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Frédéric Dard: Morpions circus

Здесь есть возможность читать онлайн «Frédéric Dard: Morpions circus» весь текст электронной книги совершенно бесплатно (целиком полную версию). В некоторых случаях присутствует краткое содержание. Город: Paris, год выпуска: 1983, ISBN: 2-265-02320-5, издательство: Éditions Fleuve Noir, категория: Иронический детектив / Шпионский детектив / Полицейский детектив / на французском языке. Описание произведения, (предисловие) а так же отзывы посетителей доступны на портале. Библиотека «Либ Кат» — LibCat.ru создана для любителей полистать хорошую книжку и предлагает широкий выбор жанров:

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Frédéric Dard Morpions circus

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Moi, tu me connais ? Une âme de fer dans un corps sain ; une main de velours dans un corsage. Tout dans la tête pour garder les mains libres. Principal défaut ? Raffole des gonzesses sans distinction d'âge ni de confession. Principale qualité ? Les fait reluire. Signe distinctif ? A horreur des cons. Mais tu peux rester. Et prendre connaissance de ce plaisant ouvrage. Tu y trouveras : la moutarde de la polissonnerie, l'œuf de l'action et l'huile de la volupté. Si tu remues bien le tout, tu obtiendras une succulente mayonnaise. Elle donnera un peu de goût à ta vie insipide. Allez, viens !

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San-Antonio

Morpions circus

A Jean-Pierre WENDLING,

l’un des autres piliers

d’une maison que nous aimons.

San. A.

OH ! QU’IL EST CRÉPU,

CE CUL AU CRÉPUSCULE.

Dans son beau training rouge-soviétique, à bande blanche, il courait lourdement et l’on aurait dit un gros bourrin filmé au téléobjectif tant il était pataud et tant il paraissait faire du surplace. Une vapeur blanche, qu’on pressentait malodorante, le nimbait dans la froidure hivernale. Il s’époumonait vaillamment, charriant son gros cul de bureaucrate et toute une tripaille sédentaire happée soudain par cette séance de jogging comme par un shaker. Il courait en rougeoyant de toute sa viande qui donnait à comprendre pourquoi le porc est tout indiqué, lorsqu’on veut expérimenter des thérapeutiques destinées à l’homme. Il était d’un vilain rose, d’un vilain blond, avec des dents pareilles à une palissade déglinguée, des yeux beaux comme des rubis. Il y avait des traces d’albinos chez cet individu et l’on sentait bien, à le voir ainsi patouiller le vide, que cet exercice physique, consécutif à la lubie d’un cardiologue, ne servirait à rien, que le gros mec deviendrait podagre, cardiaque vilainement, avec des chiées d’avaries conséquentes. Et puis bon, c’est ainsi, chacun son lot. Lui, il courait sur son ombre pâle de janvier, courait à perdre : haleine, montre, suspensoir et tout ce que tu voudras sauf sa graisse rançante.

Et tandis qu’il arpentait la campagne gelée dans ce ridicule survêtement de lanceur de poids russe, oui, tandis qu’il, à moins d’un mile de là, sa dame glissait sa main tiède dans la braguette d’un aimable garçon et, avec peine, en dégageait un assez beau chibre ma foi, dru et sec sous sa belle corolle, auquel elle s’empressait de faire du bouche-à-bouche, sans nécessité apparente, l’objet se trouvant déjà dans son état le plus favorable. Mais un excès de zèle ne nuit jamais en la matière ; les coups les plus fumants ont toujours été tirés par des partenaires possédant le sens de la préparation.

Maintenant, il est temps d’apporter quelques précisions élémentaires au lecteur. L’homme en training rouge s’appelait Adam Delameer, sa femme Sirella et le godelureau si magistralement pipé San-Antonio.

Le gros blond aux dents de vieux requin foulait la localité de Eggs-to-the-Cook, dans le comté de Poultock. Sa dame pratiquait son solo de clarinette à crinière dans leur cottage poétiquement baptisé « I love you ». L’homme en rouge travaillait à Londres pour un bureau d’études où s’étudiaient des tas de trucs très évasifs pour le commun des mortels. Sa dame restait at home et, nonobstant des pipes, y faisait également des traductions pour le compte d’un éditeur de romans sentimentaux car elle était parfaitement bilingue (sans compter la sienne propre dont elle usait avec art) et parlait couramment le français, ayant passé une grande partie de sa jeunesse à Paris.

Ainsi pourvu de ces précieux renseignements, le lecteur va pouvoir pénétrer d’un pas dégagé dans cette histoire qui devait faire couler tellement d’encre (mes romans tirent à six cent mille).

Ne me reste plus qu’à lui souhaiter bon voyage et à lui recommander de ne pas prendre froid, car le mois de janvier est dur dans cette région de la côte anglaise. Le Gulf Stream ? Tiens, fume !

