Pérez-Reverte, Arturo - Le soleil de Breda
Здесь есть возможность читать онлайн «Pérez-Reverte, Arturo - Le soleil de Breda» весь текст электронной книги совершенно бесплатно (целиком полную версию без сокращений). В некоторых случаях можно слушать аудио, скачать через торрент в формате fb2 и присутствует краткое содержание. Жанр: Старинная литература, fra. Описание произведения, (предисловие) а так же отзывы посетителей доступны на портале библиотеки ЛибКат.
- Название:Le soleil de Breda
- Автор:
- Жанр:
- Год:неизвестен
- ISBN:нет данных
- Рейтинг книги:5 / 5. Голосов: 1
-
Избранное:Добавить в избранное
- Отзывы:
-
Ваша оценка:
- 100
- 1
- 2
- 3
- 4
- 5
Le soleil de Breda: краткое содержание, описание и аннотация
Предлагаем к чтению аннотацию, описание, краткое содержание или предисловие (зависит от того, что написал сам автор книги «Le soleil de Breda»). Если вы не нашли необходимую информацию о книге — напишите в комментариях, мы постараемся отыскать её.
Le soleil de Breda — читать онлайн бесплатно полную книгу (весь текст) целиком
Ниже представлен текст книги, разбитый по страницам. Система сохранения места последней прочитанной страницы, позволяет с удобством читать онлайн бесплатно книгу «Le soleil de Breda», без необходимости каждый раз заново искать на чём Вы остановились. Поставьте закладку, и сможете в любой момент перейти на страницу, на которой закончили чтение.
Интервал:
Закладка:
J’ignore combien de temps je demeurai là à regarder le cadavre. Au bout d’un moment, j’entendis des pas. Sans me retourner, je sus que le capitaine Alatriste était resté tout ce temps à côté de moi. Je sentis son odeur familière, acre, une odeur de sueur, de cuir et de métal. Puis j’entendis sa voix.
— Un homme sent quand c’est la fin… Celui-là le savait.
Je ne répondis pas. Je continuai à contempler ce corps égorgé. Le sang formait à présent une grande tache sombre sous ses jambes allongées. Et je me dis alors que la quantité que nous en avons dans le corps est incroyable : au moins sept ou huit pintes, qu’il est facile de vider.
— C’est tout ce que nous pouvions faire pour lui, ajouta Alatriste.
Je ne répondis toujours pas et nous gardâmes le silence un long moment, comme si subsistaient entre nous une infinité de paroles non dites qui le resteraient à jamais si mon maître sortait de la pièce sans ouvrir la bouche. Mais il ne dit rien. Finalement, j’entendis ses pas qui se dirigeaient vers le corridor.
C’est alors que je sortis de ma stupeur. Je sentais en moi une colère sourde et tranquille que je n’avais jamais connue avant cette nuit-là. Une colère désespérée, pleine d’amertume, comme les silences d’Alatriste.
— Vous voulez dire, capitaine, que nous venons de faire œuvre de charité ?
Je ne lui avais encore jamais parlé sur ce ton. Les pas s’arrêtèrent et la voix d’Alatriste me parvint, étrangement étouffée. J’imaginai ses yeux clairs dans la pénombre, perdus dans le vide.
— Quand viendra le moment, dit-il, prie Dieu que quelqu’un te rende la pareille.
Et c’est ainsi que se passèrent les choses, la nuit où Sebastián Copons égorgea le Hollandais blessé et où j’écartai de mon épaule la main du capitaine Alatriste. Et c’est également ainsi que je franchis, presque sans m’en rendre compte, cette étrange ligne d’ombre que tout homme lucide finit tôt ou tard par traverser. Seul et debout devant le cadavre, je commençai à regarder le monde avec des yeux bien différents. Et je me vis en possession d’une vérité terrible que jusque-là je n’avais fait que deviner dans le regard glacé du capitaine Alatriste : celui qui tue de loin ignore tout de ce que signifie tuer. Celui qui tue de loin ne tire aucune leçon sur la vie ni sur la mort. Il ne risque rien, il ne se salit pas les mains, il n’entend pas la respiration de son adversaire, il ne voit pas l’épouvante, le courage ou l’indifférence dans ses yeux. Celui qui tue de loin ne met pas à l’épreuve son bras, son cœur ni sa conscience. Il ne crée pas de fantômes qui reviennent ensuite le tourmenter toutes les nuits, pour le restant de ses jours. Celui qui tue de loin est un coquin qui confie à d’autres le sale travail qui est le sien. Celui qui tue de loin est pire que les autres hommes, car il ignore la colère, la haine, la vengeance et la terrible passion de la chair et du sang en contact avec l’acier d’une lame. Mais il ignore aussi la pitié et les remords. Celui qui tue de loin ne sait pas ce qu’il perd.
