Frédéric Dard - Céréales killer

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Céréales killer: краткое содержание, описание и аннотация

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Tout à la joie de l’arrivée de son fils adoptif Antoine, nommé major de sa promotion à l’Ecole de Police, San-Antonio doit très vite déchanter : par un fâcheux concours de circonstances, Antoine se retrouve le principal suspect d’un crime survenu au cours d’une rave-party, dans le milieu des exploitants agricoles de la Beauce profonde. La victime, Mélanie Godemiche, fille unique d’une grande famille de propriétaires terriens de la région de Chartres, a été retrouvée morte et atrocement mutilée. C’est elle qui avait organisé la rave-party. Ami et invité de Mélanie, Antoine a malencontreusement perdu, sur les lieux de la fête, une casquette marquée à ses nom et prénom, qui fait de lui le suspect n°1.
Afin de prouver l’innocence de son fils, le commissaire vient enquêter parmi les membres de la famille Godemiche : Mathilde, seconde épouse du père de Mélanie, Léonard Godemiche, décédé quelques années auparavant, vit dans la grande ferme familiale, en compagnie de Suzie, soubrette complaisante envers les désirs lubriques de sa patronne supernymphomane.
Jacquemart-André Godemiche, frère de Léonard, à quelques lieues de là, veuf inconsolable d’une épouse adorée, vit avec son fils Nicolas, jeune homme renfermé et parfois violent.
C’est alors que l’enquête, difficile au départ, se complique encore car le meurtre de Mélanie est bientôt suivi de deux autres. Pour le juge d’instruction, le responsable de ces trois crimes reste toujours Antoine, mais San-A, grâce à sa sagacité, parviendra à démasquer le criminel : Jacquemart-André, qui prélevait sur les jeunes mortes de quoi rendre vie à son épouse dont il conserve le cadavre dans son grenier.

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Je n'ai pas le temps de m'accorder d'autres réflexions. Un craquement du côté de l'entrée me fait tourner la tête. Juste ce qu'il faut pour déguster un magistral coup de matraque sur le temporal. J'ai l'impression d'avoir percuté un TGV lancé à 300 à l'heure. Mes jambes se dérobent sous mes roustons et le disque dur de mon ordinateur intime s'efface.

* * *

Lorsque je reconnecte à l'existence, il fait jour et je ne me trouve plus dans l'apparte merdique de Carmela. Je palpe ma calebombe pour m'assurer de la qualité de l'aubergine que je cultive sur la tempe gauche. Ce geste prouve ma liberté de mouvements. Je ne suis pas attaché. Je cligne des yeux pour accoutumer ma rétine au rayon de lumière qui la frappe de plein fouet.

Cette éclaboussure de soleil provient d'un minuscule soupirail. Je suis allongé sur un bat-flanc dans une cave de deux mètres sur deux. Je me jette sur mes pattes et lorgne par la petite imposte. Mon caveau est situé en contrebas d'un jardin fleuri et bien entretenu. Une petite allée cimentée passe tout près de mon fenestron. J'aperçois Diego, le mouflet d'hier soir, pédalant comme un fou sur un tricycle, suivi par une jeune femme enceinte jusqu'aux ouïes. Les choses se remettent en place sous ma coiffe. Cette future accouchée au teint basané, c'est la mère du gamin et la femme de Paco-le-Balafré. Conclusion : c'est lui qui m'a fait exploser les méninges cette nuit et me retient prisonnier ce matin. J'étais chasseur, je suis devenu gibier en cage. Pas fameux pour l'ego et encore moins pour l'espérance de vie.

J'effectue quelques mouvements gymniques histoire de me décrasser les articulations. Je poireaute une paire d'heures avant que la porte de ma geôle daigne s'ouvrir. Paco s'encadre dans le chambranle, un large sourire aux lèvres. Il ne brandit aucune arme et la première idée qui me vient, c'est de lui rentrer dans le chou sans amorcer le moindre dialogue. Seulement, sa tranquillité ne m'incite guère à l'exploit. Il a forcément blindé ses arrières pour venir me narguer à main nue.

Ola ! lance-t-il, guilleret comme s'il venait me chercher pour une partie de golf.

Salve, Paco.

— Pas trop mal au crâne ?

— Juste ce qu'il faut. Le coup était bien dosé.

— Parfait. Mais avant tout, je tenais à vous rendre ça…

Il dégage brusquement de sa poche mon arme de service dont il plaque le canon contre mon front. Je ne te vendrai pas de salade : j'en mène moins large que le delta du Nil. A vrai dire, mon troufignon serait capable de serrer un cil de libellule et d'empêcher le pack des All Black de me l'arracher. J'ai vraiment le sentiment que le Balafré va me composter sans autre forme de procès. Son doigt se contracte sur la détente. Clic ! Ce petit bruit métallique résonne dans mon âme comme un chant grégorien.

Paco me rend mon pistolet en se marrant.

— Tenez, commissaire. Evidemment, je l'ai vidé de ses balles.

— Bonne initiative, soupiré-je en empochant l'arme.

— Il était normal que je vous restitue votre pistolet car vous l'avez perdu en sauvant mon fils. Je l'ai ramassé sur la voie du tram.

