Alexandre Dumas - ANGE PITOU - Tome I

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– 449 –

– Le calcul est exact, comte, et vous savez votre compte rendu sur le bout du doigt. Vous avez lu M. et madame de Necker ?

– M. Necker, oui, madame.

– Allons, le proverbe est bon, dit gaiement la reine ; on n’est jamais trahi que par les siens. Eh bien ! voici maintenant mon calcul, à moi. Voulez-vous l’entendre ?

Avec respect.

– Sur douze quinzièmes, six de femmes, n’est-ce pas ?

– Oui, Votre Majesté. Mais…

– Ne m’interrompez pas. Nous disons six quinzièmes de femmes, reste à six ; deux de vieillards impotents ou indiffé-

rents, est-ce trop ?

– Non.

– Reste à quatre quinzièmes sur lesquels vous m’en accor-derez bien deux de poltrons et de tièdes. Je flatte la nation fran-

çaise. Mais enfin reste deux quinzièmes ; je vous les accorde enragés, solides, vaillants et militaires. Ces deux quinzièmes, évaluons-les pour Paris, car pour la province, c’est inutile, n’est-ce pas ? c’est Paris seulement qu’il s’agit de reprendre.

– Oui, madame, mais…

– Toujours mais… Attendez, vous répondrez plus tard.

M. de Charny s’inclina.

– 450 –

– J’évalue donc, continua la reine, les deux quinzièmes de Paris à cent mille hommes ; le voulez-vous ?

Cette fois, le comte ne répondit pas.

La reine reprit :

– Eh bien ! à ces cent mille hommes mal armés, indisciplinés, peu aguerris, hésitant parce qu’ils savent qu’ils font mal, j’oppose cinquante mille soldats connus dans toute l’Europe par leur bravoure, des officiers comme vous, monsieur de Charny, de plus, cette cause sacrée que l’on appelle le droit divin, et enfin mon âme, à moi, qu’il est facile d’attendrir, mais difficile de briser.

Le comte garda encore le silence.

– Croyez-vous, continua la reine, que dans un combat livré sur ce terrain, deux hommes du peuple valent plus qu’un de mes soldats ?

Charny se tut.

– Dites, répondez ; le croyez-vous ? s’écria la reine avec impatience.

– Madame, répondit enfin le comte, sortant, à l’ordre de la reine, de la respectueuse réserve où il s’était tenu : sur un champ de bataille où comparaîtraient ces cent mille hommes isolés, indisciplinés et mal armés comme ils sont, vos cinquante mille soldats les battraient en une demi-heure.

– Ah ! fit la reine, j’ai donc raison.

– Attendez. Mais il n’en est pas comme vous le pensez. Et d’abord, vos cent mille révoltés de Paris sont cinq cent mille.

– 451 –

– Cinq cent mille ?

– Tout autant. Vous avez négligé les femmes et les enfants dans votre calcul. Oh ! reine de France ! oh ! femme courageuse et fière ! comptez-les pour autant d’hommes, ces femmes de Paris : un jour viendra peut-être où elles vous forceront de les compter pour autant de démons.

– Que voulez-vous dire, comte ?

– Madame, savez-vous ce que c’est que le rôle d’une femme dans les guerres civiles ? Non. Eh bien ! je m’en vais vous l’apprendre, et vous verrez que ce ne serait pas trop de deux soldats contre chaque femme.

– Comte, êtes-vous fou ?

Charny sourit tristement.

– Les avez-vous vues à la Bastille, demanda-t-il, sous le feu, au milieu des balles, criant aux armes, menaçant de leurs poings vos Suisses caparaçonnés en guerre, criant malédiction sur le cadavre des morts, avec cette voix qui fait bondir les vivants ?

Les avez-vous vues, faisant bouillir la poix, roulant les canons, donnant aux combattants enivrés une cartouche, aux combattants timides une cartouche et un baiser ? Savez-vous que sur le pont-levis de la Bastille il a passé autant de femmes que d’hommes, et qu’à cette heure, si les pierres de la Bastille s’écroulent, c’est sous le pic, manié par des mains de femmes ?

