Pérez-Reverte, Arturo - Le soleil de Breda

Здесь есть возможность читать онлайн «Pérez-Reverte, Arturo - Le soleil de Breda» весь текст электронной книги совершенно бесплатно (целиком полную версию без сокращений). В некоторых случаях можно слушать аудио, скачать через торрент в формате fb2 и присутствует краткое содержание. Жанр: Старинная литература, fra. Описание произведения, (предисловие) а так же отзывы посетителей доступны на портале библиотеки ЛибКат.

Le soleil de Breda: краткое содержание, описание и аннотация

Предлагаем к чтению аннотацию, описание, краткое содержание или предисловие (зависит от того, что написал сам автор книги «Le soleil de Breda»). Если вы не нашли необходимую информацию о книге — напишите в комментариях, мы постараемся отыскать её.

Le soleil de Breda — читать онлайн бесплатно полную книгу (весь текст) целиком

Ниже представлен текст книги, разбитый по страницам. Система сохранения места последней прочитанной страницы, позволяет с удобством читать онлайн бесплатно книгу «Le soleil de Breda», без необходимости каждый раз заново искать на чём Вы остановились. Поставьте закладку, и сможете в любой момент перейти на страницу, на которой закончили чтение.

Тёмная тема
Сбросить

Интервал:

Закладка:

Сделать

Ne trouvant rien qui valût la peine, je m’arrêtai un instant pour uriner contre le mur. Je m’apprêtais à sortir et je refermais ma culotte quand quelque chose me fit sursauter. Je restai un moment immobile, l’oreille tendue, et j’entendis ce qui semblait être un long gémissement à moitié étouffé, une faible plainte qui montait du fond d’un étroit corridor jonché de gravats. On aurait pu croire à la plainte d’un animal blessé si elle n’avait pris par moments des intonations presque humaines. Je sortis ma dague à tâtons – mon épée allemande ne m’aurait pas laissé les coudées franches dans ce couloir exigu –, puis je m’avançai pas à pas, collé au mur, pour voir de quoi il s’agissait.

Les flammes qui brûlaient dehors éclairaient la moitié de la pièce, projetant des ombres aux contours rougeâtres sur un mur où pendait une tapisserie tailladée par une lame d’acier. Sous la tapisserie, par terre, le dos appuyé dans l’angle que formaient le mur et une armoire défoncée, il y avait un homme. À la lumière des flammes qui se reflétaient sur son plastron d’acier, je vis qu’il s’agissait d’un soldat. Il avait de longs cheveux blonds, en bataille, couverts de boue et de sang, des yeux très clairs et une terrible brûlure qui laissait à vif tout un côté du visage. L’homme était immobile, les yeux fixés sur la clarté qui entrait par la fenêtre, et de ses lèvres entrouvertes sortait cette lamentation que j’avais entendue du corridor, un gémissement étouffé qui s’interrompait de temps en temps pour faire place à des mots incompréhensibles prononcés dans une langue étrangère.

Je m’avançai lentement jusqu’à lui, sans me défaire de ma dague et en fixant ses mains, au cas où il aurait empoigné une arme. Mais le malheureux aurait été bien incapable de le faire. On eût dit un voyageur assis sur la rive du fleuve des morts, quelqu’un que Charon, le cocher des Enfers, aurait laissé derrière, oublié, dans un avant-dernier voyage. Je restai quelque temps accroupi à ses côtés, l’observant avec curiosité, sans qu’il paraisse s’apercevoir de ma présence. Il continuait à regarder par la fenêtre, immobile, poussant sa plainte interminable, ahanant des paroles incomplètes et étranges, même quand je lui touchai le bras avec la pointe de ma dague. Son visage était une effroyable représentation de Janus : un côté raisonnablement intact et l’autre transformé en une bouillie de chairs brûlées et d’os fracturés dans laquelle brillaient de minuscules gouttes de sang. Il semblait aussi avoir les mains brûlées. J’avais vu plusieurs Hollandais morts dans les étables en flammes, derrière la maison, et j’imaginai que celui-là, blessé dans la bataille, s’était traîné au milieu des brandons pour se réfugier ici.

— Flamink ? Lui demandai-je.

Pour toute réponse, il continua à pousser son gémissement interminable. Après l’avoir regardé plus attentivement encore, je constatai qu’il s’agissait d’un jeune homme, pas beaucoup plus âgé que moi. À voir son plastron et ses vêtements, il faisait partie des cuirassiers qui nous avaient chargés dans la matinée, devant le moulin Ruyter. Peut-être même nous étions-nous battus l’un près de l’autre, quand les Hollandais et les Anglais avaient tenté de bousculer notre carré et que nous avions dû dans un sursaut désespéré défendre nos vies. Je me dis que la guerre connaissait les revers de fortune. Pourtant, apaisé après l’horreur de la journée et la chasse aux fugitifs, je ne sentais plus ni hostilité ni rancœur. J’avais vu mourir bien des Espagnols ce jour-là, mais encore plus d’ennemis. À ce moment, ma balance ne penchait ni d’un côté ni de l’autre. L’homme était sans défense et j’étais repu de sang. Je rengainai ma dague, puis je sortis retrouver le capitaine Alatriste et les autres.

— Il y a un homme dans la maison, lui dis-je. Un soldat.

Le capitaine, qui n’avait pas changé de posture depuis que je m’étais éloigné, leva à peine les yeux.

— Espagnol ou hollandais ?

— Hollandais, je crois. Ou anglais. Et il est grièvement blessé.

