Carlos Zafón - Le jeu de l'ange
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J'étais arrivé à La Voz de la Industria bien des années auparavant, du fait de mon père, un homme tourmenté et poursuivi par la malchance qui, à son retour de la guerre des Philippines, s'était retrouvé dans une ville où l'on préférait ne pas le reconnaître et face à une épouse qui l'avait oublié et qui, deux ans après sa démobilisation, avait décidé de le quitter. En agissant ainsi, elle l'avait laissé le cœur brisé, avec un fils qu'il n'avait jamais désiré et dont il ne savait que faire. Mon père, qui était tout juste capable de lire et d'écrire son nom, était sans métier et sans ressources. Tout ce qu'il avait appris à la guerre était de tuer d'autres hommes comme lui avant que ceux-ci ne le tuent, toujours au nom de causes grandioses et creuses, dont chaque nouvelle bataille soulignait davantage le caractère absurde et vil.
À son retour de la guerre, mon père, qui paraissait avoir vieilli de vingt ans pendant son absence, avait cherché une place dans diverses entreprises du Pueblo Nuevo et du quartier de Sant Martí. Ces emplois ne duraient que quelques jours et, tôt ou tard, je le voyais rentrer à la maison lourd de ressentiment. Avec le temps et l'absence de toute autre perspective, il avait accepté le poste de vigile de nuit à La Voz de la Industria. La paye était modeste, mais les mois passaient et, pour la première fois depuis son retour, il paraissait s'être assagi. La paix avait été courte. Très vite, certains de ses anciens compagnons d'armes, cadavres vivants qui étaient revenus infirmes de corps et d'âme pour constater que ceux qui les avaient envoyés à la mort au nom de Dieu et de la patrie leur crachaient désormais à la figure, l'embarquèrent dans des affaires louches qui lui paraissaient importantes et qu'il ne réussit jamais à comprendre.
Souvent, mon père disparaissait plusieurs jours. Quand il revenait, ses mains et ses vêtements sentaient la poudre, et ses poches l'argent. Alors il se réfugiait dans sa chambre et, croyant que je ne m'en rendais pas compte, il s'injectait tout ce qu'il avait pu se procurer. Au début il ne fermait jamais la porte, mais il me surprit un jour en train de l'espionner et m'assena une gifle qui m'éclata les lèvres. Après quoi il me serra dans ses bras jusqu'à ce que la force lui manque et resta étendu au sol, l'aiguille encore plantée dans la peau. Je retirai l'aiguille et jetai une couverture sur lui. Après cet incident, il s'enferma à clef.
Nous habitions une mansarde dominant le chantier du nouvel auditorium du Palau de la Música del Orfeo Catalá. Un logement exigu et froid où le vent et l'humidité semblaient se moquer des murs. J'avais l'habitude de m'asseoir sur le petit balcon, les jambes dans le vide, pour regarder les passants et contempler cet empilement de sculptures et de colonnes qui s'élevait tel un récif de l'autre côté de la rue et qui, le plus souvent, me paraissait aussi lointain que la lune alors que, parfois, j'avais l'impression de pouvoir le toucher du doigt. J'ai été un enfant faible et maladif, à la merci de fièvres et d'infections qui me traînaient au bord de la tombe mais qui, à la dernière heure, étaient toujours prises de remords et s'en allaient chercher d'autres proies plus gratifiantes. Lorsque je tombais malade, mon père finissait par perdre patience et, après deux nuits de veille, il me laissait aux soins d'une voisine et disparaissait de la maison pendant plusieurs jours. Avec le temps, je me mis à suspecter qu'il espérait me trouver mort à son retour et se voir ainsi débarrassé de la charge de cet enfant à la santé de papier qui ne lui servait à rien.
Plus d'une fois, j'ai désiré qu'il en soit ainsi, mais mon père rentrait toujours et me retrouvait plus vivant que jamais, frétillant comme un gardon et un peu plus grand. La mère Nature me dispensait sans la moindre pudeur son large Code pénal de germes et de disgrâces, mais elle ne trouvait jamais le moyen de m'appliquer jusqu'au bout les lois de la gravité. Contre tous les pronostics, j'ai survécu à ces premières années sur la corde raide d'une enfance d'avant la pénicilline. À cette époque, la mort ne vivait pas encore dans l'anonymat, l'on pouvait la discerner et la sentir partout, dévorant des âmes qui n'avaient pas encore eu le temps de pécher.
