— Caresse-toi, ordonna-t-elle, de sa voix rauque. Ça m’excite !
Il obéit, écartant les doigts de la jeune femme, congestionné, noué, se demandant jusqu’à quand cette petite salope allait le manipuler… Puis ses mains revinrent aux reins cambrés, les pétrissant, il murmura des obscénités devant cette croupe somptueuse, élastique, bien ouverte. Millimètre par millimètre, il continua à faire glisser le maillot, révélant le petit oursin noir planqué entre les cuisses pleines.
Quand le téléphone se déclencha, ils sursautèrent tous les deux. Un flot d’adrénaline se rua dans les artères de Boris Miletic. Il n’attendait aucun appel… Ce devait être une erreur ou un appel pour celui qui lui avait prêté cet appartement… La sonnerie s’arrêta enfin, et Swesda remarqua, un sourire ironique aux lèvres :
— Tiens, tu ne bandes plus…
Automatiquement, il recommença à se caresser. Pensant de toutes ses forces à ce qu’il allait lui faire. Swesda le regardait, avec, à nouveau, son expression trouble.
— J’aime bien regarder un type qui se branle, dit-elle. Ça m’excite vachement. C’est bestial.
Cette fois, c’en était trop. D’un coup sec, Boris acheva de faire glisser le maillot sur les cuisses épanouies. La baignoire était pleine et Swesda se pencha en avant pour fermer le robinet.
— Ça va déborder !
Du coup, elle dut se cambrer encore plus et son sexe remonta un peu en s’ouvrant.
Boris Miletic s’y engouffra d’un unique et féroce coup de reins, raide comme un manche de pioche. De se rendre compte que Swesda, qui avait refermé le robinet, lui tendait ses fesses, le rendit quasiment fou. Il sentit un écrin doux et serré palpiter autour de lui, et tenta encore de gagner quelques millimètres jusqu’au fond de ce ventre grand ouvert. Swesda, appuyée des deux mains au rebord de la baignoire, se mit à hurler.
— Salaud, tu me défonces ! Arrête.
Boris se retira presque entièrement et revint, propulsant en avant ses quatre-vingts kilos, rentrant son ventre déjà plat pour ne pas perdre un millimètre de pénétration. Swesda cria encore, puis se retourna, le regard noyé, fou.
— Vas-y, vas-y, puisque tu aimes ! Tu me défonces. Ah, ce que tu me défonces !
L’esclave, de nouveau. Elle oscillait sans cesse entre une agressivité grondeuse et cette soumission masochiste. Une vraie allumée, pensa Boris Miletic.
Le plaisir décuplé par cette docilité, il avait l’impression de s’enfoncer à chaque coup de reins un peu plus loin. Il ahanait, comme un bûcheron en train de porter les derniers coups qui vont abattre un arbre et Swesda se contentait de couiner maintenant. Le membre de Boris allait et venait dans son ventre inondé avec une facilité déconcertante.
Trop facilement…
Boris qui commençait à avoir des crampes se retira complètement, contempla la longue fissure sombre, se dressa sur la pointe des pieds, et, avec la même brutalité, appuya son sexe sur l’ouverture des reins, poussant comme un malade.
Une fraction de seconde, il crut que le sphincter serré allait le rejeter. Puis, la pression fut trop forte pour le muscle anal, et son gros membre s’engloutit d’un coup au fond des reins de Swesda. Celle-ci émit un hurlement démentiel, se redressant en arc-de-cercle, des larmes plein les yeux, hurlant des injures, essayant de se dégager. Boris Miletic ne bougeait plus, se demandant s’il n’allait pas mourir de plaisir. Il ressortit presque et, cette fois, se fraya un passage facilement.
Nouveau hurlement, puis la voix, déchirée comme la croupe qu’il martyrisait.
— Oui ! Oui ! Plus fort !
