Pierre Lemaitre - Cadres noirs

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Alain Delambre est un cadre de cinquante-sept ans anéanti par quatre années de chômage sans espoir.
Ancien DRH, il accepte des petits jobs démoralisants. À son sentiment de faillite personnelle s’ajoute bientôt l’humiliation de se faire botter le cul pour cinq cents euros par mois…
Aussi quand un employeur, divine surprise, accepte enfin d’étudier sa candidature, Alain Delambre est prêt à tout, à emprunter de l’argent, à se disqualifier aux yeux de sa femme, de ses filles et même à participer à l’ultime épreuve de recrutement : un jeu de rôle sous la forme d’une prise d’otages.
Alain Delambre s’engage corps et âme dans cette lutte pour regagner sa dignité.
S’il se rendait soudain compte que les dés sont pipés, sa fureur serait sans limite.
Et le jeu de rôle pourrait alors tourner au jeu de massacre.

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— Et concrètement ? me demande Lucie après mon exposé passablement embarrassé.

— Concrètement, ta mère n’a rien voulu entendre et ta sœur n’a rien voulu comprendre.

Elle sourit.

— Et moi, je suis où là-dedans ?

— Il y a de la place dans mon camp, si tu veux.

— C’est pas une bataille rangée, papa !

— Non, mais c’est une bataille quand même, et pour l’instant je la mène tout seul.

Il faut donc expliquer. Et mentir à nouveau.

En répétant ce que j’ai dit à Nicole, je vois jusqu’à quelle hauteur j’ai dû empiler les mensonges. Je tiens l’ensemble en équilibre instable. Au moindre accroc, tout va s’écrouler, et moi avec. L’annonce, les tests, le pot-de-vin… C’est là que ça coince. Lucie, avec plus de lucidité que sa mère, ne croit pas une seconde à mon truc.

— Un cabinet de recrutement qui a pignon sur rue s’amuse à faire une connerie pareille pour quelques milliers d’euros ? C’est étonnant, quand même…

Il faudrait être aveugle pour ne pas saisir son scepticisme.

— Ça n’est pas tout le cabinet. Le type fait ça en solo.

— C’est quand même risqué. Il ne tient pas à son boulot ?

— Je n’en sais rien, mais moi, une fois que j’ai mon contrat, il peut bien aller en taule, je m’en fous.

Le temps que le serveur arrive avec les cafés, il y a quelques secondes de silence et ensuite la conversation a du mal à reprendre. Je sais pourquoi. Lucie aussi. Elle ne croit pas un mot de ce que je lui raconte. Sa manière de me le dire : elle boit son café et pose les deux mains sur la table.

— Je vais devoir y aller…

C’est un signe indubitable de renoncement. Elle pourrait gratter là où ça fait mal, mais elle ne le fait pas. Elle trouvera toujours quelques banalités à dire à sa sœur et à sa mère, elle arrivera à se débrouiller. Selon elle, je me suis fichu dans une affaire tordue et elle n’est pas du tout pressée de connaître les détails. Lucie fuit.

Nous faisons quelques pas ensemble. Elle se tourne enfin vers moi :

— Bon, allez, j’espère que tout va se passer comme tu veux. Si tu as besoin de moi…

Et dans sa façon de serrer mon bras et de m’embrasser, il y a tellement de tristesse.

Après quoi, ce dernier week-end ressemble à une veillée d’armes.

Demain, dans la bataille, pense à moi .

Sauf que je suis absolument seul. Nicole ne me manque pas seulement parce que je suis seul, mais parce que ma vie sans elle n’a pas de sens. Je ne sais pas pourquoi il n’a pas été possible de lui expliquer cette affaire, comment les événements se sont ainsi noués. Ça ne nous est jamais arrivé. Pourquoi Nicole n’a-t-elle rien voulu entendre ? Pourquoi n’a-t-elle pas cru en mes chances de réussite ? Si Nicole ne croit plus en moi, je meurs deux fois.

Et il va falloir tenir quelques jours encore.

Jusqu’à jeudi.

Le lendemain, je repasse mes fiches, je refais les comptes de ce que j’ai dépensé, un vertige me saisit à l’idée de ce qui va se passer si je manque mon coup. Je détaille les photos des otages, leurs itinéraires. Pour conserver ma concentration, je vais marcher. J’ai emporté toutes mes fiches, le Que sais-je ? sur l’industrie pétrolière et le document du Raid dont Kaminski m’a fait une photocopie.

Et lorsque je rentre, j’ai trois messages de Lucie. Deux sur mon portable, que j’avais laissé à la maison, un autre sur le téléphone fixe. Après notre repas raté d’hier soir, elle aimerait avoir des nouvelles. Elle s’inquiète un peu, elle ne dit pas pourquoi. Je n’ai pas envie de rappeler, je ne dois pas me disperser. Dans quatre jours, quand je vais avoir gagné mon ticket de retour dans le match, je pourrai leur dire à quel point il a été difficile de tenir sans elles.

