Маргерит Юрсенар - Les mémoires d'Hadrien
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Je le regardais vivre : mon opinion sur lui se modifiait sans cesse, ce qui n’arrive guère que pour les êtres qui nous touchent de près ; nous nous contentons de juger les autres plus en gros, et une fois pour toutes. Parfois, une insolence étudiée, une dureté, un mot froidement frivole m’inquiétaient ; plus souvent, je me laissais entraîner par cet esprit rapide et léger ; une remarque acérée semblait faire pressentir tout à coup l’homme d’État futur. J’en parlais à Marcius Turbo, qui, après sa fatigante journée de préfet du prétoire, venait chaque soir causer des affaires courantes et faire avec moi sa partie de dés ; nous ré-examinions minutieusement les chances qu’avait Lucius de remplir convenablement une carrière d’empereur. Mes amis s’étonnaient de mes scrupules ; certains me conseillaient en haussant les épaules de prendre le parti qui me plaisait ; ces gens-là s’imaginent qu’on lègue à quelqu’un la moitié du monde comme on lui laisserait une maison de campagne. J’y repensais la nuit : Lucius avait à peine atteint la trentaine : qu’était César à trente ans, sinon un fils de famille criblé de dettes et sali de scandales ? Comme aux mauvais jours d’Antioche, avant mon adoption par Trajan, je songeais avec un serrement de cœur que rien n’est plus lent que la véritable naissance d’un homme : j’avais moi-même dépassé ma trentième année à l’époque où la campagne de Pannonie m’avait ouvert les yeux sur les responsabilités du pouvoir ; Lucius me semblait parfois plus accompli que je ne l’étais à cet âge. Je me décidai brusquement, à la suite d’une crise d’étouffement plus grave que les autres, qui vint me rappeler que je n’avais plus de temps à perdre. J’adoptai Lucius qui prit le nom d’Ælius César. Il n’était ambitieux qu’avec nonchalance ; il était exigeant sans être avide, ayant de tout temps l’habitude de tout obtenir ; il prit ma décision avec désinvolture. J’eus l’imprudence de dire que ce prince blond serait admirablement beau sous la pourpre ; les malveillants se hâtèrent de prétendre que je repayais d’un empire l’intimité voluptueuse d’autrefois. C’est ne rien comprendre à la manière dont fonctionne l’esprit d’un chef, pour peu que celui-ci mérite son poste et son titre. Si de pareilles considérations avaient joué un rôle, Lucius n’était d’ailleurs pas le seul sur qui j’aurais pu fixer mon choix.
Ma femme venait de mourir dans sa résidence du Palatin, qu’elle continuait à préférer à Tibur, et où elle vivait entourée d’une petite cour d’amis et de parents espagnols, qui seuls comptaient pour elle. Les ménagements, les bienséances, les faibles velléités d’entente avaient peu à peu cessé entre nous et laissé à nu l’antipathie, l’irritation, la rancœur, et, de sa part à elle, la haine. Je lui rendis visite dans les derniers temps ; la maladie avait encore aigri son caractère âcre et morose ; cette entrevue fut pour elle l’occasion de récriminations violentes, qui la soulagèrent, et qu’elle eut l’indiscrétion de faire devant témoins. Elle se félicitait de mourir sans enfants ; mes fils m’eussent sans doute ressemblé ; elle aurait eu pour eux la même aversion que pour leur père. Cette phrase où suppure tant de rancune est la seule preuve d’amour qu’elle m’ait donnée. Ma Sabine : je remuais les quelques souvenirs tolérables qui restent toujours d’un être, quand on prend la peine de les chercher ; je me remémorais une corbeille de fruits qu’elle m’avait envoyée pour mon anniversaire, après une querelle ; en passant en litière par les rues étroites du municipe de Tibur, devant la modeste maison de plaisance qui avait jadis appartenu à ma belle-mère Matidie, j’évoquais avec amertume quelques nuits d’un lointain été, où j’avais vainement essayé de me plaire auprès de cette jeune épouse froide et dure. La mort de ma femme me touchait moins que celle de la bonne Arété, l’intendante de la Villa, emportée le même hiver par un accès de fièvre. Comme le mal auquel succomba l’impératrice, médiocrement diagnostiqué par les médecins, lui causa vers la fin d’atroces douleurs d’entrailles, on m’accusa d’avoir usé de poison, et ce bruit insensé trouva facilement créance. Il va sans dire qu’un crime si superflu ne m’avait jamais tenté.