Les mots se faufilèrent jusqu’à son cerveau, y déclenchant une sorte d’éclair de chaleur qui plongea jusqu’à son ventre, le faisant partir d’un coup sans qu’il puisse se retenir. Les doigts crispés dans la chair élastique des hanches de la jeune femme, il se vida longuement, en voyant plein d’étoiles. Il mit ensuite plusieurs secondes à réaliser qu’on sonnait à la porte… C’était probablement la femme de ménage.
Cassée en deux contre la baignoire, Swesda reprenait son souffle, les cheveux dans l’eau.
— Salaud, fit-elle, tu m’as massacrée ! Je saigne.
Boris venait de se retirer d’elle, encore raide et fou de désir.
— Reste ici ! lança-t-il, je reviens prendre un bain avec toi. Je vais voir la femme de ménage.
Il s’enroula hâtivement dans une serviette et sortit de la salle de bains.
Pieds nus, il alla ouvrir et resta figé sur le pas de la porte.
* * *
L’homme qui se trouvait en face de lui était tout aussi surpris. Said Mustala avait sonné par acquit de conscience avant d’utiliser son « passe », afin de s’assurer que l’appartement était bien vide. En une fraction de seconde, il réalisa que l’homme presque nu qui se tenait devant lui était celui qu’il cherchait.
Ce qui dérangeait ses plans.
— Who are y ou ? demanda Boris, l’air méfiant.
Pourtant cet homme plus petit et beaucoup plus âgé que lui ne l’impressionnait pas. Confiant dans sa force physique, il le toisait, s’assurant de ne pas commettre une erreur. Dans sa situation, cela ne pardonnait pas.
— Tu es Boris Miletic ? demanda Said Mustala en serbo-croate.
À son accent, Boris identifia immédiatement un Bosnien. Son estomac s’était contracté. Qu’on l’ait retrouvé ici ne sentait pas bon. À moins que l’inconnu ne lui soit envoyé par un ami new-yorkais. Il s’accrocha à cette explication et demanda sèchement :
— Who do you want to speak to ? [6] A qui voulez-vous parler ?
Le visage ridé de Said Mustala ne changea pas d’expression. D’un mouvement coulé, sa main disparut sous sa veste et ressortit tenant un couteau à la lame longue d’une trentaine de centimètres et large de trois ou quatre, légèrement recourbée. Avant que Boris puisse faire un geste, la pointe s’appuyait sur sa gorge.
— A toi ! fît le vieil homme.
Boris Miletic sentit son cœur dégringoler dans ses talons. Ce qui le hantait depuis des semaines se produisait. C’était le célèbre poignard des Oustachis qui s’appuyait sur sa gorge et l’homme qui le tenait n’en était sûrement pas à son coup d’essai… Le nouveau venu le repoussa à l’intérieur de l’appartement sans qu’il puisse esquisser un geste de défense. Nu, à l’exception de la serviette, il se sentait encore plus vulnérable… Said Mustala, d’un coup de pied, referma la porte qui claqua. Machinalement, Boris tourna la tête vers la porte de la salle de bains. Pourvu que Swesda ne surgisse pas !
— Qu’est-ce que tu veux ? demanda-t-il dans sa langue. Qui es-tu ? Pourquoi me menaces-tu ?
Le vieil Oustachi ne répondit qu’à la première question.
— L’argent que tu as volé, dit-il simplement.
— Quel argent ?
— Celui des armes, salaud !
L’Oustachi avait élevé la voix. Une flamme folle dansait dans ses petits yeux noirs. De son temps, on n’aurait jamais imaginé cela ! Il en tremblait de rage intérieurement. Même sans ordre, il aurait découpé un salaud de cette espèce en lamelles. Voler l’argent de l’Organisation, des dons offerts par des centaines de Croates pour aider à libérer leur pays ! C’était ignoble.
Said Mustala était si concentré qu’il ne vit pas la porte de la salle de bains s’entrouvrir. Boris Miletic retint son souffle, mais personne ne surgit. Il essaya de prendre un air dégagé, seulement c’était difficile avec cette pointe mortelle collée à sa gorge. La pluie s’était enfin arrêtée de tomber et un bout de ciel bleu apparaissait à travers la baie vitrée. Cela lui parut un heureux présage…
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