Маргерит Юрсенар - Les mémoires d'Hadrien
Здесь есть возможность читать онлайн «Маргерит Юрсенар - Les mémoires d'Hadrien» весь текст электронной книги совершенно бесплатно (целиком полную версию без сокращений). В некоторых случаях можно слушать аудио, скачать через торрент в формате fb2 и присутствует краткое содержание. Жанр: Старинная литература, на французском языке. Описание произведения, (предисловие) а так же отзывы посетителей доступны на портале библиотеки ЛибКат.
- Название:Les mémoires d'Hadrien
- Автор:
- Жанр:
- Год:неизвестен
- ISBN:нет данных
- Рейтинг книги:5 / 5. Голосов: 1
-
Избранное:Добавить в избранное
- Отзывы:
-
Ваша оценка:
- 100
- 1
- 2
- 3
- 4
- 5
Les mémoires d'Hadrien: краткое содержание, описание и аннотация
Предлагаем к чтению аннотацию, описание, краткое содержание или предисловие (зависит от того, что написал сам автор книги «Les mémoires d'Hadrien»). Если вы не нашли необходимую информацию о книге — напишите в комментариях, мы постараемся отыскать её.
Les mémoires d'Hadrien — читать онлайн бесплатно полную книгу (весь текст) целиком
Ниже представлен текст книги, разбитый по страницам. Система сохранения места последней прочитанной страницы, позволяет с удобством читать онлайн бесплатно книгу «Les mémoires d'Hadrien», без необходимости каждый раз заново искать на чём Вы остановились. Поставьте закладку, и сможете в любой момент перейти на страницу, на которой закончили чтение.
Интервал:
Закладка:
Chapitre 26
J’avais toute ma vie fait bon ménage avec mon corps ; j’avais implicitement compté sur sa docilité, sur sa force. Cette étroite alliance commençait à se dissoudre ; mon corps cessait de ne faire qu’un avec ma volonté, avec mon esprit, avec ce qu’il faut bien, maladroitement, que j’appelle mon âme ; le camarade intelligent d’autrefois n’était plus qu’un esclave qui rechigne à sa tâche. Mon corps me craignait ; je sentais continuellement dans ma poitrine la présence obscure de la peur, un resserrement qui n’était pas encore la douleur, mais le premier pas vers elle. J’avais pris de longue date l’habitude de l’insomnie, mais le sommeil désormais était pire que son absence ; à peine assoupi, j’avais d’affreux réveils. J’étais sujet à des maux de tête qu’Hermogène attribuait à la chaleur du climat et au poids du casque ; le soir, après les longues fatigues, je m’asseyais comme on tombe ; se lever pour recevoir Rufus ou Sévérus était un effort auquel je m’apprêtais longtemps à l’avance ; mes coudes pesaient sur les bras de mon siège ; mes cuisses tremblaient comme celles d’un coureur fourbu. Le moindre geste devenait une corvée, et de ces corvées la vie était faite.
Un accident presque ridicule, une indisposition d’enfant, mit au jour la maladie cachée sous l’atroce fatigue. Un saignement de nez, dont je me préoccupai d’abord assez peu, me prit durant une séance de l’état-majo ; il persistait encore au repas du soir ; je me réveillai la nuit trempé de sang. J’appelai Céler, qui couchait sous la tente voisine ; il alerta à son tour Hermogène, mais l’horrible coulée tiède continua. Les mains soigneuses du jeune officier essuyaient ce liquide qui me barbouillait le visage ; à l’aube, je fus pris de haut-le-corps comme en ont à Rome les condamnés à mort qui s’ouvrent les veines dans leur bain ; on réchauffa du mieux qu’on put à l’aide de couvertures et d’affusions brûlantes ce corps qui se glaçait ; pour arrêter le flux de sang, Hermogène avait prescrit de la neige ; elle manquait au camp ; au prix de mille difficultés, Céler en fit transporter des sommets de l’Hermon. Je sus plus tard qu’on avait désespéré de ma vie ; et moi-même, je ne m’y sentais plus rattaché que par le plus mince des fils, imperceptible comme ce pouls trop rapide qui consternait mon médecin. L’hémorragie inexpliquée s’arrêta pourtant ; je quittai le lit ; je m’astreignis à vivre comme à l’ordinaire ; je n’y parvins pas. Un soir où, mal remis, j’avais imprudemment essayé d’une brève promenade à cheval, je reçus un second avertissement, plus sérieux encore que le premier. L’espace d’une seconde, je sentis les battements de mon cœur se précipiter, puis se ralentir, s’interrompre, cesser ; je crus tomber comme une pierre dans je ne sais quel puits noir qui est sans doute la mort. Si c’était bien elle, on se trompe quand on la prétend silencieuse : j’étais emporté par des cataractes, assourdi comme un plongeur par le grondement des eaux. Je n’atteignis pas le fond ; je remontai à la surface ; je suffoquais. Toute ma force, dans ce moment que j’avais cru le dernier, s’était concentrée dans ma main crispée sur le bras de Céler debout à mon côté : il me montra plus tard les marques de mes doigts sur son épaule. Mais il en est de cette brève agonie comme de toutes les expériences du corps : elle est indicible, et reste bon gré mal gré le secret de l’homme qui l’a vécue. J’ai traversé depuis des crises analogues, jamais d’identiques, et sans doute ne supporte-t-on pas deux fois sans mourir de passer par cette terreur et par cette nuit. Hermogène finit par diagnostiquer un commencement d’hydropisie du cœur ; il fallut accepter les consignes que me donnait ce mal, devenu subitement mon maître, consentir à une longue période d’inaction, sinon de repos, borner pour un temps les perspectives de ma vie au cadre d’un lit. J’avais presque honte de cette maladie tout intérieure, quasi invisible, sans fièvre, sans abcès, sans douleurs d’entrailles, qui n’a pour symptômes qu’un souffle un peu plus rauque et la marque livide laissée sur le pied gonflé par la courroie de la sandale.
