Carlos Zafón - Le jeu de l'ange

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Il s'assit sur l'appui de la fenêtre, non sans avoir préalablement étalé un mouchoir dessus pour ne pas salir son précieux pantalon. J'aperçus l'Hispano-Suiza stationnée au coin de la rue Princesa. Manuel, le chauffeur, astiquait les chromes à l'aide d'un chiffon comme s'il s'agissait d'une sculpture de Rodin. Manuel m'avait toujours rappelé mon père, ils étaient de la même génération, c'étaient des hommes qui avaient connu trop longtemps l'adversité et en portaient la mémoire inscrite sur la figure. J'avais entendu des domestiques de la villa Helius dire que Manuel Sagnier avait passé un long moment en prison et que, à sa sortie, il avait traversé des années de vaches maigres car on ne lui proposait d'autre emploi que celui de coltiner des sacs et des caisses sur les quais, tâche qui ne convenait ni à son âge ni à son état de santé. On racontait qu'un jour Manuel avait sauvé Vidal au péril de sa propre vie en lui évitant de se faire écraser par un tramway. Pour le remercier, ce dernier, apprenant la douloureuse situation du pauvre homme, avait décidé de l'engager et de l'installer avec sa femme et sa fille dans le modeste appartement situé au-dessus du garage de la villa Helius. Il avait fait en sorte que la petite Cristina étudie avec les précepteurs qui venaient quotidiennement prodiguer leur enseignement aux rejetons de la dynastie Vidal à la maison paternelle, avenue Pearson, et s'était arrangé pour que l'épouse de Manuel exerce son métier de couturière auprès de la famille. Il pensait acquérir une des premières automobiles commercialisées à Barcelone, et si Manuel acceptait de s'instruire dans l'art de la conduite motorisée en abandonnant chariots et diables, Vidal avait besoin d'un chauffeur, car à l'époque les fils de famille ne posaient pas les mains sur des machines à combustion interne ni sur des engins produisant des émanations nauséabondes. Naturellement, Manuel avait accepté. La version officielle assurait que Manuel Sagnier et sa famille faisaient preuve d'une dévotion aveugle pour Vidal, éternel paladin des déshérités. Je ne savais si je devais prendre cette histoire au pied de la lettre ou l'attribuer à la longue kyrielle de légendes tissées autour des manifestations de la bonté aristocratique que cultivait Vidal et auxquelles on avait parfois l'impression que seule manquait l'apparition d'une bergère orpheline nimbée d'un halo lumineux.

— Tu as cette expression de vilain garnement que tu prends quand tu penses à quelque chose d'amusant, remarqua Vidal. Qu'est-ce que tu trames ?

— Rien. Je pensais à votre bonté, don Pedro.

— À ton âge et dans ta position, le cynisme ne mène à rien.

— Ça explique tout.

— Allons, salue Manuel, qui me demande toujours de tes nouvelles.

Je me mis à la fenêtre et le chauffeur, qui me traitait toujours comme un jeune homme de bonne famille et non comme l'enfant de pauvres que j'étais, me fit signe de loin. Je lui rendis son salut. Sur le siège arrière était assise sa fille Cristina, une créature à la peau blanche et aux lèvres dessinées au pinceau qui était un peu plus âgée que moi et m'avait laissé le souffle coupé dès la première fois que Vidal m'avait invité à visiter la villa Helius.

— Ne la dévore pas des yeux comme ça, sinon elle va se briser, murmura Vidal dans mon dos.

Je me retournai et me trouvai face à l'expression machiavélique qu'arborait Vidal quand il évoquait les affaires de cœur et autres viscères nobles.

— Je ne sais pas de quoi vous parlez.

— Ah vraiment ? Alors, qu'as-tu décidé, pour cette nuit ?

Je relus la lettre et hésitai.

— Est-ce que vous fréquentez ce genre d'endroits, don Pedro ?

