Маргерит Юрсенар - Les mémoires d'Hadrien
Здесь есть возможность читать онлайн «Маргерит Юрсенар - Les mémoires d'Hadrien» весь текст электронной книги совершенно бесплатно (целиком полную версию без сокращений). В некоторых случаях можно слушать аудио, скачать через торрент в формате fb2 и присутствует краткое содержание. Жанр: Старинная литература, на французском языке. Описание произведения, (предисловие) а так же отзывы посетителей доступны на портале библиотеки ЛибКат.
- Название:Les mémoires d'Hadrien
- Автор:
- Жанр:
- Год:неизвестен
- ISBN:нет данных
- Рейтинг книги:5 / 5. Голосов: 1
-
Избранное:Добавить в избранное
- Отзывы:
-
Ваша оценка:
- 100
- 1
- 2
- 3
- 4
- 5
Les mémoires d'Hadrien: краткое содержание, описание и аннотация
Предлагаем к чтению аннотацию, описание, краткое содержание или предисловие (зависит от того, что написал сам автор книги «Les mémoires d'Hadrien»). Если вы не нашли необходимую информацию о книге — напишите в комментариях, мы постараемся отыскать её.
Les mémoires d'Hadrien — читать онлайн бесплатно полную книгу (весь текст) целиком
Ниже представлен текст книги, разбитый по страницам. Система сохранения места последней прочитанной страницы, позволяет с удобством читать онлайн бесплатно книгу «Les mémoires d'Hadrien», без необходимости каждый раз заново искать на чём Вы остановились. Поставьте закладку, и сможете в любой момент перейти на страницу, на которой закончили чтение.
Интервал:
Закладка:
Je me soulevais sur le coude, mal à l’aise sur mon étroit lit de camp. Certes, quelques Juifs au moins avaient échappé à la contagion zélote : même à Jérusalem, des Pharisiens crachaient sur le passage d’Akiba, traitaient de vieux fou ce fanatique qui jetait au vent les solides avantages de la paix romaine, lui criaient que l’herbe lui pousserait dans la bouche avant qu’on eût vu sur terre la victoire d’Israël. Mais je préférais encore les faux prophètes à ces hommes d’ordre qui nous méprisaient tout en comptant sur nous pour protéger des exactions de Simon leur or placé chez les banquiers syriens et leurs fermes en Galilée. Je pensais aux transfuges qui, quelques heures plus tôt, s’étaient assis sous cette tente, humbles, conciliants, serviles, mais s’arrangeant toujours pour tourner le dos à l’image de mon Génie. Notre meilleur agent, Élie Ben Abayad, qui jouait pour Rome le rôle d’informateur et d’espion, était justement méprisé des deux camps ; c’était pourtant l’homme le plus intelligent du groupe, esprit libéral, cœur malade, tiraillé entre son amour pour son peuple et son goût pour nos lettres et pour nous ; lui aussi, d’ailleurs, ne pensait au fond qu’à Israël. Josué Ben Kisma, qui prêchait l’apaisement, n’était qu’un Akiba plus timide ou plus hypocrite ; même chez le rabbin Joshua qui avait été longtemps mon conseiller dans les affaires juives, j’avais senti, sous la souplesse et l’envie de plaire, les différences irréconciliables, le point où deux pensées d’espèces opposées ne se rencontrent que pour se combattre. Nos territoires s’étendaient sur des centaines de lieues, des milliers de stades, par-delà ce sec horizon de collines, mais le rocher de Béthar était nos frontières ; nous pouvions anéantir les murs massifs de cette citadelle où Simon consommait frénétiquement son suicide ; nous ne pouvions pas empêcher cette race de nous dire non.
Un moustique sifflait ; Euphorion, qui se faisait vieux, avait négligé de fermer exactement les minces rideaux de gaze ; des livres, des cartes jetées à terre crissaient au vent bas qui rampait sous la paroi de toile. Assis sur mon lit, j’enfilais mes brodequins, je cherchais en tâtonnant ma tunique, mon ceinturon et ma dague ; je sortais pour respirer l’air de la nuit. Je parcourais les grandes rues régulières du camp, vides à cette heure tardive, éclairées comme celles des villes ; des factionnaires me saluaient solennellement au passage ; en longeant le baraquement qui servait d’hôpital, je respirais la fade puanteur des dysentériques. J’allais vers le remblai de terre qui nous séparait du précipice et de l’ennemi. Une sentinelle marchait à longs pas réguliers sur ce chemin de ronde, périlleusement dessinée par la lune ; je reconnaissais dans ce va-et vient le mouvement d’un rouage de l’immense machine dont j’étais le pivot ; je m’émouvais un instant au spectacle de cette forme solitaire, de cette flamme brève brûlant dans une poitrine d’homme au milieu d’un monde de dangers. Une flèche sifflait, à peine plus importune que le moustique qui m’avait troublé sous ma tente ; je m’accoudais aux sacs de sable du mur d’enceinte.
