Frédéric Dard - Baise-ball à la Baule

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Baise-ball à la Baule: краткое содержание, описание и аннотация

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Si tu n'as jamais vu le prince Charles d'Angleterre complètement mort, le nez dans une salade de homard, lis ce book.
Si tu n'as jamais vu Béru propulser deux nonnes dans des cageots de tomates, lis ce bouquin.
Si tu n'as jamais vu San-A aux prises avec un couple mystérieux qui le ridiculise, lis ce polar.
Mais si tu as le palpitant qui déconne, l'ami, alors ne lis pas ce chef-d'œuvre, il te tuerait !

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Mathieu regarde vers le restaurant-bar de la plage. N’y voit qu’un couple très rapproché ; composé d’une belle dame blonde, un peu vieille selon lui, et d’un beau gars bronzé, pas très jeune non plus, toujours selon lui. Dans la guitoune un barman est accoudé large, le menton sur le creux de ses poings superposés. Son poste annonce que Metz vient d’encaisser un deuxième but, à la suite de Duzob fauché dans la surface de réparation et qui s’est fait justice lui-même en tirant un penalty du pied gauche, directement dans la lucarne. Pauvre goal qui s’est luxé l’épaule en plongeant du mauvais côté !

Mathieu se remet à creuser, courageusement. Sa construction centrale s’écroule, il n’en a cure, il creuse, creuse…

Une taupe, te dis-je, ce garnement !

* * *

— Si j’ai déjà parlé de la sorte à d’autres femmes, il s’agissait seulement d’une répétition, Michèle, d’une simple répétition en vous attendant.

— Casanova !

— Grand Dieu, non.

Un silence. Metz contre-attaque.

— Savez-vous où sont allés votre directeur et Dodo ?

— Au golf, le prince doit s’y rendre et mon boss a voulu reconnaître les lieux.

— Pourquoi ne l’avez-vous pas accompagné ?

— Parce que j’ai préféré rester en votre compagnie.

— Vous ne trouvez pas que ce monsieur fait un peu trop l’empressé auprès de ma fille ?

— Il raffole des tendrons, c’est de son âge.

— Tandis que vous, vous préférez les juments aux pouliches ?

Je ne réponds pas. Le soleil amorce un retour avantageux. Et soudain, tout devient somptueux. Cette plage de La Baule est fabuleuse. Immense et harmonieuse. L’air qu’on respire ici est réputé de qualité supérieure. Il ne pénètre pas que dans vos poumons, mais vadrouille par tout votre individu et l’on sent bien qu’il y fait le ménage.

— Et si nous nous taisions ? fais-je au bout d’un long silence, beau comme de la musique d’orgue dans une crypte.

Je pilote ma bouche en direction de la sienne et stoppe, à quatre centimètres, sans avoir mis le clignotant.

Elle regarde mes lèvres à s’en faire loucher. Pour pas lui contracter de strabisme convergent, j’achève le parcours. Baiser discret. Pas la bisouille goulue, goinfresque, appuyée et mouillée ! L’effleurement léger, tu sais ? Nos souffles contenus s’entremêlent. La peau de nos bouches fait timidement connaissance. Surtout, au grand surtout : ne rien brusquer.

* * *

Si ça continue, Mathieu va ressortir en Nouvelle-Zélande. Qu’il est déjà ensablé jusqu’aux épaules dans son excavation, l’apôtre…

Cette fois, il trouve l’autre bout du fil rouge. Et comprend pourquoi « ça ne venait pas » lorsqu’il tirait de toutes ses forces. Cette résistance vient de ce que le fameux fil est attaché à la manette d’une boîte carrée de la dimension d’une boîte à chaussures. Boîte de métal, dirait-on. Noire. Avec, sur le dessus, une espèce de poignée en forme de « T ».

Le môme se demande ce qu’est cette étrange boîte. Surtout, ce qu’elle fout là…

Il se met à la tripoter…

* * *

Nos lèvres se sont légèrement retroussées et font connaissance de l’intérieur. C’est doux, c’est tiède. Je me biche un mandrin comme la barre d’un gouvernail, mécolle-pâte, à ce mignon jeu de bouches.

J’ai la force de me dire que dans un avenir mieux que très proche, il va se passer quelque chose entre Michèle et moi. Et plus vite elle se passera, cette chose, mieux cela vaudra, vu que déjà, je vais devoir marcher au pas de l’oie, ce qui n’est pourtant pas mon genre.