— Je comprends. Intrigué par ce flingue, vous avez demandé à votre sœur Carmela de me piéger.

— Je ne pouvais pas agir autrement.

— Elle s'est parfaitement acquittée de son travail de pute.

Paco m'adresse un sourire glacial.

— Ma sœur a agi sur mon ordre. Tout le monde m'obéit dans la famille. Carmela m'a affirmé n'avoir jamais éprouvé autant de plaisir, commissaire, si ça peut vous consoler.

— Me consoler de quoi ? Du fait que vous allez me buter ?

Paco pousse un interminable soupir.

— C'était la solution logique. Seulement vous avez sauvé Diego et le code d'honneur m'empêche de vous tuer. J'en ai pourtant eu la tentation, vous savez que les hommes cèdent facilement à la facilité. Mais ma femme s'y est violemment opposée. Et vous savez également que les mêmes hommes se soumettent encore plus vite à la volonté de leur épouse.

— Ça signifie que… je suis libre ? questionné-je, sans grande conviction.

— Absolument. Vous allez rentrer en France et poursuivre votre enquête sur l'assassinat de Mélanie Godemiche.

— Vous êtes bien informé ! admiré-je.

— C'est vital, dans mon métier.

On reste quelques instants à se regarder dans le blanc des yeux.

— Ici, vous faites fausse route, commissaire. Je ne suis pour rien dans le meurtre de cette fille, parole d'homme.

— Alors que faisiez-vous en Beauce, si loin de Rome, ce soir-là ?

Il n'hésite pas une seconde à me répondre :

— Mon travail.

— Le deal de coke ?

— Le deal ? Vous m'insultez ! Croyez-vous qu'un simple dealer pourrait s'offrir une baraque avec piscine en bordure de la Villa Glori, l'un des endroits les plus chers de Rome ? Et qu'il irait livrer quelques doses à Chartres ?

— Pardonnez-moi de vous avoir offensé, mon père ! le chambré-je. Mais vous étiez bien à Chartres le soir du meurtre et vous vous êtes disputé avec la victime !

Paco caresse aimablement sa cicatrice.

— Nous avons eu en effet un petit différend. L'opération se chiffrait à trois millions et il manquait cinq cent mille. Pas de lires, bien sûr, mais de francs.

— Et comme Mélanie n'a pas pu payer, vous l'avez butée à titre de représailles.

Paco ne peut réprimer un geste d'agacement.

— Son cousin a réglé le solde.

— Son cousin Nicolas ?

— Un grand prétentieux !

— Tout à fait lui. Vous feriez un excellent portraitiste…

— Il a payé cash.

Dans ma Ford intérieure, je me dis que ce trouduc m'a mené en bateau comme un bleu avec ses airs de ne pas y toucher. Je ne regrette pas de lui avoir démanché les narines.

— Vous êtes alors retourné en Italie ?

— A minuit, je franchissais le péage de St-Arnoult et au petit matin, à l'heure du crime, j'arrivais dans la banlieue de Pise. Vous m'excuserez de ne pas vous fournir de preuve, commissaire, mais je ne tiens pas une comptabilité détaillée de mes déplacements.

— A qui avez-vous téléphoné ce soir-là, au Chalet Pantarolli ?

— J'appelais un de mes collaborateurs pour lui indiquer que l'affaire était terminée. C'est ce coup de fil qui m'a fait tomber ?

— Ça, et la perte de votre bonnet.

— Je l'ai offert à un petit gars débile qui avait flashé dessus. La générosité ne me réussit pas !

Le Balafré me fait signe de sortir de ma cage. Nous nous engageons le long d'un souterrain faiblement éclairé.

— Allez-y ! Vous êtes libre. Je sais que vous ne me trahirez pas, commissaire. J'ai tout prévu… Voyez vous-même.

Il me désigne une porte plus fortement grillagée qu'une cellule de Cayenne. A travers les barreaux, je distingue une forme allongée sur un bat-flanc identique au mien. Paco actionne un commutateur électrique, la pièce s'illumine me permettant d'identifier le prisonnier. Et là, je te jure que ma comprenette vacille. Le type en question n'est autre que mon fils.

* * *

— Antoine ! hurlé-je, Antoine réponds-moi !

Mais il ne bronche pas. Je me retourne vers Paco, bien décidé à lui défoncer le portrait. Il apaise mes ardeurs en me pointant un gros calibre sur le cœur.

— On se calme, commissaire.

— Comment mon fils se trouve-t-il ici ?

— Vous le lui demanderez en temps utile… si un jour vous vous revoyez.

Paco m'empoigne par le bras, me fait grimper un escalier en colis-de-maçon, comme dit Béru qui me manque tant en cet instant d'horreur totale.

On se retrouve dans le jardin, près de la grille d'entrée.

— Votre fils n'est pas mort. Juste endormi. Mais que les choses soient bien claires : je n'ai aucune dette envers lui et le tuer ne me posera aucun cas de conscience. Alors vous allez quitter immédiatement l'Italie. Dans quelques jours, je le libérerai et nous serons quittes. C'est le mieux que je puisse vous proposer, d'accord ?

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