écoute-moi. Tu…

— Non, toi tu vas m’écouter. C’est toi qui envoyais l’argent ? »

Il ferme les yeux.

« Alors ? J’attends. Un simple oui suffira. Nous pourrons approfondir les détails plus tard. »

Les yeux toujours fermés, il dit :

« Oui. C’était moi. Mais…

— D’où venait cet argent ?

— C’est une longue histoire, et c’est pas le problème maintenant. C’est pas l’argent le problème. Y a un type…

— Qu’est-ce que ça veut dire , c’est pas le problème ? Y en a eu pour plus de vingt mille dollars ! »

Il réprime une envie de dire : Tu viens juste de t’en rendre compte ?

Le bus continue de se traîner comme un escargot à travers le chantier. De la sueur dégouline sur le visage de Pete. Il voit clairement la tache de sang sur son genou, brun sombre maintenant et plus rouge, mais quand même aussi voyante que le nez au milieu de la figure. Coupable ! hurle-t-elle. Coupable, coupable !

« Maman, je t’en prie, tais-toi et écoute-moi. »

Silence choqué au bout du fil. Il a plus dit à sa mère de se taire depuis l’époque de ses colères de bébé.

« Y a un type, il est dangereux. » Il pourrait lui préciser l’étendue du danger, mais il veut juste la mettre en alerte, pas dans tous ses états. « Je crois pas qu’il va venir à la maison, mais il pourrait. Tu devrais faire rentrer Tina et fermer toutes les portes à clé. Le temps que j’arrive. Et d’autres personnes aussi. Des gens qui vont nous aider. »

Du moins, j’espère, pense-t-il.

Mon Dieu, oui, j’espère.

38

Morris Bellamy tourne dans Sycamore Street. Il a conscience que sa vie est rapidement en train de se rétrécir à la dimension d’un point. Tout ce qu’il a, c’est quelques centaines de dollars volés, une voiture volée, et le désir de mettre la main sur les carnets de Rothstein. Ah, il a autre chose aussi : une cachette temporaire où il peut se réfugier, pour lire et découvrir ce qui est arrivé à Jimmy Gold après que cette campagne de pub pour le Duzzy-Doo l’a propulsé au sommet de leur tas de fumier, les mains pleines de Billets d’Or. Morris se rend bien compte que c’est un objectif complètement fou, ce qui doit signifier qu’il est lui-même un individu complètement fou, mais c’est tout ce qu’il a, et ça lui suffit.

Voici son ancienne maison, qui est maintenant la maison du voleur de carnets. Avec une petite voiture rouge dans l’allée.

« La folie c’est que des conneries, dit tout haut Morris Bellamy. La folie c’est que des conneries. TOUT est des conneries. »

Devise inoubliable.

39

« Bill, dit Jerome. Je suis navré de le dire mais j’ai l’impression que notre oiseau s’est envolé. »

Hodges sort de ses pensées et lève les yeux pendant que Jerome traverse Government Square. Il y a pas mal de monde assis sur les bancs — à lire le journal, à bavarder en buvant un café, à nourrir les pigeons —, mais il n’y a aucun adolescent de l’un ou l’autre sexe.

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