Pérez-Reverte, Arturo - Le soleil de Breda
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Personne dans le tercio ne mit en doute l’honneur du capitaine Alatriste. La preuve en est qu’une semaine plus tard, quand on décida d’attaquer la digue de Sevenberge, lui et son escouade se retrouvèrent parmi les quarante-quatre hommes choisis pour la tâche. Ils sortirent de nos lignes au coucher du soleil, profitant de la première nuit d’épais brouillard pour dissimuler leurs mouvements. La petite troupe était commandée par les capitaines Bragado et Torralba. Tous avaient enfilé leur chemise par-dessus leur pourpoint et leur casaque afin de se reconnaître dans l’obscurité. Ces expéditions nocturnes, qu’on appelait des camisades, étaient une pratique courante des troupes espagnoles. Elles avaient pour but de mettre à profit l’agressivité et l’adresse de nos gens au corps à corps : après s’être faufilés dans le camp des hérétiques, ils devaient fondre sur l’ennemi, tuer autant d’hommes que possible, puis mettre le feu aux baraques et aux tentes au moment précis de la retraite, et pas avant, pour ne pas se faire repérer à la lumière des incendies, et enfin regagner nos lignes ventre à terre. Comme il s’agissait toujours de combattants d’élite, participer à une camisade était considéré comme un grand honneur parmi les Espagnols, à telle enseigne que les soldats se battaient souvent entre eux pour être de la partie et ne pas connaître la honte d’en être exclus. Les règles étaient strictes et elles étaient généralement observées, afin d’éviter que nos soldats ne s’entretuent dans le noir. Parmi les nombreuses camisades qui eurent lieu dans les Flandres, celle de Mons frappa particulièrement les esprits : cinq cents Allemands à la solde des orangistes y trouvèrent la mort tandis que leur camp était réduit en cendres. En une autre occasion, une cinquantaine d’hommes seulement avaient été choisis pour un de ces coups de main nocturnes ; à l’heure dite, des soldats accoururent de partout pour y participer à leur compte. Quand la troupe s’ébranla dans le désordre, au lieu du silence habituel, ce ne fut que disputes et discussions en pleine nuit : on aurait cru à une razzia à la mauresque plus qu’à une camisade d’Espagnols, tandis que trois cents hommes se bousculaient sur le chemin pour arriver avant les autres et que l’ennemi se réveillait, surpris de voir lui tomber dessus une nuée d’énergumènes à moitié fous, vociférants et en chemise, qui tuaient sans faire de quartier et s’insultaient les uns les autres, égorgeant à qui mieux mieux.
Pour l’attaque de Sevenberge, le plan du général Spinola consistait à faire dans le plus grand silence les deux longues heures de route qui nous séparaient de la digue, puis à tomber sur les soldats qui défendaient l’ouvrage de terre pour le raser en démolissant les écluses à coups de hache avant de tout incendier. On décida qu’une demi-douzaine de valets d’armée participeraient à la camisade pour transporter ce qu’il fallait afin de saper la digue et l’incendier. C’est ainsi que je me vis cette nuit-là marcher à la file avec les Espagnols sur la rive droite de la Merck, sur laquelle flottait un épais brouillard. Dans la brume et le noir, on n’entendait que le bruit assourdi de nos pas, car nous étions chaussés d’espadrilles ou de bottes enveloppées dans des chiffons. Quiconque aurait parlé à haute voix, allumé une mèche ou porté une arquebuse ou un pistolet amorcé l’aurait payé de sa vie. Les chemises blanches avançaient comme des linceuls de fantômes. Il y avait belle lurette que je m’étais vu obligé de vendre mon bel estoc de Solingen, car il était défendu aux valets de porter l’épée. Je n’étais donc armé que de ma dague, solidement accrochée à mon ceinturon, et j’allais de l’avant, lourdement chargé d’impedimenta. Le sac que je portais à l’épaule était rempli à craquer : charges de poudre et de soufre enveloppées dans des pétards, guirlandes de goudron pour bouter le feu et deux haches bien affilées pour démolir les machines des écluses.