Elle comprend tout, la chère âme. S’aperçoit de la situasse et en tire les fortes conclusions qui s’imposent.

— Ne restons pas là, dit-elle en se levant.

Je cherche de la fraîche dans ma poche pour carmer le loufiat, ce que faisant, j’en profite pour domestiquer un peu Coquette, lui trouver une position moins voyante. Et bon, je laisse des pions entre nos deux verres vides.

On quitte la terrasse, pile que Metz place un contre opportun et se rabat en fougue vers les buts adverses.

Le barman attend la conclusion de cette charge héroïque avant d’aller encaisser le billet qui palpite, à demi coincé sous le pied d’un verre, tel un papillon [9] Ce qu’il écrit bien, ce mec ! Gustave Flaubert .

* * *

Mathieu cherche M. Baby des yeux. Voudrait lui signaler sa découverte. Il imagine que cette boîte noire recèle un trésor déposé là par un corsaire, au siècle dernier, ou à celui d’avant. Un corsaire roux, avec bandeau noir sur un œil et pilon de bois, sabre d’abordage à la ceinture. Des pierres précieuses ramenées d’Orient. Le corsaire a enterré sa cassette de fer à la va vite, consécutivement à un naufrage de son trois-mâts. Y a fixé un fil rouge placé perpendiculairement, pour, ensuite retrouver son bien sans avoir à creuser toute la plage. Mais ce con a été tué par un débarquement mauresque, décapité, empalé tout bien, et adieu le trésor !

M. Baby est à l’autre bout du chantier.

Impatient, Mathieu tire sur la poignée en forme de « T » qui obéit à sa traction.

* * *

Nous arrivons à la hauteur de la piscine où s’ébat une jeunesse turbulente surveillée par des mamans belles à se faire damner les seins.

J’avance avec un pas d’écart sur Michèle, ce qui me permet de faire d’audacieux projets en marchant.

Et voilà tout à coup qu’une formidable explosion retentit.

Vraiment le très gros badaboum. Au point que des vitres volent en éclats un peu partout.

Tout le monde se met à paniquer alentour, à l’exception d’une vieille dame qui a ôté son sonotone pour se baigner, et d’un gros Allemand qui n’entend pas les détonations françaises.

Je rebrousse chemin en courant.

La terrasse du bar de la plage est complètement dévastée. Le gentil loufiat pend sur la balustrade, ouvert en deux par l’explosion.

Détail plaisant : son transistor continue de fonctionner et annonce que tes Messins (de service) viennent enfin de marquer un but.

J’en étais sûr : ça chauffait trop depuis un moment.

ENFOIRITRE VI

Depuis la merveilleuse baie vitrée (alors que celle de Rio ne l’est même pas) de l' Esturgeon, nous contemplons les dégâts.

Un cratère grand comme ça. Regarde ! Au moins, comme ça, tu juges ?

La police a cerné les lieux d’une lapalissade en bois, mais depuis notre table, on bénéficie de la perspective plongeante, dont Jean-Paul Sartre déclare qu’elle est le grand ennemi de l’humain, moi je veux bien, mais y a pire.

Le Dabe massacre un homard à la nage. Il est chou tout plein (pas le homard, mais le Vieux) ayant une immense bavette protectrice nouée autour du cou.

Te manipule le service à crustacés avec une dextérité de Grand Patron, cézigue. Tu dirais le professeur Hamburger en train de se payer un calcul rénal à l’arme blanche. Faut voir la manière qu’il lui brise la pince à l’homard, et évide celle-ci à l’aide d’une longue curette fourchue. Et je te suce les patounes ; et je te farfouille la carapace ! Un artiste !

Il ricane.

— Triomphe sur toute la ligne, mes chers petits !

Nos confrères d’ici et ceux d’en face font une gueule d’une aune, car, visiblement, la terrasse a été piégée à l’intention du prince Machin, comment se prénomme ce grand puceau, San-Antonio ? Arthur, Richard, Gonzague ?

— Charles, monsieur le directeur.

— C’est cela : Charles. Il faut absolument que je me fourre son prénom dans la tête. Quand il sera assorti d’un numéro cela ira mieux. Au fait, ce sera Charles combien ? Trois, non ? Oui : trois. Nous, nous en eûmes bien davantage ! Je disais donc que la terrasse a été piégée à l’intention du prince Georges. Sait-on si son voyage est ajourné ?

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