Alexandre Dumas - ANGE PITOU - Tome II

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– Achevez, mon ami.

– La majorité est là pour imposer sa volonté.

– Donc, oppression.

Billot regarda Gilbert avec doute d’abord, puis, un éclair intelligent brilla dans son œil.

– Attendez, Billot, fit le docteur ; je sais ce que vous allez me dire. Les nobles et le clergé ont tout, n’est-ce pas ?

– C’est certain, dit Billot. Aussi les couvents…

– 107 –

– Les couvents ?

– Les couvents regorgent.

Notum , grommela Pitou.

0F18

– Les nobles ne paient pas un impôt comparatif. Ainsi, moi, fermier, je paie plus du double d’impôts, à moi seul, que les trois frères de Charny mes voisins, qui ont à eux trois plus de deux cent mille livres de rente.

– Mais, voyons, continua Gilbert, croyez-vous que les nobles et les prêtres soient moins Français que vous ?

Pitou dressa l’oreille à cette proposition, qui sonnait l’héré-

sie en un temps où le patriotisme se mesurait à la solidité des coudes sur la place de Grève.

– Vous n’en croyez rien, n’est-ce pas, mon ami ? Vous ne pouvez reconnaître que ces nobles et ces prêtres qui absorbent tout et ne rendent rien soient aussi patriotes que vous ?

– C’est vrai.

– Erreur, mon cher, erreur. Ils le sont plus, et je vais vous le prouver.

– Oh ! par exemple, fit Billot, je nie.

– À cause des privilèges, n’est-ce pas ?

– Pardieu !

18« Sûr et certain ».

– 108 –

– Attendez.

– Oh ! j’attends.

– Eh bien ! je vous certifie, Billot, que d’ici à trois jours, l’homme le plus privilégié qui soit en France sera l’homme qui ne possédera rien.

– Alors, ce sera moi, dit gravement Pitou.

– Eh bien ! oui, ce sera toi.

– Comment cela ? fit le fermier.

– Écoutez, Billot : ces nobles et ces ecclésiastiques que vous accusez d’égoïsme, les voilà qui commencent à être pris de cette fièvre de patriotisme qui va faire le tour de la France. En ce moment, ils s’assemblent comme les moutons au bord du fossé ; ils délibèrent ; le plus hardi va sauter, après-demain, demain, ce soir peut-être. Et, après lui, tous sauteront.

– Qu’est-ce à dire, monsieur Gilbert ?

– C’est-à-dire que faisant l’abandon de leurs prérogatives, seigneurs féodaux, ils lâcheront leurs paysans ; seigneurs ter-riens, leurs fermages et leurs redevances ; nobles à colombiers, leurs pigeons.

– Oh ! oh ! fit Pitou stupéfait, vous croyez qu’ils lâcheront tout cela ?

– Oh ! s’écria Billot illuminé, mais c’est la liberté splendide, cela.

– Eh bien ! après, quand nous serons tous libres, que ferons-nous ?

– 109 –

– Dame ! fit Billot un peu embarrassé, ce que nous ferons ?

On verra.

– Ah ! voilà le mot suprême ! s’écria Gilbert. On verra !

Il se leva d’un air sombre, se promena silencieux pendant quelques instants ; puis, revenant au fermier, dont il prit la main calleuse avec une sévérité qui ressemblait à de la menace :

– Oui, dit-il, on verra. Oui, nous verrons. Nous verrons tous, toi comme moi, moi comme toi, moi comme lui. Et voilà justement ce à quoi je songeais tout à l’heure, quand tu m’as trouvé ce sang-froid qui t’a tant surpris.

– Vous m’effrayez ! le peuple uni, s’embrassant, s’agglomé-

rant pour concourir à la prospérité commune, c’est un sujet qui vous assombrit, monsieur Gilbert ?

Celui-ci haussa les épaules.

– Alors, continua Billot interrogeant à son tour, que direz-vous de vous-même, si vous doutez aujourd’hui, après avoir tout préparé dans l’Ancien Monde en donnant la liberté au nouveau ?

– Billot, reprit Gilbert, tu viens, sans t’en douter, de prononcer un mot qui est le sens de l’énigme. Ce mot que prononce La Fayette, et que nul peut-être, à commencer par lui, ne comprend, oui, nous avons donné la liberté au Nouveau Monde.

