Pierre Lemaitre - Cadres noirs

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Cadres noirs: краткое содержание, описание и аннотация

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Alain Delambre est un cadre de cinquante-sept ans anéanti par quatre années de chômage sans espoir.
Ancien DRH, il accepte des petits jobs démoralisants. À son sentiment de faillite personnelle s’ajoute bientôt l’humiliation de se faire botter le cul pour cinq cents euros par mois…
Aussi quand un employeur, divine surprise, accepte enfin d’étudier sa candidature, Alain Delambre est prêt à tout, à emprunter de l’argent, à se disqualifier aux yeux de sa femme, de ses filles et même à participer à l’ultime épreuve de recrutement : un jeu de rôle sous la forme d’une prise d’otages.
Alain Delambre s’engage corps et âme dans cette lutte pour regagner sa dignité.
S’il se rendait soudain compte que les dés sont pipés, sa fureur serait sans limite.
Et le jeu de rôle pourrait alors tourner au jeu de massacre.

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C’est drôle parfois la manière dont ça s’enchaîne.

Il était 10 heures du matin. Je revoyais les agents du Raid emportant M. Delambre.

Dès qu’ils l’ont ceinturé, dans la salle d’interrogatoire, ils l’ont enfermé dans une sorte de camisole de force en tissu noir. C’est un système que je ne connaissais pas. Le capitaine Prungnaud m’a expliqué que c’était très pratique. Bref, M. Delambre était emmailloté là-dedans et porté comme dans une sorte de hamac. Il était sur le dos. Les flics du Raid le tenaient suspendu par quatre courroies, ce qui balançait son corps au rythme de leur course énergique pour gagner le véhicule où ils allaient l’installer pour le transporter. On ne voyait que son visage. Il est passé à quelques mètres des trois femmes, qui se mirent à pleurer en le voyant dans cette position. Sa femme a esquissé vers lui un geste inutile. Son passage devant nous n’a duré qu’une seconde tellement les flics du Raid couraient vite.

Voilà ce qui continue de m’intriguer depuis la fin de cette histoire.

C’est son regard.

C’est ça qui restait en suspension dans mon esprit depuis toutes ces semaines. Ce visage presque impassible. Rien de notable pour quiconque. C’était même compréhensible qu’après toute cette aventure, M. Delambre présente enfin un visage ainsi reposé, soulagé.

Mais c’est la façon dont il m’a regardé quand il est passé devant moi. Ça a duré une fraction de seconde. Ce n’était pas le perdant, le vaincu auquel je m’attendais.

Il a soutenu mon regard très clairement.

C’était un regard de vainqueur.

Et en dessous, on aurait juré une sorte de sourire.

L’image est ténue mais elle est là.

M. Delambre a quitté la scène avec la satisfaction de la victoire et un sourire infinitésimal qui ressemblait… à un clin d’œil.

C’est dingue…

Je me repasse le film.

Maintenant que j’ai mis le doigt sur le bon souvenir, je revois nettement son visage. Ce sourire, ce n’est pas l’ultime revanche du perdant.

C’est le sourire d’un gagnant.

L’image est là.

Flash-back, je repasse le film à l’envers. Le Raid débarque en lançant des fumigènes. Avant, les otages se pressent pour passer par la fenêtre. Avant encore, M. Delambre dit : « C’est fini. »

Merde.

M. Delambre est seul dans la salle où il attend qu’on vienne l’arrêter. L’équipe du Raid l’a trouvé prostré au pied d’un bureau, la tête enfoncée entre les genoux, les mains sur la nuque.

C’est pour ça que je souligne la coïncidence. Parce que c’est exactement au moment où j’ai compris ça que le téléphone a sonné.

C’était M. Dorfmann, le patron d’Exxyal-Europe.

Je n’avais encore jamais parlé au téléphone avec lui. Il était le client final. Mon unique interlocuteur était mon patron, c’est-à-dire M. Lacoste. C’est d’ailleurs ce que j’ai tenté de lui dire.

— Il n’y a plus de Lacoste.

Le ton était direct. Comme vous l’avez sans doute remarqué, M. Dorfmann n’est pas très habitué à la contradiction.

— Monsieur Fontana, accepteriez-vous une nouvelle mission dans la logique de celle qui vous a été confiée ?

— Sur le principe, oui. C’est une question de…

— L’argent n’est pas un problème ! m’a-t-il coupé avec agacement.

Après un temps, M. Dorfmann a simplement complété :

— Voyez-vous, monsieur Fontana, nous avons… un très gros problème.

Du coup, comme je venais juste de le comprendre moi-même, j’ai répondu très tranquillement :

— Ça ne m’étonne pas du tout. Sauf votre respect, monsieur, j’ai bien l’impression qu’on s’est fait baiser. Et dans les grandes largeurs.