J’avais rencontré la ravissante Sirella (j’allais omettre de préciser combien elle était belle d’absolument partout, valable sous toutes les perspectives, qu’elles fussent plongeantes ou ascendantes, comestible sous chaque angle — d’ailleurs elle n’en avait pas lerche — avec une peau ambrée consécutive aux polissonneries d’une grand-mère coloniale, et les yeux bleus d’une maman suédoise ; ce qui ne les empêchait pas d’être sensuels, chose rarissime pour un regard d’azur). Je l’avais rencontrée au supermarket tout nouveau d’Eggs-to-the-Cook. Mais après les fatigues d’une longue parenthèse, et compte tenu que je m’adresse à des sous-doués, il est mieux que je reprenne ma phrase en y gommant ladite. Donc j’avais rencontré la ravissante Sirella au supermarket du pays, au moment où, d’un geste malencontreux, elle compromettait une pyramide de boîtes de fruits chinois en « promotion vente » ce jour-là. Mon empressement, mon agilité donnant à supposer que je disposais de vingt mains pour conjurer l’avalanche, avaient fortement et favorablement impressionné l’acheteuse. Je n’eus aucune peine à lui faire accepter de prendre une consommation à la cafétéria du lieu, histoire de se remettre de son émotion. Je lui révélai qui j’étais, à savoir un célèbre écrivain français venu dans la localité pour y puiser de la documentation sur Ted Cut, le fameux bourreau du XVIII esiècle, lequel, je te l’apprends dans la foulée, était originaire d’Eggs-to-the-Cook [1] Pour rafraîchir la miséreuse mémoire de mon lecteur, je tiens à préciser ici que cet exécuteur des hautes œuvres est l’inventeur d’un nœud coulant fameux, connu en Angleterre sous l’appellation de « Nœud de Ted » ; qui, une fois franchi le Channel et subi l’inversion d’usage, devait donner chez nous ce fameux « tête de nœud » couramment employé par les chauffeurs de taxi. S.-A. .

Ma jolie secourue connaissait une partie de mon œuvre considérable, puisqu’elle s’intéressait à la littérature française. Elle m’avoua sécher sur certains termes et désapprouver moult grossièretés dont l’intervention ne lui paraissait pas évidente dans des ouvrages qui se suffisaient à eux-mêmes ; de même (pourquoi « de même » ? quelle sotte expression !) elle comprenait mal que j’invective mon lecteur et trouvait cette permanente agression suicidaire, car enfin je houspillais quelqu’un dont la fidélité assurait ma matérielle. J’eus beau lui expliquer que pour moi, engueuler qui me lit est le comble de l’affection, une façon violente et jubilante d’être tendre, ses origines britanniques regimbaient devant le procédé et je craignis un instant que le mépris qu’il lui inspirait compromette nos relations débutantes.

Dieu thank you , il n’en fut rien. La femme, qu’elle soit terrienne, anglaise ou martienne, n’est intéressée que par les hommes de caractère, même et surtout s’ils la choquent. Elle hait l’eau tiède, le quotidien, les époux qui ne parlent que de leurs occupations. Je lui fis donc valoir que motiver son indignation constituait une espèce de victoire et qu’il est préférable de provoquer un sursaut que de faire gentiment bâiller. Elle finit par rire, sans toutefois abdiquer. M’apprit qu’elle traduisait des œuvres délicates, aux titres enchanteurs : Château d’amour, Une fée viendra ce soir, A cœur éperdu , prose destinée à faire rêver les vieillardes, mouiller les dames mûres et se masturber les jouvencelles. Une consœur, ou presque, somme toute ! On devait se revoir. On se revit.

Du fait que j’habitais un bed and breakfast tenu par une éminente joueuse d’harmonium du pays, il m’était impossible de la recevoir dans ma piaule. Par contre, en prenant certaines précautions élémentaires, j’avais tout loisir de me rendre chez elle en l’absence de son époux. Les maris ne s’imaginent pas combien leurs femmes accueillent volontiers des messieurs pendant qu’ils conquièrent le pain du ménage. Alors que la réciproque est impossible. Cela tient à ce que l’homme clandestin ne laisse pas de trace, tandis que la femme clandestine estampille tout par sa seule présence : traces de fards, cheveux, menus objets. Le mec, lui, est entier. Ce qu’il abandonne sur place est immédiatement assumé par mes éminents camarades Jacob et Delafond dont on ne soulignera jamais assez le rôle qu’ils jouent dans la paix des foyers. De plus, l’homme a à cœur de ne pas être une source d’incidents alors que la femme sème des indices à plaisir, contente de foutre la merde avant son départ.

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