Le décès de ma femme poussa peut-être Servianus à risquer son tout : l’influence qu’elle avait à Rome lui avait été solidement acquise ; avec elle s’effondrait un de ses appuis les plus respectés. De plus, il venait d’entrer dans sa quatre-vingt-dixième année ; lui non plus n’avait plus de temps à perdre. Depuis quelques mois, il s’efforçait d’attirer chez lui de petits groupes d’officiers de la garde prétorienne ; il osa parfois exploiter le respect superstitieux qu’inspire le grand âge pour se faire entre quatre murs traiter en empereur. J’avais récemment renforcé la police secrète militaire, institution répugnante, j’en conviens, mais que l’événement prouva utile. Je n’ignorais rien de ces conciliabules supposés secrets où le vieil Ursus enseignait à son petit-fils l’art des complots. La nomination de Lucius ne surprit pas le vieillard ; il y avait longtemps qu’il prenait mes incertitudes à ce sujet pour une décision bien dissimulée ; mais il profita pour agir du moment où l’acte d’adoption était encore à Rome une matière à controverse. Son secrétaire Crescens, las de quarante ans de fidélité mal rétribuée, éventa le projet, la date du coup, le lieu, et le nom des complices. L’imagination de mes ennemis ne s’était pas mise en frais ; on copiait tout simplement l’attentat prémédité jadis par Nigrinus et Quiétus ; j’allais être abattu au cours d’une cérémonie religieuse au Capitole ; mon fils adoptif tomberait avec moi.
Je pris mes précautions cette nuit même : notre ennemi n’avait que trop vécu ; je laisserais à Lucius un héritage nettoyé de dangers. Vers la douzième heure, par une aube grise de février, un tribun porteur d’une sentence de mort pour Servianus et son petit-fils se présenta chez mon beau-frère ; il avait pour consigne d’attendre dans le vestibule que l’ordre qui l’amenait eût été accompli. Servianus fit appeler son médecin ; tout se passa convenablement. Avant de mourir, il me souhaita d’expirer lentement dans les tourments d’un mal incurable, sans avoir comme lui le privilège d’une brève agonie. Son vœu a déjà été exaucé.
Je n’avais pas commandé cette double exécution de gaieté de cœur ; je n’en éprouvai par la suite aucun regret, encore moins de remords. Un vieux compte venait de se clore ; c’était tout. L’âge ne m’a jamais paru une excuse à la malignité humaine ; j’y verrais plutôt une circonstance aggravante. La sentence d’Akiba et de ses acolytes m’avait fait hésiter plus longtemps : vieillard pour vieillard, je préférais encore le fanatique au conspirateur. Quant à Fuscus, si médiocre qu’il pût être, et si complètement que me l’eût aliéné son odieux aïeul, c’était le petit-fils de Pauline. Mais les liens du sang sont bien faibles, quoi qu’on dise, quand nulle affection ne les renforce ; on s’en rend compte chez les particuliers, durant les moindres affaires d’héritage. La jeunesse de Fuscus m’apitoyait un peu plus ; il atteignait à peine dix-huit ans. Mais l’intérêt de l’État exigeait ce dénouement, que le vieil Ursus avait comme à plaisir rendu inévitable. Et j’étais désormais trop près de ma propre mort pour prendre le temps de méditer sur ces deux fins.
Pendant quelques jours, Marcius Turbo redoubla de vigilance ; les amis de Servianus auraient pu le venger. Mais rien ne se produisit, ni attentat, ni sédition, ni murmures. Je n’étais plus le nouveau venu s’essayant à mettre de son côté l’opinion publique après l’exécution de quatre hommes consulaires ; dix-neuf ans de justice décidaient en ma faveur ; on exécrait en bloc mes ennemis ; la foule m’approuva de m’être débarrassé d’un traître. Fuscus fut plaint, sans d’ailleurs être jugé innocent. Le Sénat, je le sais, ne me pardonnait pas d’avoir une fois de plus frappé un de ses membres ; mais il se taisait, il se tairait jusqu’à ma mort. Comme naguère aussi, une dose de clémence mitigea bientôt la dose de rigueur ; aucun des partisans de Servianus ne fut inquiété. La seule exception à cette règle fut l’éminent Apollodore, le fielleux dépositaire des secrets de mon beau-frère, qui périt avec lui. Cet homme de talent avait été l’architecte favori de mon prédécesseur ; il avait remué avec art les grands blocs de la Colonne Trajane. Nous ne nous aimions guère : il avait jadis tourné en dérision mes maladroits travaux d’amateur, mes consciencieuses natures mortes de courges et de citrouilles ; j’avais de mon côté critiqué ses ouvrages avec une présomption de jeune homme. Plus tard, il avait dénigré les miens ; il ignorait tout des beaux temps de l’art grec ; ce plat logicien me reprochait d’avoir peuplé nos temples de statues colossales qui, si elles se levaient, briseraient du front la voûte de leurs sanctuaires : sotte critique, qui blesse Phidias encore plus que moi. Mais les dieux ne se lèvent pas ; ils ne se lèvent ni pour nous avertir, ni pour nous protéger, ni pour nous récompenser, ni pour nous punir. Ils ne se levèrent pas cette nuit-là pour sauver Apollodore.
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