Madame de Montesson.
Madame de Genlis ne dit ici que ce qui est. Autrefois les femmes, lorsque le maître d'hôtel avait annoncé le dîner, sortaient toutes les premières du salon: celles qui étaient le plus près de la porte passaient les premières en se faisant quelques compliments, mais qui n'entravaient pas la marche. Les hommes passaient ensuite, et à table on se plaçait selon ses goûts et sa convenance. Quelquefois le maître de la maison mettait auprès de lui les deux femmes les plus importantes.
Ou sa voiture suivait celle de sa belle-sœur, je n'ai pas la chose bien présente; je crois cependant qu'elle était avec madame Bonaparte. Comme, depuis que madame Murat est à Paris, je ne la vois pas et n'ai aucun rapport avec elle, je n'ai pu le savoir d'elle. Si cette conduite de ma part paraît étonnante, qu'on se rappelle celle de madame Murat!.. Elle n'est quelque chose aujourd'hui en France que pour des amis personnels: tout ce qui porte le souvenir de l'Empereur au cœur doit se rappeler le traité de la cour de Naples en 1814!.. Qui le provoqua?.. lorsqu'on songe à ce que pouvait la force de l'armée napolitaine dans les affaires de cette époque, pour ou contre l'Autriche, on s'étonne et l'on s'irrite à la fois en voyant une personne qui avait la prétention de savoir régner presque avant celle de plaire, ne savoir être ni reine, ni sœur. Comment put-elle croire UN MOMENT que les couronnes posées sur des fronts fraternels par la main de Napoléon y demeureraient un jour après la chute de la sienne?.. Les insensés!.. ils ne furent rois que par le vertige qui entoure les trônes au moment du danger!..
Quant à l'amitié particulière qui existait entre nous dans notre jeunesse assez intimement pour nous tutoyer, il y a longtemps que les liens en ont été brisés par madame Murat elle-même. Ma fidélité et mon dévouement au nom de l'Empereur, à sa mémoire… rendent témoignage pour moi de ce que j'aurais été pour sa sœur si elle-même eût toujours été ce qu'elle devait être. Cet attachement et ce dévouement ont survécu à l'éclat du soleil impérial… La duchesse de Saint-Leu, le prince de Canino, le comte de Survilliers, tout ce qui reste de cette illustre et malheureuse famille est dans mon cœur et pour toujours!..