Jeff Lindsay - Les démons de Dexter

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Les démons de Dexter: краткое содержание, описание и аннотация

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Le jour, Dexter Morgan est expert judiciaire à la police de Miami; la nuit, il se transforme en tueur en série. Pas n’importe lequel, notez bien: un serial-killer justicier qui ne tue que ceux qui le méritent. Un double meurtre particulièrement sordide laisse pourtant notre cher Dexter fort perplexe: serait-il confronté à plus fort que lui?

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Je me penchai et lui tendis la carte.

— Il a laissé ça.

Deborah attrapa la carte, y jeta un coup d’œil puis la lâcha sur le siège comme si elle était enduite de venin.

— Merde, dit-elle.

Elle éteignit le moteur.

— Où est-ce qu’il l’a laissée ?

— À Cody.

Elle tourna la tête et nous dévisagea tous les trois, l’un après l’autre.

— Pourquoi la laisserait-il à un gamin ?

— Parce que… commença Astor, mais je plaquai aussitôt ma main sur sa bouche.

— Ne nous interromps pas, Astor ! m’exclamai-je avant qu’elle se mette à parler des ombres.

Elle prit une bouffée d’air, puis se ravisa et resta assise sans rien dire, n’appréciant pas d’être bâillonnée, mais ne protestant pas. Nous gardâmes tous les quatre le silence pendant un moment.

— Pourquoi ne pas l’avoir coincée sur le pare-brise ou envoyée par la poste ? demanda Deborah. Et puis merde, pourquoi nous la donner tout court ? Pourquoi l’avoir imprimée, bordel ?

— Il l’a donnée à Cody pour nous intimider, répondis-je. C’est comme de dire : Vous voyez ? Je peux vous avoir là où vous êtes vulnérable.

— Il frime, constata Deborah.

— Oui, je crois.

— Nom de Dieu ! c’est la première fois qu’il fait quelque chose qui a du sens. Il veut jouer au chat et à la souris comme tous les autres psychopathes, eh bien, il va voir, je peux y jouer moi aussi, et je vais l’attraper ce fils de pute ! Mets cette carte dans une pochette pour les pièces à conviction, et essaie d’obtenir une description des gosses.

Elle ouvrit sa portière, bondit au-dehors et alla parler au gros flic, Suchinsky.

— Alors, dis-je à Cody et Astor, est-ce que vous vous rappelez comment était cet homme ?

— Oui, répondit Astor. On va vraiment jouer avec lui comme ta sœur a dit ?

— Elle ne voulait pas dire « jouer » comme quand vous jouez à cache-cache, expliquai-je. C’est plutôt qu’il nous met au défi de le trouver.

— Ben, en quoi c’est différent de cache-cache ?

— Personne ne se fait tuer à cache-cache. À quoi ressemblait cet homme ?

Elle haussa les épaules.

— Il était vieux.

— Tu veux dire vraiment vieux ? Avec des cheveux blancs et des rides ?

— Non, tu sais, vieux comme toi.

— Ah, tu veux dire juste vieux !, m’exclamai-je, sentant la main glacée de la mortalité effleurer mon front et laisser dans son sillage faiblesse et tremblements.

Cela n’augurait pas vraiment d’une description précise, mais après tout elle n’avait que neuf ans : pour elle, tous les adultes étaient pareillement inintéressants. Deborah s’était montrée maligne en allant parler à l’Agent borné pendant ce temps. C’était sans espoir. Il fallait que j’essaie, néanmoins.

J’eus une inspiration soudaine – ou, dans tous les cas, étant donné mon manque de puissance cérébrale du moment, une idée qui allait devoir en tenir lieu : il y aurait une certaine logique si l’homme en question était Starzak, de nouveau à mes trousses.

— Y a-t-il autre chose dont vous vous souveniez ? Est-ce qu’il avait un accent quand il parlait ?

Astor secoua la tête.

— Non, il parlait normalement. C’est qui, Kurt ?

Il serait exagéré d’affirmer que mon cœur battit plus fort en entendant ces mots, mais je sentis une sorte de palpitation intérieure.

— Kurt est le mort que je viens de voir. Pourquoi tu veux savoir ?

— L’homme a dit… Il a dit qu’un jour Cody serait un bien meilleur assistant que Kurt.

Un froid soudain modifia la température interne de Dexter.

— Vraiment ? C’est gentil de sa part !