Alatriste acquiesça d’un signe de tête, comme si, à cette heure de la nuit, l’étrange eût été de tomber sur un hérétique sain et sauf. Puis il haussa les épaules, semblant me demander pourquoi je lui racontais ma découverte.

— Je me suis dit que nous pourrions l’aider, expliquai-je.

Cette fois, le capitaine me regarda, sans se presser, et je le vis tourner la tête dans le contre-jour du feu voisin.

— Tu t’es dit ça, murmura-t-il.

— Oui.

Il resta encore un moment immobile à me regarder. Puis il se retourna à moitié vers Sebastián Copons, qui était toujours à côté de lui, la tête appuyée contre le mur, muet, son pansement ensanglanté pendant sur la nuque. Alatriste échangea un bref regard avec lui, puis recommença à m’observer. J’entendais les flammes crépiter dans le long silence.

— Tu t’es dit ça, répéta-t-il, songeur.

Il se releva péniblement, comme si ses os lui faisaient mal. Il semblait de mauvaise humeur et très fatigué. Copons se leva après lui.

— Où est-il ?

— Dans la maison.

Je les guidai à travers les pièces et le corridor qui menait à la chambre du fond. L’hérétique était toujours immobile, entre l’armoire et le mur, gémissant tout bas. Alatriste s’arrêta sur le seuil de la porte et lui jeta un coup d’œil avant de faire un pas en avant. Puis il s’inclina et l’observa quelque temps.

— C’est un Hollandais, conclut-il finalement.

— Nous pouvons lui venir en aide ? demandai-je.

— Bien sûr.

Je sentis Sebastián Copons passer à côté de moi. Ses bottes craquèrent sur les carreaux fêlés tandis qu’il s’approchait du blessé. Puis Alatriste vint jusqu’à moi. Copons dégaina sa biscayenne.

— Allons-nous-en, me dit le capitaine.

Il me poussait par l’épaule, mais je ne me laissai pas faire. Stupéfait, je vis comment Copons appuyait sa dague sur le cou du Hollandais, puis regorgeait d’une oreille à l’autre. Je levai les yeux en tremblant et devinai la figure d’Alatriste qui se perdait dans le noir. Je ne voyais pas son regard, mais je le sentais posé sur moi.

— Il était… commençai-je à balbutier.

Je me tus aussitôt, comprenant tout à coup que les mots étaient inutiles. Sans réfléchir, je fis le geste de retirer de mon épaule la main du capitaine. Mais il ne lâcha pas prise. Copons se relevait déjà, très calme. Après avoir essuyé la lame de sa dague sur les vêtements de l’autre, il la remit dans son fourreau. Puis il passa à côté de nous et s’en alla, sans dire un mot.

Sentant enfin mon épaule libre, je me retournai brusquement. Puis je fis deux pas dans la direction du jeune homme qui maintenant était mort. La scène n’avait pas changé, si ce n’est que ses gémissements avaient cessé et qu’un voile obscur, épais et luisant, descendait du gorgerin de sa cuirasse, ruisseau dont le rouge se confondait avec celui des lueurs de l’incendie qui entraient par la fenêtre. Il semblait encore plus seul qu’auparavant. Une solitude si horrible qu’elle produisit en moi une peine vive et très profonde, comme si c’était moi, ou une partie de moi, qui me trouvais par terre, dos au mur, regardant fixement la nuit, les yeux grands ouverts. Je me dis qu’il y avait sûrement quelqu’un, quelque part, qui l’attendrait en vain. Peut-être une mère, une fiancée, une sœur ou un père qui priaient pour lui, pour sa vie, pour son retour. Peut-être y avait-il un lit dans lequel il avait dormi étant enfant, un paysage qui l’avait vu grandir. Et là-bas personne ne savait encore qu’il était mort.

Читать дальше
Тёмная тема
Сбросить

Интервал:

Закладка:

Сделать

Похожие книги на «Le soleil de Breda»

Представляем Вашему вниманию похожие книги на «Le soleil de Breda» списком для выбора. Мы отобрали схожую по названию и смыслу литературу в надежде предоставить читателям больше вариантов отыскать новые, интересные, ещё непрочитанные произведения.


Arturo Pérez-Reverte - El Sol De Breda
Arturo Pérez-Reverte
Arturo Pérez-Reverte - La Carta Esférica
Arturo Pérez-Reverte
libcat.ru: книга без обложки
Arturo Pérez-Reverte
Arturo Pérez-Reverte - Purity of Blood
Arturo Pérez-Reverte
Arturo Pérez-Reverte - The Sun Over Breda
Arturo Pérez-Reverte
Arturo Pérez-Reverte - Der Club Dumas
Arturo Pérez-Reverte
libcat.ru: книга без обложки
Pérez-Reverte, Arturo
libcat.ru: книга без обложки
Pérez-Reverte, Arturo
libcat.ru: книга без обложки
Pérez-Reverte, Arturo
libcat.ru: книга без обложки
Pérez-Reverte,Arturo
Arturo Pérez-Reverte - Corsarios De Levante
Arturo Pérez-Reverte
Arturo Pérez-Reverte - El Capitán Alatriste
Arturo Pérez-Reverte
Отзывы о книге «Le soleil de Breda»

Обсуждение, отзывы о книге «Le soleil de Breda» и просто собственные мнения читателей. Оставьте ваши комментарии, напишите, что Вы думаете о произведении, его смысле или главных героях. Укажите что конкретно понравилось, а что нет, и почему Вы так считаете.

x