Pierre Lemaitre - Cadres noirs

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Cadres noirs: краткое содержание, описание и аннотация

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Alain Delambre est un cadre de cinquante-sept ans anéanti par quatre années de chômage sans espoir.
Ancien DRH, il accepte des petits jobs démoralisants. À son sentiment de faillite personnelle s’ajoute bientôt l’humiliation de se faire botter le cul pour cinq cents euros par mois…
Aussi quand un employeur, divine surprise, accepte enfin d’étudier sa candidature, Alain Delambre est prêt à tout, à emprunter de l’argent, à se disqualifier aux yeux de sa femme, de ses filles et même à participer à l’ultime épreuve de recrutement : un jeu de rôle sous la forme d’une prise d’otages.
Alain Delambre s’engage corps et âme dans cette lutte pour regagner sa dignité.
S’il se rendait soudain compte que les dés sont pipés, sa fureur serait sans limite.
Et le jeu de rôle pourrait alors tourner au jeu de massacre.

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La maison d’arrêt porte bien son nom. Ici, hormis les trafics en tous genres, toute la vie s’arrête, ou à peu près. La seule chose qui continue d’évoluer, ce sont les effectifs : on devrait être quatre cents détenus, on est sept cents. Et si on prend les chiffres exacts, ça fait même pas loin de 3,8 prisonniers par cellule. Autant dire qu’il faut un miracle pour ne pas vivre à quatre dans une cellule de deux. Les débuts ont été difficiles : en huit semaines, j’ai changé onze fois de cellule ou de compagnons. On n’imagine pas qu’une population aussi sédentaire puisse être aussi instable. J’ai eu de tout dans ma cellule, des violents, des dingues, des déprimés, des fatalistes, des braqueurs, des drogués, des suicidaires, des drogués-suicidaires… C’est comme si la prison me proposait la bande-annonce.

Ici l’atmosphère est assez industrieuse. Tout s’achète, se vend, se troque, s’échange et s’évalue. La prison, c’est la bourse permanente des valeurs élémentaires. Mon groin de cochon m’a été de bon conseil : après, je n’ai plus rien gardé à moi et j’ai réduit ma garde-robe à deux ensembles extrêmement moches que je porte en alternance une semaine sur deux. Je fais profil bas.

C’est Charles qui me conseille.

En dehors des filles, je veux dire de Nicole et Lucie, c’est le premier à avoir pris contact avec moi. Charles reçoit mes lettres en trois jours maximum, mais quand c’est lui qui m’écrit, il faut plus de quinze jours pour que ça m’arrive parce que mon courrier passe par le bureau du juge, qui filtre et qui laisse passer quand il a le temps. Je vois bien mon Charles dans sa voiture, son bloc posé sur le volant. J’imagine sans peine son haleine dans l’effort. Ça doit être spectaculaire. Dans sa première lettre, il m’écrit : « Si tu me réponds mais te sens pas obligé dis-moi si Morisset est toujours là Georges Morisset c’est un mec bien je le connais de l’époque où j’ai été à ta place. »

Lire la littérature de Charles, c’est un peu comme suivre sa conversation. Il ne met pas de ponctuation, tout au kilomètre, au fil de la pensée.

Un peu plus loin : « Je vais venir te voir bientôt c’est pas que je ne peux pas on peut toujours quand on veut mais ça me rappelle des moments pénibles je préfère pas mais comme j’ai aussi envie de te voir je vais venir quand même. » L’avantage de sa prose, c’est qu’on suit bien l’évolution de sa réflexion.

Le Georges Morisset dont il me parle est un des surveillants dont la réputation est la meilleure. Il a gravi tous les échelons de la pénitentiaire, un par un. J’ai expliqué à Charles qu’il est maintenant major et dans sa dernière lettre il m’écrit : « Morisset major ça ne m’étonne pas parce que c’est un bosseur il en veut et il en a les moyens tu vas voir il ne va pas en rester là je serais pas surpris qu’il passe le concours de lieutenant tu vas voir. »

Il y a encore quelques lignes admiratives. Charles est littéralement extasié devant l’ascension obstinée du major Morisset. Il a fallu que je vienne en prison pour apprendre que mon meilleur, en fait mon seul copain y est déjà allé deux fois. Et c’est ici qu’il a d’abord été incarcéré. Je n’ai évidemment pas demandé à Charles ce qu’il avait fait. Ça n’est pourtant pas l’envie qui me manquait.

