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Gérard Villiers: Manip à Zagreb

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Gérard Villiers Manip à Zagreb

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La Mercedes se trouva bientôt à quelques mètres derrière Malko. L’homme assis à côté du chauffeur était Boza, le croate à la tête d’oiseau. Malko identifia facilement ce qu’il tenait dans ses mains : un « riot-gun » noir à plusieurs coups. Une arme capable à quelques mètres de déchiqueter n’importe quel être humain. La Mercedes accéléra encore, commençant à la doubler. son estomac se contracta : le canon du riot-gun pointait son museau par la glace ouverte de la voiture, visant la tête de Mako.

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Gérard de Villiers

Manip à Zagreb

Chapitre premier

La pluie se mit à tomber d’un coup, comme si un gigantesque seau se déversait depuis les cumulus gris qui accouraient de l’Atlantique vers la longue bande de terre où s’alignaient les condominiums de Miami Beach. Les rares baigneurs continuèrent à jouer dans les vagues et ceux qui farnientaient sous le soleil encore brûlant quelques instants plus tôt se ruèrent vers les abris les plus proches, désertant la langue de sable qui s’étirait sur plusieurs kilomètres.

Boris Miletic s’écarta à regret de la jeune brune avec qui il flirtait sur un drap de bain. À part son nom, Swesda Damicilovic [1] Étoile. et le fait que, yougoslave comme lui, elle soit hôtesse d’accueil au Fontainebleau , l’énorme palace rococo planté en bordure de la plage, à quelques centaines de mètres de là, il ignorait tout d’elle. Il l’avait draguée trois heures plus tôt, prétextant du fait qu’elle était en train de lire un quotidien de leur pays commun. Au début, il l’avait fait machinalement, ne la trouvant pas terrible avec ses cheveux raides, couleur aile de corbeau, et son drôle de regard qui semblait ne pas vous voir.

Elle lui avait fait penser à une Arabe. Puis, au détour d’une plaisanterie, la bouche trop rouge s’était écartée sur des dents éblouissantes, le regard de Boris avait glissé sur ses gros seins comprimés dans un maillot trop exigu, remontant aux lèvres retroussées en un sourire carnassier. Le regard de Swesda s’était éclairé d’un coup, balayant avec gourmandise le corps athlétique de Boris, s’attardant quelques fractions de seconde de trop sur le maillot de lainage bleu qui moulait un appareil génital impressionnant. Avec ses cheveux noirs coupés courts et sa musculature bien entretenue, ses traits découpés, Boris ressemblait à un des maîtres-nageurs siégeant dans les miradors de l’immense plage. Au bronzage près, sa peau étant encore désespérément blanche. Lui ne se trouvait en Floride que depuis quelques jours.

Après quelques ébats dans les vagues et un arrêt à un des bars de la plage, où Boris avait pris un Johnny Walker et sa conquête un Cointreau on ice, Swesda s’était un peu dégelée, adoptant plusieurs fois des attitudes carrément provocantes. De temps à autre, elle passait une langue aiguë sur ses lèvres trop rouges. Boris avait craqué brutalement, sous un regard un peu plus insistant. Enhardi, il s’était penché à l’oreille de Swesda allongée à côté de lui, et avait murmuré :

— Tu me fais bander…

Aussitôt, Swesda s’était refermée comme une huître. Son regard avait balayé Boris, glacial et elle avait laissé tomber :

— J’aime pas les mecs…

Pourtant, tout dans son attitude disait le contraire. Boris s’était dit que les Serbes étaient souvent comme ça, ombrageux, fous d’orgueil.

Swesda devait aimer choisir.

Il n’avait pas insisté, changeant de sujet, lui montrant les gros nuages noirs qui accouraient des Bahamas.

Peu à peu, Swesda s’était déridée. À nouveau, Boris l’avait entraînée dans l’eau et, comme elle savait à peine nager, en avait profité pour la prendre dans ses bras, écrasant ses gros seins ronds contre son torse. Sous prétexte de la maintenir droite, il avait glissé une jambe entre les siennes, forçant leurs cuisses à demeurer en contact. Quand ils étaient sortis de l’eau, Swesda avait perdu son attitude hautaine. Allongés côte à côte sur le sable ils avaient commencé une conversation à bâtons rompus, entrecoupée de longues pauses. Comme la plupart des couples de la plage, ils flirtaient et échangeaient quelques baisers en riant.

Swesda Damicilovic s’était un peu plus livrée. Elle était serbe, du Kosovo, venue aux USA pour fuir le chômage avec l’argent gagné dans un concours de beauté.