On me suppose depuis quelques années d’étranges clairvoyances, de sublimes secrets. On se trompe, et je ne sais rien. Mais il est vrai que durant ces nuits de Béthar j’ai vu passer sous mes yeux d’inquiétants fantômes. Les perspectives qui s’ouvraient pour l’esprit du haut de ces collines dénudées étaient moins majestueuses que celles du Janicule, moins dorées que celles du Sunion ; elles en étaient l’envers et le nadir. Je me disais qu’il était bien vain d’espérer pour Athènes et pour Rome cette éternité qui n’est accordée ni aux hommes ni aux choses, et que les plus sages d’entre nous refusent même aux dieux. Ces formes savantes et compliquées de la vie, ces civilisations bien à l’aise dans leurs raffinements de l’art et du bonheur, cette liberté de l’esprit qui s’informe et qui juge dépendaient de chances innombrables et rares, de conditions presque impossibles à réunir et qu’il ne fallait pas s’attendre à voir durer. Nous détruirions Simon ; Arrien saurait protéger l’Arménie des invasions alaines. Mais d’autres hordes viendraient, d’autres faux prophètes. Nos faibles efforts pour améliorer la condition humaine ne seraient que distraitement continués par nos successeurs ; la graine d’erreur et de ruine contenue dans le bien même croîtrait monstrueusement au contraire au cours des siècles. Le monde las de nous se chercherait d’autres maîtres ; ce qui nous avait paru sage paraîtrait insipide, abominable ce qui nous avait paru beau. Comme l’initié mithriaque, la race humaine a peut-être besoin du bain de sang et du passage périodique dans la fosse funèbre. Je voyais revenir les codes farouches, les dieux implacables, le despotisme incontesté des princes barbares, le monde morcelé en états ennemis, éternellement en proie à l’insécurité. D’autres sentinelles menacées par les flèches iraient et viendraient sur le chemin de ronde des cités futures ; le jeu stupide, obscène et cruel allait continuer, et l’espèce en vieillissant y ajouterait sans doute de nouveaux raffinements d’horreur. Notre époque, dont je connaissais mieux que personne les insuffisances et les tares, serait peut-être un jour considérée, par contraste, comme un des âges d’or de l’humanité.
Natura deficit, fortuna mutatur, deus omnia cernit . La nature nous trahit, la fortune change, un dieu regarde d’en haut toutes ces choses. Je tourmentais à mon doigt le chaton d’une bague sur laquelle, par un jour d’amertume, j’avais fait inciser ces quelques mots tristes ; j’allais plus loin dans le désabusement, peut-êtr dans le blasphème ; je finissais par trouver naturel, sinon juste, que nous dussions périr. Nos lettres s’épuisent ; nos arts s’endorment ; Pancratès n’est pas Homère ; Arrien n’est pas Xénophon ; quand j’ai essayé d’immortaliser dans la pierre la forme d’Antinoüs, je n’ai pas trouvé de Praxitèle. Nos sciences piétinent depuis Aristote et Archimède ; nos progrès techniques ne résisteraient pas à l’usure d’une longue guerre ; nos voluptueux eux-mêmes se dégoûtent du bonheur. L’adoucissement des mœurs, l’avancement des idées au cours du dernier siècle sont l’œuvre d’une infime minorité de bons esprits ; la masse demeure ignare, féroce quand elle le peut, en tout cas égoïste et bornée, et il y a fort à parier qu’elle restera toujours telle. Trop de procurateurs et de publicains avides, trop de sénateurs méfiants, trop de centurions brutaux ont compromis d’avance notre ouvrage ; et le temps pour s’instruire par leurs fautes n’est pas plus donné aux empires qu’aux hommes. Là où un tisserand rapiécerait sa toile, où un calculateur habile corrigerait ses erreurs, où l’artiste retoucherait son chef-d’œuvre encore imparfait ou endommagé à peine, la nature préfère repartir à même l’argile, à même le chaos, et ce gaspillage est ce qu’on nomme l’ordre des choses.
Je levais la tête ; je bougeais pour me désengourdir. Au haut de la citadelle de Simon, de vagues lueurs rougissaient le ciel, manifestations inexpliquées de la vie nocturne de l’ennemi. Le vent soufflait d’Égypte ; une trombe de poussière passait comme un spectre ; les profils écrasés des collines me rappelaient la chaîne arabique sous la lune. Je rentrais lentement, ramenant sur ma bouche un pan de mon manteau, irrité contre moi-même d’avoir consacré à de creuses méditations sur l’avenir une nuit que j’aurais pu employer à préparer la journée du lendemain, ou à dormir. L’écroulement de Rome, s’il se produisait, concernerait mes successeurs ; en cette année huit cent quatre vingt-sept de l’ère romaine, ma tâche consistait à étouffer la révolte en Judée, à ramener d’Orient sans trop de pertes une armée malade. En traversant l’esplanade, je glissais parfois dans le sang d’un rebelle exécuté la veille. Je me couchais tout habillé sur mon lit ; deux heures plus tard, j’étais réveillé par les trompettes de l’aube.
Читать дальшеИнтервал:
Закладка:
Похожие книги на «Les mémoires d'Hadrien»
Представляем Вашему вниманию похожие книги на «Les mémoires d'Hadrien» списком для выбора. Мы отобрали схожую по названию и смыслу литературу в надежде предоставить читателям больше вариантов отыскать новые, интересные, ещё непрочитанные произведения.
Обсуждение, отзывы о книге «Les mémoires d'Hadrien» и просто собственные мнения читателей. Оставьте ваши комментарии, напишите, что Вы думаете о произведении, его смысле или главных героях. Укажите что конкретно понравилось, а что нет, и почему Вы так считаете.