Pierre Lemaitre - Cadres noirs

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Alain Delambre est un cadre de cinquante-sept ans anéanti par quatre années de chômage sans espoir.
Ancien DRH, il accepte des petits jobs démoralisants. À son sentiment de faillite personnelle s’ajoute bientôt l’humiliation de se faire botter le cul pour cinq cents euros par mois…
Aussi quand un employeur, divine surprise, accepte enfin d’étudier sa candidature, Alain Delambre est prêt à tout, à emprunter de l’argent, à se disqualifier aux yeux de sa femme, de ses filles et même à participer à l’ultime épreuve de recrutement : un jeu de rôle sous la forme d’une prise d’otages.
Alain Delambre s’engage corps et âme dans cette lutte pour regagner sa dignité.
S’il se rendait soudain compte que les dés sont pipés, sa fureur serait sans limite.
Et le jeu de rôle pourrait alors tourner au jeu de massacre.

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On ne parle guère, Charles et moi. On se regarde, on se sourit. Pour autant, il n’y a pas de gêne entre nous. C’est un instant serein. Nous sommes comme deux vieux potes installés dans un rocking-chair, sur la terrasse, après un repas de famille. Je laisse mon esprit flotter et il se connecte sur Albert Kaminski. Je regarde Charles. De qui je me rapproche le plus ? Ce n’est pas de Charles. Il sirote son whisky, le regard perdu dans le pare-brise, entre les immenses pare-chocs et, au-delà, sur son quartier tranquille. Charles, il a seulement un profil de victime. Kaminski et moi, nous sommes dans les accidents majeurs, nous pourrions terminer meurtriers tous les deux. C’est une logique possible, parce que nous sommes dans la radicalité. Avec son abandon de tout espoir, Charles est peut-être le plus sage de nous trois.

Au second whisky, l’ombre de Romain vient me visiter, avec le cortège des emmerdements qui m’attendent. Je comprends que j’ai pris ma décision. Je ne réclamerai pas le témoignage de Charles. Je dis :

— Je vais me débrouiller tout seul, je crois.

Évidemment, de but en blanc, comme ça, il n’est pas certain que Charles saisisse clairement de quoi je veux parler. Il observe le fond de son verre, rêveur, puis il grommelle quelques mots qui pourraient ressembler à un assentiment, mais ça n’est pas certain. Puis il opine et secoue la tête, l’air de dire que c’est mieux comme ça, qu’il comprend. Je me tourne vers la file de voitures, le bitume luisant sous les taches jaunes des réverbères, l’ombre du mur de l’usine qui ressemble à un mur de prison. Je suis à la veille de la Grande Épreuve, dans laquelle j’ai engagé toutes mes forces et même au-delà. Je goûte cet instant de sérénité comme si je pouvais mourir demain.

— Ça fait drôle quand on y pense…

Charles dit que oui, ça fait drôle. C’est maintenant, avec l’aide du whisky, que je me pose la question : pourquoi je suis ici ? J’ai bien peur d’être venu chercher des forces : si je rate mon coup, voilà peut-être ce qui m’attend, une voiture sur cales dans une banlieue déserte. Ça n’est pas gentil pour Charles.

— Ça n’est pas très sympa de ma part…

Sans hésiter, Charles pose sa main sur mon genou et dit :

— T’en fais pas.

Quand même, ça me gêne. Je cherche une transition.

— Et t’as la radio ?

— Bah tu parles ! dit Charles.

Il tend le bras et tourne le bouton : « … dont le P-DG a perçu une indemnité de départ de 3,2 millions d’euros. »

Charles éteint.

— Ça marche bien, hein ? dit-il avec admiration.

Je ne sais pas s’il me parle de l’information ou s’il est seulement content de me montrer qu’il a le confort. Nous restons là une bonne heure.

Puis je me dis qu’il va falloir rentrer. J’ai des révisions, je dois rester concentré.

Je n’ai rien dit, pourtant Charles me montre la bouteille :

— Un petit dernier pour la route ?

Je fais mine de réfléchir. En fait, je réfléchis. Ça n’est pas raisonnable. Je dis que non, que ça n’est pas raisonnable.

Et quelques longues minutes s’écoulent de nouveau, sereines et douces. Calmes. Ça me donne envie de pleurer. Charles repose sa main et tapote mon genou. Je me concentre sur le fond de mon verre. Vide.

— Allez, c’est l’heure des braves…

Je me retourne pour attraper la poignée de la portière.