— Je n'ai pas payé pour une femme depuis l'âge de quinze ans et encore, car, techniquement, c'est mon père qui a déboursé, rétorqua Vidal, sans le moindre accent de vantardise. Mais à cheval offert…

— Je ne sais pas, don Pedro…

— Mais si, bien sûr que tu sais.

Il me donna une petite tape dans le dos et prit la direction de la porte.

— Il te reste sept heures avant que sonne minuit. Je te le précise au cas où tu voudrais piquer un petit somme et prendre des forces.

Je retournai à la fenêtre. Manuel lui ouvrit la portière et Vidal se laissa choir mollement sur la banquette arrière. Le moteur de l'Hispano-Suiza déploya sa symphonie de pistons et de bielles. À cet instant, Cristina leva la tête vers ma fenêtre. Je lui souris, mais je me rendis compte qu'elle ne se rappelait pas qui j'étais. Quelques secondes plus tard, la grosse voiture de Vidal s'éloigna pour retourner dans son monde.

3.

Àl'époque, la rue Nou de la Rambla déroulait un couloir de réverbères et d'enseignes lumineuses à travers les ténèbres du quartier du Raval. Cabarets, salles de bal et lieux difficiles à classer se succédaient, au coude à coude avec des établissements spécialisés dans les maladies vénériennes, préservatifs et désinfectants, qui restaient ouverts jusqu'à l'aube, tandis que des individus d'origines diverses, allant des jeunes gens visiblement aisés aux matelots des bateaux ancrés dans le port, se mêlaient à toutes sortes de personnages extravagants qui ne vivaient que pour la nuit. Des deux côtés de la rue s'ouvraient des passages étroits qui se perdaient dans la brume et hébergeaient une ribambelle de prostituées dont les tarifs allaient en décroissant.

L'Ensueño occupait l'étage supérieur d'un immeuble abritant au rez-de-chaussée une salle de music-hall dont les grandes affiches annonçaient le spectacle d'une danseuse, vêtue d'une robe aussi courte que diaphane qui ne cachait rien de ses charmes, tenant dans les bras un serpent noir dont la langue bifide semblait poser un baiser sur ses lèvres.

« Eva Montenegro et le tango de la mort », proclamaient des lettres géantes. « La reine de la nuit en exclusivité pour six soirées, sans prolongations. Avec la participation, en vedette américaine, de Mesmero, qui lit dans les pensées et dévoilera vos secrets les plus intimes. »

Près de l'entrée de la salle, une porte étroite menait à un long escalier aux murs peints en rouge. J'en gravis les marches et me trouvai devant une lourde porte en chêne sculpté dont le heurtoir avait la forme d'une nymphe en bronze, le pubis chastement voilé d'une feuille de trèfle. Je frappai plusieurs coups et attendis, en évitant de contempler mon reflet dans le miroir terni qui couvrait une bonne partie du mur. J'étais déjà en train de considérer la possibilité de repartir en courant, quand la porte s'ouvrit. Une femme d'un certain âge, les cheveux entièrement blancs élégamment noués en chignon, m'adressa un charmant sourire.

— Vous devez être monsieur David Martín.

Personne, dans toute ma vie, ne m'avait appelé monsieur, et ce ton cérémonieux me surprit.

— Lui-même.

— Si vous voulez bien avoir l'amabilité d'entrer et de me suivre.

Je lui emboîtai le pas dans un bref couloir qui débouchait sur un vaste salon circulaire dont les murs étaient revêtus de velours rouge et de lumières tamisées. Le plafond formait un dôme en verre dépoli, d'où pendait un lustre en cristal sous lequel une table en acajou portait un énorme gramophone qui distillait un air d'opéra.

— Puis-je vous offrir à boire, cher monsieur ?

— Si vous aviez un verre d'eau, je vous en serais reconnaissant.

La dame aux cheveux blancs sourit sans sourciller ni modifier d'une once son attitude aimable et son flegme imperturbable.

— Peut-être préféreriez-vous une coupe de champagne ou un alcool. Ou encore un verre de xérès.

Les connaissances de mon palais ne dépassant pas les subtilités des différents crus de l'eau du robinet, je haussai les épaules.

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