* * *
Ce n’est pas ce qu’on dit qui est important, c’est ce que les autres comprennent qui est important.
* * *
Inventer quelque chose ça consiste à ramasser les idées des autres et à en tirer des conclusions auxquelles ils n’avaient pas pensé eux-mêmes.
* * *
Le meilleur moyen de répondre à un mauvais argument, c’est de le laisser se développer jusqu’à la fin.
* * *
Je suis prêt à vous parier ma chemise. Et si je suis joueur c’est bien parce que vous ne faites pas ma taille !
* * *
L’intelligence d’un discours dépend surtout de celui qui écoute.
* * *
L’histoire se répète, c’est dommage que ce soit nous qui payons les répétitions.
* * *
Dieu a dit : « Mangez, c’est mon corps ; buvez, c’est mon sang ; touchez pas c’est mon cul. »
* * *
Le monde est bien fait : Dieu croit aux cons et les cons croient en Dieu !
* * *
Dieu est mort, il y a une place à prendre !
* * *
Le mec qui croit à la résurrection, il peut toujours aller se faire enterrer à coté de Marilyn Monroe, ça prouve pas qu’il va être ressurexé, si je peux me permettre d’inventer un mot qu’est pas dans le dictionnaire. Parce que, à la rigueur l’espoir fait vivre, mais quant à mourir de ça, y a une marge !
* * *
Raconte pas ta vie, on a tous la même ! Aujourd’hui c’est vendredi, et c’est vendredi pour tout le monde !
* * *
Quel jour on est aujourd’hui ? Vendredi. Quel beau nom pour un Noir !
* * *
On dit un jour néfaste ou une journée faste ?
* * *
Vivement demain que tout soit comme hier !
* * *
Je me suis tellement habitué à rire que même si je devais mourir subitement, je crois que ça me ferait marrer.
* * *
J’ai trouvé mon épitaphe : « circulez y a rien à voir ! »
* * *
Si Dieu existe, vous lui ferez mes compliments !
Le 27 février 1986
à la loge « LOCARNO 72 »
Au siège du Grand Orient de France.
LE RESPONSABLE DE LA LOGE, LOUIS DALMAS : Coluche, je vous demande quelques minutes de patience, pour me donner le temps d’abord de vous remercier d’avoir accepté notre invitation et de nous honorer de votre présence, pour me permettre ensuite d’établir le contact avec les amis qui vont vous écouter.
Vous le savez, l’appartenance à la Maçonnerie, et l’entrée dans un temple, dépouillent nos sœurs et frères de leurs ornements extérieurs, et ce n’est pas votre gloire qui nous intéresse, ni qui m’a poussé à vous inviter.
C’est autre chose. Ce que je pourrais appeler la façon dont vous avez conquis cette gloire.
Au moyen de trois ressorts qui éveillent en beaucoup d’entre nous des résonances fraternelles : trois ressorts qui sont la provocation, la satire et la générosité.
La provocation, qui parait à chaque détour de vos interventions publiques, dans la verve rabelaisienne de votre langage, et qui est la face percutante de l’indépendance. Vous êtes un homme indépendant, Coluche, et l’indépendance renvoie a une idée qui nous est chère : celle de la liberté.
La satire, qui vous fait rire de tous et de tout, sans respect des conformismes ni crainte des autorités, et qui prouve que vous ne vous sentez inférieur à personne. Votre ironie n’épargne aucune origine, aucune conviction, et cette salubre insolence s’inspire d’une autre notion qui nous tient a cœur : celle de l’égalité.
La générosité enfin, qui vous a fait lancer une retentissante campagne contre le malheur et la pauvreté, et mettre votre impact sur les foules au service d’une grande opération de charité, et d’un projet de loi qui doit en assurer le prolongement. Vous êtes un homme de cœur, et cette attention portée au sort des autres rejoint un sentiment que nous partageons tous profondément : celui de la fraternité.
Liberté, égalité, fraternité. Ces synonymes ne sont pas des jeux de mots. Je crois retrouver leur écho, traduit à votre manière, dans chaque expression de votre talent Vous honorez ces mots comme nota. Ils sont la vieille devise républicaine, ils sont aussi la devise de la Maçonnerie, et ils descendent tout à coup du fronton des édifices pour prendre force et chaleur lorsque, comme vous, on les fait entrer dans la réalité.
Vous voyez que nous avons des raisons de nous sentir proches, et le plus grand intérêt à vous écouter.
Un mot encore, avant de vous donner la parole. Ne soyez pas surpris si personne ne vous applaudit. Nos obligations intérieures nous interdisent, pour respecter la sérénité de notre débat, de manifester nos sentiments. C’est une règle de discipline, mais pas une marque d’indifférence. Soyez assuré qu’en dépit de notre silence, vous êtes accueilli parmi nous avec un maximum de chaleur, de considération et de sympathie.
COLUCHE :Eh bien, si on n’a pas le droit d’applaudir, je me sens assez loin de chez moi…
J’ai reçu votre invitation avec plaisir, et j’ai vu une « tenue blanche mixte fermée ». Je me suis dit, merde, comment il faut s’habiller pour aller là. Alors, j’ai bien pensé à plusieurs trucs, et finalement je me suis fait expliquer, et ç’a été plus simple.
Alors voilà, le titre donc de la réunion, c’est « un nouveau pouvoir », avec un point d’interrogation.
Qu’est-ce que c’est qu’un nouveau pouvoir ? si vous voulez, ça dépend du nombre de gens influents sur les choses de la société, que ce soit les mœurs ou la politique. Si beaucoup de gens décident que c’est un nouveau pouvoir, eh bien, c’en est un.
C’est marrant que vous posiez cette question, parce que vous, vous êtes un pouvoir qui, finalement, est secret, alors qu’on aurait bien besoin d’un pouvoir qui ne le serait pas.
Qu’est-ce que j’ai fait avec les Restaurants du Cœur ? Eh bien, d’abord, il faut dire que j’ai utilisé les médias sans leur dire au départ. J’étais sur Europe 1, j’avais une émission populaire qui me permettait de lancer une idée, et j’ai lancé cette idée.
Après ça, quand j’en ai parlé pendant deux mois à peu près, je suis allé voir les dirigeants d’Europe 1 et je leur ai dit, maintenant, ça ne va pas être facile de faire marche arrière, parce qu’on reçoit un courrier énorme, et ils ont dit, bon, d’accord, on va faire une journée.
Après ça, j’ai commencé à dire qu’il n’y avait qu’à taper dans les excédents de production, parce que ça nous permettrait d’avoir de la nourriture pas chère, et donc de nourrir tout le monde.
Après, je suis allé au ministère de l’Agriculture, et je leur ai dit voilà ce que j’ai fait, alors maintenant, il faudrait…
Le défaut des lois en général, disait un homme de pouvoir, c’est qu’elles sont souvent en avance sur les mœurs, à part quelques-unes qui sont très en retard. Vous voyez les élections d’aujourd’hui par exemple, personne ne sait de quoi il s’agit. Personne ne sait comment il faut voter, ni pour qui ni pour quoi. On sait pas. C’est très vague dans le public.
L’intérêt des Restaurants du Cœur, c’est que d’abord on fait quelque chose qui est populaire, et qui fera l’objet d’une loi ensuite.
Et puis autre chose, à propos du pouvoir, est-ce qu’il y en a un nouveau, est-ce qu’il y en a pas un nouveau, en tout cas, il y en a un qui est à prendre. Ça, c’est sûr.
Читать дальше