Janet Evanovich - Deux fois n’est pas coutume

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Deux fois n’est pas coutume: краткое содержание, описание и аннотация

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Stéphanie Plum est chasseuse de prime. Sa spécialité : ramener les libérés sous caution récalcitrants au tribunal. Un job sans grande surprise, sauf quand il s'agit de mettre la main sur Kenny Mancuso. Un vrai coriace trempé dans une affaire de trafic d'armes, qui passe son temps à découper des cadavres et à envoyer les morceaux à Stéphanie. Sans compter les quarante cercueils disparus d'une entreprise de pompes funèbres. Un vrai casse-tête. Évidemment, tout irait mieux si Morelli, flic et pot de colle, n'était pas toujours pendu à ses basques. Heureusement, Stéphanie à une grand-mère qui s'y connaît en flingues et en salons funéraires.

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Morelli jeta un regard de côté dans le rétro extérieur.

— Tu cherches Kenny ? me demanda-t-il.

— Je suis sûre qu’il est là. Je le sens.

— Je ne vois personne.

— Ce n’est pas pour autant qu’il n’est pas ici. Il est doué pour jouer à l’Homme invisible. Il rentre chez Stiva ni vu ni connu et il découpe un mort en morceaux. Il me repère devant chez Julia Cenetta et dans le parking du motel sans que je le voie venir. Et maintenant, j’ai l’horrible sensation qu’il me surveille, qu’il me suit partout, qu’il est tout près.

— Pourquoi s’amuserait-il à ça ?

— Il se trouve que Spiro a eu l’heureuse idée de lui dire que je le tuerais s’il continuait à me harceler.

— Aïe.

— Mais je suis sans doute un peu parano.

— Les paranos n’ont pas toujours tort.

Morelli s’arrêta à un feu rouge. La montre à affichage numérique du tableau de bord indiquait 5 : 58. Je fis craquer mes articulations, et Morelli me lança un regard amusé.

— Oui, dis-je, ma mère me rend nerveuse, et alors ?

— Ça fait partie de son boulot. Tu ne devrais pas le prendre à titre personnel.

On quitta Hamilton Avenue pour entrer dans le Bourg, et la circulation disparut comme par enchantement. Pas de lumières de phares derrière nous. Pourtant, je ne pouvais me débarrasser du sentiment que Kenny était là et m’avait à l’œil.

Ma mère et mamie Mazur nous attendaient sur le seuil. Je les regardais tandis que Morelli manœuvrait pour garer la voiture. D’habitude, c’étaient leurs différences qui me frappaient de prime abord, mais aujourd’hui, ce furent leurs similitudes qui me sautèrent aux yeux. Elles se tenaient toutes les deux très droites, les épaules en arrière ; un maintien altier qui, je le savais, était aussi le mien. Leurs mains étaient jointes devant elles et leur regard impassible était fixé sur nous. Elles avaient un visage rond, des paupières lourdes. Des yeux de Mongol. Mes ancêtres hongrois étaient originaires des steppes. Il n’y avait pas un seul citadin parmi eux. Ma grand-mère et ma mère, qui étaient des femmes petites, s’étaient tassées avec l’âge.

Elles avaient une ossature très fine, menue, et des cheveux de bébé. Elles devaient sans doute descendre de gitanes pouponnées en roulotte.

Moi, de mon côté, j’évoquais plutôt une fille de ferme n’ayant plus que la peau sur les os à force de manier la charrue.

Je soulevai ma jupe pour sauter de la camionnette et ma mère et ma grand-mère eurent un mouvement de recul.

— Mais qu’est-ce que c’est que cette tenue ? s’écria ma mère. Tu n’as pas de quoi t’acheter des vêtements ? Tu en es à porter ceux des autres ? Frank, il va falloir que tu donnes de l’argent à ta fille. Elle n’a pas de quoi s’habiller.

— Mais si, maman. Ces vêtements sont neufs. Je viens de les acheter. C’est la mode.

— Comment veux-tu te trouver un mari attifée de la sorte ? fit ma mère. Je n’ai pas raison ? ajouta-t-elle, prenant Morelli à témoin.

— Je la trouve à croquer, dit Morelli, hilare. C’est son look Annie Drôle.

J’avais toujours mon paquet à la main. Je le posai sur la table de l’entrée et ôtai ma veste.

— Annie Hall ! rectifiai-je.

Mamie Mazur s’empara de l’enveloppe et l’examina.

— Envoyée en express, dit-elle. Ça doit être important alors. On dirait qu’il y a une boîte à l’intérieur. Expéditeur… Klein, Cinquième Avenue. J’aimerais bien qu’on m’envoie un petit cadeau en express, moi !

