Frédéric Dard - Cocottes-minute

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Cocottes-minute: краткое содержание, описание и аннотация

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Tu as déjà acheté de la viande sous cellophane, toi ? Oui ? Ben, faut vivre avec son temps bouffe-merdique, que veux-tu.
Mais des bites sous cellophane, t'en as déjà vu des bites sous cellophane ?
Jamais ?
Moi si ! Lis ce book et t'en auras plein la musette (plein l'amusette).
Une aventure pareille, j'ai bien cherché : tu peux pas la trouver ailleurs que dans mon œuvre.
En plus des biroutes par paquets, t'auras droit à des frangines ultra-rapidos du réchaud.
Elles te regardent et ton bénouze se transforme en socquette.
Je les appelle des cocottes-minute.

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Je me laisse tomber sur un canapé ravagé. Le grand salon des Saint-Braque part un tantisoit en brioche. M'est avis que la Francine devrait profiter de la présence de ces chenapans pour les faire repeindre les pièces, lesquelles s'abandonnent un peu trop. Le domaine va au naufrage.

Je regarde les quatre locdus à tour de rôle :

— Y a un couac dans la vie de château, les mecs ! leur dis-je. J'entrevois des ennuis à grand spectacle pour vos pommes.

Le Rouquemoute dit, avec un regard en pas de vis :

— On n'a rien fait.

— Tu te figures que ce genre de déclaration va nous suffire, Ducon ?

— Ben, on peut pas dire autre chose, puisque c'est la vérité ! objecte le dessalé.

Béru ne résiste pas et lui allonge une mandale qui le couche au milieu du salon.

— Je veux d'la politesse ! déclare mon pote.

Le beur renaude :

— Où avez-vous pris qu'on vous manquait de respect ?

Nouvelle tarte aux myrtilles qui enflamme sa pommette.

— J'ai dit du calme ! gronde Bérurier. L'commissaire vous pose des questions, et tout c'qu'est pas la réponse est d'trop, comprenez-vous-t-il ?

Je laisse aller le Mammouth à ses instincts. Plusieurs mois sans policer, il est en manque. A besoin de se reforger une psychologie.

— Les gars, reprends-je, si Riton est allé se faire repasser dans le labyrinthe, c'est qu'il y avait rencard ; pas besoin de sortir de l'E.N.A. pour piger la vérité. Ce rembour, il en a fatalement parlé à l'un de vous quatre. Juste ?

Les petites frappes restent indécis.

— Toi ! fais-je à l'un d'eux. Que t'a-t-il dit ?

— Rien, m'sieur.

— Vous avez chacun votre chambre, ici ?

— Non : on couche trois et deux, rétorque le Rouillé.

— Qui pieutait dans la même turne Riton ?

— Moi, fait l'Incendié.

— Quand il lui arrivait de sortir, de nuit, il t'informait de l'endroit où il se rendait ?

— Il sortait presque jamais.

— Mais la chose lui arrivait, je le sais.

Le mec carotte a la peau des joues presque acajou tant ses taches de rousseur sont serrées II possède un regard légèrement albinos qui incommode.

Je bâille.

— Ecoute, Rouquemoute, fais-je, tu me plumes avec tes réponses évasives. T'as pas encore réalisé l'urgence de la conjoncture. L'officier de police Bérurier va t'entreprendre à sa manière.

J'adresse un signe au Gros.

— Trouvez un coin discret pour une converse à bâtons rompus, fais-je en mettant « bâtons » et « rompus » au pluriel à l'insu de la cotterie et pour ma seule satisfaction intime.

— Tout c'qu'a d'volontiers et avec beaucoup d'parfaitement, s'empresse Sa Majesté.

Il pose sa main sur l'épaule du garçon et le propulse vers la sortie.

Je rebâille et dis languissamment aux trois autres :

— Avant que ça chie des bulles carrées, mes drôles, grouillez-vous de vous mettre à jour. Je constitue votre dernière chance. Je veux tout savoir sur Riton, sa vie, son œuvre. Tout sur les parties de cul de cette baraque ; la manière que les demoiselles de la haute se font emplâtrer, ce qu'elles vous bricolent comme délicatesses. Je veux connaître votre emploi du temps, votre manière de vivre, les menus qui vous sont servis. Si vous y mettez du vôtre, moi j'y mettrai du mien.

Tout en parlant, je marche au téléphone et compose le bigophone de Jérémie Blanc. Est-il rentré de ses vacances au Sénégal ? La sonnerie retentit à plusieurs reprises. Pile comme je m'apprête à raccrocher, l'organe haletant du négro.

— Blanc, j'écoute !

— San-Antonio, je parle ! réponds-je du tac au tac.

Il éclate de rire.

— Phénoménal, assure-t-il. Nous arrivons à seconde. J'ai grimpé quatre à quatre l'escalier en entendant la sonnerie.

