Jeff Lindsay - Les démons de Dexter

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Les démons de Dexter: краткое содержание, описание и аннотация

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Le jour, Dexter Morgan est expert judiciaire à la police de Miami; la nuit, il se transforme en tueur en série. Pas n’importe lequel, notez bien: un serial-killer justicier qui ne tue que ceux qui le méritent. Un double meurtre particulièrement sordide laisse pourtant notre cher Dexter fort perplexe: serait-il confronté à plus fort que lui?

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Et quoi ? Cette pensée irrationnelle était tout droit venue de mon cerveau reptilien…

Était-ce une simple impulsion, une lubie de mon inconscient, qui m’avait extrait de mon lit et amené jusqu’à la porte ? Ou y avait-il quelque chose qui essayait de me faire sortir ? Il avait dit aux enfants que je le trouverais quand ce serait le moment ; le moment était-il arrivé ?

Voulait-on que Dexter se retrouve seul et inconscient dans la nuit ?

C’était une pensée géniale, et j’étais terriblement fier de l’avoir eue, car cela signifiait que j’avais subi de véritables lésions cérébrales et que je ne pouvais donc pas être tenu pour responsable. De nouveau, je m’aventurais dans le territoire de l’ineptie ; j’étais en proie à une hystérie absurde induite par le stress. Quelle personne sur terre aurait pu avoir autant de temps à perdre ? Qui d’autre que moi s’intéressait réellement à Dexter ? Pour le prouver, j’allumai la lumière du porche et ouvris la porte.

De l’autre côté de la rue, à une quinzaine de mètres à gauche, une voiture démarra et s’éloigna.

Je repoussai la porte et la fermai à double tour.

Puis je m’installai une fois de plus à la table de la cuisine et bus du café en réfléchissant au grand mystère de la vie.

L’horloge indiquait 3 h 32 lorsque je m’assis ; il était 6 heures lorsque Rita finit par entrer dans la pièce.

— Dexter… dit-elle, une expression de surprise sur son visage endormi.

— En chair et en os, répondis-je, mais il m’était extrêmement difficile de maintenir ma joyeuse façade habituelle.

Elle fronça les sourcils.

— Qu’est-ce qui ne va pas ?

— Absolument rien. Je n’arrivais pas à dormir, c’est tout.

Rita baissa la tête et se dirigea d’un pas traînant vers la cafetière pour se servir une tasse. Puis elle vint s’asseoir en face de moi et avala une gorgée.

— Dexter, dit-elle, c’est parfaitement normal d’avoir des doutes.

— Bien sûr, répliquai-je, ignorant totalement de quoi elle parlait. C’est le B.A.BA de toute enquête criminelle.

Elle m’adressa un sourire fatigué.

— Tu sais de quoi je parle, reprit-elle, ce qui était faux. Je parle du mariage.

Une petite lumière s’alluma dans ma tête et je fus à deux doigts de m’exclamer : « Ah ah ! Bien sûr, le mariage. » Les humains de sexe féminin sont obsédés par les mariages, même quand il ne s’agit pas du leur. Mais quand c’est le leur, la question occupe chaque minute de leur vie, de jour comme de nuit. Rita voyait tout à travers la lorgnette du mariage. Si je n’arrivais pas à dormir, c’est que je faisais des cauchemars à ce sujet.

Quant à moi, je n’étais pas affecté de la sorte. J’avais un tas de préoccupations très importantes, et pour ce qui était du mariage j’étais en pilotage automatique. Au moment voulu, je serais là, cela se passerait, et c’était tout. Je ne pouvais, néanmoins, soumettre ce point de vue à Rita, aussi sensé me parût-il. Non, il fallait que je trouve une raison plausible pour mon insomnie, et il fallait en outre que je lui manifeste mon enthousiasme concernant le merveilleux événement à venir.

Je jetai un coup d’œil autour de moi à la recherche d’une idée et tombai sur les deux boîtes de pique-nique des enfants posées à côté de l’évier. Il y avait peut-être quelque chose de ce côté-là ; je me creusai les méninges, ce qu’il en restait en tout cas, et finis par trouver quelque chose.

— Et si je ne me montre pas à la hauteur avec Cody et Astor ? dis-je. Comment puis-je être leur père, alors que je ne le suis pas vraiment ? Et si je n’y arrive pas ?