Ce paquet m’était un peu sorti de la tête. Je ne connaissais personne du nom de R. Klein et n’avais rien commandé à New York. Je pris l’enveloppe des mains de ma grand-mère et en décollai le rabat. Elle contenait une petite boîte en carton. Je la sortis. Elle n’était pas très lourde.

— Elle a une drôle d’odeur, dit mamie Mazur. Ça sent l’insecticide. C’est peut-être un de ces parfums dernier cri.

J’arrachai les bouts de scotch, soulevai le couvercle et eus le souffle coupé. La boîte contenait un pénis. Le membre, tranché proprement à sa base, était embaumé à la perfection et fiché sur un carré de polystyrène par une épingle à chapeau.

Tout le monde fixa la chose avec cette horreur pétrifiée qu’on réserve habituellement aux accidentés de la route et aux grands brûlés.

Ce fut mamie Mazur qui parla la première, avec un zeste de mélancolie.

— Ça faisait un bout de temps que je n’en avais plus vu, dit-elle.

Ma mère se mit à hurler, levant les bras au ciel, les yeux hors de la tête.

— Jetez-moi ça dehors ! Mais où va le monde ? Que vont dire les voisins ?

Mon père, assis au salon, se décolla de son fauteuil et vint dans l’entrée pour voir l’origine de ce tohu-bohu.

— Qu’est-ce qui vous arrive ? demanda-t-il, s’infiltrant dans la mêlée.

— Un pénis, lui répondit ma grand-mère. Stéphanie l’a reçu au courrier. On ne s’est pas fichu d’elle, soit dit en passant.

Mon père eut un mouvement de recul.

— Jésus, Marie, Joseph ! s’écria-t-il.

— Qui peut bien faire une chose pareille ? cria ma mère. C’est en quoi ? En caoutchouc ? C’est un de ces gadgets de farces et attrapes ?

— Du caoutchouc ? fit mamie Mazur. Non, ça m’a tout l’air d’être un vrai. Un peu plus décoloré que dans mon souvenir, peut-être.

— C’est insensé ! s’écria ma mère. Qui peut bien expédier son pénis par la poste ?

— Un certain Klein selon l’enveloppe, dit ma grand-mère. C’est plutôt un nom juif, il me semble, mais ce pénis ne m’a pas l’air très catholique pour un Juif.

Tout le monde la regarda, sidéré.

— Je ne suis pas spécialiste, s’empressa-t-elle d’ajouter, mais il me semble bien en avoir vu un dans National Géographie.

Morelli me prit la boîte des mains et la recoiffa de son couvercle. Nous savions tous deux quel nom accoler à ce pénis. Joseph Loosey.

— Je prends une option pour un autre dîner, dit Morelli. Cette affaire concerne la police, j’en ai peur.

Il prit mon sac sur la table de l’entrée et me le passa à l’épaule.

— Stéphanie doit venir avec moi, dit-il. Pour faire une déposition.

— Tout ça, c’est à cause de ton travail de chasseuse de primes, me dit ma mère. Tu ne rencontres que des détraqués. Trouve-toi donc un vrai travail, comme ta cousine Christine. On ne lui envoie jamais des trucs pareils à elle !

— Christine travaille dans une usine de vitamines. Elle passe ses journées à surveiller que la chaîne ne s’emballe pas.

— Elle gagne bien sa vie au moins.

Je boutonnai ma veste.

— Moi aussi, ça m’arrive !

11

Morelli ouvrit la portière de la camionnette à toute volée, jeta mon petit colis sur la banquette et, d’un geste teinté d’impatience, m’invita à suivre le même chemin. Son visage était impassible, mais je sentais que la colère faisait vibrer tout son corps.

— L’enfoiré ! fulmina-t-il en débrayant. Il se croit drôle avec ses jeux de con ? Quand il était gosse, il me racontait les trucs qu’il faisait, je n’arrivais jamais à faire la part du vrai et du faux. Lui non plus, si ça se trouve. Remarque, peut-être que tout était vrai.

— Tu étais sérieux quand tu parlais d’aller porter plainte ?

— La poste voit d’un sale œil que des parties du corps humain soient expédiées à des fins humoristiques.

— C’est pour ça que tu nous as fait sortir en trombe de chez mes parents ?

— Non, c’est parce que je ne pensais pas pouvoir tenir deux heures à table avec l’attention générale fixée sur le manche à balai de Loosey stocké au frigo à côté de la compote de pommes.

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