Je tremblais de froid, malgré le pourpoint de grosse étoffe que j’avais enfilé sous ma pauvre chemise. Celle-ci était plus trouée qu’une flûte et ne paraissait blanche qu’à la faveur de la nuit. J’avais les cheveux trempés à cause du brouillard, qui donnait des allures irréelles au paysage. De petites gouttes coulaient sur mon visage, comme du crachin. Le sol était glissant et j’avançais très prudemment, car un faux pas sur l’herbe mouillée m’aurait conduit tout droit dans les eaux glacées de la Merck, avec soixante livres sur le dos. Je n’y voyais goutte dans la nuit et la brume : deux ou trois taches blanches diffuses devant moi, deux ou trois autres derrière. La plus proche, que je suivais de mon mieux, était celle du capitaine Alatriste. Son escouade formait l’avant-garde, précédée seulement du capitaine Bragado et de deux guides wallons du tercio de Sœst, ou de ce qu’il en restait, dont la mission, à part nous guider car ils connaissaient bien la région, consistait à tromper les sentinelles hollandaises et à s’approcher suffisamment pour les égorger avant qu’elles aient le temps de sonner l’alarme. On avait choisi pour cela un chemin qui pénétrait en territoire ennemi après avoir louvoyé entre de grands marécages, souvent très étroit quand il prenait par les digues, forçant nos hommes à se mettre à la queue leu leu.
Nous passâmes sur l’autre rive en empruntant une estacade qui nous conduisit à la digue séparant la rive gauche des marécages. La tache blanche du capitaine Alatriste avançait en silence, comme d’habitude. Je l’avais vu se préparer posément à la tombée de la nuit : casaque de buffle sous la chemise, et par-dessus la ceinture, avec son épée, sa dague et le pistolet que lui avait rendu l’enseigne Minaya. Alatriste avait graissé le bassinet de son arme pour le protéger de l’eau. Il avait aussi suspendu à son ceinturon une petite poire à poudre et une bourse contenant dix balles, un silex de rechange et un briquet à amadou, au cas où il en aurait besoin. Il avait vérifié la couleur de la poudre, ni trop noire ni trop brune, son grain, fin et dur, puis il en avait mis un peu sur sa langue pour goûter le salpêtre et avait ensuite demandé à Copons sa pierre à aiguiser, afin de repasser longuement les deux tranchants de sa dague. Les hommes de l’avant-garde n’avaient ni arquebuses ni mousquets. Leur mission consistait à donner le premier assaut à l’arme blanche dans le but d’établir une tête de pont, tâche pour laquelle ils devaient aller légers et les mains libres. Le fourrier de notre compagnie ayant demandé des volontaires parmi les valets, mon ami Jaime Correas et moi-même nous présentâmes, non sans lui rappeler que nous avions fait nos preuves lors du coup de main contre la porte d’Oudkerk. Quand il me vit de près, avec ma chemise sur mon pourpoint, la miséricorde à la ceinture, prêt à sortir des tranchées, le capitaine Alatriste s’abstint de tout commentaire. Il se contenta de hocher la tête et de me montrer d’un geste un des sacs que nous devions porter. Puis, dans la lumière brumeuse des feux de camp, nous mîmes tous un genou en terre, nous récitâmes le Notre Père dans un murmure qui parcourut les rangs des soldats, nous nous signâmes et nous partîmes en direction du nord-ouest.
La file s’arrêta tout à coup et les hommes s’accroupirent, se donnant tour à tour à voix très basse le mot de passe que venait de dévoiler le capitaine Bragado : Anvers. On nous avait fourni d’abondantes explications avant le départ, si bien que, sans qu’il soit nécessaire de lui en donner l’ordre, un groupe de chemises blanches passa silencieusement devant moi. J’entendis patauger les hommes qui s’éloignaient à présent des deux côtés de la digue, de l’eau jusqu’à mi-corps. Le soldat qui allait derrière moi me toucha l’épaule et me débarrassa de mon sac. Son visage faisait une tache sombre et je pus entendre sa respiration haletante quand il assujettit les courroies de ma besace avant de poursuivre son chemin. Quand je regardai devant moi, la chemise du capitaine Alatriste avait disparu dans l’obscurité et le brouillard. Les dernières ombres passaient maintenant à côté de moi, puis elles s’évanouirent dans un bruit étouffé de lames sortant de leurs fourreaux et dans le doux cliquetis des arquebuses et des pistolets que l’on chargeait enfin. Je fis encore quelques pas avec elles avant de me laisser distancer, puis je m’étendis à plat ventre au bord du talus, sur l’herbe mouillée que leurs pas avaient souillée de boue. Quelqu’un s’approcha de moi à quatre pattes. C’était Jaime Correas. Nous restâmes là, échangeant quelques mots dans un souffle, regardant devant nous anxieusement, essayant de voir dans l’obscurité les quarante-quatre Espagnols qui allaient tenter de faire passer un mauvais quart d’heure aux hérétiques.
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