Dans son courrier, Charles m’écrit aussi : « Comme je connais un peu les lieux peut-être que je peux t’aider à comprendre comment ça marche parce qu’au début forcément on est un peu paumé et ça arrive qu’on se fasse péter la gueule dès qu’on arrive alors que quand on sait des fois on peut arriver à éviter les problèmes les plus emmerdants. »

La proposition ne tombait pas mal parce qu’on venait juste de me poser deux points de suture supplémentaires à l’arcade sourcilière gauche, à la suite d’un petit différend à caractère sexuel dans les douches avec un bodybuilder un peu primaire que mon âge n’avait pas découragé. Charles est devenu mon mentor et je suis ses conseils à la lettre, c’est le cas de le dire.

Le conseil sur les vêtements, c’est lui, ainsi qu’un tas d’autres petits trucs qui permettent de garder l’essentiel de son plateau-repas, de ne pas s’aventurer par mégarde dans les « zones réservées » des différents clans dont l’étendue et l’emplacement varient selon des règles coutumières assez mystérieuses, de ne pas se faire piquer aussitôt ce qu’on achète ou de ne pas se faire trop rapidement virer de sa couchette par les nouveaux entrants.

Charles m’a aussi expliqué que le plus grand risque, du fait que je me suis fait casser la gueule deux fois de suite, c’est d’être perçu comme un souffre-douleur, le type à qui on peut démonter le portrait.

« Il va falloir enrayer ça et renverser la vapeur et là il y a deux solutions la première c’est de casser la gueule au plus costaud de la section et si ça ne marche pas ou que tu ne peux pas le faire et sans offense je pense que ça sera ton cas il faudra trouver une protection quelqu’un qui te fasse respecter. »

Il a raison, Charles. Ce sont des stratégies de chimpanzé, mais c’est la prison qui conduit à ça. Je vis avec cette idée en tête et je me suis mis à reluquer les gros bras en me demandant de quelle manière je pourrais obtenir la protection de l’un d’eux.

J’ai d’abord jeté mon dévolu sur Bébétâ. C’est un Black d’une trentaine d’années qui a dû être lobotomisé très jeune et qui, depuis, ne fonctionne plus que sur le mode binaire. Quand il soulève de la fonte, il ne connaît que deux ordres : lever/reposer, quand il mange : mâcher/avaler, quand il marche : pied droit/pied gauche, etc. Il est en attente de jugement pour avoir tué un maquereau roumain à coups de poing (lancer le poing/ramener le poing). Il mesure près de deux mètres et si on enlève les os, il doit rester plus de cent trente kilos de muscle. Les relations avec lui sont basées sur des principes assez proches de l’éthologie. J’ai effectué une première approche mais, rien que pour mémoriser mon visage, il va lui falloir plusieurs semaines. Qu’il retienne un jour mon nom, je n’espère même pas. Les premiers contacts se sont bien passés. J’ai réussi à créer un premier réflexe conditionné : il sourit quand il me voit approcher. Mais ça va être long, très long.

Ce que m’a dit Charles du major Morisset était resté en stand-by quelque part dans ma tête, je ne savais pas pourquoi. Dans la journée, je me surprenais à penser à lui ou à l’observer quand il passait près de ma cellule ou dans la cour à l’heure de la promenade. C’est un homme de cinquante ans, rondouillard mais costaud, on sent qu’il est dans la pénitentiaire depuis longtemps et que si ça doit arriver, l’affrontement ne lui fait pas peur. Il détaille tout d’un œil très exercé. Je l’ai vu interpeller Bébétâ qui doit peser le triple de son poids. Bien sûr, il représente l’autorité, mais il y avait, dans sa façon de lui parler, de lui expliquer ce qui ne lui plaisait pas, quelque chose qui m’intriguait. Même Bébétâ a saisi que cet homme incarnait l’autorité. C’est là que j’ai eu l’idée.

J’ai foncé à la bibliothèque, j’ai cherché le programme du concours de lieutenant de la pénitentiaire. J’ai vérifié que mon intuition ne m’avait pas trompé et que j’avais une petite chance de réussir.

— Alors, major, ce concours…? Pas facile, à ce que j’ai entendu dire.

La promenade. Le lendemain. Il fait beau, les détenus sont calmes, le major n’est pas le genre à jouer avec son bâton. Il fume des cigarettes blondes avec une attention infinie, comme si chacune coûtait quatre fois son salaire annuel. Il tient sa cigarette entre le pouce et l’index et la couve avec une dévotion de jeune mère, c’est assez étonnant.

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