— Je te raccompagne, dit Charles en ouvrant de son côté.

On se serre la main à l’arrière de la voiture.

Sans un mot.

En marchant vers le métro, je me demande si Charles n’est pas devenu mon seul ami.

20

Cinq jours encore jusqu’à jeudi et je serai au pied du mur. Ce compte à rebours est rassurant et effrayant. Pour l’heure, je veux me rassurer.

Malgré la demi-bouteille d’Islay sifflée dans la soirée, je suis sur le pied de guerre aux aurores. En avalant un café, je constate que mes fiches de révision commencent à bien rentrer. Lundi ou mardi, je devrais recevoir les compléments d’enquête, il me restera un jour ou deux pour construire une stratégie. Pourvu qu’il y ait du grain à moudre.

Depuis le départ de Nicole, l’appartement est très triste.

Mathilde a cessé de m’injurier par répondeur interposé. Elle doit avoir bien du mal à retenir son mari de ne pas porter plainte tout de suite contre moi. Ou peut-être l’a-t-il fait.

Kaminski, toujours tiré à quatre épingles, arrive à l’heure convenue, à la seconde près. Au programme, la lecture et l’analyse de plusieurs documents servant à la formation des agents du Raid, les aspects psychologiques de la prise d’otages et les interrogatoires.

Il dresse d’abord la liste détaillée de toutes les manœuvres auxquelles vont se livrer les otages — pourvu qu’ils soient retenus suffisamment longtemps — et les précautions que devrait normalement prendre le commando. Ça me permet de mieux apprendre les différents stades psychologiques par lesquels passent les victimes et donc de saisir à quels moments elles seront le plus fragiles.

En fin de matinée, nous faisons une synthèse de notre travail et l’après-midi est entièrement consacré aux interrogatoires. Mon expérience du management m’a déjà bien préparé aux techniques de manipulation. L’interrogatoire d’otages, ce n’est jamais qu’un entretien d’embauche, multiplié par un entretien annuel d’évaluation et porté au carré par la présence des armes. La principale différence est qu’en entreprise les cadres vivent dans une peur larvée, alors que dans la prise d’otages, les victimes risquent ouvertement leur vie. Quoique. En entreprise aussi. Finalement, la seule véritable différence, c’est la nature des armes et le délai d’incubation.

Et le soir, comme convenu, je dîne avec Lucie.

C’est elle qui m’invite, elle a choisi le restaurant. Tôt ou tard, en vieillissant, nous devenons les enfants de nos enfants, ce sont eux qui nous prennent en charge. Mais comme je ne veux pas croire que c’est déjà arrivé, j’impose un changement de restaurant. Nous allons au Roman noir, qui est à deux pas. Il fait doux, Lucie est jolie comme un cœur et elle fait comme si ce dîner n’était pas une circonstance. Du coup, à force de parler d’autre chose, la circonstance devient un événement. Lucie goûte le vin (il est convenu depuis toujours qu’elle est la plus douée de la famille dans ce domaine, ce qui n’a jamais été démontré). Peut-être ne sait-elle pas par où commencer. En tout cas, elle choisit de parler de tout et de rien, de son appartement qu’elle voudrait quitter parce qu’il n’y a pas assez de lumière, de son travail à l’association, des quelques commissions d’office qui la font vivre petitement. Lucie ne parle de ses amours que lorsqu’elle n’en a pas. Comme elle n’évoque pas le sujet, je demande :

— Il s’appelle comment ?

Elle sourit, avale une gorgée de vin et relève la tête en m’annonçant comme à regret :

— Federico.

— Décidément, il te faut de l’exotisme. Comment s’appelait le dernier, déjà ?

— Papa…! dit-elle en souriant.

— Fusaaki ?

— Fusasaki.

— Il n’y a pas eu un Omar aussi ?

— À t’écouter, on dirait qu’il y en a eu des centaines.

C’est à mon tour de sourire. Et de fil en aiguille, on fait mine d’oublier pourquoi on est là tous les deux. Pour la mettre à l’aise, dès que nous avons commandé le dessert, je lui demande comment va sa mère.

Lucie ne répond pas tout de suite.

— Terriblement triste, me dit-elle enfin. Très tendue.

— La période est tendue.

— Bon, tu m’expliques ?

Parfois, il faudrait préparer une entrevue avec ses enfants comme un entretien professionnel. Évidemment, je n’ai eu ni l’énergie ni l’envie de le faire, et j’improvise une réponse en surfant sur des lignes très générales.

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