Laisse tes chiares débonder les valoches, mec, et amène-toi au château de Con-la-Ville, dans les Yveines, nationale 13. Je t'espère dans moins de quatre-vingt-dix minutes !

— T'es chié ! s'exclame Jérémie, ravi. Y a le feu ?

— Exactement, Mme la marquise, les communs sont en train de cramer.

Je raccroche et vais à la lourde. Je passe mon physique de théâtre par l'entrebâillement et avise le cousin Gonzague embusqué contre le chambranle.

— Non, non, l'ami ! lui dis-je. Dégagez le territoire. C'est mauvais de stationner dans les courants d'air avec un pif comme le vôtre, vous allez déguster un rhume carabiné.

Je ferme la porte moulurée d'un coup de saton qui la fait vibrer. Ensuite, je retourne à mes malfrats.

— Venez vous asseoir sur le grand canapé, les gentils agneaux !

Ils obéissent. J'amène une chaise face à eux et m'y installe à califourchon.

— Cette fois, nous sommes opérationnels leur dis-je. Laissez aller votre cœur, mes chéris.

LES UNES ET LES AUTRES

Les dames bénévoles, tu leur donnerais le bon Dieu sans confession. D'un sérieux ! D'un guindé ! Tu peux pas croire que ces énervées du slip se fassent tromboner en des figures sauvages, la nuit venue ! Sont toutes en Chanel strict, pas ou peu fardées, rigides. Le beau monde cultive les apparences et il a bien raison. Elles lui servent de vertu et moi je trouve que c'est mieux que rien. Faire semblant est un début de réalité. Si tu fais de plus en plus semblant, t'arrives progressivement à être pour de bon ce que tu souhaites paraître. Faut pas renâcler. Tous les sentiers sont bons, qui conduisent au ciel.

Trois gonzesses, plus Francine de Saint-Braque. Des gerces s'étageant de trente à cinquante balais, avec toutes le même style chochotte. L'air de t'éplucher les subjonctifs, de contrôler que tu tiens bien ta fourchette de la main gauche et que tu ne craches pas les noyaux de cerise directo dans ton assiette. Certaines sont maridas puisqu'elles portent alliance, d'autres prennent des bains de siège pour se calmer les ardeurs nocturnes lorsqu'elles n'ont pas de bitounes à se carrer dans la moniche [2] Je parle à mots couverts, pas choquer les pudibondes. .

Ce qui les révèle sûrement, c'est leur regard. Ce je ne sais quoi d'indéfinissable qui laisse transparaître leurs langueurs intimes : les sanglots longs du violon de leur chatte.

Je les salue et me plais à voir s'allumer d'emblée des convoitises sexuelles dans leurs prunelles putasses. Les vicelardes te jaugent sans s'en rendre compte. Un mâle débouche pas mal bousculé, qu'illico elles lui supputent le kangourou, lui envisagent les prouesses ; est-ce qu'il prend appui sur les coudes ou sur les mains quand il lonche ? Sur les mains, c'est un vrai pro. Un qui a besoin de recul pour visionner la frite à Ninette en cours d'ébats, s'assurer qu'elle biche bien un fade royal, rien paumer de ses mimiques de plaisir.

Je dévisage calmement ces pétasses distinguées. Le cousin Gonzague boude à l'écart. Il sait que je le hais d'instinct, ce qui est sans remède, et qu'à la moindre occasion je lui ferais déguster ses dents. Alors, comme il n'aime les coups, il se cantonne dans les prudences hostiles…

Bérurier m'a rejoint, II est plus lourd et formidable que jamais. Certain que sa moumoute lui confère un look (comme dit Jean Dutourd), il frime à mort, passant ces dames en revue avec un bout de langue sortie, prometteuse bien qu'elle soit plus chargée qu'une lettre contenant des valeurs.

— Mesdames, attaqué-je, après l'audition des jeunes gens dont vous vous occupez avec tant de sollicitude, il appert que le garçon égorgé avait un rendez-vous qu'il qualifiait d'important dans le labyrinthe. Il aurait même déclaré que celui-ci allait changer beaucoup de choses. Il s'y est donc rendu pour n'en plus revenir. Comme il y a eu ici, dans la soirée, une sévère partouze avec toute la troupe, partouze aimablement engagée par la projection d'une cassette « X » intitulée La Tzarine en folie, œuvre en costumes, d'un certain niveau artistique. Comme il y a eu cette partouze, dis-je, je ne pense pas que le rendez-vous dont parlait le jeune Riton ait été pris avec quelqu'un de cette maison. Il n'y avait aucune raison, à mon sens, que le pauvre diable aille rejoindre secrètement une personne qui venait de tout lui accorder ouvertement. Par conséquent je vous mets hors de cause.

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