Silence.

Puis :

— On peut dire ça comme ça, en effet, a conclu M. Dorfmann.

APRÈS

33

Pour trouver un job, je croyais que j’étais prêt à tout, mais c’était sans penser à la prison.

J’ai tout de suite vu que je n’avais aucune des qualités génétiques nécessaires pour survivre dans un pareil endroit. Dans la généalogie darwinienne de l’adaptation au milieu carcéral, je suis tout en bas de l’échelle. Il y en a d’autres comme moi, qui ont atterri ici par hasard, par accident ou par connerie (moi, c’est les trois) et qui se débattent dans l’anxiété la plus complète. C’est comme s’ils se baladaient avec un panneau indiquant : « Proie idéale : servez-vous ! » C’est parmi ces victimes du « choc carcéral » qu’on recrute les premiers suicidés.

Il suffit de faire un pas hors de sa cellule pour comprendre à quelle strate sociale on appartient : moi, je fais partie du groupe de ceux qui prennent immédiatement un coup de poing dans la gueule et qui se font piquer tout ce que l’administration ne leur a pas déjà pris. Je n’ai même pas eu le temps de voir venir le type : je me suis retrouvé par terre, le nez explosé. Il s’est penché sur moi, il a pris ma montre, mon alliance, il est ensuite rentré dans ma cellule et il a raflé tout ce qui l’intéressait. En me relevant, je me suis dit qu’en fait ma dernière conversation avec Mehmet avait très bien préfiguré ma nouvelle vie, mais avec deux différences notables : d’abord, la victoire avait changé de camp, ensuite le nombre de Mehmet potentiels était vraiment très élevé pour un seul homme. Le combat ne commençait pas à mon avantage. Tous les autres me regardaient, les bras croisés. L’humiliant, ça n’était pas seulement d’en prendre plein la gueule comme ça, dès le premier pas ; d’une certaine façon, c’est ce qui m’arrive en permanence depuis mon premier jour de chômage. Non, l’humiliant, c’était d’être victime d’un événement prévisible pour tout le monde, sauf pour moi. Le gars qui a pillé tout ce que j’ai a simplement été le plus rapide de tous ceux qui m’attendaient. Il m’a fait comprendre en quelques instants que ce lieu est un zoo, que désormais tout va être un combat.

Depuis que je suis ici, j’ai vu arriver une trentaine de nouveaux prisonniers, les seuls qui savent y échapper sont les récidivistes. Être un débutant à mon âge ne m’a pas consolé. Je remarque d’ailleurs qu’ensuite, j’ai fait comme les autres : j’ai croisé les bras en assistant au spectacle.

Nicole est venue me voir dès le début de mon incarcération. Mon nez ressemblait à un groin de cochon. Nous faisions assez « couple paradoxal », parce que Nicole au contraire s’était faite jolie comme un cœur, elle s’était bien maquillée, elle avait mis la robe imprimée qui se croise devant et que j’adore parce que je tirais toujours sur la petite cordelette… bref, elle voulait me montrer de la confiance, du désir, elle voulait me faire du bien, dispenser un calme que les circonstances démentaient complètement mais qu’elle estimait nécessaire pour entamer la période qui s’ouvrait. Quand elle a vu ma tête, elle a fait comme si tout était normal. Et elle avait du mérite parce que l’infirmier, qui n’est pas un délicat, venait juste de renouveler mes pansements. L’hémorragie avait aussitôt repris, j’avais un gros tampon de coton dans chaque narine, je devais respirer par la bouche et la cicatrice qui courait sous les deux points de suture était encore recouverte de sang coagulé. J’avais aussi un peu de mal à ouvrir l’œil droit, la paupière avait triplé de volume. La pommade cicatrisante était d’un jaune pisseux et elle brillait sous les néons.

Donc, Nicole s’assoit en face de moi, elle me sourit. Elle ravale instantanément la question « Comment vas-tu ? » et commence à me parler des filles en fixant un point imaginaire quelque part au milieu de mon front, elle parle de la maison, de détails quotidiens, et au bout de quelques minutes, les larmes se mettent à ruisseler silencieusement le long de ses joues. Elle continue de parler comme si elle ne s’en rendait pas compte. Enfin les mots s’étranglent dans sa gorge, et comme elle pense qu’elle se montre faible alors que j’ai besoin de sa force, elle dit : « Pardon », simplement, comme ça, « pardon » et elle baisse la tête, anéantie par l’ampleur de la catastrophe. Elle se décide à sortir un mouchoir de son sac, dans lequel elle fourrage interminablement. Nous avons tous les deux baissé la tête, vaincus.

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