— Il était pas gentil du tout, Dexter. On te l’a dit, il faisait peur.

— Mais à quoi il ressemblait, Astor ? demandai-je. Comment peut-on l’attraper si on ne sait pas à quoi il ressemble ?

— Tu n’as pas besoin de l’attraper, Dexter. Il a dit que tu le trouverais quand ce serait le moment.

La terre s’arrêta de tourner un instant, assez longtemps pour que je sente des gouttelettes glacées jaillir de tous mes pores.

— Il a dit quoi, exactement ?

— Il a dit de te dire que tu le trouverais quand ce serait le moment, répéta-t-elle. Je viens de te le dire.

— Quelle formule a-t-il utilisée ? « Dis à papa » ou « Dis à cet homme »?

Elle soupira.

— « Dis à Dexter », articula-t-elle lentement afin que je comprenne bien. C’est toi. Il a dit : « Dis à Dexter qu’il me trouvera quand ce sera le moment. »

J’imagine que j’aurais dû être terrifié. Mais bizarrement, je ne l’étais pas. Au contraire, je me sentais mieux. Maintenant, je n’avais plus de doute, quelqu’un, dieu ou mortel – peu importait –, me traquait et viendrait à moi lorsque ce serait le moment.

À moins que je ne l’attrape le premier.

C’était une pensée stupide, d’une extrême naïveté. Pas une fois je ne m’étais montré capable d’avoir un temps d’avance sur lui, sans parler d’essayer de le trouver. Je n’avais fait que l’observer tandis qu’il me pistait, m’effrayait et m’amenait à un état de panique que je n’avais encore jamais éprouvé.

Il savait qui j’étais et où j’étais, alors que je ne savais même pas à quoi il ressemblait.

— S’il te plaît, Astor, c’est très important, insistai-je. Est-ce qu’il était grand ? Est-ce qu’il avait une barbe ? Il était cubain ? Noir ?

Elle haussa les épaules.

— Non, c’était un Blanc. Il avait des lunettes. Tu sais, juste un homme ordinaire.

Non, je ne savais pas, mais par chance je n’eus pas besoin de l’admettre parce que pile à cet instant Deborah ouvrit brusquement sa portière et se glissa de nouveau derrière le volant.

— Bon sang ! s’exclama-t-elle. Comment on peut être capable de lacer ses chaussures en étant aussi débile ?

— Faut-il entendre par là que l’agent Suchinsky n’avait pas grand-chose à dire ? lui demandai-je.

— Il avait plein de choses à dire, répondit Deborah. Mais c’était qu’un tas de conneries. Il pense que le type conduisait peut-être une voiture verte, et c’est à peu près tout.

— Bleue, dit Cody.

Nous nous tournâmes tous vers lui.

— Elle était bleue, répéta-t-il.

— Tu es sûr ? lui demandai-je, et il acquiesça.

— Alors qui est-ce que je crois ? demanda Deborah. Un petit gosse, ou un flic qui a quinze ans d’expérience et un cerveau plein de merde ?

— Tu devrais arrêter de dire tous ces gros mots, intervint Astor. Tu me dois cinq dollars. Et de toute façon, Cody a raison, c’était une voiture bleue. Je l’ai vue aussi, et elle était bleue.

Je considérai Astor, mais je sentais la pression du regard de Deborah sur moi ; je me tournai de nouveau vers elle.

— Alors ? dit-elle.

— Eh bien, répondis-je, le problème des gros mots mis à part, ce sont deux gamins très vifs, et l’agent Suchinsky devrait passer un test de QI.

— Alors je suis censée les croire, eux ?

— Moi, je les crois.

Deborah mastiqua cette information, bougeant la bouche comme si elle était en train de mâcher une viande très coriace.

— O.K., finit-elle par dire. Donc, je sais maintenant qu’il conduit une voiture bleue, comme une personne sur trois à Miami. Explique-moi en quoi ça m’aide.

— Wilkins a une voiture bleue.

— Wilkins est sous surveillance, bordel !

— Appelle-les.

Elle me dévisagea pendant quelques secondes en mâchonnant sa lèvre, avant d’attraper sa radio et de sortir de la voiture. Elle parla un moment, et je l’entendis hausser la voix. Puis elle prononça une autre de ses grossièretés ; Astor me regarda en secouant la tête. Enfin, Deborah revint dans la voiture en claquant la portière.

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