Pérez-Reverte, Arturo - Le soleil de Breda

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Le soleil approchait de son zénith quand les Wallons, après avoir consciencieusement servi leur roi et la vraie foi, finirent par céder. Une charge de cavalerie et la poussée de l’infanterie hollandaise finirent par défaire leurs rangs et, de ce côté du chemin, nous vîmes comment, malgré les efforts de leurs officiers, une partie des hommes se débandait en direction du moulin Ruyter tandis que l’autre, plus nombreuse, venait chercher refuge dans notre carré. Vilainement blessé, sans casque, les deux bras cassés par des balles d’arquebuse, entouré d’officiers qui tentaient de sauver les drapeaux, le mestre de camp Don Carlos Sœst était avec eux. Ils faillirent bien rompre nos rangs quand ils nous arrivèrent dessus avec tant de désordre. Pis encore, ils étaient poursuivis par la cavalerie et l’infanterie hollandaises, décidées à faire d’une pierre deux coups. Par chance, portés par l’élan de leur premier assaut, ils s’avançaient en désordre dans l’espoir de nous voir prendre la fuite dans cette confusion. Mais je vous ai déjà dit que les soldats du Tercio de Carthagène étaient aguerris et qu’ils en avaient vu d’autres. Pratiquement sans ordres de nos chefs, après avoir laissé passer un nombre raisonnable de Wallons, les rangs de notre flanc droit se resserrèrent comme un étau, tandis qu’arquebuses et mousquets crachaient le feu et tuaient, deux pour le prix d’un seul, les traînards du tercio de Sœst et les Hollandais qui étaient à leurs trousses.

— Les piques à droite !

Sans se presser, avec le calme que leur imposait leur discipline légendaire, les piquiers qui formaient notre flanc pivotèrent sur eux-mêmes pour faire face aux Hollandais. Puis ils calèrent leurs piques avec le pied, soutenant la hampe de la main gauche et dégainant leurs épées de la main droite, prêts à couper les jarrets des chevaux qui arrivaient sur eux.

— Saint Jacques !… Espagne et saint Jacques !

Les Hollandais s’arrêtèrent, comme devant un mur. Le choc sur le côté droit du carré fut si brutal que les longues hampes des piques plantées sur les chevaux se brisèrent, prises dans celles de l’ennemi, dans un fouillis de lances, d’épées et de dagues.

— Les piques devant !

Les hérétiques nous chargeaient aussi par-devant, sortis d’entre les arbres, mais cette fois avec la cavalerie devant et les piquiers derrière. Nos arquebusiers firent une fois de plus leur travail, posément, en vieux soldats qu’ils étaient, épaulant et tirant en bon ordre, sans crier pour demander de la poudre ou des balles, attendant l’ennemi de pied ferme. Je vis parmi eux Diego Alatriste souffler sur la mèche de son arme, mettre en joue et tirer au bon moment. Les coups de feu des nôtres fauchèrent bon nombre de Hollandais. Mais le gros de la troupe arrivait encore, si bien que nos arquebusiers, et moi avec eux, durent se réfugier à l’abri des piques. Dans la confusion, je perdis de vue mon maître. Je ne voyais plus que Sebastián Copons, dont le bandage accentuait les traits aragonais, qui dégainait résolument son épée. Quelques Espagnols battaient en retraite parmi leurs compagnons. Comme quoi Iberia n’a pas toujours engendré des lions ! La majorité des soldats restèrent pourtant sur leurs positions. Autour de moi, les balles s’enfonçaient dans les corps avec un bruit sourd. Un piquier m’aspergea de sang et me tomba dessus en invoquant en portugais la mère de Jésus. Je me débarrassai de lui, je repoussai sa pique qui s’était prise dans mes jambes et je me vis me faufiler dans le flux et le reflux des hommes, au milieu de leurs vêtements crasseux, de l’odeur de la sueur, de la poudre et du sang.

— Tenez bon !… Espagne !… Espagne !