— Oh, Dexter, tu es un père fantastique. Ils t’adorent !

— Mais, poursuivis-je, cherchant à la fois la sincérité et ma prochaine tirade, ils sont petits. Quand ils vont grandir… Quand ils vont vouloir connaître leur vrai père…

— Ils savent tout ce qu’il faut savoir sur ce fils de pute.

Je fus surpris ; je ne l’avais encore jamais entendu dire une grossièreté. C’était peut-être la toute première fois d’ailleurs, car elle se mit à rougir.

— C’est toi leur vrai père, ajouta-t-elle. C’est toi qu’ils admirent, écoutent et aiment. Tu es exactement l’homme dont ils ont besoin.

Je suppose qu’elle avait en partie raison, puisque j’étais le seul à pouvoir leur enseigner la voie de Harry et tout ce qu’ils devaient savoir, mais je me doutais que Rita voyait les choses différemment. Je me contentai donc de dire :

— Je veux être un bon père. Je ne peux pas échouer, même une seule fois.

— Oh, Dex, mais les gens échouent tout le temps.

Très juste, j’avais déjà remarqué que l’échec semblait être une des caractéristiques essentielles de l’espèce. Mais on continue d’essayer, et cela finit par marcher à la fin.

— Crois-moi. Tu vas très bien te débrouiller, tu verras, ajouta-t-elle.

— Tu le penses vraiment ? demandai-je, à peine gêné de la manière honteuse dont je forçais mon jeu.

— J’en suis sûre , affirma-t-elle avec un sourire.

Elle tendit le bras en travers de la table et me serra la main :

— Je ne te laisserai pas échouer. Tu es à moi, maintenant.

C’était une revendication très audacieuse, me semblait-il. Prétendre comme ça que je lui appartenais, en faisant fi de l’abolition de l’esclavage, et tout et tout. Mais puisque cela nous permettait d’oublier un moment un peu embarrassant, je passai outre.

— D’accord, dis-je. C’est l’heure du petit déjeuner.

Elle pencha la tête de côté et me regarda un instant ; j’eus conscience d’avoir choisi la mauvaise réplique, mais elle cligna simplement des yeux plusieurs fois avant d’acquiescer.

— D’accord, dit-elle.

L’autre était venu à la porte en pleine nuit, puis l’avait claquée de peur. On ne pouvait s’y méprendre, il avait eu peur. Il avait entendu l’appel et était venu, et il paniquait. Le Guetteur n’avait plus aucun doute.

C’était le moment.

Maintenant.

Chapitre 36

J’étais exténué, complètement dérouté et, pire que tout, encore terrifié. Le moindre coup de Klaxon me faisait bondir sur mon siège et chercher des yeux une arme pour me protéger ; et chaque fois qu’une pauvre voiture innocente venait se coller à mon pare-chocs, je me surprenais en train de fixer méchamment le rétroviseur, dans l’attente d’un mouvement anormalement hostile ou d’une reprise de la détestable musique.

Même si l’on ne pouvait pas m’attraper tout de suite, on cherchait à m’épuiser jusqu’à ce que la capitulation soit un soulagement.

Quelle créature fragile que l’être humain – et sans mon Passager, c’est tout ce que j’étais, la piètre imitation d’un être humain : faible, lent et stupide, aveugle et sourd, ignorant, impuissant, désespéré et angoissé. Oui, j’étais presque prêt à m’allonger par terre et à me laisser piétiner. Abdiquer ; laisser la musique me submerger, m’emporter dans le feu et la félicité de la mort. Il n’y aurait aucune résistance, aucune négociation ; ce serait simplement la fin de tout ce qu’était Dexter. Et après quelques nuits comme celle que je venais de passer, je n’y verrais aucun inconvénient.

Même au travail, il n’y eut aucun répit. Deborah, qui guettait mon arrivée, me sauta dessus à peine je sortais de l’ascenseur.

— Starzak a disparu, m’annonça-t-elle. Il y a deux-trois jours de courrier dans sa boîte à lettres, des journaux sur l’allée.

Il est parti.

— Mais c’est une bonne nouvelle, Deb ! m’exclamai-je. Ça prouve qu’il est coupable, non ?

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