Mes seuls amis d'alors étaient d'encre et de papier. À l'école, j'avais appris à lire et à écrire bien avant les autres gamins du quartier. Là où les camarades voyaient de l'encre semée en chiures de mouche sur des pages incompréhensibles, je voyais de la lumière, des rues et des êtres humains. Les mots et le mystère de leur science cachée me fascinaient et m'apparaissaient comme une clef permettant d'ouvrir un monde infini, bien loin de cette maison, de ces rues et de ces jours opaques où, j'en avais déjà l'intuition, ne m'attendait qu'un avenir sans intérêt. Mon père n'aimait pas voir des livres à la maison. Il y avait chez ceux-ci, outre les lettres qu'il ne pouvait déchiffrer, quelque chose qui l'offensait. Il me répétait qu'il me mettrait au travail dès que j'aurais dix ans, et que mieux valait m'ôter toutes ces lubies de la tête parce que, sinon, je ne serais jamais qu'un pauvre type et un crève-la-faim. Je cachais les livres sous mon matelas et attendais qu'il soit sorti ou endormi pour les lire. Une nuit, il me surprit absorbé dans ma lecture et se mit en colère. Il m'arracha le livre des mains et le jeta par la fenêtre.
— Si tu gaspilles encore la lumière pour ces idioties, tu t'en repentiras !
Mon père n'était pas avare et, malgré les difficultés par lesquelles nous passions, il sortait quand il le pouvait quelques pièces pour que je m'achète des douceurs comme les autres enfants du quartier. Il était convaincu que je les dépensais en bâtons de réglisse, en pipes en sucre ou en caramels, mais je les conservais dans une boîte à café sous mon lit et, quand j'avais réuni quatre ou cinq sous, je courais m'acheter un livre en cachette.
L'endroit que j'aimais le plus dans toute la ville était la librairie Sempere & Fils, rue Santa Ana. Ce lieu sentant le vieux papier et la poussière était mon sanctuaire et mon refuge. Le libraire me permettait de m'asseoir sur une chaise dans un coin et de lire à ma guise tous les ouvrages que je souhaitais. Sempere ne me laissait presque jamais payer les livres qu'il me glissait dans les mains, mais, quand il ne s'en apercevait pas, je laissais tous les sous que j'avais pu réunir sur le comptoir avant de m'en aller. Ce n'était que de la ferraille, et si j'avais voulu m'acheter un livre avec si peu, j'aurais seulement pu me payer un carnet de papier à cigarettes. Quand il était l'heure de partir, je traînais les pieds, l'âme en berne, car si cela n'avait dépendu que de moi, je serais resté vivre là.
Un jour, pour Noël, Sempere me fit le plus beau cadeau que j'aie reçu de toute ma vie. C'était un vieux volume qui avait beaucoup vécu et avait été beaucoup lu. Je déchiffrai le titre :
— Les Grandes Espérances, de Charles Dickens.
Je savais que Sempere connaissait des écrivains qui fréquentaient sa boutique et, voyant le soin avec lequel il maniait le volume, je pensai que ce M. Charles pouvait être un de ses clients.
— Un ami à vous ?
— De toute ma vie. Et à partir d'aujourd'hui, le tien aussi.
Cet après-midi-là, cachant le livre sous mes vêtements pour que mon père ne le voie pas, j'emportai mon nouvel ami à la maison. Cette même année, nous eûmes une saison de pluies et des jours de plomb durant lesquels je lus Les Grandes Espérances au moins neuf fois de suite, en partie parce que je n'en avais pas d'autre à lire, en partie parce que je ne pensais pas qu'il puisse exister de meilleure histoire, et je finissais par imaginer que ce M. Charles ne l'avait écrite que pour moi. Je parvins vite à la ferme conviction que je ne voulais rien d'autre dans la vie qu'apprendre à faire ce que faisait ce M. Dickens.
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