Dans notre dos, derrière les rangs serrés qui protégeaient les drapeaux, le tambour battait, imperturbable. Les balles continuaient à pleuvoir, fauchant chaque fois des hommes. Mais leurs compagnons serraient aussitôt les rangs pour combler les vides. Je trébuchais entre des corps armés de fer qui m’entouraient de toutes parts. J’avais du mal à voir ce qui se passait devant moi, dressé sur la pointe des pieds pour regarder ces hommes vêtus de leurs casaques de cuir, et par-dessus les vieux chapeaux, l’acier des cuirasses et des morions, les arquebuses et les mousquets, voir les éclats que lançaient les piques, les hallebardes et les épées. La chaleur et la fumée de la poudre me faisaient suffoquer. Je perdis la tête et, avec ce qui me restait de lucidité, je dégainai ma dague.

— Oñate !… Oñate ! Criai-je de toutes mes forces.

Un instant plus tard, au milieu des craquements des piques qui se brisaient, des hennissements des chevaux blessés et du bruit des armes qui s’entrechoquaient, les chevaux cuirassés hollandais nous tombèrent dessus et seul Dieu put continuer à reconnaître les siens.

VI

LE MASSACRE

Je regarde parfois le tableau, et je me souviens. Diego Velâzquez lui-même, malgré tout ce que j’ai pu lui dire sur ce qui s’était passé, n’a pas su reproduire sur sa toile – on le voit à peine se dessiner sur un fond de fumée et de brume grisâtre – le long et mortel chemin que nous dûmes tous parcourir pour composer cette scène majestueuse, nous comme les piquiers gisant à terre qui ne virent jamais se lever le soleil de Breda. Moi-même, des années plus tard, j’allais encore voir les fers de ces mêmes lances dans des boucheries comme celles de Nördlingen ou de Rocroi, dernière lumière jetée par l’astre espagnol et terrible déclin pour l’armée des Flandres. De ces batailles, telle celle de ce matin-là devant le moulin Ruyter, je me souviens surtout des bruits : cris des hommes, piques qui s’entrechoquent, fracas de l’acier contre l’acier, coups de feu déchirant les vêtements, pénétrant dans les chairs, cassant des os. Un jour, beaucoup plus tard, Angélica d’Alquézar me demanda sur un ton frivole s’il y avait quelque chose de plus sinistre que le bruit d’une houe enterrant une pomme de terre. Sans hésiter, je lui répondis que oui : le craquement d’une lame d’acier fendant un crâne. Et je la vis sourire, elle qui me regardait pensivement avec ces yeux bleus que le diable lui avait donnés. Puis elle tendit la main et toucha du bout des doigts les paupières que j’avais gardées ouvertes devant cette horreur, puis la bouche qui m’avait fait crier tant de fois ma peur et mon courage, et ces mains qui avaient tenu une arme pour faire couler le sang. Ensuite, elle m’avait embrassé avec sa grande bouche chaude, et elle souriait encore quand elle s’était écartée de moi. Aujourd’hui qu’Angélica est morte, comme l’Espagne, comme l’époque dont je parle, je ne peux effacer ce sourire de ma mémoire. Ce même sourire qui apparaissait sur ses lèvres chaque fois qu’elle faisait le mal, chaque fois qu’elle mettait ma vie en péril, ou chaque fois qu’elle baisait mes cicatrices, dont certaines, comme je l’ai déjà dit ailleurs, m’avaient été infligées par elle.

Je me souviens aussi de la fierté. Parmi les sentiments qui vous passent par la tête en plein combat, je citerai d’abord et avant tout la peur, ensuite l’ardeur et la folie. Viennent ensuite la fatigue, la résignation et l’indifférence. Mais si le soldat survit, et s’il est fait de la bonne semence qui fait germer certains hommes, il lui reste aussi la fierté du devoir accompli. Je ne vous parle pas du devoir du soldat devant Dieu ou le roi, ni de celui du mercenaire qui touche sa solde dans l’honneur, ni même des obligations envers les amis et les camarades. Je veux parler d’une autre chose que j’ai apprise aux côtés du capitaine Alatriste : le devoir de se battre quand il le faut, en marge de la nation et du drapeau, qui ne sont en fin de compte que le fruit du pur hasard. Je veux dire empoigner l’épée, attendre l’ennemi de pied ferme et lui faire payer le prix de votre propre peau au lieu de vous laisser mener comme une brebis à l’abattoir. Je veux dire savoir que la vie nous offre peu de fois l’occasion de la perdre dans la dignité et l’honneur.

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