— C’est vrai que tu es superbe, avait remarqué Boris.

— Et toi, tu es musclé, avait enchaîné Swesda, louchant sur ses pectoraux. Tu fais beaucoup de sport ?

Boris Miletic l’avait prise par la taille, la serrant contre lui. Le contact de la jeune femme l’avait embrasé instantanément, ce qui n’avait pu échapper à Swesda Damicilovic… Mais, apparemment, les gestes la choquaient moins que les paroles car elle n’avait pas cherché à se dégager.

Boris, le bassin en avant, se demandait s’il n’allait pas exploser prématurément.

Brusquement, Swesda l’avait embrassé, il avait senti sa langue glisser sous la sienne. Les pointes de ses seins, à peine protégées par le maillot de nylon, ressemblaient à deux électrodes posées sur sa poitrine pour un exquis électrochoc. Avec un grognement presque douloureux, il avait glissé une main entre les cuisses de sa partenaire. Juste comme les premières gouttes de pluie se mettaient à tomber…

En quelques secondes, ce fut un déluge… Swesda Damicilovic se leva d’un bond, enfilant son jeans d’un seul trait, raflant son chemisier au passage.

— Où on va ? demanda-t-elle.

Le rideau gris venant de l’Atlantique avançait vers eux à toute vitesse, grossissant la mer.

— J’habite un des appartements là-bas, annonça Boris Miletic. Viens.

Il désignait un des innombrables condominiums bon marché s’alignant entre Océan Boulevard et la plage, la plupart encore inoccupés, appartenant à des gens de la Côte Est qui les utilisaient surtout l’hiver. Boris, qui n’avait qu’une serviette et des sandales, entraîna Swesda qui courait maladroitement sur le sable. Le temps d’arriver au building, ils étaient trempés. Swesda, transformée en Ophélie, les cheveux ruisselants, Boris ayant l’air de sortir de sa douche.

Essoufflés, ils atteignirent enfin le couvert, et Boris tira la jeune femme dans l’escalier desservant une galerie extérieure. Il avait la clef de l’appartement dans son maillot. Il ouvrit et poussa Swesda à l’intérieur, avant qu’elle ait eu le temps de réfléchir.

Ils débouchèrent dans un grand living mal meublé. Swesda regarda en soupirant son reflet dans une glace.

— Je suis trempée !

Son maillot lui collait à la peau, découpant les pointes de ses seins longues et grosses comme des crayons.

— Débarrasse-toi de ce truc, suggéra Boris Miletic faussement indifférent.

Swesda lui tourna le dos et ôta le haut de son maillot, sans se rendre compte que la glace renvoyait l’image de ses seins. Quand elle enfila son chemisier, elle poussa un cri ; encore plus trempé que le maillot, il en était devenu transparent, dessinant avec précision les gros seins ronds aux pointes sombres.

Swesda hésita quelques instants ; si elle le retirait, elle était nue ! Boris Miletic s’approcha d’elle, le regard luisant. Il avait échafaudé tout un plan de séduction, mais il ne pouvait plus s’y tenir. Il attira Swesda vers lui, l’appuya à un canapé et se mit à lécher ses grosses lèvres, se laissant imprégner de toute son humidité tiède. Normalement, il avait horreur du mouillé, mais pourtant son érection retrouva toute sa vigueur. Swesda lui rendit son baiser. Elle ne le repoussa pas lorsqu’il écarta le pan du chemisier pour s’emparer d’un sein. Elle respirait seulement un peu plus fort. Enhardi, Boris Miletic posa une de ses grandes mains dans son dos, puis la glissa entre le jeans et la peau, atteignant la croupe humide, encore huilée d’huile à bronzer.

Son majeur tenta de se faufiler entre les globes fermes et charnus. En même temps, par-devant il appuyait de toutes ses forces son sexe raidi contre le tissu épais du jeans. À deux doigts de se faire plaisir…

— Arrête, je t’ai dit que j’aime pas les mecs !

Brutalement, Swesda lui avait donné un coup d’épaule, arrachant sa main de ses fesses. Boris Miletic s’immobilisa, désarçonné. Elle le regardait fixement avec un mélange de haine et de quelque chose de trouble. Il était trop excité pour se calmer à la première injonction. Écartant le chemisier, il lui empoigna les seins sans pouvoir se retenir, par en dessous, pour les grossir encore davantage. Ils étaient fermes et chauds, les pointes dures comme des rivets. Boris se mit à les tirer et soudain, Swesda, le regard chaviré, perdit toute son agressivité et gémit :

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