Un silence extraordinaire s’établit autour de ma tente ; le camp de Béthar tout entier semblait devenu une chambre de malade. L’huile aromatique qui brûlait aux pieds de mon Génie rendait plus lourd encore l’air renfermé sous cette cage de toile ; le bruit de forge de mes artères me faisait vaguement penser à l’île des Titans au bord de la nuit. À d’autres moments, ce bruit insupportable devenait celui d’un galop piétinant la terre molle ; cet esprit si soigneusement tenu en rênes pendant près de cinquante ans s’évadait ; ce grand corps flottait à la dérive ; j’acceptais d’être cet homme las qui compte distraitement les étoiles et les losanges de sa couverture ; je regardais dans l’ombre la tache blanche d’un buste ; une cantilène en l’honneur d’Épona, déesse des chevaux, que chantait jadis à voix basse ma nourrice espagnole, grande femme sombre qui ressemblait à une Parque, remontait du fond d’un abîme de plus d’un demi-siècle. Les journées, puis les nuits, semblaient mesurées par les gouttes brunes qu’Hermogène comptait une à une dans une tasse de verre.
Le soir, je rassemblais mes forces pour écouter le rapport de Rufus : la guerre touchait à sa fin ; Akiba, qui, depuis le début des hostilités, s’était en apparence retiré des affaires publiques, se consacrait à l’enseignement du droit rabbinique dans la petite ville d’Usfa en Galilée ; cette salle de cours était devenue le centre de la résistance zélote ; des messages secrets étaient rechiffrés et transmis aux partisans de Simon par ces mains nonagénaires ; il fallut renvoyer de force dans leurs foyers les étudiants fanatisés qui entouraient ce vieillard. Après de longues hésitations, Rufus se décida à faire interdire comme séditieuse l’étude de la loi juive ; quelques jours plus tard, Akiba, qui avait contrevenu à ce décret, fut arrêté et mis à mort. Neuf autres docteurs de la Loi, l’âme du parti zélote, périrent avec lui. J’avais approuvé toutes ces mesures d’un signe de tête. Akiba et ses fidèles moururent persuadés jusqu’au bout d’être les seuls innocents, les seuls justes ; aucun d’eux ne songea à accepter sa part de responsabilité dans les malheurs qui accablaient son peuple. On les envierait, si l’on pouvait envier des aveugles. Je ne refuse pas à ces dix forcenés le titre de héros ; en tout cas, ce n’étaient pas des sages.
Trois mois plus tard, par un froid matin de février, assis au haut d’une colline, adossé au tronc d’un figuier dégarni de ses feuilles, j’assistai à l’assaut qui précéda de quelques heures la capitulation de Béthar ; je vis sortir un à un les derniers défenseurs de la forteresse, hâves, décharnés, hideux, beaux pourtant comme tout ce qui est indomptable. À la fin du même mois, je me fis transporter au lieudit du puits d’Abraham, où les rebelles pris les armes à la main dans les agglomérations urbaines furent rassemblés et vendus à l’encan ; des enfants ricanants, déjà féroces, déformés par des convictions implacables, se vantant très haut d’avoir causé la mort de dizaines de légionnaires, des vieillards emmurés dans un rêve de somnambule, des matrones aux chairs molles, et d’autres, solennelles et sombres comme la Grande Mère des cultes d’Orient, défilèrent sous l’œil froid des marchands d’esclaves ; cette multitude passa devant moi comme une poussière. Josué Ben Kisma, chef des soi-disant modérés, qui avait lamentablement échoué dans son rôle de pacificateur, succomba vers cette même époque aux suites d’une longue maladie ; il mourut en appelant de ses vœux la guerre étrangère et la victoire des Parthes sur nous. D’autre part, les Juifs christianisés, que nous n’avions pas inquiétés, et qui gardent rancune au reste du peuple hébreu d’avoir persécuté leur prophète, virent en nous les instruments d’une colère divine. La longue série des délires et des malentendus continuait.
Читать дальшеИнтервал:
Закладка:
Похожие книги на «Les mémoires d'Hadrien»
Представляем Вашему вниманию похожие книги на «Les mémoires d'Hadrien» списком для выбора. Мы отобрали схожую по названию и смыслу литературу в надежде предоставить читателям больше вариантов отыскать новые, интересные, ещё непрочитанные произведения.
Обсуждение, отзывы о книге «Les mémoires d'Hadrien» и просто собственные мнения читателей. Оставьте ваши комментарии, напишите, что Вы думаете о произведении, его смысле или главных героях. Укажите что конкретно понравилось, а что нет, и почему Вы так считаете.