– Nous, Français. C’est bien beau.

– C’est bien beau, mais ce sera bien cher, dit tristement Gilbert.

– 110 –

– Bah ! l’argent est dépensé, la carte est payée, dit joyeusement Billot. Un peu d’or, beaucoup de sang, et la dette est acquittée.

– Aveugle ! dit Gilbert, aveugle qui ne voit pas dans cette aurore d’Occident, le germe de notre ruine à tous. Hélas ! pourquoi les accuserais-je, moi qui ne l’ai pas vue plus qu’eux. Avoir donné la liberté au Nouveau Monde, Billot – j’en ai bien peur –, c’est avoir perdu l’ancien.

Rerum novus nascitur , dit Pitou avec un grand aplomb 1F19

révolutionnaire.

– Silence ! enfant, dit Gilbert.

– Était-il donc plus malaisé, reprit Billot, de soumettre les Anglais que de calmer les Français ?

– Nouveau monde, répéta Gilbert, c’est-à-dire place nette, table rase ; pas de lois, mais pas d’abus ; pas d’idées, mais pas de préjugés. En France, trente mille lieues carrées pour trente millions d’hommes ; c’est-à-dire, en cas de partage de la place, à peine à chacun pour un berceau et une tombe. Là-bas, en Amé-

rique, deux cent mille lieues carrées pour trois millions d’hommes ; des frontières idéales avec le désert, c’est-à-dire l’espace avec la mer, c’est-à-dire avec l’immensité ; dans ces deux cent mille lieues des fleuves navigables pendant mille lieues ; des forêts vierges dont Dieu seul connaît la profondeur, c’est-à-dire tous les éléments de la vie, de la civilisation et de l’avenir. Oh !

que c’est facile, Billot, quand on s’appelle La Fayette et qu’on a l’habitude de ces épées, quand on s’appelle Washington et qu’on a l’habitude de la pensée, que c’est facile de combattre des murailles de bois, de terre, de pierre ou de chair humaine ; mais lorsque au lieu de fonder on détruit, lorsqu’on voit dans le vieil 19« Un nouvel ordre des choses est né ».

– 111 –

ordre de choses qu’on attaque des murailles d’idées croulant, et derrière les ruines même de ces murailles se réfugier tant de gens et tant d’intérêts ; quand après avoir trouvé l’idée on voit que pour la faire adopter à un peuple il faudra peut-être décimer ce peuple, depuis le vieillard qui se souvient jusqu’à l’enfant qui apprendrait, depuis le monument qui est la mémoire jusqu’au germe qui est l’instinct, alors, oh ! alors, Billot, c’est une tâche qui fait frémir ceux qui voient au-delà de l’horizon. J’ai la vue longue, Billot, et je frémis.

– Pardon, monsieur, dit Billot, avec son gros bon sens ; vous m’accusiez tout à l’heure de haïr la Révolution, et voilà que vous me la faites exécrable.

– Mais t’ai-je dit que je renonçais ?

Errare humanum est , murmura Pitou, sed perseverare diabolicum.

Et il ramena à lui ses pieds avec ses mains.

– Je persévérerai cependant, continua Gilbert, car tout en voyant les obstacles j’entrevois le but, et le but est splendide, Billot. Ce n’est pas seulement la liberté de la France que je rêve, c’est la liberté du monde entier ; ce n’est pas l’égalité physique, c’est l’égalité devant la loi ; ce n’est pas la fraternité devant les citoyens, c’est la fraternité entre les peuples. J’y perdrai peut-

être mon âme et j’y laisserai peut-être mon corps, continua mé-

lancoliquement Gilbert ; mais n’importe, le soldat qu’on envoie à l’assaut d’une forteresse voit les canons, voit les boulets qu’on y fourre, voit la mèche qu’on en approche ; il voit plus encore : il voit la direction dans laquelle ils sont pointés ; il sent que ce morceau de fer noir viendra lui trouer la poitrine, mais il va, il faut que la forteresse soit prise. Eh bien ! nous sommes tous soldats, père Billot. En avant ! et que sur la jonchée de nos corps

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