Ah ! madame, comptez les femmes de Paris, comptez-les, comptez aussi les enfants qui fondent les balles, qui aiguisent les sabres, qui jettent un pavé d’un sixième étage ; comptez-les, car la balle qu’un enfant aura fondue ira tuer de loin votre meilleur général ; car le sabre qu’il aura aiguisé coupera les jarrets de vos chevaux de guerre ; car ce grès aveugle qui tombera du ciel écra-

– 452 –

sera vos dragons et vos gardes. Comptez les vieillards, madame, car s’ils n’ont plus la force de lever une épée, ils ont encore celle de servir de bouclier. À la Bastille, madame, il y avait des vieillards ; savez-vous ce qu’ils faisaient ces vieillards que vous ne comptez pas ? Ils se plaçaient devant les jeunes gens qui appuyaient leurs fusils sur leur épaule, de sorte que la balle de vos Suisses venait tuer le vieillard impotent, dont le corps faisait un rempart à l’homme valide. Comptez les vieillards, car ce sont eux qui, depuis trois cents ans, racontent aux générations qui se succèdent les affronts subis par leurs mères, la misère de leur champ rongé par le gibier du noble, la honte de leur caste courbée sous les privilèges féodaux, et alors les fils saisissent la hache, la massue, le fusil, tout ce qu’ils trouvent enfin, et s’en vont tuer, instruments chargés des malédictions du vieillard, comme le canon est chargé de poudre et de fer. À Paris, dans ce moment, hommes, femmes, vieillards, enfants crient liberté, délivrance. Comptez tout ce qui crie, madame, comptez huit cent mille âmes à Paris.

– Trois cents Spartiates ont vaincu l’armée de Xerxès, monsieur de Charny.

– Oui, mais, aujourd’hui, vos trois cents Spartiates sont huit cent mille, madame, et vos cinquante mille soldats, voilà l’armée de Xerxès.

La reine se leva les poings crispés, le visage rouge de colère et de honte.

– Oh ! que je tombe du trône, dit-elle, que je meure mise en pièces par vos cinq cent mille Parisiens, mais que je n’entende pas un Charny, un homme à moi, parler ainsi !

– S’il vous parle ainsi, madame, c’est qu’il le faut, car ce Charny n’a pas dans les veines une goutte de sang qui ne soit digne de ses aïeux, et qui ne vous appartienne.

– 453 –

– Alors qu’il marche donc sur Paris avec moi et nous y mourrons ensemble.

– Honteusement, dit le comte, sans lutte possible. Nous ne combattrons même pas ; nous disparaîtrons comme des Philis-tins ou des Amalécites. Marcher sur Paris ! mais vous ne savez donc pas une chose ? c’est qu’au moment où nous entrerons dans Paris, les maisons s’écrouleront sur nous comme les flots de la mer Rouge sur Pharaon, et vous laisserez en France un nom maudit, et vos enfants seront tués comme ceux d’une louve.

– Comment faut-il que je tombe, comte ? dit la reine avec hauteur ; enseignez-le-moi, je vous prie.

– En victime, madame, répondit respectueusement M. de Charny ; comme tombe une reine, en souriant et en pardonnant à ceux qui la frappent. Ah ! si vous aviez cinq cent mille hommes comme moi, je vous dirais : « Partons, partons cette nuit, partons à l’instant même », et demain vous régneriez aux Tuileries ; demain vous auriez reconquis votre trône.

– Oh ! s’écria la reine, vous avez donc désespéré, vous en qui j’avais mis mon premier espoir ?

– Oui, j’ai désespéré, madame, parce que toute la France pense comme Paris, parce que votre armée, fût-elle victorieuse de Paris, serait engloutie par Lyon, Rouen, Lille, Strasbourg, Nantes et cent autres villes dévorantes. Allons, allons, du courage, madame, l’épée au fourreau !

– Ah ! voilà donc pourquoi, dit la reine, j’aurai rassemblé autour de moi tant de braves gens ; voilà pourquoi je leur aurai soufflé le courage.

– 454 –

– Si tel n’est pas votre avis, madame, ordonnez, et cette nuit même nous marcherons contre Paris. Dites.

Il y avait tant de dévouement dans cette offre du comte qu’elle effraya plus la reine que ne l’eût fait un refus ; elle se jeta désespérée sur un sofa, où elle lutta longtemps contre sa fierté.

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