VII
LE SIEGE
De la tranchée, on entendait les Hollandais creuser. Diego Alatriste colla l’oreille sur un madrier planté pour soutenir les fascines et les paniers remplis de terre du fossé. Il entendit leurs coups sourds et réguliers qui venaient des entrailles de la terre. Il y avait une semaine que les défenseurs de Breda travaillaient nuit et jour pour couper la tranchée et le souterrain que les assaillants creusaient en direction de la demi-lune dite du Cimetière. Pouce après pouce, les nôtres avançaient avec leur mine et nos adversaires avec leur contre-mine, les premiers prêts à faire sauter des barils de poudre sous les fortifications des Hollandais, les seconds employés au même joli travail sous les pieds des sapeurs du roi catholique, et c’était à qui prendrait l’autre de vitesse et serait le premier à allumer ses mèches.
— Maudit animal, dit Garrote.
Absorbé dans ses pensées, la tête penchée sur le côté, l’œil attentif, il était posté derrière les paniers de terre avec son mousquet coincé entre deux planches en guise de meurtrière, mèche fumante. Dégoûté, il faisait la grimace. Le maudit animal en question était une mule morte depuis trois jours et qui était restée sous le soleil, à quelques pas de la tranchée, entre les lignes des deux camps. Elle s’était échappée du camp espagnol, le temps de faire un petit tour, puis un coup de mousquet parti de la muraille l’avait laissée les quatre fers en l’air. Et maintenant, entourée d’un nuage de mouches, elle puait.
— Ta langue s’agite plus que ton épée.
— C’est ce qu’on va voir.
Mendieta était assis au fond de la tranchée, aux pieds de Garrote, s’épouillant avec la minutie solennelle des Basques – dans les tranchées, non contents de vivre à leur aise dans nos cheveux et nos hardes, les poux se promenaient partout avec beaucoup d’insolence. Absorbé par sa tâche, le Biscayen avait parlé sans manifester beaucoup d’intérêt. Comme les autres et comme le capitaine Alatriste, il avait une barbe de plusieurs jours et ses vêtements noirs de terre étaient en lambeaux.
— Tu peux le voir ?
Garrote secoua la tête. Il avait ôté son chapeau pour offrir une moins bonne cible à ceux d’en face. Ses cheveux gras et frisés faisaient une tresse sale sur sa nuque.
— Pas maintenant. Mais on voit sa tête de temps en temps… La prochaine fois, je m’occupe de ce fils à putain.
Alatriste jeta un bref coup d’œil par-dessus le parapet en essayant de rester à l’abri derrière les planches et les fascines. Le Hollandais était peut-être l’un des sapeurs qui travaillaient dans la bouche de la galerie, à une vingtaine de pas devant nous. Il avait beau faire, sa tête dépassait de temps en temps, juste ce qu’il fallait pour que Garrote, un bon tireur, le mette en joue sans se presser et lui fasse payer l’odeur de la mule morte.
Il y avait une vingtaine d’Espagnols dans la tranchée, l’une des plus avancées, qui zigzaguait tout près des positions hollandaises. L’escouade de Diego Alatriste y passait deux semaines sur trois, avec les autres soldats de la compagnie du capitaine Bragado qui occupaient les tranchées et les fossés voisins, principalement entre la demi-lune du Cimetière et la Merck, à deux tirs d’arquebuse de la muraille principale et de la citadelle de Breda.
— Le voilà, ce foutu hérétique, murmura Garrote.
Mendieta, qui venait de trouver un pou et l’observait avec une curiosité familière avant de l’écraser entre ses doigts, releva les yeux un instant.
— Tu as le Hollandais en joue ?
— Oui.
— Alors, expédie-le en enfer.
— C’est bien ce que je vais faire.
Après s’être passé la langue sur les lèvres, Garrote souffla sur la mèche et mit soigneusement son mousquet en joue, l’œil gauche fermé. Son index caressait le chien, comme si c’était le mamelon d’une fille de joie à un demi-ducat. Alatriste se redressa un peu plus et il aperçut l’espace d’un instant une tête nue qui se détachait prudemment dans la tranchée hollandaise.
— Encore un qui meurt en état de péché mortel, dit très lentement Garrote.
Puis on entendit le coup de feu et, derrière le nuage de poudre brûlée, Alatriste vit disparaître d’un coup la tête de l’ennemi. Il y eut des cris de fureur et trois ou quatre tirs firent voler la terre du parapet espagnol. Garrote, qui s’était laissé retomber au fond de la tranchée, ricanait, son mousquet fumant entre les jambes. Les Flamands s’étaient mis à tirer et nous abreuvaient d’insultes dans leur langue.
— Qu’ils aillent se faire foutre, dit Mendieta en découvrant un autre pou.
Читать дальшеИнтервал:
Закладка:
Похожие книги на «Le soleil de Breda»
Представляем Вашему вниманию похожие книги на «Le soleil de Breda» списком для выбора. Мы отобрали схожую по названию и смыслу литературу в надежде предоставить читателям больше вариантов отыскать новые, интересные, ещё непрочитанные произведения.
Обсуждение, отзывы о книге «Le soleil de Breda» и просто собственные мнения читателей. Оставьте ваши комментарии, напишите, что Вы думаете о произведении, его смысле или главных героях. Укажите что конкретно понравилось, а что нет, и почему Вы так считаете.