21

L’agence Mestach m’a appelé hier soir pour me dire que les compléments d’enquête sont à ma disposition. Comme je lui dois encore la moitié de ses honoraires, il ne manque pas de me rappeler que ses enquêteurs ont travaillé dans des délais très courts et qu’il est miraculeux qu’ils aient obtenu autant de résultats, vieille technique de valorisation de la marchandise dont je ne suis pas dupe.

Mestach recompte l’argent avant de me tendre une enveloppe de grand format. Il pense me raccompagner à la sortie, mais je m’installe dans le fauteuil du petit corridor qui précède son bureau.

Il comprend que si je n’en ai pas pour mon argent, nous allons nous revoir très vite.

C’est l’argent de ma fille, je n’ai pas l’intention de le céder contre rien.

Et honnêtement, vu les délais, c’est bien. À certains égards, c’est même très bien. Je ne veux pas le montrer. Aussi, dès que j’ai pris connaissance des premiers résultats, je quitte discrètement l’immeuble. Je pense que nous n’aurons pas l’occasion de nous revoir.

À la maison, je fais le vide sur mon bureau et j’aligne les éléments.

Jean-Marc Guéneau. Quarante-cinq ans.

Il pourrait être né au XIX e siècle. Chez lui, on se marie entre familles catholiques depuis des générations. Là-dedans, on trouve des généraux, des curés, des professeurs et énormément de femmes au foyer transformées en poules pondeuses. L’arbre généalogique est efflorescent comme un buisson tropical. Tout ce petit monde, frileux comme toutes les bourgeoisies, s’enrichit prudemment avec la rente foncière depuis les débuts de la révolution industrielle pour laquelle elle n’a que du mépris parce que ça sent la classe ouvrière. Évidemment, comme c’était à prévoir, les dernières générations sont ouvertement fondamentalistes. Ça habite le XVI e, le VII e, le VIII e, Neuilly, rien que du classique. Mon Guéneau à moi se marie à vingt et un ans et fait des mômes tous les dix-huit mois pendant plus de dix ans. Il s’arrête à sept. Madame doit prendre sa température à heures constantes en faisant le signe de croix et lui doit quand même sauter en marche parce qu’on n’est jamais trop prudent. Alors forcément, mon Guéneau a besoin d’air, et d’air vicié de préférence. J’ai deux photos de lui, la première est prise à 19 h 30, il entre dans un backroom de la rue Saint-Maur. Sur la seconde, il est 20 h 45, il en sort. Ça doit le mettre chez lui vers 21 h 15. Pour aller à sa « salle de gym », il emporte un sac de sport.

J’ai eu de la chance. Sa carte bleue montre qu’il passe ses deux heures hebdomadaires rue Saint-Maur, de préférence le jeudi. Il doit avoir des copains parmi les habitués. Ça me fait marrer. Celui-là, je le tiens : il est mort.

Paul Cousin, cinquante-deux ans, est bien plus passionnant, parce que moins classique.

À mon avis, avec un passé comme le sien, ce type est imprenable, il ne me permettra pas de me démarquer de la concurrence. Il va falloir me débrouiller pour que son interrogatoire échoie à l’un de mes concurrents. C’est l’objectif.

Sur les photos, il a un physique à faire peur : un crâne d’un volume incroyable avec des yeux qui sortent des orbites. Il va travailler tous les jours chez Exxyal, il a une place de parking à son nom dans le sous-sol de l’entreprise, il est chargé de missions techniques, il voyage, rend des rapports, participe à des réunions, visite des installations, et pourtant, il émarge depuis plus de quatre ans à l’APEC et… touche le chômage. Je détaille ses états de service et, aidé par la note d’accompagnement qui donne des éléments tangibles, des dates et quelques faits, je parviens à recomposer son étrange itinéraire.

Paul Cousin travaille depuis vingt-deux ans pour Exxyal lorsqu’il est viré, il y a quatre ans, à l’occasion d’une compression de personnel dans le département où il a été affecté quelques mois plus tôt. À ce moment, il a quarante-huit ans. Que s’est-il passé dans sa tête : blocage indépassable ou stratégie désespérée ? Il décide de continuer à venir travailler, comme si de rien n’était. Sa hiérarchie le convoque, l’affaire monte à la direction, qui prend une décision en sa faveur : s’il veut venir travailler, pas de problème. Il ne touche pas de salaire, il travaille, se montre productif, mais je ne peux pas dire autrement : depuis quatre ans, c’est un bénévole !

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